5o REVUE BT MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PATS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L'INDUSTRIE ET A L'AGRICULTURE , LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE , d'aNATOMIB ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE ; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d'honneur, de l'ordre brésilien de la Rose , de la SociéU' impériale et centrale d'Agriculture , des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d'un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères, Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d'Acclimatation , etc., etc. 2e SÉRIE. — T, XII. — 1860. Z PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIÎ RUE DES BEAUX-ARTS, 4. &lx)l VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JANVIER 1860. I. TRAVAUX INEDITS. Note sur quelques Mammifères du Mexique, par M. H. de Saussure. Premier article. L'examen de divers Mammifères que j'ai collectés au Mexique m'a donné des doutes sur l'identité de quelques- uns d'entre eux avec les espèces de l'Amérique méri- dionale auxquelles on pourrait les rapporter et avec celles du Mexique que les auteurs ont figurées. 11 est plusieurs de ces animaux que je ne trouve décrits nulle part et que je crois pouvoir considérer comme nou- veaux. Famille des Félidés. Felis mexicana. Fulvo-subcinerascens, nigro-maculata, ut in F. ma- crura, cui affinissima videtur, at minor; maculae partis anterioris corporis magnae, rariores et in medio fulvescentes ; humeri fascia vel macula arcuata; pars corporis postica multi-maculata, maculis minoribus atris, vel fuscesceutibus ; dorsi médium duplici série macularura elongatarum; cauda percrassa, fusco-8-aunulata, apice fuscescens. Ce Chat ressemble beaucoup aux petits Chats-Tigres de l'Amérique du Sud, et il se rapproche particulièrement des Felis mitis, tigrina et macrura, espèces qui sont elles- mêmes difficiles à distinguer. Il a le même genre de pelage, une couleur semblable, mais il en diffère par sa plus petite taille, par sa queue très-fournie et ornée d'anneaux noirs moins nombreux, et aussi par une moucheture un peu différente. Toutefois il serait bien 4 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) difficile d'établir si ce Chat est une espèce spéciale pro- pre au Mexique, ou si ce n'est qu'une variété de l'une des trois espèces précitées. C'est ce que les observations futures montreront, lorsqu'on pourra faire la comparaison d'un grand nombre de sujets. La taille est inférieure à celle du Chat domestique. La couleur foncière est d'un fauve qui n'est pas doré, mais plutôt un peu grisâtre. On voit, comme chez tous les Chats de ce groupe, une tache blanche au-dessus de l'œil et une au-dessous de cet organe; la joue et la lèvre sont blanchâtres, avec une teinte fauve et des marques noires. Le dessous de la tête, les parties inférieures et la face interne des pattes sont de couleur blanche. La joue offre les deux lignes noires communes à toutes les autres espèces; mais ici elles forment des lignes régu- lières et zébrées ; le haut de la gorge est aussi orné de la bande noire transversale, un peu interrompue. Le des- sus de la tête est moucheté de noir. Il y a aussi les deux lignes noires qui partent de l'angle antérieur de l'œil et qui passent en dedans des oreilles en les contournant. Sur la nuque on voit deux lignes noires, et, de chaque côté du cou, une ligne qui part de l'oreille et qui s'étend jusqu'à l'épaule. Celle-ci est tachetée et barrée de noir. De chaque côté, une grande tache arquée descend de l'épaule sur le bras ; elle est bordée de noir et plus claire au milieu. Le milieu du dos est occupé par une double bande noire, interrompue par places, de façon à dessiner des taches allongées, juxtaposées deux à deux et séparées par une ligne fauve. Il y a, en outre, de chaque côté, une rangée de trois ou quatre grandes taches noires. Les flancs sont occupés par des taches grandes et peu nombreuses, dont le centre est clair ; mais toute la por- tion postérieure du corps, depuis les lombes, est couverte de taches noirâtres très-nombreuses et rapprochées, dis- posées en lignes multiples. Les pattes sont tachetées de noir et les doigts deviennent brun gris en dessus. Le des- TRAVAUX INÉDITS. 5 sous du ventre est tacheté, et la poitrine est barrée de brun. Les oreilles sont, comme chez les autres espèces, noires à leur face externe , avec une tache blanche. Les moustaches sont blanches, avec les trois ou quatre poils d'en haut noirâtres. La queue est très-fournie, bien plus grosse que chez les F. mitis t à peu près aussi grosse que chez l'Ocelot; elle est ornée de huit anneaux bruns (qui s'effacent en dessous) très-distinctement marqués et très- grands, plus longs que les espaces fauves qui les séparent, surtout vers l'extrémité ; en outre, le bout de la queue, qui vient après le dernier anneau, est d'un brun pâle, avec plusieurs poils blancs à la base. Dimensions d'un individu adulte pris sur l'empaillé : longueur du corps et de la tête, 17 pouces ; id. de la queue, 12 1/2 pouces. Ce Chat se distingue surtout par la grosseur (peut-être aussi par la longueur) de sa queue et par les anneaux noirs peu nombreux de cette dernière ; car, chez les trois autres espèces voisines, on en remarque constam- ment onze. Les taches du corps, jusqu'au sacrum, sont grandes et peu nombreuses, comme chez le F. mitis (ou, du moins, l'espèce que je regarde comme telle). A l'épaule, on voit la bande arquée, comme chez le F. tigrina. L'ex- trémité postérieure du corps est couverte de taches plus nombreuses que dans aucune des trois autres espèces ; ces taches sont assez petites, noires, et elles n'ont pas le centre plus clair. La moucheture le rapproche, sous ce rapport, du F. tigrina (1); mais, chez ce dernier, les taches sont brunes avec le milieu pâle, et le pelage a une couleur rousse, tandis qu'ici il est d'un fauve pâle, plutôt un peu grisâtre. L'espèce que je crois être le F. macrura a des taches beaucoup moins nombreuses à l'arrière du corps; elle offre, à la nuque, cinq lignes noires distinctes, qui ne [ 1) La détermination de ces espèces ma laissé quelques doutes. 6 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) se retrouvent pas avec cette régularité chez notre espèce. Ce Chat habite la zone chaude du Mexique ; il a été tué près d'Alvarado, sur le golfe du Mexique. Famille des Mustellides. Mephitis leuconota (?), Licht., vp . Notre individu est in- termédiaire entre la M. leuconota et la M. mesoleuca; il a la taille de la seconde, qui est de la grandeur d'un Chat, comme l'indique Lichtenstein. Ses formes sont grêles. Le museau est allongé, nu en dessus, et la peau nue se prolonge en arrière en forme d'angle. Le pelage est long et fourni, noirâtre. Le milieu du dos est occupé par une large bande blanche qui se termine angulairement sur le crâne, à peu près au milieu de la distance qui sépare les yeux des oreilles. Cette bande devient de plus en plus étroite sur le sacrum et au croupion, puis elle envahit la queue, qui, dans ses deux tiers postérieurs, est entière- ment blanche, mêlée de poils sales. Dans son premier tiers, la queue est noire et n'offre de blanc que la bande médiane. A la partie postérieure du dos et au croupion, on trouve, sur la ligne médiane, des poils noirs qui forment des taches cachées sous les poils blancs de la bande dor- sale. La queue est plus longue à proportion que chez la M . leuconota. — Longueur du corps et de la tête jusqu'à l'origine delà queue, 15 à 16 pouces. — Queue, 9 à 10 pouces. Cet animal vit dans les toits et greniers des habitations du Mexique. Son aspect correspond assez bien à la figure que Lich- tenstein donne de la M. leuconota, si ce n'est que la bande blanche commence plus en arrière sur le crâne. Mais la queue est plus longue, et la taille est presque de moitié plus petite. Cependant le crâne de notre individu indique qu'il est bien adulte. Celui-ci n'offre que trois molaires à la mâchoire supérieure; sa longueur est de 2 pouces 10 lignes. TRAVAUX INÉDITS. 7 .Je ne sais s'il faut considérer cette Méphitis comme une variété de la M. leuconota ou comme une espèce séparée. Dans ce cas, on pourrait la nommer inter- media. Famille des Viverrides. Bassaris Sumichrasti. — Fulvo-nigrescens; fulvo et nigro mixta ; subtus albidu-fulvescens; ore et pedibus fusco-nigris; caudae ni- grœ basi (minus quam in B. astuta) pallide annulata. Voyez PL i. Taille plus grande que chez la B. astuta. Pelage d'un fauve presque citron mêlé de beaucoup de noir; les deux couleurs formant presque des marbrures dans toute l'é- tendue du corps. Sur le dos, le noir domine; sur les flancs, c'est plutôt le jaunâtre moucheté ou marbré de noir. En dessous, le pelage est jaunâtre. La tête est grise en dessus et variée de noir. Tout le museau est d'un brun noirâtre ; cette couleur se prolonge jus- qu'entre les yeux, où les poils sont mouchetés de blanc, ayant toutefois la pointe noire. Le tour des yeux est obscur; en dessus et en arrière, on voit une tache grise ou fauve. Les joues, sous les yeux, sont de cette même couleur grise ; l'espace compris entre les joues et les oreilles est plus obscur, gris-brun. Le front est gris, entouré d'une zone plus obscure ; toutes ces parties, sauf le museau, sont mouchetées. Les oreilles sont obtuses et arrondies au bout, garnies de poils gris-fauves; la base de leur face externe est garnie de poils bruns plus longs. L'occiput est moucheté de noir et de gris-jaunâtre, pres- que comme le dos, mais le noir y domine. Le menton est brun ou noirâtre jusqu'à la hauteur de la première molaire ; le dessous est brun ou noirâtre, devenant jau- nâtre sur les côtés ; la gorge et les côtés du cou sont d'un fauve blanchâtre, ainsi que la poitrine. Le long des côtés du cou, à la limite des deux couleurs, on voit une bande plus noirâtre, qui devient presque tigrée à l'origine de 8 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) la patte antérieure. Les pattes antérieures ont une cou- leur générale grise, résultant du mélange de gris-fauve et de gris-noirâtre; leur face interne est fauve, presque jusqu'à l'origine des doigts. Les pattes postérieures of- frent en dehors la même couleur que le dos, mêlée de fauve et de noirâtre ; leur face interne est plus pâle ; les pieds sont noirs et offrent du gris-fauve à leur face supé- rieure, jusqu'à l'origine des doigts. La queue est de la longueur du corps, très-fournie, noire; elle présente ce- pendant, dans sa première moitié, quatre ou cinq an- neaux gris-fauves, recouverts par les longs poils des an- nelures noires. Longueur du corps, 17 à 18 pouces; de la queue, 17 pouces, sans compter les poils terminaux. — Dis- tance de l'œil au bout du museau, 17 à 18 lignes. — Longueur de la jambe antérieure depuis le coude jus- qu'au carpe, 2 pouces 6 ou 7 lignes. Les poils de la tête sont gris-blanchâtres, avec la pointe noire; ceux du corps, fauves-soufrés avec la pointe longuement noire ; à la face externe des pattes antérieures, les poils sont semblables à ceux de la tête, et, aux pattes postérieures, ils ressemblent à ceux du corps. Les poils des parties inférieures sont fauves avec la pointe plus rousse. Les poils de la queue sont noirs, sauf ceux des anneaux gris, qui n'ont de noir que la pointe. Cet animal habite les greniers dans la région chaude du Mexique. Il se distingue de la B. astuta, Licht., par son pelage noirâtre et non gris-pâle, par la teinte soufrée de ses poils fauves, par sa queue plus fournie, plus longue et noire, par son museau noir, par les taches grises peu dessinées autour des yeux, par ses pieds noirs. On le reconnaît de suite à sa couleur générale noirâtre, bien différente de celle de la B. astuta, dont le pelage est de couleur gris-fauve-pàle. (Nous possédons de cette der- TRAVAUX INÉDITS. 9 nière plusieurs individus représentant tous les âges. ) La tête osseuse offre des différences parfaitement dé- finies; elle est plus large que chez la B. astuta. Les ar- cades zygomatiques sont plus écartées, plus arquées et plus fortes ; la ligne médiane du crâne est occupée par une forte crête qui se bifurque en avant et dont les branches vont aboutir aux deux apophyses supra-orbi- taires, lesquelles ont plus de 3 lignes de longueur. Les quatre incisives supérieures moyennes offrent, à leur face antérieure, un double sillon. Les trois prémolaires supérieures sont écartées ; la deuxième et la troisième ne se touchent pas. La carnassière est bien plus courte que chez la B. astuta ; son talon est aussi moins oblique et moins aigu. La première molaire a son talon beaucoup moins étroit, en sorte que sa surface est moins grande, et la deuxième est plus longue que chez l'espèce citée. Quant à la mâchoire inférieure, elle offre la plus grande ressemblance dans les deux espèces; toutefois, chez la B. Sumichrasti, la deuxième molaire est plus large. Cette description est prise sur un très-vieil individu. Famille des Myrmécophagides. Myrmecophaga tamandua (?), Desm. (Var. Meœicana, Sauss.) — Cet animal, qui n'a, je crois, été signalé encore que dans l'Amérique méridionale, habite aussi les forêts de la côte du Mexique, dans le district de Tabasco, au S. E. de la province de Mexico, etc. Les individus que nous possédons, originaires de ce pays, ont la tête, le cou, la portion antérieure du tronc, les quatre pattes, le croupion et la queue fauves ; le corps est noirâtre, avec une bande fauve sur la ligne médiane du dos, qui va diminuant en arrière et qui se perd sur le sacrum ; il offre sur chaque épaule une bande noire en forme de bretelle qui s'arrête sur l'épaule sans revenir sur la poitrine. Le tour de l'œil et les côtés du museau sont gris-bruns. Les portions in- férieures du corps, depuis le bas de la gorge, sont brunes, surtout sur le ventre. La queue est longue, longuement 10 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) annelée de gris et de fauve ; elle est garnie de poils pres- que jusqu'au milieu. Le crâna d'un vieil individu, comparé au crâne d'un Tamandua du Brésil , offre certaines différences qu'il est intéressant de noter. 1° Le museau est plus grêle, plus allongé et plus comprimé, cylindrique, les os maxillaires supérieurs étant placés plus bas — 2° Les os nasaux sont aussi longs que le frontal ; les os palatins sont moins longs que la portion des maxillaires placée au delà. — 3° Les os nasaux s'articulent aux frontaux par une ligne trans- versale à peine sinueuse, tandis que chez le Tamandua du Brésil la symphyse forme un W (mais ceci est moins important). — 4° Les branches inférieures de la mâchoire sont plus larges à la base, etc. Le tableau suivant rendra compte de ces proportions différentes. TAMANOUA TAMANDUA du Mexique. du Brésil. Longueur moyeuue dos os na- saux (1) , 0m,046 O^tteS Id. des frontaux 0m,048 0m,050 Id. des palatins 0m,04D 0m,049 Distance depuis le bord anté- rieur des palatins jusqu'au bout des maxillaires 0",04<) 0m,036 Il résulte de la comparaison de ces mesures que, chez notre individu du Mexique, la longueur des os nasaux est à celle des frontaux comme 46 : 48 (ils sont donc presque égaux), tandis que chez ceux du Brésil le rapport est de 38 : 50, soit comme 4 : 5. Le rapport de longueur entre les os palatins et la por- tion palatine des maxillaires est, chez celui du Mexique, comme 40 : 46, soit 8 : 9, et, chez ceux du Brésil, comme 49 : 36, ce qui est le rapport inverse. (1) En prenant la moyenne dans le W décrit par la symphyse dr ces os avec les frontaux. TRAVAUX INÉDITS. il Les apophyses maxillo-palatines sont aussi sensible- ment plus courtes chez l'individu du Mexique, où elles n'ont que 11 à 12 mill., tandis que chez le Tamandua du Brésil de même taille elles ont 16 mill., soit 1/3 de plus. Chez un second individu du Mexique plus jeune, quoique adulte, on remarque les mêmes rapports, mais les os na- saux sont un peu moins longs à proportion ; la symphyse est aussi plus sinueuse que chez l'adulte. Les peaux ont exactement la même livrée. Chez le plus jeune, la queue est garnie de poils fauves dans toute sa longueur ; ceux-ci disparaissent, sans doute, par l'usure dans un âge plus avancé, ou peut-être aussi selon la saison. Le plus grand de nos individus est très-adulte, les deux frontaux étant soudés en un seul os et n'offrant presque plus de trace de la suture. Il est plus petit que les ïaman- duas adultes du Brésil. Longueur du corps (la tête comprise) jusqu'à la nais- sance de la queue, 20 à 21 pouces ; longueur de la queue, 22 a 23 pouces. Longueur de la tête osseuse, 4 pouces 10 lignes. Plus petit individu : longueur du corps, 15 pouces ; idem de la queue, environ 15 pouces. — Chez celui-ci, les parties brunes sont moins étendues, et les poils bruns ont la pointe fauve, ce qui fait que cette teinte se mêle au brun du dos. CONSIDÉRATIOIVS SUR LES OEUFS DES OISEAUX , par A. Moquin-ïandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469. Chapitre III. — de la forme des oeufs. S 1er. Forme des œufs. — Tous les œufs ne se ressem blent pas quant à la forme (1). (1) Amplius autem ova diversantur in figura : quoniam quœdam *unt acuta, et quœdam sunt lata rotunda, et quœdam sccundum 12 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 1860.) Cette forme peut être rapportée à un type, la sphérique ou globuleuse [rundlich, Thien.), qui est la génératrice de toutes îes autres. La forme globuleuse parfaite se présente rarement. Les Ciseaux de proie nocturnes s'en rapprochent plus ou moins. Les œufs du Hibou et du Scops sont peut-être les plus glo- buleux. On pourrait appeler ovoïde (eiformig (1), Thien.) l'œuf un peu allongé, dont le grand diamètre transversal se rencontre dans le milieu, et dont les extrémités sont iné- galement obtuses ou pointues. Tels sont la plupart des œufs des Rapaces et des Palmipèdes (2). Quand le grand diamètre transversal offre seulement les deux tiers ou moins des deux tiers du diamètre longi- ' tudinal, on dit alors que l'œuf est orlong (langlich, Thien.), et dans ce cas je distinguerai, avec M. des Murs, deux modifications principales, celle dans laquelle les deux bouts se trouvent également obtus [Engoulevent, Ganga), et celle dans laquelle ils sont un peu pointus (Grèbes, Cor- morans). Les premiers œufs ont été nommés cylindriques, et les seconds elliptiques', ces deux formes sont rares et, pour ainsi dire, exceptionnelles. Le mot cylindracé me paraît plus convenable, car il n'existe aucun œuf d'Oiseau réellement cylindrique; et le mot elliptique, applicable seulement à une figure plane, doit être remplacé par celui d'ELLIPSOÏDE. On a conservé le nomd'ovÉ(3) [ovatus, eigestaltig, Thien.) à l'œuf un peu allongé, dont les deux bouts sont inégale- duas extremitates suas habent utramque figurant, Albert, magn. Opéra, t. VI, p. 189. (1) Ovalaire des Murs, ovalis de quelques auteurs. Ces mots ne peuvent s'appliquer qn'à une figure plane. (îj Des Murs fait observer, très- justement, que ces deux ordres d'Oiseaux ont des habitudes de gloutonnerie. Quel rapport peut-il exister entre les habitudes et la forme ovoïde? (3) Au premier abord, il semble pour le moins étrange qu'on dé- TRAVAUX INÉDITS. 13 ment arrondis ou pointus, et dont le plus grand diamèlre transversal n'est pas dans le milieu [Corbeau, Perdrix). Quand il existe une très-grande inégalité entre les deux bouts, l'œuf devient alors piriforme ou ovoïconique [Pha- larope, Guillemot). Enfin l'œuf est dit court [kurtz, Thien.) s'il présente l'inégalité dont il s'agit, et si, en même temps, son grand diamètre n'a pas plus des deux tiers du diamètre trans- versal [Grimpereau, Caille). Cette dernière modification paraît revenir au type globuleux. Dans les œufs ellipsoïdes, ovés, piriformes et courts, le plus grand diamètre transversal constitue le ventre. Quand ce ventre est insensiblement développé, l'œuf n'a pas reçu de dénomination particulière; mais, quand il s'éloigne brusquement du grand axe [Pintade, Bécasse), plusieurs auteurs appellent l'œuf ventru (bauchig, Thien.). Toutes les fois que les deux bouts se trouvent inégaux [Avocette, Pingouin) , le plus obtus s'appelle la base ou le gros bout [basis, Thien.) ; l'autre se nomme la pointe, le bout supérieur ou le petit bout (spitze, Thien.) (1). Ces détails morphologiques, empruntés en très-grande partie aux ouvrages de MM. Thienemann et des Murs, simplifient beaucoup la glossologie de la forme, et sont d'un grand secours dans la description des œufs. signe des œufs sous les noms d'ovés et d'ovoïdes; je n'ai pas cru devoir changer ces dénominations aujourd'hui généralement adop- tées. (1) Les dénominations de base et de sommet sont très-impropres, parce que l'œuf ne repose jamais sur le gros bout, et, à cette occa- sion, je ferai remarquer que les ornithologistes (comme Polydore Roux et Auguste Lefèvre) qui ont représenté des œufs avec le grand diamètre placé verticalement ont eu tort d'adopter une position qui est contre nature. \\ kev. et mag. de zoologœ. (Janvier 1860.) Voici le îableau abrégé de ces diverses formes : globuleux 1° sphériques. uon allongés 2° courts. i très-inégaux 3° piriformes. nm /pas dans le . Peu milieu. , 4- ovés. inégaux, ) tfansveîsal dans le transversal^ milieu 5. ovoUes I i aigus 6° ellipsoïdes. (égaux.J ( obtus 7° cylindracés. Suivant la remarque de M. Hardy, la captivité influe d'une manière sensible sur la forme des œufs. Les Vautours , les Aigles , les Goélands et même les Oies pondent des œufs plus allongés qu'à l'état de liberté. M. des Murs avait déjà fait la même observation sur les œufs du Nandou reçus d'Amérique , comparés à ceux du même Oiseau pondus dans la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Toutefois rien de semblable ne s'observe chez nos petits Oiseaux de volière. § 2e. Rapport de la forme avec la position de l'Oiseau. — Tout récemment, M. Hardy a cherché à démontrer que la position de l'Oiseau, dans le repos ou dans l'action, dé- termine, avant tout, la forme de son œuf. D'après ce sa- vant ornithologiste , le produit ovarien étant une sphère liquide jusqu'à la formation de la coque, l'œuf suit néces- sairement tous les mouvements du corps de l'Oiseau. Con- tenu dans un tube élastique, il s'affaisse sur lui-même en s'élargissant, si ce tube est vertical, s'étend, s'allonge plus ou moins, selon que celui-ci s'approche ou s'écarte de la ligne horizontale et, dans toutes les positions, subit ou l'influence opposée, ou du repos qui relâche les parois de l'abdomen , son berceau, ou de l'action qui les con- tracte. La perpendicularité de l'oviducte fait, dans le repos, TRAVAUX INÉDITS. 16 l'œuf court de la majeure partie des Oiseaux de proie, et, dans l'action, l'œuf sphérique du Pic. L'oviducte horizontal donne, dans le repos, Y œuf al- longé de YEngoulevent, et, dans l'action, celui plus allongé et plus pointu du Martinet. Le Plongeon réunit, dans les siens, le double signe du repos et du mouvement dans la pose horizontale. M. Hardy explique pourquoi les gros Oiseaux élevés en captivité donnent des œufs plus allongés, tandis qu'il n'en est pas de même pour les petits Oiseaux de volière. Les premiers ont leurs habitudes brisées, leurs mouve- ments paralysés, tandis que les seconds conservent l'usage de leurs ailes, sautillent et prennent leurs ébats tout aussi bien sous le grillage de leur volière qu'à* l'ombre de nos vergers. La théorie de M. Hardy est certainement ingénieuse, mais je crains qu'il l'ait un peu trop généralisée. Je ferai remarquer que, si la direction de l'oviducte et la pesan- teur des éléments intérieurs de l'œuf dominaient toutes les autres causes dans la constitution de la forme, le gros bout devrait se présenter toujours le premier, tandis qu'il n'en est point ainsi, comme on le verra plus loin. J'ajou- terai que des œufs allongés et courts, pondus par le même Oiseau (quel que soit le sexe auquel ils appartiennent), annoncent que d'autres causes plus ou moins puissantes agissent sur la conformation de la coque. D'ailleurs, l'o- viducte est un canal épais, robuste, résistant, qui, non- seulement, est peu influencé par les pressions intérieures ou extérieures, mais qui, bien certainement, jouit lui- même d'une action particulière en rapport avec son éten- due et avec son organisation. § 3e. Observations générales. — L'idée de considérer la forme sphérique comme le type de toutes les autres formes est vraie non-seulement au point de vue géométrique, mais encore au point de vue de l'embryogénie. Toutefois, si l'on étudie les diverses modifications que nous venons de 16 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) distinguer relativement à leur fréquence, on arrive à un autre résultat. La statistique de ma collection (œufs d'Europe) m'a donné (31 décembre 1845), sur 319 espèces, un peu plus des 8/5 pour les œufs ovés, le 1/6 pour les ovoïdes, le 1/15 pour les pir if or mes, le 1/16 pour les courts, le 1/32 pour les sphériques, le 1/35 pour les ellipsoïdes et le 1/46 pour les cylindracés. On voit, par ces chiffres, que le nombre des œufs ovés de l'Europe est plus considérable que toutes les autres formes réunies (1), ces dernières ensemble ne produisant que les 3/5 de la totalité. Les œufs pirif ormes et les œufs courts réunis, c'est-à-dire tous ceux à bouts très-inégaux, n'en représentent guère que le 1/8 environ. Enfin les ellipsoïdes et les cylindracés sont des œufs tout à fait exceptionnels. On peut dire, d'une manière générale, que la forme ovée appartient aux Passereaux et aux Gallinacés; que la forme ovoïde est propre aux Rapaces et aux Palmipèdes, la piri- forme aux Échassîers et à quelques Palmipèdes, la courte à plusieurs Gallinacés et à plusieurs Échassiers, et la sphéri- que aux Oiseaux de proie nocturnes et aux Alcyons (2). Deux formes seules sont particulières à certains grou- pes); \ ellipsoïde, qui se trouve dans quelques Pinnatipè- des (3) et quelques Palmipèdes (4), et la cylindracée, qui se voit dans plusieurs Gallinacés (5). § 4e. Rapport de la forme de l'œuf avec celle de V Oiseau. — La forme des œufs présente le plus souvent une sorte de relation avec celle de l'Oiseau (Thien., des Murs). Les (1) Ce qui explique pourquoi les personnes du monde s'imaginent que tous les œufs ressemblent, plus ou moins, à l'œuf de la Poule (cet œuf étant le plus commun et sa forme la plus générale). (2) Ordre proposé par Temminck pour les Martins-Pécheurs. — Les Sphénisques ont aussi les œufs sphériques (des Murs). (3) Les Grèbes. (4) Les Plongeons, les Fous, les Cormorans, les Pélicans. (5) Les Gang as et aussi les Ménapodes. TKAVAUX INÉDITS. 17 œufs sphériques proviennent d'un corps court et ramassé (Chouettes, Martin-Pêcheur). Les œufs allongés viennent, au contraire, d'un Oiseau plus ou moins effilé (Martinets, Grèbes). Cette règle, pourtant, est loin d'être absolue, puisque certains Oiseaux à corps allongé (Épervier, Guêpier) pon- dent des œufs arrondis, et que d'autres à corps trapu (Bouvreuil) en produisent de plus ou moins allongés. M. Hardy a fait remarquer, avec raison, que les œufs du Canard de Miquelon et du Butor, du Guillemot et du Chevalier sont caractérisés par la même forme, et que les Oiseaux dont ils proviennent n'ont rien de commun dans leur ensemble général, tandis qu'au contraire ceux de Y Outarde et du Pluvier, de Y Ibis et du Courlis ne se res- semblent pas, et sont pondus par des Oiseaux qui offrent les plus grands rapports. En signalant cette relation entre la forme de l'œuf et celle de l'Oiseau, je ne chercherai pas à en expliquer la véritable source. Aussi je ne dirai pas, avec un auteur moderne, que la longueur des pattes de l'embryon influe sur la figure de l'œuf de YÉchasse (1), et que, chez d'autres espèces, cette forme est déterminée par l'extension du cou ou par la saillie du sternum, parce que, au moment de la formation de l'œuf, l'embryon (ou la cicatricuie) ne pré- sente ni pattes, ni cou, ni sternum. Lorsque l'œuf fait partie de la grappe de l'ovaire, sa forme est globuleuse. Il conserverait sans doute ce type primitif, s'il était alors revêtu de son enveloppe solide, et s'il n'était pas forcé de traverser l'oviducte, qui est étroit et tubuleux. Ce canal n'est-il pas très-court ou très-làche chez les Oiseaux dont les œufs sont sphériques? L'œuf encore mou descend peu à peu, et la pression (1) L'œuf de YÉchasse n'est pas très-allougé. (Grand diani., 44 million.; petit diam. , 30.) 2e skrie. t. xu. Année 1860. 2 18 rev. et mag. de ZOOLOGIE. (Janvier 1860.) qu'il éprouve contribue à le rendre plus ou moins allongé. La partie qui entre d'abord dans l'oviducte, frayant le chemin, supporte, par conséquent, le premier effort de la pression; elle doit être forcément la plus pointue. Voilà pourquoi l'oeuf chemine généralement la pointe- en avant; voilà pourquoi aussi, lors de la ponte, le petit bout se présente le premier (Duméril, Blainville, Thie- nemann, 1. Geoffroy Saint-Hilaire, F. Prévost ). Aristote dit, au contraire, que les œufs sont expulsés, le gros bout en avant ; Albert le grand et Bélon ont ré- pété cette erreur. M. des Murs l'avait d'abord admise; plus tard, il l'a rejetée. Selon M. Thienemann, quand l'œuf marche vite dans l'oviducte, il devient très-long; quand il chemine lente- ment, il s'éloigne fort peu de la forme globuleuse. Je se- rais tenté de croire le contraire. Il n'y a que l'observation ou l'expérience qui puisse trancher cette question. On comprend facilement que la forme des œufs doit varier suivant le diamètre, la longueur et la pression de l'oviducte, et suivant la résistance forte ou faible des élé- ments qui le composent. D'autres circonstances accessoi- res, qu'il est impossible de déterminer à priori, entrent probablement pour quelque chose dans cette formation. On a remarqué que, dans une couvée, tous les œufs n'offrent pas rigoureusement la même forme. A quoi cela tient-il? Toutefois il existe, pour chaque espèce, un type particulier dont les œufs s'éloignent rarement d'une ma- nière un peu sensible. Ainsi le Grèbe ne produira jamais un œuf globuleux comme un Hibou, et ce dernier n'en donnera pas d'allongé comme le Grèbe. On a remarqué, depuis longtemps, d'abord chez les Poules, puis chez d'autres Oiseaux domestiques, et enfin chez plusieurs Oiseaux sauvages, dans une même ponte, des œufs un peu allongés et pointus, et des œufs un peu courts et arrondis. Aristote, Cardan, Bonnaterre et La- TRAVAUX INÉDITS. 49 pierre ont pense'; que les premiers renfermaient des mâles et les seconds des femelles. Pline (1), Avicenne, Albert le grand et Steller ont émis une opinion inverse; ce dernier l'a appuyée sur des observations faites prin- cipalement sur les Oiseaux des mers du nord. Etienne Geoffroy Saint-Hilaire , autrefois en Egypte, et M. Flo- rent Prévost, à Paris, se sont rangés sous l'opinion de Pline et de Steller, après avoir étudié un certain nom- bre d'œufs de Poule et de Pigeon. Tout récemment, M. des Murs a cherché à démontrer que les observations des auteurs cités étaient bien loin d'être concluantes: d'abord parce que cette règle présente un certain nombre d'exceptions ; secondement, parce que l'on a étudié pres- que uniquement la ponte de certains Oiseaux élevés en domesticité chez lesquels la reproduction s'éloigne plus ou moins de l'état normal ; enfin parce que l'on n'a pas tenu assez de compte, dans ces observations, du type nor- mal des œufs examinés, type qui n'est pas le même dans les Poules, les Pigeons et les Oiseaux des mers du nord. D'un autre côté, M. Hardy demande comment il se fait qu'on rencontre aussi des œufs allongés et des œufs ronds parmi les œufs non fécondés, c'est-à-dire parmi ceux qui ne sont ni mâles ni femelles. Dans les croisements d'espèces, la forme des œufs n'est pas modifiée. L'expérience nous apprend, contrairement à l'opinion de Buffon, que le mâle n'exerce aucune action sur la figure de l'œuf pondu. Une Poule fécondée par un Faisan ou par une Pintade donnera des œufs exacte- ment semblables aux œufs fécondés par son propre Coq (Manesse). (1) Du temps d'Horace, les épicuriens recommandaient de choisir les œufs mâles, comme ayant le lait plus blauc et étant plus délicats que les œufs femelles. (Voyez le liv. Il, sat. 4.) (La suite au prochain numéro.) 20 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) Sur le Passer domesticus et sa place oologique dans la série, par M. O. des Murs (1). Le travail si intéressant, que M. Moquin-Tandon conti- nue de publier sur les nids des Oiseaux du midi de la France, nous présentant, sinon une erreur, au moins une lacune ou une omission importante au sujet de notre Moi- neau domestique , Passer domesticus , nous nous croyons dans la nécessité, en nous occupant des Plocéidés, de rappeler ici que cet Oiseau n'est pas plus à sa place au- jourd'hui, dans les Conspectus du prince Ch. Bonaparte, qu'il n'y était avant, et cela malgré les observations pu- bliées, dès 1850 (2), par M. le baron de la Fresnaye, et ce que nous avons pu y ajouter nous-même, en les confir- mant, en 1852 (3). Le Moineau est, en effet, un véritable Oiseau tisserand, devant, par conséquent, figurer dans les Ploceidœ et non dans les Fringillidœ. C'est l'habitude de l'observer à l'état de domesticité (car on ne peut guère qualifier autrement sa manière de vivre à nos dépens et dans nos habitations), et non abandonné à lui-même et loin des trop grands centres de populations , qui l'a fait assimiler, ainsi que procède encore M. Moquin-Tandon , pour ses mœurs comme pour son mode de nidification, à tous les autres Fringilles que nous avons sous les yeux en Europe. Cette proposition , qui parut dans toute sa nouveauté en 1850, et est passée , comme tant de bonnes choses du même ornithologiste, inaperçue faute d'un écho à l'In- stitut, n'est pourtant que de la plus stricte vérité. Voici, pour éviter les recherches aux naturalistes trop (1) Cette notice forme le chapitre intitulé XXIX. Tribu Plocéidés- Ploceidœ, du grand travail que nous imprimons sous le titre d'Oo- génèse des Oiseaux et traité général d'oologie ornithologiqiie , au point de vue de la classification. (2) Rev. et Mag. de zool., 1850. (3) Encyclop. d'hist. nat., Oiseaux, t. V, p. 216 et suiv. TRAVAUX INÉDITS. 24 occupés ou quelque peu paresseux, en quels termes l'im- plantait dans la science et la proclamait M. de la Fres- naye : « Les Moineaux nous ont toujours paru , d'après le genre de nidification, devoir être rapprochés des Tisserins et faire partie de la sous-famille Ploceinœ. Ce qu'il y a, ef- fectivement, de remarquable dans la nidification des Tis- serins, c'est que leur nid, au lieu d'avoir, comme chez les autres Fringillidés, la forme d'une coupe ou demi-sphère concave en dessus, présente, au contraire, celle d'un sphé- roïde plus ou moins allongé , concave intérieurement , avec l'entrée latérale , ou même en dessous ; c'est que les matériaux employés à ces nids sont toujours d'une seule et même espèce sur chaque nid, quelles que soient les différentes espèces de Tisserins; c'est-à-dire des tiges de graminées sèches ou , dans quelques cas, des fibres de grandes feuijles entrelacées et comme tissées ensemble ; c'est que, contre l'usage de presque tous les autres Fringilli- dés, qui isolent leurs nids de ceux de leurs semblables, les Tisserins, au contraire, les construisent en grand nombre sur le même arbre, les y rapprochent plus ou moins les uns des autres, ou même se réunissent en société nom- breuse pour en composer un énorme , où chaque couple a, toutefois, son entrée et sa demeure particulières, comme chez l'espèce appelée le Républicain. Eh bien, en France, nos Moineaux sont les seules espèces de la nombreuse fa- mille des Fringillidés qui, comme les Tisserins, composent des nids de forme sphéroïdale, avec l'entrée latérale, qui les construisent avec des graminées sèches, c'est-à-dire de foin et de paille, et qui les rapprochent ou même lés accolent plu- sieurs ensemble, soit entre les jalousies fermées d'une fenêtre, soit autour du tronc feuillu d'un gros arbre. Ce travail de notre Moineau est, à la vérité, plus grossier ; mais il em- ploie toujours les mêmes matériaux que les Tisserins, des herbes sèches, comme le font les Tisserins d'Afrique et ceux de l'Inde, et il n'y a peut-être pas plus de diffé- 22 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 1 860.) rence dans son travail et celui du Tisserin front d'or qu'entre le nid de ce dernier et celui duToucnam-Courti, qui est tissé comme un canevas. Nos autres espèces de Fringillidés, telles que Pinsons, Bruants, Gros-Becs, Bou- vreuils, Verdiers, Chardonnerets et Linottes, font toutes, sans exception aucune, de petits nids en forme de coupe découverte en dessus, et composés, en général, de diverses espèces de matériaux mélangés. Si, ensuite, on compare nos deux espèces de Moineaux avec certaines espèces de Tisserins à plumage sombre, telles que le Plocepasser de Smith, ou Leucophrys pileatus de Swainson, avec le Ploceus superciliosus de Rûppell, avec le Tisserin républicain [Loxia socia de Latham), avec le Ploceus flavicollis de Sikes, de l'Inde, on trouve entre eux tant de rapports de colora- tion, que, si on ne savait que ces derniers sont Tisserins par leur nidification, on serait disposé, au premier abord, à les ranger parmi les Moineaux. Ces rapports de plumage se retrouvent même chez les espèces à couleurs vives, jaunes ou rouges, dont les ailes et la queue sont néan- moins semblables à celles de nos Moineaux, et dont les femelles, ou même les mâles en plumage d'hiver, ont une livrée sombre, analogue à celle de nos Moineaux. Quant aux formes, ejles offrent les plus grands rapports, dans les pattes surtout et dans le bec. Pour s'en convaincre, il suf- fit de les comparer avec le Worabée, le Dioch, YOryœ et le Foudi, et tant d'autres en plumage d'hiver. « Il résulte, en définitive, des observations du doc- teur Smith... et de l'application que nous croyons pouvoir en faire, que ces Plocepasser Mahali et superciliosus de Riippell forment le chaînon des Tisserins aux Moineaux, et que nos Moineaux, d'après leurs gros nids sphériques, à entrée latérale souvent en forme de canal prolongé, et compo- sés de graminées sèches, réunis souvent plusieurs ensemble sur la même tête de sapin ou derrière la même persienne, d'après même la couleur de leur plumage , analogue à celui de certains Tisserins, la forme de leurs pattes et de leur bec, TRAVAUX INÉDITS. 23 ainsi que sa couleur, doivent, selon nous, faire partie de la sous-famille Ploccùiœ, et suivre immédiatement le gemv Plocepasser du docteur Smith, renfermant les espèces de transition du genre Ploceus à celui Pyrgita, Olivier, Passer des auteurs. » Il est évident que la description donnée par M. Moquin- Tandon du nid du Moineau n'est pas absolument exacte, et que les observations qu'il en a faites sont incomplètes: car, de tout temps et aux yeux de tout observateur, d'une part ce nid a toujours été de forme globulaire, à entrée latérale ; d'autre part, et lorsque les lieux le permettent, on sait que les Moineaux prennent plaisir à grouper et réunir leurs nids les uns auprès des autres. C'est à ce point que nous avons trouvé jusqu'à trois de ces nids cardés, pour ainsi dire, ensemble, sur l'enfourchure d'une poussée de branches au long du tronc d'un vieux peu- plier ; une autre fois, nous avons compté jusqu'à sept de ces nids sur le même arbre (1 ); enfin nous avons con- staté la même pratique et les mêmes habitudes pour le Passer montanus ou Friquet, dont nous avons vérifié l'existence de six nids, également sur un peuplier; nous observons même que plus d'une vingtaine de pieds de ces peupliers formant avenues étaient surchargés, tous les ans, des nids de ces Oiseaux, qui y avaient formé comme une colonie. C'est, en effet, rendu à sa pleine et entière liberté, à l'écart des grands centres d'habitations, nous le répétons, qu'il faut étudier le Moineau, pour se bien rendre compte de ses mœurs : réduit à vivre aux dépens de vastes terres ensemencées ou d'énormes meules de blé, près de quel- ques métairies isolées, force lui est bien de reprendre ses habitudes primitives ; et c'est alors que les arbres rede- viennent pour lui le fondement le plus sûr et la grande (1) En Algérie, ils accumulent un si grand nombre de nids sur certains arbres isolés, que leur poids fait courber et quelquefois casser les branches. (G M.1 24 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) ressource de son habitation, et qu'il y établit, par colonie nombreuse, et sa famille et ses nids. La distinction même faite par Buffon (1), et que nous avons reproduite il y a déjà longtemps (2), entre les nids des Moineaux, dont les uns, pratiqués dans des trous ou dans des lieux couverts, seraient privés de toute couverture antérieure ou calotte, tandis que ceux qu'ils édifient sur les arbres, tels que de grands noyers ou des saules très- élevés, seraient recouverts d'une espèce de calotte qui les préserve de l'eau de la pluie, et munis d'une ouverture pour entrer au-dessous de cette calotte, loin d'établir une sin- gularité, ne vient que confirmer nos observations qui pré- cèdent au sujet de la nidification du Moineau. Car ce que Buffon a pris pour une calotte ou recouvrement distinct du nid n'en est que le complément intégral , dont l'entrée latérale est l'indispensable conséquence pour tout nid de forme sphéroïdale. Ajouterons-nous que tous les nids de Moineaux qu'il nous est arrivé d'enlever nous-même ou de faire enlever des meurtrières de notre vieux donjon de Nogent le-Bo- trou, dans lesquelles ils les y installent, se sont toujours montrés à nos yeux, retirés intacts, sous une forme globu- laire assez volumineuse, avec entrée sur le côté, et que ces Oiseaux redoutent si peu le voisinage de deux ou trois couples de Crécerelles qui se perpétuent dans les mêmes ruines, qu'ils garnissent de leurs nids chacun des trous ouverts ou pratiqués dans leurs antiques murailles ? Enfin, construit dans un trou et à couvert, ou sur un arbre et à découvert, il est certain que le nid du Moineau est constamment de forme globulaire. Il ne faut pas oublier, lorsque l'on étudie l'ornithologie européenne, combien il importe de la mettre en rapport avec les autres termes de toute la série ornithologique, pour bien saisir la valeur de ses types et de ses caractères. (1) Hist. nat. des Oiseaux. (2) Encyclop. d'hist. nal.y Oiseaux, t. V. TRAVAUX INÉDITS. 25 Pour en revenir à notre tribu des Ploceidœ, les carac- tères oologiques viennent confirmer la division que nous en avons faite en quatre familles : 1° Ploceinœ, dans les- quels nous confondons les Euplectinœ du prince Ch. Bonaparte ; 2° Plocepasserinœ, que nous créons pour grouper le genre Passer et qui se composent des deux genres Plocepasser et Passer, qui se confondent presque, par leurs œufs, avec la famille suivante des Viduinœ, no- tamment avec l'œuf de deux de ses genres Pentheria et Steganura, et peut-être de tous; 3° Viduinœ; k° et Es- trcldinœ. Caractères oologiques. Forme. — Ovée, très-allongée (Sycobius et Hyphan- tomis), ou normale (Euplectes, Passer, Viduinœ et Estrel- dinœ) . Coquille. — D'un grain fin, blanc intérieurement et sans reflet. Couleur. — A fond vert, bleuâtre uni (Ploceinœ), à l'exception du genre Sycobius, dont l'œuf, tournant plus au ton blanc, est tacheté de points d'un brun rougeâtrc, ou à fond blanc plus ou moins pur, tacheté de gris et de brunâtre, à la manière de l'œuf du Moineau, Passer do- mesticus (Passer, et dans les Viduinœ, Pentheria macroura et Steganura paradisœa) ; ou d'un blanc uni et sans taches (Estreldinœ). Une remarque qu'il n'est pas indifférent de signaler, c'est que, pour la forme, la dimension et la coloration, l'œuf de Pentheria représente exactement celui du Passer domesticus, un peu plus petit; et l'œuf de Steganura, celui du Passer montanus. Cette tribu offre, d'après cette diagnose, une exception dans deux de ses éléments, à la forme généralement ovée du produit ovarien; exception analogue, pour un Plo- ceidœ, à ce que nous avons vu pour les Laniarii, dans les Lanudœ. 26 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) Ainsi les genres Sycobiuset Hyphantomis, les seuls dont nous connaissions et possédions plusieurs œufs, encore inédits, l'ont de forme ovée excessivement allongée et presque cylindrique, le petit diamètre n étant que du tiers du grand diamètre, tandis que la proportion ordinaire de cette forme est de la moitié. Ici encore la véritable cause de cette forme insolite nous échappe; et si, par induction des habitudes des Laniarii, les œufs de ces derniers , par leur forme, sem- blent donner raison , en ce qui les concerne, au sys- tème de M. Hardy, il n'en est plus de même des œufs de ces Ploceidœ, puisque les Oiseaux qui les pondent sont plus occupés à se suspendre, soit pour la construction de leur nid, dont l'ouverture est presque toujours en bas, soit pour y porter la nourriture à la mère qui les couve, qu'à chercher leur nourriture à terre comme les Laniarii. Une autre observation à faire, au sujet de cette tribu, concerne ce grand groupe composé des Estreldinœ , Ben- galis, Senegalis, Amadines, etc. Tous ces Passereaux co nirostres, si nombreux en espèces, si variés de couleurs et dont on a fait tant de genres, ont tous, uniformément, leur œuf blanc et sans tache , comme la presque totalité de la jolie tribu des Trochilidœ; et cela d'une manière si générale, que les espèces dont l'œuf viendra accuser une autre coloration devront en être retirées. C'est ce carac- tère constant qui nous engage à enlever les Euplectes ou Oryx, dont l'œuf est vert uniforme, à la famille des Vi- duinœ, où les a maintenus le prince Ch. Bonaparte, pour les transporter à la fin de nos Ploceinœ. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 2 janvier 1860. — M. Pappenheim présente des Etudes sur les vaisseaux lymphatiques : « L'étude des vaisseaux lymphatiques, dit l'auteur, pré- SOCIÉTÉS SAVANTES. 27 sente des difficultés particulières, et il n'y a pas lieu de s'étonner que leur distribution soit beaucoup moins con- nue que celle des autres vaisseaux de l'économie. Pour bien suivre leur trajet, en effet, il faut les observer quand ils sont pleins de lymphe , car les injections artificielles ont beau être poussées avec ménagement, elles causent toujours des déchirures qu'il est très-difficile de distin- guer des voies normales : le plus sûr à beaucoup près est de profiter de l'Injection naturelle, mais il faut se hâter, car ce n'est que pendant un petit nombre d'heures après la mort qu'on peut suivre à la surface d'un organe le ré- seau lymphatique dans son complet développement. Cette circonstance, comme on le conçoit aisément, rend l'étude de cette partie de l'anatomie plus difficile pour l'homme que pour les animaux ; pour ces derniers même il y a, d'une espèce à une autre, des différences quelquefois très- tranchées, ce qui oblige à multiplier les observations. Sans doute c'est toujours dans les membranes séreuses qu'il faut chercher le siège principal des lymphatiques; mais, quand on les suit dans les divers organes splanchniques, on est frappé des différences que l'on rencontre de l'un à l'autre. La rate, en général, est très-abondamment pourvue de cet ordre de vaisseaux, le foie l'est un peu moins, les pou- mons moins encore ; le diaphragme en est très-pauvre. Le cheval est une des espèces où le foie est le mieux garni ; la taupe européenne présente un autre cas, et c'est le pan- créas qui chez elle est le plus richement partagé. Chez ce dernier animal la lymphe contenue dans les vaisseaux a été trouvée constamment avec un aspect laiteux ; dans le cheval la couleur était légèrement jaunâtre » M. E.Blanchard adresse des Recherches sur les caractères ostéologiques des Oiseaux, etc. lre partie. — Passereaux des ornithologistes. L'auteur rappelle qu'il s'est attaché à montrer, dans de précédentes communications, combien, parmi les Oiseaux, les caractères fournis par les différentes parties de la char- 28 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) pente osseuse étaient propres à conduire à la détermina- tion rigoureuse des affinités naturelles, si souvent mécon- nues, tant qu'on s'est borné à l'inspection des formes ex- térieures. Aujourd'hui ses recherches s'étendent à toutes les divisions de la classe des Oiseaux, et lui permettent de formuler des résultats d'un ordre plus élevé. Le savant entomologiste ne reconnaît que deux types d'ordres dans cette grande classe du règne animal. Les divisions qui viennent ensuite sont alors des familles, fa- milles naturelles, selon lui , dans la plus vraie aceception du mot, et n'ayant, en général, rien de commun avec les groupes qualifiés de ce nom dans les ouvrages d'ornitho- logie. Après ce préambule, et pour rendre plus saisissables les résultats de son travail, l'auteur expose la nature des élé- ments qui composent chacun des ordres si connus sous le nom de Passereaux, de Grimpeurs, etc., et il arrive à cette conclusion : « En résumé, l'ordre des Passereaux, tel qu'il a été cir- conscrit, renferme plusieurs formes vraiment typiques. Ces formes, au nombre de neuf, constituent autant de fa- milles parfaitement distinctes. Plusieurs d'entre elles ne se lient par aucune affinité étroite, et se rapprochent, au contraire, de certains types que l'on classe dans l'ordre des Grimpeurs. Malgré cette parenté réelle entre des Oiseaux rattachés aux Passereaux par les anciens zoologistes et d'autres classés parmi les Grimpeurs, je ne crois pas qu'on puisse les associer dans une même famille. Non-seu- lement leur métatarse offre toujours une différence consi- dérable en rapport avec la direction du doigt externe, mais les diverses parties de leur charpente osseuse pré- sentent, de part et d'autre, des particularités qui coïnci- dent avec la conformation des pattes. » Séance du 9 janvier 1860. — M. de Quatrefages présente l'exposé des recherches auxquelles il s'est livré, par suite de la mission qui lui avait été confiée, en 1858, par l'Aca- SOCIÉTÉS SAVANTES. 29 demie, et le gros volume in -4° qui a pour titre, Etudes sur les maladies actuelles des Vers à soie. En lisant l'analyse de cet ouvrage donné par son au- teur, qui a le grand mérite d'être devenu rapidement ma- gnanier depuis 1858, on voit que son livre doit être re- marquable par l'ordre apporté dans l'exposé des matière* qu'il contient. Dans l'examen qu'il a fait, presque monographiquement, de trois vallées, l'auteur a découvert la nature complexe du mal qui présente un caractère constant ou variable selon les temps et les lieux. Un fait qui ressort des études de l'auteur, c'est que, ainsi que nous l'avons soutenu, en opposition avec les as- sertions répétées des membres de la commission acadé- mique, on ne doit pas attribuer le mal à l'ignorance des éducateurs et aux mauvais soins qu'ils donnent à leurs vers à soie; pour justifier ces éducateurs, dont nous avons constamment pris la défense, nous citerons les paroles mêmes du rapporteur de cette commission, qui dit : « Dans les trois vallées, un certain nombre de points, d'abord épargnés, furent successivement atteints. Il est, d'ailleurs, impossible d'expliquer par des conditions hygiéniques naturelles meilleures, ou par une direction plus ration- nelle des éducations, ces exemptions momentanées. » L'auteur a raison quand il confirme ce que nous avons dit souvent, qu'on trouvait dans les chambrées malades toutes les affections connues : pourquoi en séparer alors la variété qui est plus spécialement caractérisée par les taches , puisqu'il reconnaît enfin , comme nous l'avons prouvé dans cette revue, que ce n'est pas une maladie nouvelle? Il serait trop long d'exposer ici les considérations dans lesquelles M. de Quatrefages entre longuement pour faire connaître les fâcheux effets de l'épidémie sur les vers et sur les œufs qui proviennent des éducations malades; du reste, elles aboutissent toutes à une vérité incontestée, IJO rev. et mag. DE zoologie. (Janvier 1860.) c'est que les descendants de ces vers infirmes ne peuvent être sains. Arrivant ensuite à ses petites éducations pour faire de la graine, il est d'accord avec tout le monde, car les magnaniers savent tous, et ils ont dit et écrit depuis bien longtemps , que l'on réussit toujours mieux une petite qu'une grande éducation. Il est donc évident que la petite éducation permet de lutter, nous ne dirons pas avec M. de Quatrefages, contre l'influence épidémique, mais au moins de se conformer plus facilement aux règles de l'hygiène, ainsi que le font tous nos grands et petits éducateurs du Midi, qui n'en sont pas moins frappés par l'épidémie. Arrivant au point de vue thérapeutique, l'auteur an- nonce avoir donné un exposé complet de ce qui a été fait dans cette direction, et il parle, entre autres, de ses ex- périences sur l'action du sucre. Puisqu'il croit à l'effica- cité du sucre ajouté à la nourriture des Vers à soie, il semble admettre, ce que nous soutenons depuis longtemps, que c'est cette nourriture qui donne la maladie , à moins qu'il ne le considère comme agissant, à titre de remède. Si le sucre était vraiment efficace, s'il n'étouffait pas les vers en bouchant leurs stigmates, comme cela est arrivé dans des expériences faites près de Paris, il semblerait en ré- sulter, ou que cette substance agit sur les fonctions vitales troublées par une nourriture viciée , ou qu'elle rend à cette nourriture des éléments qui lui manquaient. Dans cette dernière supposition, qui semble être la plus probable, on arriverait à admettre que la feuille est ma- lade, que les arbres sont malades, et que, ainsi que nous le soutenons avec une foule de magnaniers praticiens qui s'occupent, comme nous, des Vers à soie depuis beaucoup plus de deux ans, c'ostune maladie des mûriers, analogue à celle de la vigne et de tous les autres végétaux, qui a amené cette épidémie des vers à soie, qu'on ne peut attri- buer à aucune autre cause aussi générale et aussi pal- pable pour tout observateur qui n'est pas guidé par une idée préconçue. sociétés savantes. 31 Quant à la grosseur du volume, au nombre et à la beauté des planches qui l'accompagnent, c'est une ques- tion de budget, ainsi que nous l'avons dit l'année der- nière (1859, p. 44). M. Aucapitaine adresse d'Afrique de Nouvelles observa- tions sur la perforation des roc'nn par certains Mollusques acéphales. « M. l'amiral du Petit-Thouars a présenté dernièrement à l'Académie des sciences une note sur les ïarets et les Coquilles lithodomes, dans laquelle ce savant officier fait observer qu'il serait curieux de constater où l'on retrouve dans les roches habitées par les lithophages la voie d'in- troduction de ces Mollusques, dont il doit toujours sub- sister des traces après leur entrée. « M'étant précédemment occupé de ces faits sur les bords de l'Océan, et ayant depuis eu l'occasion de renou- veler mes observations sur le littoral de l'Algérie, j'ose espérer pouvoir répondre à cette question. « Chaque bloc, roche calcaire, siliceuse ou granitique, habitée par des perforants, est extérieurement percé de petites ouvertures concentriques, par lesquelles on peut quelquefois voir l'animal allonger son siphon branchial. « On doit admettre, et les faits observés me conduisent à ce résultat, que, rejetés par le Pholade (ou tout autre li- thophage), les jeunes, fidèles à la loi de leur espèce, commencent à se creuser, sur le rocher où les pousse le hasard du flot, le tube dans lequel ils ne tardent pas à s'introduire pour s'y développer et mourir. Ainsi s'ex- plique l'extrême petitesse de l'orifice des loges des Mol- lusques lithodomes si peu en rapport avec la grosseur des coquilles. « Il est certain, comme l'avance M. l'amiral du Petit- Thouars, que beaucoup de perforants habitent des ter- rains vaseux, plus tard transformés en couches solides. Les nombreux atterrissements observés sur les côtes de la Vendée otïrent des exemples remarquables de ce fait, si- 32 rev. et mag. de ZOOLOGIE. (Janvier 4860.) gnalé, je crois, ailleurs par des voyageurs. Mais il n'en est pas moins vrai que des quantités innombrables de ces animaux se creusent des loges dans les falaises calcaires, dans des masses granitiques. J'ai observé des perforants (Pholas, Venerupis, Gastrochœna modiolina, Lk,, dont la coquille est si fragile) habitant les poudingues ferrugineux d'une dureté extrême de l'îlot Joinville, dans le port de Cherchel. Tout récemment j'éprouvai de grandes difficul- tés à briser des fragments basaltiques transpercés par ces animaux à Mars'-el-Fahm , et sur plusieurs autres points où j'ai séjourné, du Sah'-el-Kabile compris entre Bougie et Dellys. « Partout on reconnaît la présence de ces innombrables lithophages aux petits trous par où ils ont d'abord péné- tré dans le roc et par lesquels plus tard ils respirent, vi- vent, se nourrissent et reproduisent. « En admettant, comme l'ont prouvé MM. Caillaud de Nantes et le zoologiste anglais Robertson, que les perfo- rants des genres Pholas, Lithodomus ont la faculté de percer les roches les plus dures à l'aide de leurs coquilles, pieds et siphons, cela au moyen d'un mouvement rota- toire opéré par l'animal en contractant violemment son corps rempli d'eau qu'il expulse avec force avec son tube charnu , il ne peut en être ainsi pour d'autres acéphales, tels que les Saxicava, Periploma, Petricola, Venerupis, auxquels leurs loges exiguës ne permettent aucun mou- vement rotatoire ou autre ; on retrouve, en effet, dans les cavités habitées par ces Mollusques, l'impression exacte des valves, et celle même du ligament externe ; l'animal y est enchâssé de telle sorte, qu'il ne peut absolument bou- ger. L'observateur est, ici, forcé de chercher un agent autre que le mouvement mécanique pour expliquer les moyens employés par des Mollusques dont le test, couvert de délicates aspérités, est souvent trop mince pour se perforer une loge sans altérer la coquille. Ce moyen, fol que l'a fait observer, il y a déjà bien des années, Fleu- SOCIÉTÉS SAVANTES. 33 riau de Bellevue (Journal de Physique; germinal, an X, p. h et suiv.), et, comme je l'ai répété depuis, ne peut être qu'un principe dissolvant sécrété par les parties du manteau qui déborde légèrement la valve ( ce qui permet à l'animal de ne pas altérer son enveloppe testaire) ; c'est alors qu'au moyen de leurs pieds , presque rudimen- taires, les Saxicaves, Venerupes, etc., détachent les par- celles décortiquées par cet agent dissolvant, parcelles ex- pulsées ensuite par l'eau rejetée par les branchies. » M. Milne- Edwards présente , de la part de M. Van der Hœven, un Mémoire sur l'anatomie du Potto, et il rend brièvement compte de ce travail. M. Guérin-Méneville présente des échantillons de soie- ries fabriquées en Chine avec la matière textile produite par le Ver à soie du vernis du Japon, échantillons qui ont été envoyés à Turin par le Père Fantoni, de Bielle, à qui l'on doit l'envoi en Piémont des premiers cocons vivants de cette espèce, et il y joint un travail intitulé : Note sur les étoffes fabriquées en Chine avec le fil du Ver à soie de l'ailante ou vernis du Japon, montrant l'uti- lité de cette nouvelle espèce pour notre agriculture et notre industrie. Les communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie, relativement au nouveau Ver à soie de l'ai- lante, que j'ai introduit et acclimaté en France et en Algérie, ayant été favorablement accueillies, je viens lui en témoigner ma vive gratitude, en portant à sa con- naissance un fait qui lui fera mieux apprécier encore l'importance de cette acquisition. Jusqu'à présent l'on n'avait établi la valeur de la soie produite par le Ver de l'ailante que par analogie. En effet, en voyant que des cocons beaucoup moins beaux, ceux du Ver de ricin, donnaient une matière textile très- forte, et susceptible d'être employée utilement dans notre industrie, on avait pensé que les cocons du vernis du Japon donneraient mieux, et l'on attendait le moment où 2e série, r. xii. Aimée 1860. 3 34 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) nous aurions récolté assez de ces cocons pour faire des essais pratiques semblables à ceux qui ont été effectués avec les cocons du ricin. Ces prévisions sont, dès aujourd'hui, confirmées, grâce au zèle des missionnaires piémontais, qui viennent d'en- voyer de Chine des tissus fabriqués dans ce pays avec la soie produite par le Ver de l'ailante, que l'on y élève, depuis des siècles , en plein air et sur une grande échelle. Ayant appris du savant professeur Baruffi que M. le chanoine Ortalda, directeur des missions étrangères à Turin, allait organiser une exposition des produits de l'industrie chinoise envoyés par les missionnaires, et qu'il y aurait des soies de l'ailante, j'ai demandé quelques échantillons de ces dernières et je viens de les recevoir avec la garantie, donnée par le vénérable chanoine Or- talda, de leur authenticité. Ces échantillons, que je fais passer sous les yeux de MM. les membres de l'Académie, montrent que la soie de l'ailante est, en effet , très-supérieure à celle du ricin et qu'elle sert, en Chine, à faire des étoffes qui approchent, pour la finesse et le lustre, de celles que l'on fabrique avec la soie du mûrier. Le n° 1 offre un tissu d'un bleu clair qui pourrait rivaliser avec nos plus jolies soieries européennes. Le n° 2 est une étoffe écrue qui semble être d'une très-grande force et d'un tissu très-serré. Le n° 3 est fabriqué avec de la bourre de soie ou filo- selle et ressemble assez à une fine toile écrue. Quant au n° 4, c'est une sorte de gaze ou de tissu analogue à celui que l'on fabrique en Europe pour les blutoirs. Il est d'une régularité remarquable, et ses fils, comme ceux des n08 1 et 2, semblent formés d'une soie continue ou grége très-belle. On voit, par ces échantillons, que les Chinois tirent un très-bon parti de cette matière textile, soit qu'ils la SOCIÉTÉS SAVANT KS. 35 tisseni à l'état de filoselle, soit qu'ils l'emploient en grége. S'ils font réellement de la soie grége avec ces cocons ouverts, ne peut-on pas espérer que nos habiles filateurs français arriveront au même résultat ? J'ai fait connaître les grands avantages que l'agriculture obtiendra en se livrant à l'éducation en plein air du Ver à soie de l'ailante , même en admettant qu'on ne parvienne à obtenir du cocon que de la bourre de soie ou filoselle. Si, comme tout porte à le croire, l'on par- vient à en obtenir de la soie grége, ces avantages seront considérablement augmentés. Qu'il me soit permis d'ajouter, en terminant, que l'on peut aujourd'hui considérer le Ver à soie de l'ailante comme une nouvelle espèce animale dont la sérieuse acclimatation en France est un fait accompli. Près de trois ans de travaux persévérants, des difficultés nom- breuses péniblement vaincues, grâce à une auguste pro- tection, à l'appui de la Société impériale d'acclimatation et au concours d'hommes dévoués au progrès de notre agriculture, m'ont permis d'amener cette espèce au delà des expérimentations théoriques et de la placer sur les limites de la grande culture. Il est donc probable que l'agriculture ne tardera pas à adopter mon Ver à soie de l'ailante, comme elle a adopté, il y a près de 300 ans, le Ver à soie du mûrier, protégé par Henri IV. Séance du 16 janvier 1860. — M. I. Geoffroxj Saint-Hi- laire présente la première partie du troisième volume de son Histoire naturelle générale des règnes organiques , et donne une idée du contenu de cette nouvelle publication. C'est un livre de haute portée, plaçant le fils au niveau de son illustre père, qui a si bien mérité du monde sa- vant le titre de grand naturaliste. Nous avions l'intention de faire un compte rendu tout particulier de cette œuvre capitale, mais, comme ce serait un travail de longue haleine, nous préférons donner de suite à nos abonnés une idée sommaire du contenu de ce 3f> rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) bel ouvrage , plein d'idées neuves et générales , d'aper- çus de l'ordre le plus élevé, et d'observations savantes et inédites, qui ne peuvent être appréciées convenable- ment qu'après une étude qu'une première et rapide lec- ture ne saurait permettre de faire convenablement. Nous nous bornons donc, quant à présent, à repro- duire (p. 38) l'analyse, si claire et si pleine de modestie, que l'auteur a donnée de son livre. M. J. M. Seguin présente un travail chimique ayant pour titre, Etudes sur les Vers à soie ; examen des matières liquides et solides extraites des Papillons. L'auteur a étudié et analysé le liquide noir que les ma- gnaniers ont observé, surtout depuis que l'épidémie ac- tuelle des Vers à soie règne, dans les vésicules que l'on voit souvent sur les ailes et sur le corps des Papillons. Ainsi que nous l'avons souvent observé dans le courant de notre longue carrière séricicole, mais principalement de- puis l'invasion ou la généralisation de la gattine, une mor- sure d'Araignée ou de Guêpe, une piqûre faite avec une épingle à l'aile ou au corps d'un Papillon qui éclôt, donnent lieu à la sortie d'une goutte de sang, qui ne tarde pas, en se coagulant, à acquérir une couleur noire intense. Dans les Papillons atteints de la gattine et plus ou moins cou- verts de taches noires, il est évident que ces taches pro- viennent de parcelles plus ou moins volumineuses de ce liquide ainsi altéré, lequel nous a semblé être la cause de la coloration noirâtre des écailles des ailes et du corps des Papillons malades. M. Seguin a fait une chose intéressante en étudiant chi- miquement ce liquide, ce fluide nourricier, ce sang altéré, et c'est le résultat de ces recherches qu'il a consigné au compte rendu des séances de l'Académie. Il a étudié aussi , de la même manière , les déjections des Papillons, et il fait connaître les substances dont elles sont composées et les proportions dans lesquelles elles se trouvent. SOCIÉTÉS SAVANTES. 37 Si, comme nous l'avons toujours pensé, l'aptitude du fluide nourricier à devenir noir au contact de l'air est un fait correspondant à l'état pathologique des Vers à soie, des Papillons et même de leurs œufs, les recherches de M. Seguin pourraient peut-être conduire à distinguer les œufs provenant de Papillons malades. Nous croyons devoir appeler toute l'attention de M. Se- guin sur ce point de ses intéressantes recherches, point qu'il a touché dans sa Note, quand il montre que l'acide nitrique colore la matière noire des taches des Vers et des Papillons malades en jaune orangé, et que ces observa- tions s'appliquent aux œufs des Vers à soie. M. de Quatrefages dépose sur le bureau une copie du Rapport fait par M. Salles au comice de l'arrondissement de Vigan « sur les causes de la maladie des graines de Vers à soie, » et y joint une Lettre que lui a adressée l'au- teur du Rapport en lui transmettant cette pièce. M. Ch. Roussel adresse des Recherches sur les organes génitaux des Insectes coléoptères de la famille des Scara- béides. L'auteur, après avoir rappelé les travaux qui ont été faits sur ce sujet avant lui, dit que son but, absolument négligé jusqu'ici, a été de constater quelles modifications se produisent dans les organes génitaux entre les espèces d'un même genre, entre les genres d'une même tribu, entre les représentants de différentes tribus appartenant à une même famille naturelle. Il a donc examiné successive- ment les parties essentielles des organes génitaux mâles et femelles, et il est arrivé à formuler les conclusions suivantes : « 1° Toujours presque similitude entre des espèces très- voisines d'un même genre. Ce qui produit une preuve à l'appui de l'heureuse définition du genre donnée par M. Flourens. « 2° Il y a entre les genres véritables des modifications 38 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) notables très-propres à les caractériser (entre autres, les genres Melolontha, Polyphylla, Cyphonotus). « 3° Ces modifications devenant plus considérables entre les représentants de groupes d'un ordre plus élevé, comme les tribus, fournissent là des indications précieuses pour les zoologistes. « 4° Les différences observées entre les Glaphyrines, les Mélolonthines , les Ruthélines et les Scarabéines, admises comme tribus, ne sont pas d'une valeur comparable à celles qui les distinguent des Cétonines, bien moins en- core à celles qui les séparent des Géotrupines et des Co- prines. « 5° Relativement à des types dont les rapports natu- rels n'avaient pu être appréciés d'une manière sûre par la considération soit des caractères extérieurs , soit de cer- tains organes internes, la connaissance de l'appareil géni- tal permet de les déterminer plus rigoureusement. Tel est, en particulier, l'exemple si frappant fourni par les Ontho- phagus comparés aux Aphodius. » Ces recherches , étendues à l'immense groupe des In- sectes, auront un intérêt très-grand pour l'anatomie et la physiologie, mais elles rendront un véritable service à la classification, en lui donnant un moyen positif de dis- tinction des groupes, car M. Roussel a reconnu que ce n'est qu'entre les espèces les plus voisines qu'on trouve une similitude à peu près complète dans la forme et l'or- gane d'intromission. Il semble, ajoute-t-il, que la nature ait pris les soins les plus minutieux pour prévenir le mé- lange des types, et qu'elle n'ait laissé le croisement prati- cable que dans des limites fort restreintes. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Histoire naturelle générale des règnes organiques, principalement étudiée chez l'homme et les animaux, ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 39 par M. Isidore Geoffroy St.-Hilaire, t. 3, 2e partie, 1 vol. in-8. Paris, 1859, Masson. Ainsi que nous l'avons dit en rendant compte de la séance de l'Académie des sciences (p. 35), dans laquelle l'auteur a présenté ce nouveau volume, nous donnons ici l'analyse qu'il en a faite lui-même en ces termes : Ce volume a pour sujet la question fondamentale de l'histoire naturelle, celle de l'espèce. J'avais précédem- ment traité des diversités encore comprises dans le type spécifique, telles que les différences d'âge, de sexe, de saison, les développements, les métamorphoses, les al- ternances de génération, etc. Après ces diversités ve- naient, dans l'ordre logique, celles qui, au contraire, excèdent les limites du type ; en d'autres termes, après les variations normales de l'organisation, les modifica- tions anormales ; après la règle, les exceptions qu'elle subit dans une multitude de cas, et qui, d'ordres très- divers, dérivent tantôt de l'anomalie proprement dite, tantôt de la domesticité et de la culture, tantôt de l'hy- bridité ou, plus généalement, de la métivité. Ayant traité, d'une manière spéciale, dans un autre ouvrage, des anomalies proprement dites de l'organisa- tion, c'est-à-dire des variétés, des vices de conformation, des hétérotaxies, des hermaphrodismes et des monstruosi- tés, j'ai cru devoir me borner, dans Y Histoire naturelle gé- nérale, à un résumé général des faits et des résultats théo- riques aujourd'hui acquis à la tératologie, et qui sont de nature à éclairer, sur divers points, la question de l'es- pèce. A ce point de vue, j'ai dû surtout m'attacher à met- tre en lumière la régularité des êtres anormaux, si bien établie par mon père, Meckel, M. Serres et plusieurs au- tres anatomistes, l'origine accidentelle des monstruosités et des autres anomalies, autrefois regardées comme des états primitifs de l'organisation, et les circonstances de l'hérédité tératologique, tantôt immédiate et directe, tan- tôt médiate et discontinue. 40 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.) J'ai traité, avec beaucoup plus d'étendue, des varia- tions qui dérivent soit de l'hybridité, soit delà domes- ticité. Mes recherches sur les hybrides, qui datent de l'époque même de mon entrée dans la science, ont dû avoir pour objet de déterminer, parmi les innombrables cas d'hybri- dité rapportés ou indiqués par près de quatre cents au- teurs, les faits qu'il y a lieu d'admettre et ceux qui sont à éliminer de la science. Plusieurs auteurs, et parmi eux se rencontrent des anatomistes et des naturalistes d'une grande autorité, Réaumur, Haller, Bonnet, Blumenbach, Meckel, ont cru à l'existence d'hybrides entre animaux de deux ordres ou même de deux classes ; d'autres, au contraire, ont soutenu que l'hybridité n'est possible qu'entre espèces du même genre, ou même, opinion de Morton, entre espèces de la même section du même genre. Les faits que nous avons recueillis ou constatés par nous-même nous ont conduit à nous placer entre la crédulité extrême des premiers et le scepticisme exagéré des seconds. Nous sommes, en effet, arrivé à reconnaître qu'il n'y a pas dans la science un seul exemple, sérieusement attesté, d'hybri- dité entre animaux de classes ou d'ordres différents, pas même de familles différentes, s'il s'agit de véritables fa- milles naturelles; mais il existe des exemples incontes- tables d'hybridité bigénère. Ceux que présente la classe des Oiseaux sont particulièrement, nous croyons pouvoir le dire, à l'abri de toute objection. Quant à l'hybridité congénère, c'est-à-dire entre es- pèces du même genre, hybridité que quelques auteurs regardent comme étant elle-même très-rare, elle est, en réalité, très-commune. Nous la connaissons surtout chez les Mammifères, les Oiseaux, les Poissons et les Insectes. Parmi les Mammifères, on a obtenu une fois en Angle- terre, et nous avons obtenu une fois aussi, à la Ménage- rie du Muséum, ce qu'on a nommé la double hybridité, ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 41 c'est-à-dire l'hybridité entre l'hybride de deux espèces, et un individu pur sang d'une troisième espèce. Il se produit des hybrides, non-seulement à l'état do- mestique, et par les soins de l'homme, mais aussi natu- rellement à l'état sauvage. Non-seulement ce fait avait été nié, mais on avait été un instant jusqu'à soutenir (opinion déjà réfutée par Frédéric Cuvier et par M. Flou- rens qu'il ne se produit d'hybrides qu'entre espèces dont l'une au moins est domestique. Pour résoudre la question si importante de l'aptitude ou de l'inaptitude des hybrides à la reproduction, j'ai tout à la fois recueilli les faits existant dans la science, et fait moi-même de nombreuses expériences : dès 1847, j'avais pu obtenir à la Ménagerie du Muséum, outre des métis de Chien et de Loup, de Chien et de Chacal, les produits de six autres accouplements d'animaux hybrides. La conclusion à laquelle je me suis arrêté est celle-ci : Il est un grand nombre d'hybrides stériles, et aussi un grand nombre d'hybrides imparfaitement féconds. Mais il en est d'autres qui jouissent complètement de l'aptitude à la reproduc- tion, soit avec une des espèces souches, soit entre eux. Ce qui a été appelé le principe de Buffon, mais n'était que celui de Pline (car Buffon, après l'avoir admis, l'a condamné à trois reprises comme un vain préjugé), doit donc disparaître enfin de la science où il a si longtemps régné, constituant, avec plusieurs autres propositions non moins contestables, ce que les partisans de la fixité de l'espèce considéraient comme la doctrine classique sur les hybrides. Mais, en rejetant ce principe, on doit bien se garder de lui substituer le principe contraire ; car, s'il n'est pas exact que les hybrides soient généralement in- féconds ou imparfaitement féconds, encore moins pour- rait-on soutenir qu'ils sont généralement aptes à se re- produire. En réalité, il n'y a point ici de principe à r,oser, mais seulement des faits à constater , el ces faits sont très-variables selon les espèces que l'on considère. 42 rev. et mag. de zoologie. [Janvier 1860.) Quant aux métis homoïdes, c'est-à-dire nés de deux races ou variétés de la même espèce, nous les avons toujours trouvés féconds entre eux, malgré les assertions émises par quelques agriculteurs sur la prétendue infé- condité des croisements entre races très-différentes; infé- condité qu'on a prétendue exister aussi entre les hommes de notre race et les femmes de quelques races très-mo- difiées. En comparant les métis homoïdes et les hybrides à un autre point de vue, nous étions arrivé, à une époque dé jà éloignée, à une double proposition que nous énoncions ainsi en 1826 : Les hybrides « ont des caractères assez « fixes, et qui sont en partie ceux du père et en partie rev. et mag. DE zoolooie. (Janvier 1860.) recherche des Animaux éteinls auront ainsi ie moyen de classer leurs collections d'une manière scientifique. Le nombre des figures insérées dans le texte a été aug- menté, et les planches de l'Atlas, qui sont lithographiées avec beaucoup de soin, ont été portées de quatre-vingts à quatre-vingt-quatre. En outre, une table explicative des figures, renvoyant à la description de chacune d'elles, est jointe à cet Atlas. En un mot, l'auteur et l'éditeur ont fait tous leurs efforts pour rendre cette nouvelle publication à la fois digne des savants auxquels elle s'adresse et des sujets, déjà si habilement étudiés en France et à l'étranger, qui y sont traités. C'est un ouvrage indispensable à toutes les personnes qui s'intéressent aux progrès de la zoologie et de la géo- logie. Description de la forme embryonnaire de 38 espèces d'U- nionidœ, par M. Isaac Léa, in-4°, fig. (Extrait du Journal de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie, 2e série, vol. IV.) Dans ce beau travail, le savant malacologiste américain, après avoir passé en revue les travaux faits sur le même sujet, décrit les embryons des 38 espèces d'Unio, de Mar- garita et d'Ânadonta qu'il a pu observer, et en donne d'ex- cellentes figures qu'il a dessinées lui-même et qui ont été parfaitement lithographiées. C'est un travail qui intéres- sera vivement les zoologistes. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES Sur la coloration de la peau chez les nègres de la haute Kabylie. M. d'Abbadie, connu par ses voyages en Abyssinie, vient d'adresser à M. de Quatrefages (Bulletin de la So- ciété de géographie, 1859, t. xiv, p. 179) une lettre MÉLANGES KT NOUVELLES. Al- relative à un fait anthropologique fort curieux : l'in- fluence d'une nourriture exclusivement animale sur la coloration du nègre. Le savant voyageur français expose qu'au sud de la Nubie les noirs qui ne se nourrissent que de viande ont un teint beaucoup plus clair que les autres tribus dont le régime est exclusivement végétal. La lecture de cette Note m'a conduit à une observation analogue sur les nègres de ia Kabylie. La viande, en Kabylie, est d'un prix très-élevé : c'est un aliment luxueux que le Berber ne se permet pas tous lesjours ; mais les nègres, qui tous sont bouchers, se nour- rissent constamment des débris des animaux qu'ils dé- bitent sur les marchés ; leur vie, comme ceux dont parle M. d'Abbadie, se passe au milieu du sang et des exha- laisons des bestiaux; ils ont le teint très-clair tout en conservant, hommes et femmes, les cheveux crépus et tous les caractères des races du Haoussa. Jusqu'ici, j'avais toujours attribué ce fait au mélange du sang ka- byle, au froid du pays Je me trouvais à Tamda-el- Blat, chez les Béni-Djennads, quand m'est parvenu le bulletin de la Société de géographie ; je pus immédiate- ment m'informer près des nombreux affranchis qui rési- dent dans ce village, et j'y ai appris que les nègres ne se mariaient qu'entre eux, bien qu'ils soient considérés dans la société kabyle, essentiellement démocratique, comme des citoyens égaux aux autres. Faut-il attribuer ce fait à une dégénérescence du sang provenant des alliances continuelles de membres de la même race ? Je ne le crois pas. Ce serait donc, comme l'avance M. d'Abbadie, à leur nourriture constamment composée de restes de viande et au contact des chairs saignantes qu'ils traînent et remuent constamment Ce me semble être une question fort intéressante au point de vue anthropologique et qui mérite d'être l'objet de recherches suivies. Henri Ai capitalmï. 48 rev. et mag. de zoologte. (Janvier 1860.) M. H. Drouet nous prie d'insérer la lettre suivante : Monsieur et cher directeur, — A l'occasion d'une bro- churine de M. Tassinari, sur un Valvata découvert et dé- crit par lui, en Italie, brochurine mentionnée dans ma dernière Lettre conchyliologiquè , il s'est produit une allé- gation passablement étrange, dans la (orme au moins, de la part d'un collaborateur de la Revue. Rassurez-vous, je n'accepte pas la querelle et je ne suivrai pas le contra- dicteur sur le terrain où il aime à se poser dans une atti- tude qui lui est propre et qui trouve peu d'imitateurs. Ce qui est constant, malgré les efforts du trop zélé collabo- rateur, c'est que, bien probablement, ni M. Tassinari, ni M. Benoît, ni M. Léa, ni M. Swainson, ni M. Sowerby (pris également à partie et mis au ban), ni qui que ce soit, n'a pas attendu les conseils de l'auteur des Aménités malacologiques pour distinguer une coquille de Valvata d'un fourreau de larve de Phrygane. Personne, dès lors, ne se méprendra sur la nature du sentiment qui a dicté une semblable assertion. Veuillez agréer, etc. — H. Drouet. Troyes, janvier 1860. TABLE DES MATIERES. Pages. H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. ;î A. Moquin -Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 11 0. des Murs. — Sur le Passer domesticus et sa place oolo- gique dans la série. 20 Académie des sciences . 26 Analyses. 38 Mélanges et nouvelles. 46 PARIS. — IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD , RUE DE L'EPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1860. I. TRAVAUX INÉDITS. Sur l'adénisation de M. le docteur Cornay, par M. O. dbs Murs. Déjà, dans cette Revue et à plusieurs reprises, il a été question, et des idées si ingénieuses de M. le docteur Cor- nay sur l'os palatin des Oiseaux comme élément de leur classification (1), et de ses Éléments de Morphologie, ainsi que de ses Principes de Morphogénie dont nous avons con- staté le mérite (2) au moment de leur publication. Le doc- teur Cornay est de ces hommes à qui le temps ne suffit pas pour l'élaboration des utiles et fécondes idées qui éclosent de son cerveau, malgré l'œuvre de chaque jour que réclame de lui l'humanité souffrante. Les Principes d' Adénisation qu'il vient d'éditer (3) ren- ferment dans son germe toute la base d'une science nou- velle : il en a dit le premier mot, les développements ne tardèrent pas à suivre, l'idée physiologique a vu le jour; c'est à la science de parler, et elle ne parlera jamais mieux que par la bouche ou sous la direction]intelligente de l'émi- nent docteur. Nous insistons sur ce point, parce que, selon nous, quand un homme est assez richement organisé pour concevoir et appliquer, il se doit à lui-même la continua- tion de son œuvre, qu'un autre ne comprendra jamais aussi bien que lui. Un grand nombre d'auteurs, déjà, depuis Aristote, en (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, janvier 1842. (2) Hev. et mag. de zoologie, mai 1853. (3) Rev. et mag. de zoologie, novembre 1859. 2e série, t. ni. Année 1860. 4 50 rev. et m a g. de zoologie. (Février 1860.) passant par Linné, BufTon, G. et F. Cuvier, Fischer, etc., jusqu'au docteur Em. Rousseau, se sont occupés des re- cherches sur les glandes qui, chez beaucoup d'animaux, ce sécrètent, comme l'a dit ce dernier (1), une matière sé- « bacée plus ou moins concrète, exhalant une odeur sui « gencris, plus forte dans le temps du rut généralement « qu'en l'état ordinaire. » Mais leurs études comme leurs observations n'ont jamais porté que sur le cheval, et encore sur ce que l'on est con- venu, chez lui, d'appeler châtaigne. Le docteur Em. Rous- seau a reconnu les erreurs de ses devanciers quant à leur détermination de cet appendice et à la nature de même qu'à l'origine qu'ils lui attribuaient; puis, étendant l'ho- rizon de ces premières notions, il en est arrivé à faire la découverte et à parler de quelques autres appareils externes propres à certains ruminants. Et ses indications ainsi que sesétudes ontporté sur le Lama, plusieurs espèces de Cerfs et de Boucs, sur le Mouton et la Chèvre. Mais alors, pour ceux-ci, il y eut déjà un notable progrès, car il ne s'agit plus de châtaignes, mais des larmiers, et de poches interdi- gitales; puis enfin, découverte que nous croyons propre au docteur Em. Rousseau, il s'agit 1° « d'un appareil « crypteux tout particulier recouvrant toute la partie dor- sale et latérale de la queue du Cerf, » ce qui équivaut à une poche inguinale; 2° d'un dépôt granulé rouge rem- plaçant, chez le Cerf- Cochon, cette même poche ingui- nale; 3° de poches inguinales constatées chez plusieurs espèces d'Antilopes, et même chez le Mouton. Voilà, certes, bien des espèces de réservoirs sécréteurs odorants départies aux ruminants! Dans le travail du docteur Em. Rousseau, il y a donc la constatation de faits plus ou moins nouveaux, mais sans aucune proposition ou déduction scientifique. Chez le docteur Cornay, il s'agit de tout autre chose : outre la découverte d'un fait nouveau, il y a, avec l'expli- (1) Rev. et mag. de zoologie, novembre 1852. TRAVAUX INÉDITS. 51 cation de sa cause finale, le mode d'application et la dé- monstration de son incontestable utilité; il en ressort, en outre, tout un corps de doctrine pour améliorer certaines viandes, et pour en faire entrer beaucoup d'autres dans le système de l'alimentation générale. C'est là le côté inté- ressant et véritablement actuel des Principes d'Âdénisation. Le mot est créé et restera; la doctrine s'étendra et ne peut que s'universaliser. Si nous avons rappelé les travaux du docteur Em. Rous- seau, c'est que nous avons cru entrevoir, entre eux et ceux de notre ami le docteur Cornay, une certaine corré- lation, et qu'il nous a paru curieux d'établir, par ce rap- prochement, avec quelle constance étonnante la science suit progressivement et comme fatalement sa marche pour le bien-être du corps social. Ainsi, voici deux hommes; dont l'un, attaché, par sa position, au laboratoire d'anatomie du muséum d'histoire naturelle de Paris, que ses observations, grâce à la pré- cieuse réunion de Solipèdes et de Ruminants de toutes les contrées du globe renfermés dans la ménagerie de cet établissement national, ont amené à découvrir chez ces animaux certaines glandes restées jusqu'alors inaperçues , seulement il signale le fait et passe outre ; dont l'autre, plus spécialement attaché, par sa position de médecin dis tingué, à l'étude et à la guérison des infirmités humaines, dans l'ignorance presque absolue de ce précédent travail, découvre d'autres glandes chez d'autres espèces de mam- mifères, passe en revue les animaux déjà connus pour en être pourvus et, avec cette logique de raisonnement et cette faculté d'intuition qui lui sont propres, en arrive à conclure, d'une part, à la nidoration de certaines viandes, d'autre part à la possibilité, péremptoirement démontrée, de les rendre complètement anidoriennes. Pourtant nous nous faisons cette question, que nous adressons au docteur Cornay : n'y aurait-il pas moyen d'améliorer, par l'entremise de X Adènisation, une bonne 52 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) partie des animaux comestibles déclarés par lui anidoriens. L'auteur considère le Mouton comme anidorien. Nous avons vu cependant le docteur Em. Rousseau reconnaître chez ce Ruminant deux poches inguinales. Loin de nous l'idée d'induire une contradiction quelconque entre ces deux propositions; nous sommes, au contraire, convaincu qu'elles se contrôlent, ou plutôt se complètent, sans aucun doute, l'une par l'autre. Mais enfin, si ces poches sécrètent une matière exhalant une certaine odeur, ne peut-on pas se demander si ces réservoirs ne contribuent pas, dans une certaine mesure, à développer dans la viande du Mouton cette odeur rappelant un peu celle du Roue ou du suint de laine? et, dans ce cas, si l'ablation de ces glandes, et par conséquent l'application à cet animal des Principes de Vadénisation, ne parviendraient pas à purifier sa chair de ce fumet nauséabond? Par la même raison, nous serions curieux d'apprendre si les animaux classés par le docteur Cornay comme ani- doriens ne posséderaient pas d'autres sources de fétidité et de mauvaise odeur, ou glandes dans le genre de celles indiquées par le docteur Em. Rousseau; et, dans ce cas, quelle influence ces glandes peuvent exercer sur la nature de la viande qu'elles affectent, et quelle qualité pourrait lui ajouter une adénisation complète. Mais, nous le savons, le docteur Cornay, trop modeste pour viser au rang de savant officiel, est de ceux qui, sa- tisfaits d'avoir trouvé une idée ou opéré une découverte utiles à leurs semblables, jettent l'idée au vent et abandon- nent la découverte au premier occupant, persuadés qu'ils sont que l'une et l'autre feront toujours bien leur chemin dans le monde. Il faut certainement être riche de son propre fond pour en agir de la sorte ! Nous n'en félicitons que davantage le docteur Cornay, et l'engageons encore plus à persévérer dans cette voie, tout en lui demandant, après y avoir apposé son cachet, de mettre la dernière main à son œuvre. Il se borne, lui, à frapper le silex pour TRAVAUX INÉDITS. 53 en faire jaillir la lumière; mais encore sait-il ne pas prendre la pierre pour le silex; car tout est là. Nous désirons vivement voir apprécier le nouveau livre du docteur Cornay à sa haute valeur par ceux qui s'occu- pent de l'alimentation publique et des moyens d'en ac- croître les ressources ; et nous ne saurions trop pourquoi la Société zoologique d'acclimatation, qui a trouvé des échos si brillants et si dignes de lui pour l'illustre introni- sateur de la viande de cheval, qui fait encore tant et de si chaleureux accueils aux travaux de sériciculture du savant directeur de la Revue et magasin zoologique, n'en réserverait pas quelques-uns, dans son enceinte, pour répandre et po- pulariser toutes les conséquences qui peuvent découler des Principes d' Âdénisation bien entendus et sainement appli- qués. Note sur quelques Mammifères du Mexique, par M. H. de Saussure. Deuxième article. (Voir p. 3.) Famille des Cavides. Dastprocta mexicana. Nigra, albido-tessellata, sine ullo coloris fui vesceutis vcstigio; dorsi line;\ chine longe oinninoque nigro-pilosi , jugulum et ventris pars postica alba; pectus brunneum albo-tes- sellatum; spatium cinereum (vel fuscum) in interna carporum facie. Caudu; longitude», 8 lin. La couleur du fond du pelage est noire, mais sur les côtés elle devient brunâtre ; le corps est presque tout en- tier semé de petites mouchetures blanches qui tiennent à ce que les poils sont annelés de blanc ; toutefois la ligne du dos est dépourvue de mouchetures. La tête est revêtue d'un poil couché, noir sur le sommet, brunâtre sur les côtés ; chacun des poils envisagé isolé- ment offre près du bout un espace blanc, mais la pointe redevient noire. Sur la ligne médiane du crâne, les poils sont plus longs, et il se mêle des poils entièrement noirs aux poils mouchetés de blanc. Le four des yeux est presque 54 kev. et mag. de zoologie. [Février 1860.) nu; les lèvres sont nues, garnies d'un fin duvet gris ou brun. La moustache est noire. Les oreilles sont arrondies au bout, avec leur bord postérieur un peu excisé; elles sont garnies de poils bruns ras et peu abondants, surtout rares en dedans. Le dessous de la tête et la gorge sont blancs, et les poils qui couvrent ces parties sont blancs dans toute leur étendue. Les poils qui revêtent les côtés du corps et du cou sont assez longs; ils ont leur base brune et le reste de leur étendue noir, avec deux anneaux blancs, l'un placé près de leur base, l'autre près de leur extrémité; tontefois celui-ci est souvent aussi placé sur le milieu du poil ou manque totalement. Il résulte de la superposition de ces poils une moucheture très-dense sur les flancs et sur les côtés du cou. Le milieu de la partie postérieure de la tête et la ligne du dos dans toute son étendue sont garnis de très-lougs poils entièrement noirs. Ceux qui avoi- sinentimmédiatement la bande noire du dos sont très-longs aussi et ne portent qu'un seul anneau blanc près du bout. L'épaule et la cuisse postérieure sont mouchetées plus den- sement que les Canes ; leurs poils n'offrent qu'une seule mouche blanche vers le bout et sont plus courts que ceux des flancs. La bande noire du dos s'élargit vers la partie postérieure du corps, et ses poils s'allongent; la couleur finit par envahir tout le sacrum et toute la partie posté- rieure du corps qui correspond aux fesses, lesquelles sont également garnies de très-longs poils entièrement noirs. Le dessous du cou, la poitrine et le commencement du ventre sont mouchetés de blanc et de brun, les deux cou- leurs s'équilibrant à peu près. Sur la poitrine, les poils, envisagés isolément, sont brun clair dans leur première moitié et blancs dans la seconde ; plus en arrière ils sont bruns avec un long anneau blanc qui atteint presque la pointe ; enfin à la partie postérieure du ventre, au pubis et entre les cuisses postérieures, ils deviennent entièrement blancs, ou blancs avec la base grise, ce qui donne au pe- lage de ces régions une couleur blanche. Chez certains in- TRAVAUX INÉDITS. 55 dividus (cf ?) le blanc s'étend en avant jusqu'au sternum et au delà, et la poitrine est alors assez pâle. Les pattes antérieures sont noirâtres, mouchetées de blanc en dehors et en dessus, blanchâtres en dedans et en dessous (les poils étant blancs avec la base grise). A la face interne du pied on voit une grande tache grisâtre ou brune, à poils ras, qui commence au-dessus du carpe et qui s'étend jus- qu'à l'origine de l'index. Le reste des pieds est noirâtre, avec de fines mouchetures blanches sur les côtés. Les jambes postérieures (tibias) sont noires postérieurement, densément mouchetées antérieurement. Les pieds posté- rieurs sont noirs avec quelques poils blancs épars et avec une fine moucheture vers l'origine de l'index. La petite queue, qui reste cachée dans les poils, est d'un noir lui- sant; elle atteint 8 lignes de longueur. Longueur du corps 17 pouces; — id. du tibia antérieur, 2 pouces 10 lignes; — id. du pied antérieur, 1 pouce 10 lignes; — id. du tibia postérieur, 3 pouces 10 lignes ; — id. du pied postérieur, 4 pouces. — Distance de l'œil au bout du museau, 2 pouces. Longueur de la tête osseuse, 3 pouces 11 lignes; largeur, 1 pouce 9 lignes. Distance de l'orbite au bout du museau, 1 pouce 7 lignes. Ces mesures sont la moyenne de celles que j'ai prises sur trois individus en peaux et empaillés. Ce charmant petit animal habite la zone chaude du Mexique. Sa chair est un excellent manger, et on le chasse comme, chez nous, les lièvres ; mais il est beaucoup plus difficile à atteindre, à cause de sa grande agilité et des bonds prodigieux au moyen desquels il franchit les obsta- cles. Il est, du reste, d'un caractère très-doux. Lorsqu'on le prend jeune, il s'apprivoise facilement, et son extrême pro- preté fait qu'on peut le laisser courir librement dans les maisons. J'ai rapporté un de cesanimaux vivant en Europe, mais les bonds énormes dans lesquels il franchissait les tables et renversait les objets des appartements, lorsqu'un étranger lui causait quelque épouvante, m'ont obligé de 56 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) m'en défaire. Je l'ai donné à la ménagerie du muséum, où il estmort peu de temps après. On pourrait être tenté de voir dans cet Agouti le D. nigra de Gray, dont la figure correspond assez bien à notre es- pèce. Mais celui-ci paraît être le même que le D. fuliginosa, Wagl., qui est lui-même peut-être une variété du D. cris- tata> Desm., lesquelles espèces ont du jaunâtre dans leurs poils, tandis que notre espèce a ses mouchetures franche- ment blanches. De plus, l'espèce de Gray a les poils du dos blancs à leur base, tandis que le nôtre les a entièrement noirs. Il serait, du reste, impossible de déterminer avec précision des mammifères sur des descriptions aussi in- complètes que celles dont l'auteur a trop souvent fait usage (1). FAMILLE DES LÉPORIDES. Lepuscallotis, Wagl. — Cette espèce (si c'est bien elle) se trouve abondamment dans les montagnes de la province du Mechoacan. — Notre individu offre le bord interne des oreilles longuement cilié de poils fauve pâle. Le bord externe est blanc, ainsi que la moitié de la face pos- térieure de l'oreille dans son tiers terminal. La moitié externe de la face postérieure vers le bout est, au contraire, brunâtre, puis perlée. Le blanc et le gris-fauve sont limi- tés par une ligne droite, au contact de laquelle le gris devient jaunâtre. Le bout de l'oreille se trouve compris dans la zone blanche. En descendant le long du bord in- terne, on trouve d'abord un espace gris-fauve, puis un espace noirâtre, qui s'arrête là où commencent les longs cils jaunâtres. FAMILLE DES SCIURIDES. Spermophilus grammarus ? Say. — Un individu tué sur (1) On peut en juger par la description suivante du D. nigra : « Noir, moucheté de blanc; épaules et hanches plus noires. Pattes noires ; gorge grise; ventre un peu plus gris. Poils du dos allongés couchés et blancs à leur base. » TRAVAUX INÉDITS. 57 le plateau du Mexique pourrait, à la rigueur, se rapporter à cette espèce. Il correspond parfaitement à la description qu'en donne Sp. Baird (Explorations a Survey for a Rail- road route from Mississipi riv., etc., t. VIII, p. 310); mais il offre, dans le pelage, des différences qui indiquent peut- être une espèce distincte. La face externe des oreilles est garnie de poils bruns, un peu mouchetés de fauve, tandis que l'externe n'est garnie que de poils fauves. Le dessus de la tête est très-foncéf peu moucheté; les deux teintes du corps sont peu fortement prononcées. La queue est mêlée de fauve-pâle et de noir, le fauve dominant ; mais on n'y remarque pas les trois an- nelures noires décrites par Baird; en dessous seulement, depuis le milieu, on découvre 6 bandes noires transver- sales peu régulières. Les poils de la queue sont gris-blan- châtres avec 3 ou 4 annelures noires, leur base et leur pointe étant toujours pâles. L'iris est noir. Les Spermophiles habitent en grande abondance les plaines du plateau du Mexique; le plus commun est le Sp. meœicanus. Beulloch avait déjà signalé la quantité de ces animaux que l'on voit courir dans les plaines du plateau de Perote (le Mexique en 1823, II, 71). Considérations sur les oeufs des oiseaux , par A. Moquin -Tandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11. Chapitre IV. — du poids des oeufs. § 1er. Poids total. — On dit que le poids moyen d'un œuf de Poule est de 58 grammes; Buffon l'a trouvé d'en- viron 1 once, 6 gros, ce qui fait seulement 44§,61. D'a- près M. Dumas, sur une moyenne de 10 œufs, le poids a été de 58^50. Les statistiques officielles estiment que 160 œufs produisent 1 kilog.. ce qui suppose 62«,5 par 58 kev. et màg. de zoologie. [Février 1860.) œuf. D'après M. Rayer, le poids serait 64 grammes. La moyenne entre ces diverses évaluations est de 578,40. Voici le poids de deux œufs pris au hasard dans un panier (ces œufs n'étaient pas très-gros). N° 1 , 51s,35 2, 51*,92 En prenant la moyenne, c'est-à-dire 51&,66, on peut con- clure qu'une Poule qui aura pondu 120 œufs, dans deux ans, aura produit, pendant cet espace de temps, 6\4 de matière nécessaire à cette formation. § 2e. Poids des diverses parties. — Selon Berzélius, d'a- près une moyenne proportionnelle prise sur 10 œufs, la coquille avec sa membrane, le blanc et le jaune se trou- vent dans les rapports suivants : Coquille et sa membrane 106,9 Blanc 604,2 Jaune 288,9 D'après Vauquelin, la coque d'un œuf de Poule pèse, en moyenne, 5 grammes; calcinée, elle perd le cinquième de son poids. Voici les poids proportionnels des parties constituantes des deux œufs dont j'ai parlé plus haut : N° 1 518,35 Cuit dur 508,66 Perte » 69 Coque 5s,39 Blanc 286,30 Jaune 168,11 Perte » 86 ~ 508,66 N° 2 518,92 Cuit dur 518,48 Perte » 44 TRAVAUX INÉDITS. 59 Coque 5*,39 BlaTic 308,14 Jaune 15s,22 Perte » 34 518,09 Les proportions sont donc à peu près : Coque, 1 Blanc, 6 Jaune, 3 Voici le poids de plusieurs autres œufs : 1° Un œuf d'Aigle (un peu couvé) a pesé, plein Î28s, » Vide 148,73 2° Deux œufs d'Oie de Pondichéry ont pesé, pleins, 2338,40, c'est-à-dire chacun.. . . 116*70 Vides. . 51s,93, c'est-à-dire chacun. . . 25s,96 3° Un œuf de Courlis de terre, assez gros, mais un peu couvé, a pesé, plein. . . . 36s,30 Vide 38,32 4° Un autre du même Oiseau a pesé : Vide 38,15 Un autre. . . 2*,95 Un autre. . . 3*, 32 Un autre. . . 3«,17 Un autre. . . 3s,22 Un autre. . . 3§,58 198,39 Moyenne 3?,23 5° Quatre œufs de Scops, frais, ont pesé, pleins, 42s, c'est-à-dire chacun 10*, 50 Huit œufs du même Oiseau ont pesé, vides, 7s,52, c'est-à-dire chacun 0*,94 6° Un œuf de Tourterelle à collier, frais, a pesé, plein 7«,64 Vide 0^,68 60 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) 7° Cinq œufs de Merle, pleins, m'ont donné, N° 1 68,70 2 68,75 3 6s,77 4 68,80 ,5 78,50 Ensemble 348,52, dont le cin- quième est 6«,90 Le poids du numéro 5 est très-remarqua- ble par son élévation ; il dépasse de 80 centi- grammes celui du numéro 1. Les coques de ces œufs ont pesé ensemble 3 grammes, dont le cinquième est. . . . 06,60(1) 8° Neuf œufs de Moineau pleins ont pesé 28&J2, par conséquent chacun 3s,12. Les mêmes œufs vides ont donné 2§,42, par conséquent chacun 0?,25 (2) De tout ce qui précède, il résulte que le poids de la co- que est à celui des parties intérieures : Dans YOie de Pondichéry . . comme 1 : 4,50 Dans l'Aigle comme 1 : 8,08 Dans la Poule comme 1 : 9,00 Dans le Scops comme 1 : 11,20 Dans le Courlis de terre. . . comme 1 : 11,24 Dans la Tourterelle comme 1 : 11,24 Dans le Merle comme 1 : 11,50 Dans le Moineau comme 1 : 12,50 Ces rapports sont très-remarquables ; ils sont contraires à ce que l'on aurait été tenté d'admettre à priori. On au- rait supposé, d'après la forme des œufs, que le poids re- latif des coques devait augmenter avec la diminution du volume. Ce résultat différent tient, sans doute, à l'épaisseur (1) Dans les œufs d'une autre couvée, j'ai trouvé 42 centig. 50. (2) Dans les œufs de deux autres couvées, j'ai trouvé seulement 18 gr. 75. TRAVAUX INEDITS. 61 de l'enveloppe, qui s'accroît très-rapidement avec la taille des œufs. Voici le poids de quelques autres coques ; pour la plu- part j'ai pris la moyenne de 10 œufs. Œuf de Cygne 41*,10 de Paon 12*,58 de Catharte 9*,73 de Pintade 6s,15 de Geai 0«,64 de Grive 0s,35 de Bruant 0«,16 de Friquet 0s,15 de Pinson 0s,13 de Chardonneret Os, 11 de Linotte . 0«,08 de Troglodyte 0s,07 de Roitelet 0§,05 § 3e. Perte du poids. — Quand on abandonne à eux- mêmes des œufs de Poule féconds ou inféconds, ils per- dent environ 33 milligrammes de leur poids par jour. Les matières intérieures se dessèchent et finissent par former une petite masse solide qui se retire vers une extrémité. Il en est de même dans tous les œufs. L'accumulation du blanc et du jaune dans un point de la cavité intérieure empêche de pouvoir poser l'œuf dans tous les sens. Il tourne souvent sur lui-même, et se déplace brusquement pour se mettre en équilibre, et, s'il est dans une capsule, il va frapper les bords de celle-ci. Dans ces mouvements, les œufs à coque mince se cassent quelquefois. Lorsqu'un œuf est soumis à l'incubation, il perd aussi une partie de son poids. Cette perte dans les œufs de Poule est de 5 pour 100 après la première semaine, de 13 après la seconde, et de 16 après la troisième. Sur 12 œufs mis en observation, M. Dumas a trouvé que la perte to- tale était, en moyenne, de 7s, 72. On a vu plus haut qu'un œuf de Moineau plein a pesé 62 rev. et mag. de zoologie. {Février 1860.) 3«, 12. Neuf œufs du même Oiseau, couvés (l'embryon offrait déjà près de 3 centimètres de longueur), ont pesé 228,74, c'est-à-dire chacun 2s,52. (La suite au prochain numéro.) Notes nido-oologiques, par M. Ch. F. Dubois. Procnias CjErulea. — Syn. Ampelis tersa , Lin. — Hi- rundo viridis (femelle), Temm. — Tersa cayana, Steph. — Tersina cœrulea, Vieill. — Procnias hirundinacea, Swains. — P. ventralis, Illig. — P. cyanotropus, Pr. Max. — P. cœrulca, Dubois. Le nid de cet Oiseau, représenté, sur la planche n, f. 1 , aux deux tiers de sa grandeur naturelle , a été trouvé au Brésil, dans un endroit humide, près de la ri- vière Parahyba. Ce nid, de forme circulaire, est très-lé- gèrement construit et offre peu de consistance. Il est composé principalement de feuilles de graminées entrela- cées de fibres provenant d'écorces et de péricarpes de noix de coco ; l'intérieur n'offre d'autre matière qu'une couche plus abondante de ces mêmes fibres. La plupart des feuilles qui entrent dans la composition de ce nid conservent leur couleur verte, ce qui donne à son en- semble une teinte verdâtre qui le fait facilement recon- naître parmi d'autres. Lorsque nous reçûmes ce nid, il contenait trois œufs, mais il est possible que la ponte entière soit plus nom- breuse. Ces œufs, de forme ellipsoïde, sont mats , d'une couleur blanche un peu rougeâtre, et parsemés, dans toute leur étendue, de taches et de veines d'un brun tirant sur le rouge. — pi. n, f. 2. Nous nous entretînmes longtemps sur ce sujet avec M. le docteur Thienemann, ce savant ovologiste, dont la mort récente est une perte irréparable pour la science. Cet estimable savant, dont le souvenir nous sera toujours cher, vint nous rendre visite à Bruxelles l'été avant sa TRAVAUX INÉDITS. 63 maladie, époque à laquelle nous venions de recevoir di- rectement du Brésil une partie d'oiseaux accompagnés de leurs nids et de leurs œufs. M. Thienemann trouva dans cet envoi sept espèces différentes de nids qui lui étaient toutes inconnues, et parmi lesquelles se trouvait le nid de ce Procné. M. Thienemann nous dit qu'il était occupé à faire une planche supplémentaire pour son ouvrage : Fortpflan- zungsgeschichte der gesammten Vôgel; mais ayant trouvé, pendant son voyage, plusieurs espèces nouvelles d'œufs, il se proposait d'ajouter encore deux planches à la pre- mière. Nous eûmes le bonheur de pouvoir lui faire accep- ter un exemplaire des espèces rares que nous possédions, afin de lui fournir, autant que possible, le moyen de com- pléter son important travail. Il ne put malheureusement pas mettre son projet à exécution, car, à la suite d'une longue et douloureuse ma- Iedie, il mourut à sa campagne, près de Dresde, le 24 juin 1858. Nous nous proposons maintenant de communiquer aux lecteurs de cette revue les nids et les œufs qui n'auraient pas été représentés dans le bei ouvrage du docteur Thie- nemann, ni dans aucune autre publication. Turdus rufiventris. — Syn. T. chochi et T. rufiventris, Vieillot. Le nid de cette Grive, originaire du Brésil, ressemble beaucoup à celui de notre Turdus merula. Il se compose de radicelles, de ramules et de feuilles mortes, le tout maçonné avec de la terre, formant une masse lourde et compacte. L'intérieur du nid mesure8 centimètres de pro- fondeur sur 10 centimètres de diamètre; il est propre- ment tapissé de fins brins d'herbe et de fibres de noix de coco. Ce nid contenait quatre œufs d'une teinte verdâtre, parsemée de taches d'un brun rougeâtre, qui sont plus 6k rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) rapprochées et plus nombreuses vers le côté obtus (voy. pi. n, f. 3). Bombycilla. garrula. — Syn. : Lanius garrulus et Ampelis garrulus, Lin. — Garrulus bohémiens, Gesn. — Parus bombycilla, Pall. — Bombycivora garrula, Temm. — Bombycivora poliocœlia , Meyer. — Bombycilla bohe- mica, Briss. — Bombycilla garrula, Illig. Le mode de nidification de cet Oiseau étant très-peu connu de la plupart des ornithologistes, nous espérons leur être utile en donnant quelques détails sur ce sujet, ainsi qu'un dessin de grandeur naturelle de l'œuf de cette espèce (pi. n, f. 4). Pendant longtemps, malgré bien des recherches, au- cun voyageur n'était parvenu à se procurer un nid de cet Oiseau; mais, depuis peu, un Anglais, du nom de John Wolley, eut le bonheur de trouver en Laponie ce nid tant désiré : quelque temps après, on en trouva également en Finlande. Les Jaseurs garrules nichent, en sociétés plus ou moins nombreuses, dans les sombres forêts de pins et de sapins; ils construisent leur nid sur ces conifères, à une hauteur de 15 à 20 pieds , circonstance qui a beaucoup con- tribué, avec le naturel tranquille et flegmatique de ces Oiseaux, à tenir leur habitation si longtemps cachée aux yeux des naturalistes. Maintenant que la manière de ni- cher de ces Oiseaux est connue, il ne sera plus aussi diffi- cile de s'emparer de leur nid, surtout avec l'aide des chasseurs lapons. L'œuf de cette espèce ressemble beaucoup à celui du Coccothraustes vulgaris et du Lanius ruficeps ; il peut faci- lement être confondu avec les œufs de ces derniers. Un amateur pourrait ainsi recevoir un soi-disant œuf de Bombycilla garrula et resterait dans l'erreur à cet égard aussi longtemps qu'il ne pourrait le confronter avec un véritable. Le nid est composé de fins branchages de pin et de TRAVAUX INDUITS. 65 mousse ; à l'extérieur, il est encore entouré d'un tissu •pais d'Usnée barbue (Usnea barbata); l'intérieur est bourré de fins brins d'herbe et de quelques plumes, par- fois aussi de poils de Renne. Ce nid mesure 12 centi- mètres de hauteur, 18 centimètres de largeur, 8 centi- mètres de profondeur et 9 centimètres de diamètre inté- rieur : on y trouve ordinairement cinq ou six œufs, dont la coque peu luisante est à grains très-fins; ils sont d'un blanc verdàtre et recouverts de petites et de grandes taches noires, mais jamais de petites veines comme les œufs du Coccothraustes vulgaris. Ceux du Lanius ruficeps ont aussi beaucoup d'analogie avec ces œufs, lorsque leur teinte verdàtre est assez prononcée; mais ils n'acquièrent jamais la grandeur de ceux du Bombycilla garrula. AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES; par M. J. H. Bourguignat (1). § LXXX1I. Sur quelques espèces du groupe de l Hélix aspersa. Les espèces qui composent le groupe de coquilles au- quel Y Hélix aspersa sert de type sont peu nombreuses. Une douzaine, tout au plus, doivent en faire partie. — Parmi ces coquilles, plusieurs sont étrangères au système conchyliologique européen. 4 seulement vivent en Europe. Ce sont les H. aspersa, Mazzulii, Quincayensis, tristis. De ces 4 espèces, nous n'allons nous occuper que des Hélix Mazzulii et Quincayensis , les deux autres étant par- faitement connues de tous les naturalistes. La plupart des conchyliologues ont confondu sous l'ap- pellation de Mazzuliij ou sous celles de retirugis, cris- (1) M. Bourguignat faisant don à la Revue de la lithographie des si* planches qui accompagnent ^on travail, elles ne compteront aux souscripteurs que pour la valeur de trois planches noires, ou trois feuilles, au lieu de &ix ^ frais du tirage et papier), lîlles porteront les nM :j à 8. 2e skriu. r. xh. Année îfctiO. 5 66 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) pata, voire même d'aspersa, deux espèces bien distinctes. Voici les principales synonymies de ces deux espèces et leurs caractères différentiels. 1° Hélix Mazzulii. Hélix crispata (pars) (1), Costa, Cat. test. Nap., p. 106 et 111, n« 23. 1829. — Mazzullii Cristofori et Jan, Mant. — VI, 2. 1832. __ _- Philippi, Moll. sicil., I,p. 126, tab. VIII, f. 3. 1836. — crispata, Scacchi, Cat. conch. Nap., p. 16. 1836. — aspersa, Var. Mazzulii, Rossmassler, Icon.Vet VI, p. 5, tab. 22, f. 295 et 2Q6. 1837. Pomatia Mazzulii, Beck, Ind. Moll., p. 44. 1837. Hélix Mazzulii (pars), Pirajno, Cat. Moll. Madonie, p. 13. 1840. — retirugis (pars). Cantraine, Malac. méd., p. 100. 1840. — — (pars), Calcara, Moll. terr. e fluv. Pal., p. 22, n° 36. 1842. — Mazzulii (pars), L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., I, p. 242. 1848. — aspersa, Var. crispata (pars) (2), Moq.-Tand., Moll. France, II, p. 175, t. 13, f. 30. 1855. — Costae, Benoit, Illust. test. Estram. Sicil., fasc. 2, p. 72, tab. 1, fig. 10. A. B. (seulement). 1857. Testa imperforata, globoso-conica, tenui, flavida, eleganter striata; — spira contorta, apice obtuso; — anfractibus 4 convexiusculis, celeriter crescentibus ; — ultimo magno, iuflalo, ad aperturam descendente; — apertura obliqua, ampla, fere circulari ; peristo- mate simplicc, paululum reflexiusculo; raarginibus approximatis callo nitido junctis. Coquille imperforée, conique, globuleuse, assez fragile, jaunâtre et très-élégamment sillonnée de stries saillantes et régulières. Spire qui semble contournée. Sommet ob- (1) Et nou Hélix crispata de Férussac. (2) Seulement pour la description. TRAVAUX INÉDITS. 67 tus <*t non aigu. 4 tours convexes, s'accroissant très- rapi- dement ; dernier tour renflé, grand, descendant vers l'ouverture et se relevant ensuite au péristome ; ouverture grande, oblique, presque circulaire; péristome simple, blanchâtre, faiblement épaissi et un peu réfléchi. Bords marginaux très- rapprochés et réunis par une callosité blanchâtre. Hauteur, 30 — 40 millim. Diamètre, 28 — 35 id. Cette espèce, ordinairement d'une teinte jaune uni- forme, se rencontre également ceinte de plusieurs zones d'un brun marron. Cette variété, dont nous avons donné la représentation dans les planches qui accompagnent cet ouvrage, peut être caractérisée ainsi : v vis. B. /limita. — Testa magis valide striata; — zonis 3 vel 4 aut 5 castaueis eleganter cincta. L'Hélix Mazzulii habite en Sicile, notamment dans les environs de Céfalu , de Palerme , etc. Cette espèce vit également dans la partie méridionale de l'Italie, surtout dans la province de Calabre. V Hélix Mazzulii ne peut être rapprochée que de l' Hé- lix dispersa de Mûller(Verm. Hist. II, p. 59. 1774). Mais l'on distinguera cette espèce de cette dernière 1° A sa spire plus contournée, plus conique, plus dans l'axe columellaire; 2° A son sommet plus obtus ; 3° A son ouverture presque circulaire et non latérale- ment oblongue comme dans Yaspersa; 4° A ses bords marginaux très-rapprochés et réunis par une callosité assez forte ; 5° A son dernier tour plus arrondi, plus réfléchi ; 6° A son péristome moins épaissi, moins réfléchi; Etc., etc.. L'appellation d'Hélix crispata établie par M. Oronzio Costa de Naplcs, en L829, ne peut être adoptée, parce qu'il existe dans le prodrome de Férussac (1821) une 68 rev. et mag. de ZOOLOGIE. [Février 1860.) autre espèce créée également sous le nom d'Hélix cris- pata. La dénomination de Mazzulii, établie, en 1832, par de Cristofori et Jan, est donc la seule que l'on doit adop- ter pour désigner cette Hélix. Quant aux appellations de retirugis et de Costœ, elles sont inadmissibles. Hélix Qmncayensis. Hélix crispata (1) (altéra pars), Costa, Cat. test. Nap., p. 106, et III, n°23. 1829; — retirugis, Menke , Syn. Meth. Moll. , p. 14. 1830 (2). — Quinciacensis (3), Mauduyt, ïabl. Moll. dép. de la Vienne, p. 53, 1. 11, f. 6-7. 1839. — Mazzulii, Pirajno, Cat. Moll. Madonie, p. 13. 1840 (la variété B seulement). — retirugis (altéra pars), Cantraine , Mal. méd., p. 100. 1840. — — (alterav pars, variété 5), Calcara, Moll. terr. fluv. Pal., p. 22, n°36. 1842. — Mazzulii, Philippi (4), Moll. utr. Sicil., II, p. 103. 1844. — — (altéra pars), L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv.,I, p. 242. 1848. — retirugis, Dupuy, Moll. terr., etc., de France, p 112, t. V, f. 4. 1848. — aspersa, Var. Crispata ( altéra pars ), Moquin-Tan- don. Moll. France, 11, p. 175. 1855. — Costœ, Benoit, Illust. test. Estram. Sicil., fasc. 2, (1) Non Hélix crispata, Férussac. 1821. (2) Sans description; — par conséquent, ce nom ne peut être adopté. (3) Quincayensis, et non pas Quinciacensis, qui est un nom dont le radical est défiguré. (4) Non Helk Mazzulii du même auteur (Moll. Sicil., 1. 1, p. 126- 185G). TRAVAUX INÉDITS. 69 p. 72, tav. 1, fig. 10 C. D (seulement). 1857. Testa imperforata, coniea, teoui, subpcllueida, uuiforuiitcr sordide lut^scente, — rugoso-plicata, rugis elevatis, appressis, et sœpe inler s? reticulatis, oruata; spira elevata, coniea; apice obtuso, quasi mammillato, Ievi; — anfractib.s 4 couvexis, celeriter cres- centibus, sutura valde perspicua separatis; ultirno magno, rotuu- dato, ad aperluram valde descendente; — apertura obliqua, cir- culari; — peristomate simplice, albidulo, paululum iucrassato ac reflexiusculo ; — marginibus valde approximatis , eallo albido junctis. Coquille imperforée, conique, fragile, un peu transpa- rente, d'une couleur jaunâtre uniforme et terne. Test rude et rugueux, orné de rides assez élevées, irrégulières, sur- tout sur le dernier tour, où elles sont le plus souvent réti- culées entre elles. Spire élevée, conique, à sommet lisse, obtus et comme mamelonné. 4 tours convexes, s' accrois- sant rapidement et séparés par une suture bien marquée. Dernier tour arrondi, dilaté, descendant fortement vers l'ouverture. Celle-ci est oblique, parfaitement circulaire, et possède un péristome simple, bien qu'un peu épaissi, blanchâtre et tant soit peu réfléchi, surtout vers le bord columellaire. Bords marginaux très-rapprochés , réunis par une callosité blanchâtre. Hauteur, 25 — 35 millimètres ; Diamètre, 22 — 28 id. Cette espèce n'habite point à Quinçay, petit village du département de la Vienne, mais se trouve en très-grande abondance en Sicile, surtout dans les environs de Pa- ïenne et de Céfalu. M. Mauduyt a dû être induit en erreur, lorsqu'il a in- diqué cette Hélice à Quinçay; il avoue qu'il ne l'a jamais recueillie, mais qu'elle lui a été donnée par M. Mongrand, fils, chirurgien de marine. Il est probable que M. Mongrand aura récolté cette co- quille en Sicile pendant l'un de ses voyages à bord d'un navire de guerre, en qualité de chirurgien militaire, et 70 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) qu'à son retour cette espèce se trouvant, par hasard, mélangée avec d'autres Mollusques recueillis à Quinçay, il aura cru l'y avoir également rencontrée. Quant aux échan- tillons vivants que M. Mauduyt affirme avoir reçus de cette localité (1), il est possible que certains individus rappor- tés par M. Mongrand aient pu se conserver en vie pen- dant plusieurs années. 11 a été bien des fois constaté que certains Mollusques pouvaient vivre, même sans nourri- ture, pendant trois ou quatre ans. Or le fait d'un échantillon vivant ne prouve donc rien en faveur de l'habitat de cette Hélice. Voici quelques années, en passant à Poitiers, nous avons eu la curiosité de visiter la localité de Quinçay (à 8 kilom. de Poitiers), et nous devons avouer que toutes les recherches que nous avons faites dans ce pays ont été inutiles et infructueuses. L' Hélix Quincayensis, comme l'on peut le voir par la liste synonymique que nous venons de donner, a presque toujours été confondue avec l'espèce précédente, bien que ces deux coquilles soient bien différentes l'une de l'autre. La Quincayensis, en effet, diffère de la Mazzulii 1° Par sa forme plus conique, plus allongée et moins renflée ; 2° Par ses premiers tours de spire, qui sont comme ma- melonnés , par sa suture plus profonde , par son dernier tour moins renflé ; 3° Par son ouverture plus petite, plus circulaire, par ses bords marginaux plus rapprochés; 4° Par son dernier tour descendant beaucoup plus vers l'ouverture ; 5° Enfin surtout par son test rude, rugueux, côtelé, orné de rides assez élevées, irrégulières, réticulées, ce qui n'a jamais lieu chez la Mazzulii. Cette appellation de Quincayensis (2), qui sert à distin- (1) Voyez Dupuy, Hist. Moll. France, p. 113. (2) Et uon pas Ouinciacensis, comme le veut M. Mauduyt. TRAVAUX INÉDITS. 71 guer cette Hélice, est déplorable. Cependant ce nom ne peut être rejeté. Il existe un principe dans les lois de la nomenclature, qui veut que toute espèce portant un nom de fausse lo- calité conserve sa dénomination, toute mauvaise qu'elle soit, si le nom géographique est celui d'un pays faisant partie du système conchyliologique de l'espèce. Or Quinçay (fausse localité) et Palerme (véritable habi- tat) étant deux pays compris dans le même système con- chyliologique européen, l'appellation de Quincayensis doit donc être conservée (1). § LXXXIII. CATALOGUE DES COQUILLES EUROPÉENNES APPARTENANT AU GROUPE DES HELIX POMATIA, LIGATA, ETC.. Parmi les Hélices , il y a peu d'espèces aussi curieuses et aussi intéressantes à étudier que celles qui font partie du groupe des Hélix pomatia, ligata et melanostoma. Les Coquilles appartenant à cette série sont au moins au nombre d'une soixantaine , réparties indifféremment dans les systèmes conchyliologiques des cinq parties du monde. Notre but, en publiant cet article, n'est point de donnei les descriptions et les synonymies de toutes ces espèces , mais de fournir simplement un recensement exact de celles qui sont spéciales au système conchyliologique de l'Europe. Nous laisserons donc de côté toutes les Hélices du cap de Bonne-Espérance, de Chine et d'Amérique, qui appartiennent à ce groupe. Parmi celles qui sont spéciales au système conchyliolo- gique européen, notre intention est même de décrire seu- lement les espèces nouvelles et litigieuses et d'indiquer, par une simple synonymie, à leur ordre et place, chacune des autres qui sont parfaitement connues. (1) Voir, à ce sujet, le chap. V (sur les noms de fausses localités) in : Bourguignat, Meth. conchyl. dénommât., in-8°. 1860. 72 iiev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) Dans les planches qui accompagnent ce travail , nous avons fait représenter un grand nombre d'espèces dont nous ne donnerons point de diagnoses. Si nous avons été aussi prodigue de figures, il est utile de dire que nous n'avons agi ainsi que dans le but de faciliter l'étude de ces Hélices, en mettant à même les conchyliologues de con- trôler par une simple inspection les diverses espèces nou- velles que nous établissons avec celles qui leur sont voisines. Hélix Pomatia. Hélix pomatia, Linnœus, Syst. nat. (édit. X), p. 771. — 1758. Espèce édule, des plus communes et des plus ancienne- ment connues. N'habite que la partie nord de l'Europe. — Ne se ren- contre point en Espagne, dans le midi de la France, en Italie, en Turquie, non plus que dans le sud de la Russie. Cette Hélice a reçu différents noms de la part des au- teurs. Ainsi elle a été nommée Pomatia antiquorum, par Leach, — Hélix pomuria, par Millier (1774), pour une va- riété gauche, enfin Hélix scalaris, par le même auteur, pour une variété scalaire, à tours presque détachés. Quant à V Hélix pomatia, Var. de Chemnitz, Conch. cab., IX (p. 2), p. 113, tab. 128, f. 1138 G. Cette espèce, désignée sous cette appellation, doit être rapportée à Hélix globulus, de Millier, Verm. Hist., II, p. 68, 1774, qui est une coquille du cap de Bonne-Espérance. Hélix onixiomicra. Testa semiobtecte-angusto-perforata , cooico-globosa , irregulariter rugoso-striata, luteseenti-albida, zonis duabus, fasciis nigrescen- tibus passim interruptis, cincta ; anfractibus 6 1/2 7 convexis, re- gulariter crescentibus, sutura impressa separatis , ultimo ad aper- turam desceudente; apertura parvula, obliqua, lunato-oblonga; pe- rislomate paululum incrassato; — margine cohirnellari reflexius- eulo; marginibus paululum approximatif. TRAVAUX INÉDITS. 73 Coquille conique, globuleuse, à perforation étroite pres- que entièrement recouverte. Test assez brillant, sillonné de stries saillantes, espacées, onduleuses et irrégulières, — d'une couleur d'un jaune blanchâtre, et ceint de deux zones d'une teinte cornée-jaunâtre, interrompue çà et là par des fascies d'une nuance plus foncée. Tours au nombre de 6 1/2 à 7 convexes, s'accroissant avec la plus grande régularité et séparés les uns des autres par une suture assez profonde; dernier tour descendant vers l'ou- verture. Celle-ci est petite, oblique, échancrée, oblongue, à péristome un peu épaissi; bord coiumellaire un peu ré- fléchi. — Bords marginaux rapprochés ; callosité presque nulle. Hauteur, — 38 millimètres : Diamètre, — 42 id. Nous avons reçu cette espèce comme provenant des montagnes du Monténégro. L'Hélix onixiomicra ne peul être confondue avec au- cune autre espèce. Ses sept tours de spire qui s'accrois- sent lentement et avec la plus grande régularité , son ouverture petite, non évasée ni dilatée, etc., sont des caractères qui feront toujours facilement reconnaître cette coquille. Hélix Taurica. Hélix Taurica, Krynùki, in Bull. Moscou, t. VI, p. 423, t. 9. 1833. — — Rossmassler, Iconogr., VII, p. 13, f. 456. 1838. Cette magnifique Hélice, d'abord nommée Hélix radiata et radiosa, par Ziegler, appellations manuscrites qui ne peuvent être adoptées, se rencontre dans le sud de la Russie, notamment en Crimée. Ce Mollusque habile également les provinces du Cau- case, mais il est très-rare dans ces contrées. 74 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) Hélix Buchii. Hélix Buchii, Dubois (in Coll. Philippi), mss. — — L. Pfeiffer, in Chemnitz (2e éd.), Hélix, n 973, t. CXLVIII, f. 6-7,— et —Mo- nogr.Hel. viv., III, p. 181. 1853. Habite la Transcaucasie russe. Hélix Schlaflii. Hélix Schlaflii , Mousson, Coq. terr. et fluv. rec. dans l'Orient, etc., p. 40. 1859. Testa obtectc perforata , ventroso-globosa , irregulariter rugoso- striata, lineis impressisinterruptjs seu continuis decussata, luteo- albida, fasciis quinque, interdum junctis vel deficientibus, fusco- griseis ornata. Spira depresso-oonoidca ; sunimo albo, nitido, cras- siusculo; sutura subirregulari. Anfractibus 4 1/2 convexiusculis, rapide accrescentibus; — anfractibus praesertim medianis spiraliter lineatis; ultimo veutroso, vix subdescendente. — Apertura ampla, oblique lunato-rotundata, intus griseo-alba, fasciis perspicuis, ad marginem insertionis et in aperturœ pariete fusco-grisea. — Pe- ristouiate intus late sublabiato; marginibus remotis; dextro simplice, columellari subobliquo, late reflexo, perforationem fere occultante, fusco-griseo (Mousson). Hauteur, — 47 millimètres ; Diamètre, — 50 id. « Cette espèce, trouvée à Janina et à Sziza (Turquie d'Europe), appartient au groupe de Y Hélix pomatia; mais ni avec cette espèce ni avec Y Hélix ligata des auteurs elle ne s'accorde (Rossm., fig. 289), ni enfin avec YHeliœ Buchii, Dubois (Pfeiffer, Monogr., III, p. 181, et Chemnitz (2e édit.), t. CXLVIII, f. 6-7), provenant de la Transcau- casie russe. « L'Hélix Schlaflii est moins élevée, transversalement plus renflée que la première, ce qui la rapproche le plus de la troisième. Sa perforation est presque entièrement recouverte par le bord columellaire, comme dans Y Hélix Buchii, et plus que dans YHeliœ pomatia. La columelle n'est pas grêle, enfoncée et excavée comme dans YHeliœ TRAVAUX INÉDITS. 75 ligata, mais, ainsi que la paroi aperturale, colorée de la même manière en brun, — caractère qui manque à l'es- pèce caucasienne; — l'ouverture est plus transversale que dans les pomatia et %«ta,pas autant que dans la Buchii et la Lucorum de Mùller; — la surface est assez rude, irréguliè- rement striée et croisée par des impressions et des lignes spirales très-interrompues, visibles surtout sur les tours moyens, caractère qui dans les autres espèces n'est pas aussi marqué ; le nucléus enfin est blanc et un peu renflé ou informe. — En définitive, il faudra placer cette forme, que nous isolons, faute de savoir la caser autre part, entre les trois espèces que nous venons de nommer, toutefois en la rapprochant le plus de Y Hélix Buchii. « Pendant les longs jeûnes de l'Église grecque, au printemps, il est fait à Janina une grande consommation de Y Hélix Schlaflii, qu'on apporte en masse des villages du voisinage. » (Mousson.) [La suite prochainement.) Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. Chevrolat (1). 22. Xyletinus longipennis, alatus, elongatus, testaceus, pube tenui indutus ; capite magno, rotundato ; oculis globosis brun- neis; thorace supra subquadrato, lateribus rcctis, infra angulose producto; scutello rotundato, minuto; elytris thfbrace sesqui et duplo longioribus, subordine rugulose atque obsolète punctatis, margiualibus striis duabus punctatis. — L., 2 3/4; 1., 1 1/3 m. (1) Le commencement de ce travail, qui a paru dans le numéro de juillet 1859, p. 298, contenait la description de 11 espèces; la seconde partie, parue eu septembre suivant, p. 380, en contenait 10, ce qui fait un total de 21 descriptions. Aujourd'hui nous continuons la série en partant de la 22e espèce, et, lorsqu'une centurie sera complétée, nous en donnerons la liste avec renvoi aux numéros d'ordre. A la p. 387, u° 19 (u° 8 , le point de doute qui suit le nom de Cœ- liodes Glaucii ne s'applique pas à l'espèce, mais bien au genre. — P. 388, u° 20 (n° 9), il faut ajouter que cetle espèce (Cionus phyl- lireœ) devra être réunie au nouveau genre Slereonychus de Suffriao. 76 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) Forme allongée d'un Anobium ; testacé, densément et brièvement pubescent. Tête large, convexe , un peu lui- sante. Corselet vu en dessus, en carré transverse, droit sur les côtés, vu de face, arrondi circulairement, avancé sur le milieu ; bords antérieur et postérieur réunis en dessous et formant un angle aigu ; base droite , arquée à l'extré- mité sur le dehors de l'épaule. Ecusson petit, semi-arrondi. Elytres de la largeur du corselet, parallèles, près de trois fois aussi longues, arrondies à l'extrémité , régulièrement convexes, finement ruguleuses , à ponctuation obsolète presque disposée en séries, avec quelques côtes longitu- dinales, 2 stries marginales ponctuées, l'interne limitée avant le sommet sur un pli arqué en dedans. Pattes et dessous du corps de la couleur générale. Cette espèce a été rencontrée, pendant les mois de sep- tembre et d'octobre, aux environs d'Alger, par M. J. Pou- pillier , sur des fleurs d'artichauts sauvages, en compagnie des Tillus transversalis et Larinus Scolymi. Elle paraît voi- sine et se rapprocher du X. cylindricus, Germ., mais elle est de moitié plus petite, et son corselet offre à la place ordinaire de l'angle antérieur un petit repli subrectangu- laire relevé et un peu tourné en dehors. 23. Xyletinus sulcicollis, affîois Xy. serricorne, f., sed plus duplo major, ovatus, fuscus, pubebrevissimacinereaindutus; capite valde convexo; oculis pallide bruoueis; thorace subtriaogulan postice convexo, autice declivo, sulco marginali traosverso ; scutdlo ro- tundato; elytris obsolète lineatis et costatis, infra humerum an- gulose productis, callo humerali nitido ; pedibus pallidis. — L., 3 3/4j 1., 1 2/3 m. Cet insecte a tout à fait la forme d'un Catorama et ren- trera peut-être dans ce genre. Très-court, convexe et ova- laire, d'un brun clair, entièrement revêtu d'une courte pubescence cendrée. Tête large, très-convexe. Yeux d'un brun pâle. Corselet subtriangulaire, abaissé au devant, très-convexe en arrière, à bords antérieur et postérieur réunis en dessous sur le côté en angle obtus; le premier est évasé cylindriquement et étroitement rebordé , le TRAVAUX inkihts. 77 deuxième très-arqué à l'extrémité sur le dehors de l'épaule; une impression latérale et transverse s'étend jusque vers le milieu. Ecusson petit, arrondi. Elytres en ovale court, de la largeur du corselet à la base seule, près de 3 fois aussi longues, subparallèles vues en dessus, avancées en angle prolongé en marge au-dessous de l'épaule, offrant de faibles lignes à peine distinctes et 3 ou 4 côtes longi- tudinales et obsolètes. Calus humerai bombé et lisse. Ab- domen cendré. Pattes d'un jaunâtre pâle. Cet insecte, très-voisin du X. serricornis, F., est de 2 à 3 fois plus grand; il s'en distingue par l'impression trans- verse du corselet, les petites lignes des élytres, etc. Il m'a été envoyé par M. Poupillier comme trouvé par lui aux environs d'Alger. 24. Salpingus nitidus, alatus, œneo-obscurus, nitidus, affinis &\ atro, Pak., sed regulariter acupunctus et striatus; antenuis, clava excepta, pedibusque rufis. — L., 2-3 ; I., 0 3/4, 0 1/2 m. D'un bronze obscur brillant, couvert d'une ponctuation moyenne, assez serrée, profonde et régulière. Tête large, convexe, marquée, en avant, de deux fossettes séparées par une petite côte lisse. Rostre court, large, tronqué. An- tennes ferrugineuses, à massue un peu obscure. Yeux la- téraux, arrondis, noirs. Corselet subconique, élargi et déprimé transversalement en avant, arrondi sur les côtés, tronqué aux extrémités. Ecusson ponctiforme. Elytres planes, 2 fois aussi larges que le corselet à la base, près de 3 fois aussi longues, élargies et régulièrement arrondies au sommet, transversalement élevées, puis déprimées vers la base, couvertes de 7 à 8 stries nettement ponctuées. Pattes ferrugineuses. Je possède 2 exemplaires de cette espèce; l'un acheté chez M. Paruzdahky, et l'autre m'a été envoyé par M. J. Poupillier, qui l'a pris au vol , vers les 4 à 5 heures du soir, aux environs d'Alger, dans le courant de sep- tembre dernier. 2"). Prncas Lethievryi, niger,cinereo-pilosus, creberrime punctatus; 78 rev. et mag. de zoologie. [Février 1860.) antennis pedibusque rufis et pilosis ; thorace trausverse quadrato, piano ; elytris trausverse graaulosis, sulcato-striatis. L., 7 1/2; 1..3 m. Cette espèce ressemble un peu au P. Saulcyi, Reich., mais elle est plus petite, et sa villosité est plus longue, et d'un cendré uniforme, noir pour le fond et couvert d'une ponctuation très-serrée et granuleuse. Tête convexe-ar- rondie. Rostre presque aussi long que le corselet, aplani, d'égale largeur, un peu renflé et arqué vers le sommet. Mandibules avancées, planes, de la largeur du rostre et simulant un petit bec. Antennes ferrugineuses. Yeux ar- rondis, noirs. Corselet en carré un peu transverse, plan, droit en avant, cintré sur le dehors de la base. Elytres plus larges que le corselet, 2 fois 1/2 aussi longues , sub- parallèles, arrondies conjointement en se rétrécissant in- sensiblement vers le sommet, à stries sillonnées, assez larges et profondes; interstices assez convexes, couverts d'une ponctuation coriacée, disposée transversalement, et d'une pubescence grise. Pattes ferrugineuses poilues. Des environs de Biskra ; reçue de M. Lethierry, auquel je la dédie et qui a enrichi ma collection d'espèces intéres- santes d'Algérie. 26. Cathormiocerus muricalus, oblongo-ovatus , squamosus et setosus; thorace cinereo-trilineato, punctis seabris; elytris pla- niusculis, ovalibus, cinereo-variegatis, striatis; iaterstitiis seriatim hispido-setosis. — L., 4; 1., 2 1/4 m. D'un brun noirâtre. Tête et rostre d'un gris obscur avec le sommet noir et lisse ; front déprimé, couvert de quel- ques poils roides et noirs. Rostre plus court, aplani, di- laté, rebordé sur les côtés, échancré triangulairement en avant. Antennes à scapus grand, épais, arqué; 1er et 2e Ar- ticles coniques, 3e à 7e moniliformes ; massue petite, ova- laire, triarticulée, brune. Yeux enfoncés, arrondis, noirs. Corselet un peu plus long que large, régulièrement ar- rondi sur le côté et convexe en dessus, droit aux extrémi- tés, couvert de points scabreux et comme tuberculeux, orné de trois lignes d'un gris obscur, celle médiane étroite, TRAVAUX INÉDITS. 79 les latérales du double plus larges. Place scutellaire noi- râtre. Elytres subaplanies, régulièrement ovalaires, d'un brun noirâtre, parsemées de petites taches d'un gris obscur, à stries étroites et légères; interstices garnis de soies pilifères disposées en séries. Cuisses assez robustes. Jambes un peu arquées, élargies sur l'extrémité. Tarses petits, 3e article transversalement bilobé. Crochets minces Des environs de Bone. Reçu de M. Lucien Lethierry. 27. Peritelus sinuatus, cretaceo-argenteus, anguste oblongus ; fo- veola frontali tenui, clava antennaruni fusca ; oculis nigris; tho- race vix longiore latitudine, antice recto, postice arcuato, vage punctato , punctis rimosis ; elytris in margine versus abdomen valde sinuosis, punctato-striatis. — L., 5 1/2, 6; 1., 2 1/2 m. Cet insecte ressemble au P. necessarius, Sch., mais il est plus petit, étroitement ovalaire et d'une couleur cré- tacée légèrement brillante, argentée et tant soit peu ver- dâtre. Tête et rostre, dans leur ensemble, de la longueur du corselet et subconiques. Front marqué d'une légère fossette allongée et étroite. Antennes à scapus épais, arqué, atteignant le quart antérieur du corselet, couvert d'écaillés vertes, allongées et poilues; funicule de moyenne et égale grosseur, à 1er et 2e articles longs, 3e moitié plus court que les précédents, les 4 suivants moniliformes ; massue étroite, ovalaire, brune. Yeux petits, oblongs, noirs, pré- sentant un sillon transversal et arqué en avant. Corselet un peu plus large que la tête, à peine plus long que large, droit en avant, légèrement cintré en dehors sur la base, offrant une ponctuation moyenne, peu serrée et comme crevassée. Ecusson très-petit. Elytres étroitement oblon- gues, présentant chacune 8 stries ponctuées (les points, bien que petits et régulièrement impressionnés, débor- dant un tant soit peu ces stries) ; leur bordure, à la hau- teur des hanches postérieures, est fortement sinueuse; suture béante à l'extrémité chez le mâle , conjointement arrondie chez la femelle. Abdomen présentant sur le Ier segment une ligne déprimée et arquée. Cuisses assez 80 rrv. et mag. de zoologie. {Février 1860.) fortement renflées vers le sommet. Jambes élargies, ar- quées et crochues à l'extrémité. Tarses assez dilatés, 3° article longuement bilobé. Crochets petits. Des environs d'Oran. Reçu de M. Prophette. 28. Oliorhynchus inlersetosus Ot. affabro S. similis, griseus, pla- Diusculus, antennis crassiusculis, tarsisque piceis ; capite rostro- que conjunctim subconicis, fovea frontali ; thorace planiusculo, modice convexo, lateribus rotundato, minute granuloso ; elytris elongato-ovatis, plauiusculis, punctato-striatis; interstitiis seriatim albido-setosis ; femoribus simplicibus. — L., 4 1/3; 1., 1 2/3 m. Voisin de YOt. ajfaber, S. gris. Tête ruguleuse, allant en s'amincissant coniquement sur l'extrémité du rostre, déprimée et marquée d'une petite fossette sur le front. Trompe courte, sillonnée au milieu, subcoriacée de chaque côté. Antennes d'un brun ferrugineux, brièvement poi- lues, à scapus arqué, atteignant le tiers antérieur du cor- selet, 1er et 2e articles du scrobe allongés, suivants monili- formes; massue ovalaire acuminée, composée de 3 articles. Yeux petits, enfoncés,"arrondis. Corselet allongé, arrondi sur les côtés, coupé droit aux extrémités, subdéprimé, bien qu'un peu convexe, couvert de petits tubercules et d'un poil noir assez dense. Elytres en ovale allongé, dé- primées en dessus, conjointement échancrées sur le milieu de la base et régulièrement arrondies à l'extrémité, or- nées, chacune, de 9 stries ponctuées et sillonnées; inters- tices présentant chacun une série de soies blanches, plus évidentes vers l'extrémité et sur les côtés. Cuisses modé- rément renflées, simples. Jambes droites, toutes d'un blanc saie grisâtre. Tarses légèrement ferrugineux. Cet insecte a été rencontré aux environs d'Alger, dans les mois de septembre et octobre, par M. J. Poupillier de qui je l'ai reçu. 29. Larinus basalis, alatus, elongatus, pube lutea, dense indutus; rostro, thorace in lateribus, elytrisque (obsolète punctato-striatis, in apice declivis) ad basin maculis quatuor flavis, primo tricari- nato, secundo cariua longitudinali postice abbreviata ; abdomiue (punctis nigris) pedibusque cinereis. — L., 12; 1., 5 m. TRAVAUX INÉDITS. 81 Cet insecte a la forme allongée du Lixus pollinosus, Gr., et paraît ressembler au Larinus inquinatus d'Olivier, qui est originaire de Barbarie. Couvert d'une indumentation d'un gris-jaunâtre un peu ocracé. Rostre subconique, presque aussi long que le corselet, tricaréné en dessus, d'un jaune-blanc, avec l'extrémité et le front gris foncé. Antennes à articles serrés; massue grande, épaisse et cen- drée. Yeux étroits, oblongs, noirs. Corselet resserré sur le tiers antérieur, arrondi ensuite sur les côtés ; ceux-ci offrent une bande jaune arquée en avant. Carène longitu- dinale partant du bord antérieur aux 2/3 de la longueur, et vers sa limite se voient quelques gros points légère- ment réticulés. La place del'écusson est enfoncée. Elytres étroites, déclives sur le 5e postérieur, évasées anguleuse- ment sur le sommet de la suture, à stries distinctement ponctuées ; la base présente, de chaque côté, deux taches jaunes, et celle externe est 3 fois plus grande que l'interne. Pattes cendrées; abdomen de même couleur, parsemé de points noirs épais. Cette espèce m'a été offerte par le capitaine Gaubil, qui l'a rencontrée aux environs de Constantine. 30. Larinus subrolundatus, crassus, minute et dense granulosus, cinereoobscurus, rostro obscuriori quinque carinato ; elytris sub- rotundatis simpliciter striatis. — L., 18; 1., 9 m. Cet insecte ressemble aux L. Onopordi pour la forme et au Scolymi par sa couleur presque uniforme ; très-fine- ment granuleux, d'un gris obscur. Rostre à peu près de la longueur du corselet, aplati, légèrement arqué, muni de 5 carènes longitudinales. Corselet biarqué sur la base, ayant son milieu arrondi et avancé, déprimé en dessus du lobe, transversalement comprimé sur le 5e antérieur ; avancé, arrondi au delà sur le côté, mais oblique jusque sur l'angle postérieur, qui est assez prononcé sans être avancé- Elytres régulièrement convexes, à stries simples, peu profondes. Corps, en dessous, d'un gris plus obscur qu'en dessus ; côtés de l'abdomen jaunâtres. Les quatre 2e série, t. xii. Année 1800. 6 8*2 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) cuisses postérieures sont bordées, en arrière, d'une villo- site assez dense et allongée. Des environs de Batna ; reçu de M. Lucien Lethierry. Sur un nouveau genre et une nouvelle espèce d'Oiseau de l'Afrique occidentale, par D. S. Hartlaub. Cassin-a, n. g. Uostrum breviusculum, subtriquetrum, basi dila- tatodepressum, deotatum, apice maxillœ parum deflexo, culmine distincte cariuato, vibrissis nonnullis breviusculis, debilibus, na- ribus apertis. Alœ médiocres, caudaj basin superantes, dimidium vero non at- tingentcs; rémige prima spuria, tertia et quinta sub;equalibus quarta parum brevioribus. Cauda longiuscula, subrotundata. Pedes débiles. Tarsus subbrevis. Digiti médiocres, graciles, un- guibus parvis, debilibus, internusexterno brevior. C rubicunda, Hartl. Supra brunneo-rufescens, capite magis in- fuscato ; tergo, uropygio et supra caudalibus, laetissime rufis ; subtus dilutior, intense vulpino-rufa, gula nonnihil albido-variegata ; re- migibus fuscis, pogouio externo dimidii basalis margine rufescen- tibus, omnibus, excepta 1-2, macula magna pallide fulva versus ba- sin pogonii interni notatis ; tectricibus alarum dorso concoloribus ; subalaribus fulvo-variis; rectricibus quatuor inediis nigro-fuscis , scapis nigris, reliquis dilute rufis, scapis rufis; subcaudalibus ru- fis; rostro nigricante, pedibus pallidis. Fœm., parum minor, colo- ribus non diversa. Long, tôt., 7"; — rost. a fr., 5'"; — rost. a rict., 8'"; — al., 3" 8"'; — caud. a bas., 3" 4'"; — tars., 8'"; — dig. med., 8'" 1/3. Habitat, les fleuves Musis et Camma, l'intérieur du Gabon. Cette curieuse espèce est une des nombreuses découvertes de l'intrépide voyageur Pierre Beloni du Chailla. Elle ressemble un peu, sous le rapport des couleurs, au genre brésilien Hirundinea, et doit trouver sa place, dans la série ornithologique, près du genre Megabias. Je dédie ce genre intéressant à M. Jean Cassin, l'ornithologiste le plus distingué de l'Amérique du Nord. SOCIÉTÉS SAVANTKS. 83 II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris Séance du 23 janvier 1860. — MM. Lorry et Pillet adressent une note ayant pour titre : Sur lu présence des Nummulites dans certains grès de la Maurienne et des Hautes-Alpes. Ce travail est renvoyé à une commission. M . Gagnât adresse des Réflexions sur les Vers à soie et M. Malhol une note intitulée : Examen de quelques faits relatifs aux Vers à soie et à la gattine. Ces travaux sont renvoyés à la commission des Vers à soie. Séance du 30 janvier 1860. — Elle est entièrement con- sacrée à la distribution des prix. Séance du 6 février 1860. — M. Duméril donne quelques explications sur le retard apporté à la publication de son Entomologie analytique. M. Pasteur lit un travail intitulé : Expériences relatives aux générations spontanées. M. Kaufmann adresse une note. Sur un procédé qui permet de distinguer la bonne de la mauvaise graine de Vers à soie. « Les recherches que j'ai faites-, écrit-il à M. le secré- taire perpétuel , sur les moyens de reconnaître la bonne et la mauvaise graine de Vers à soie du mûrier, m'ont démontré, à l'évidence, que, en soumettant la graine à l'é- bullition dans l'eau, la première prend une teinte parti- culière que la mauvaise graine ne présente pas. « Cette teinte est le lilas foncé; les autres teintes que l'on observe, après avoir fait bouillir une certaine quantité de graines mélangées, appartiennent à des graines mau- vaises. » Nous avons eu l'honneur de voir M. Kaufmann le 3 mars, et il a bien voulu faire ses expériences en notre présence. Nous lui avons fait quelques objections et posé quelques questions, pour savoir ce qu'il entendait par ces 84 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) mots : graines mauvaises; s'il voulait simplement dire que ces graines étaient mortes, ou si, étant vivantes, elles don- neraient des Vers qui mourraient de la gattine. Pour juger une telle question, la vue de l' expérience de M. Kaufmann ne suffit pas à un tiers. Des expériences très- délicates sont nécessaires sous le double point de vue scientifique et pratique, et de telles expériences ne peu- vent être faites efficacement que dans un laboratoire séri- cicole bien organisé et qui n'existe nulle part en France. Séance du 13 février 1860. — M. Ch. Robin présente un Mémoire sur la constitution et le développement des gouttières dans lesquelles naissent les dents des Mammifères. Ce travail est renvoyé à l'examen d'une commission. M. Eudes-Deslongchamps adresse un opuscule sur le Serresius galeatus, Bonap., et sur le squelette de cet Oiseau; Et un Mémoire sur les Brachiopodes du Kelloway-rock ou zone ferrugineuse du terrain callovien et une note sur ce terrain. M. Kuchenmeister écrit de Dresde, le 1er février, que, le 20 janvier, il a découvert le cysticerque du Ténia me- diocanellata. Ce cysticerque habite le tissu cellulaire du Porc, au milieu des Qyst. cellulosa. M. Kuchenmeister a fait avaler, au mois de novembre 1859 , des embryons de Ténia mediocanellata à un Porc qui sera tué vers la fin de février. Il informera l'Académie des résultats de cette ex- périence. Séance du 20 février 1860. — M. Kolenati , de Vienne, adresse, avec trois opuscules qu'il a publiés sur divers points d'Entomologie, une collection des espèces types accompagnée d'un catalogue méthodique. Ces objets sont renvoyés à l'examen de M. Milne-Edwards. Séance du 27 février 1860. — M. Magitot présente un Mémoire sur la genèse et la morphologie du follicule den- taire chez l'Homme et les Mammifères. M. Owsjannikow adresse des Recherches sur le système nerveux. ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 85 M. le Ministre de l'instruction publique transmet un exemplaire de la Monographie des Brachiopodes fossiles du terrain crétacé supérieur du duché de Limbourg , par M. Bosquet. M. le maréchal Vaillant transmet un opuscule de M.Berti sur les Insectes qui perforent les conduits enplomb. MM. Desormeaux et Gervais adressent un travail Sur un fœtus humain monstrueux devant for mer un genre à part sous le nom de pseudocéphale. M. Tigri adresse une note Sur les globules caducs de l'humeur du thymust du mucus et de la lymphe. III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Monographie des Picidés ou histoire naturelle générale et particulière , comprenant : dans la première partie , l'origine mythologique, les mœurs, les migrations, l'a- natomie, la physiologie, la répartition géographique, les divers systèmes de classification de ces Oiseaux grimpeurs zygodactyles, ainsi qu'un dictionnaire al- phabétique des auteurs et des ouvrages cités par abré- viation ; dans la deuxième partie, la synonymie, la description en latin et en français, l'histoire de chaque espèce, ainsi qu'un dictionnaire alphabétique et syno- nymique latin de toutes les espèces. — Par Alfred Mal- herre, conseiller à la cour impériale de Metz, membre de diverses académies et sociétés savantes, etc., etc. — Grand in-folio, avec planches coloriées. lre livraison. Metz, 1859. — Paris, Klincksieck. On ne peut rien voir de plus beau que l'ouvrage de M. Malherbe, et l'on peut dire hardiment qu'il dépasse, comme perfection dans son exécution, tout ce qui a été fait de mieux jusqu'à présent en France et à l'étranger. Si les planches sont magnifiques, et surtout d'une exac- titude et d'une vérité de formes et de coloration des Oi- seaux, qu'on ne trouve pas souvent dans les plus luxueux ouvrages de nos voisins, le texte n'a pas moins de mérite, 86 rev. kt mag. de zoologie. (Février 1S()0.) car il est écrit avec un ordre et une méthode admirables, et avec ce profond savoir que M. Malherbe avait déjà montré, depuis longtemps, dans plusieurs publications par lesquelles il a préludé à celle-ci, savoir qui était si bien apprécié par l'illustre prince Charles Bonaparte, qui honorait M. Malherbe de toute son estime. Dans la seconde partie de la Monographie des Picidés, dont la première livraison est sous nos yeux, on trouvera la description exacte de toutes les espèces classées suivant une méthode propre à l'auteur. Chaque genre contiendra l'indication complète des caractères sur lesquels il est basé, et la synonymie avec les autres méthodes. L'article concernant chaque espèce contient une description en latin, précédée de la synonymie classée par ordre chro- nologique, avec l'indication, pour chaque citation, de la date de publication, méthode consciencieuse que nous nous glorifions d'avoir inaugurée, le premier, dans notre Species et Iconographie générique des animaux articulés , dès 1843. La discussion des textes avec le résultat des re- cherches bibliographiques destinées à corriger les erreurs commises par les auteurs, au sujet de chaque espèce, n'est pas la partie la moins importante de cette monographie. Vient ensuite l'histoire des mœurs de ces Oiseaux, puis une description étendue des formes et des couleurs de chaque sexe et des divers états de l'Oiseau aux principales époques de sa vie, et jusqu'à l'indication des collections dans lesquelles il se trouve. La première livraison, composée de la préface, feuille a, des feuilles 1 à 6, avec les planches I à IV, contient l'his- toire des espèces du genre Mégapic, et la figure des Me- gapicus imperialis, magellanicus, Boiei, robustus et albi- rostris. La Monographie des Picidés, tirée seulement à 80 exem- plaires, formera deux volumes de texte et deux atlas, composés de 15 planches coloriées, comprenant de 6 à 700 figures. Elle sera publiée en 25 livraisons de 5 plan- ANALYSES d' OUVRAIS NOUVEAUX. 87 ches et de (> ou 7 feuilles d'impression , au prix de 18 fin la livraison. Il est fâcheux qu'un ouvrage aussi bien fait et aussi utile à l'avancement de l'ornithologie prenne, par le petit nombre d'exemplaires tirés, le caractère d'un livre de grand luxe, qui ne pourra figurer que dans un très-petit nombre de bibliothèques privilégiées. Espérons que l'au- teur, avec ce zèle qui l'a toujours distingué, voudra bien en faire une édition économique in-8°, avec des planches réduites, pour que tous les amis de l'ornithologie puissent profiter d'un ouvrage qui sera regardé par eux comme un vrai modèle dans son genre. Nous rendrons compte des livraisons qui se succéde- ront, dès qu'elles nous seront parvenues. (G. M.) Richesses ornithologiques du midi de la France , ou description méthodique de tous les Oiseaux observés en Provence et dans les départements circonvoisins : par MM. J. B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye. Gr. in-4°, pi. col., 2e et 3e fascicules, 1859-1860. Nous avons annoncé ce bel ouvrage dans cette Revue (1859, p. 370), et nous avons fait connaître le plan adopté par ses savants auteurs, et la perfection consciencieuse avec laquelle ils le suivent. Aujourd'hui nous recevons les 2e et 3e livraisons, accompagnées de belles planches. Dans ces livraisons, les auteurs s'occupent des sous-ordres des Rapaces nocturnes et de l'ordre des Passereaux. Les groupes sont nettement caractérisés, les espèces très-bien décrites ; mais ce qui donnera à cet ouvrage un cachet d'intérêt plus général , c'est le soin et le talent avec les- quels ses auteurs ont fait connaître les curieuses particu- larités des mœurs des Oiseaux dont ils s'occupent. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer un des plus curieux passages relatif à J'Étourneau. « Leur nourriture se compose principalement d'in- 88 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) sectes, de Limaçons, de fruits et de graines. Dans les lo- calités où les olives se cueillent tard, ils en font une énorme consommation. Dans les environs de Saragosse, en Es- pagne , où les Étourneaux sont très-nombreux en hiver, on a quelquefois la plus grande peine à sauvegarder cette récolte. Un petit pays dont le nom m'échappe en ce mo- ment en tire, par exemple, un singulier profit : traqués de tous les côtés par les cultivateurs dont ils font le dé- sespoir, ces Oiseaux ont pris l'habitude de s'emparer fur- tivement du bien qu'on leur dispute : c'est au point du jour et jusqu'au lever du soleil qu'ils descendent par nuées dans les champs d'oliviers, s'emparent en toute hâte de quelques fruits, ordinairement deux ou trois, un dans chaque patte et l'autre au bec, et s'envolent vers une barre de rochers rangés en esplanade, qui domine la ville ; c'est là qu'ils les déposent précipitamment pour s'en re- tourner faire au moins deux ou trois voyages. Le fait est tellement connu, que l'administration municipale met an- nuellement aux enchères l'exploitation de ces rochers, dont le prix varie suivant que la récolte, d'après le nombre des Étourneaux, paraît devoir être plus ou moins bonne ; c'est à celui à qui reste l'adjudication qu'appartient la cueillette. Chaque jour, un homme est mis en observation pour suivre les manœuvres des Oiseaux ; aussitôt qu'il s'aperçoit que ceux-ci , après quelques voyages , s'apprê- tent à commencer le festin, un signal est donné C'est ordinairement un coup de feu destiné à mettre subite- ment en fuite toute la troupe On monte alors avec des corbeilles que l'on remplit en quelques minutes. » Au sujet des mœurs du Corbeau, MM. Jaubert etBarthé- lemy racontent un des faits les plus singuliers que l'on puisse imaginer; fait dont nous avons tous été témoins, disent-ils, et qui dénote chez cet Oiseau un très-haut degré de ruse, que beaucoup appelleraient de l'intelligence. Un de ces animaux, vivant en domesticité, fut un jour en- fermé dans une cage pour certains méfaits (il avait mangé ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 89 de jeunes poulets) commis dans la basse-cour. Quelques jours après, ayant remarqué qu'une diminution quoti- dienne continuait à se faire dans le nombre des petits poulets, on en chercha la cause, et le coupable fut bientôt trouvé. On le surprit à l'affût. Il avait préalablement pra- tiqué, au bas de sa cage et contre le sol, un trou où sa tête pouvait facilement s'engager. C'est là, qu'après avoir armé d'un morceau de viande son énorme bec, dont il ne laissait sortir qu'un tout petit bout, il attendait pa- tiemment que les petits poulets l'eussent aperçu. Sa peine était rarement perdue, car il ne se passait pas de jour qu'elle ne lui procurât, à peu de frais , le régal convoité. Mais la mèche une fois éventée, le drôle dut y renoncer. I! était cependant facile de voir que toute son attention restait portée de ce côté, et qu'il imaginerait bien , un jour ou l'autre, quelque moyen de prendre une revanche. Ces échantillons montrent suffisamment l'intérêt qui s'attache à ce livre. On voit qu'en conservant un caractère très -scientifique il est cependant susceptible d'être lu avec plaisir par les personnes qui cherchent à connaître les faits si curieux de la vie et des mœurs des Oiseaux. On y trouve aussi des considérations remarquables sur le rôle que les Oiseaux jouent dans notre agriculture, et nous avons vu avec plaisir, au chapitre qui traite des Moineaux, que ses auteurs partagent nos idées sur l'utilité de cet Oiseau, que nous avons soutenue dans cette Revue, 1854, p. 700. Les planches, lithographiéeset coloriées avec un grand soin, sont en tous points dignes du beau livre qu'elles ac- compagnent; elles représentent des espèces rares qui n'ont pas encore été figurées ou qui l'ont été jusqu'à pré- sent très-imparfaitement. (G. M.) Mollusques nouveaux décrits par M. Isaac Lea, membre de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie. 90 rev. et mag. de zooi.ogie. (Février 1860.) — (In-8. Extrait des Proceedings de cette Académie, 1859.) Nous recevons à l'instant ce fascicule, qui est la réunion de onze communications faites par l'auteur et portant onze titres sur la couverture. L'indication de ces titres suf- fira pour appeler l'attention des malacologistes sur ces travaux du savant américain. 1. Description de 27 nouvelles espèces d'Unio de Géor- gie. 2. Remarques sur les Unionidae du territoire de Ne- braska. 3. Description de nouvelles espèces d'Hélix et Pla- norbes. 4. Description de 8 espèces d'Unio du Tennessee, etc. 5. Remarques sur les fossiles du terrain parmien. 6. Remarques sur une énorme production des Unio- nidae. 7. Description de 4 nouveaux Mollusques d'eau douce du détroit de Darien et de Honduras. 8. Remarques sur quelques Unionides. 9. Description de 7 espèces de Margaritana et de 4 Ano- donta. 10. Description de 12 nouvelles espèces d'Uniones des États-Unis. 11. Remarques sur le Green Sand, formation du New- Jersey. Essai monographique sur la famille des Throscides, par M. H. de Ronvouloir, membre des Sociétés entomo- logiques de France et de Rerlin. — In-8, avec 5 pi. coloriées. Paris, Deyrolle. 1859. Ce petit travail, qui est le premier essai de M. de Ron- vouloir, peut, à juste titre, être regardé comme un tra- vail de maître. C'est une étude complète d'un groupe très- difficile à étudier, et le meilleur éloge qu'on puisse en faire, c'est de désirer que beaucoup d'entomologistes imitent ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 91 l'autour et suivent l'excellente méthode qu'il a adoptée pour fixer la synonymie des genres et des espèces, et pour les caractériser d'une manière précise. Insectes et Mollusques ennemis de la vigne dans le dépar- tement de la Gironde, etc., par M. Aug. Peitt-Lafitte, professeur d'agriculture, etc. — ln-8, fig. Bordeaux, 1856. Nous ne faisons que signaler ce mémoire intéressant, parce qu'il date déjà de plusieurs années et qu'il doit être bien connu des agriculteurs et des entomologistes. M. Pe- tit-Lafitte, en le rédigeant, a fait preuve de connaissances étendues et solides sur son sujet, et il a rendu un véritable service à la viticulture. Nouveau guide de l'amateur d'Insectes, comprenant des généralités sur leur division en ordres, l'indication des ustensiles et les meilleurs procédés pour leur faire la chasse : les époques et les conditions les plus favorables à cette chasse, la manière de les préparer et de les con- server en collections; par plusieurs membres de la So- ciété entomologique de France. I vol. in-12, Paris, 1859. Chez Deyrolle, rue de la Mon- naie, 19. Ce petit, mais très-utile traité en est à sa seconde édi- tion, et tient complètement tout ce que son titre promet. Du reste, il n'en pouvait être autrement quand on voit que ses diverses parties ont été rédigées par plusieurs de nos entomologistes les plus distingués, tels que MM. L. Fairmaire, Signoret, de Sélys-Longchamps, de Barneville, Sichel, Bellier de la Chavignerie, Stainton, Fologne, Bi- got, etc. II est certain que ce manuel rendra un vrai service à l'entomologie en dirigeant mieux les études sur cette utile branche de la zoologie, et qu'il doit être mis entre les mains de tous les amis de cette branche de la science. 92 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) Gênera des Coléoptères d'Europe , comprenant leur classification en familles naturelles, etc., etc., par M. Jacquelin du Val, et M. J. Migneaux pour les fig. — Grand in-8, fig. Paris, Deyrolle, 1859. Cet ouvrage, dont nous avons déjà entretenu nos lec- teurs à plusieurs reprises, se continue avec régularité. Le fascicule que nous annonçons, le dernier paru jusqu'à ce jour, contient les Colydiides, Pléganophorides, Rhyzo- dides, Passandrides, Cucujides, Cryptophagides, Telma- tophilides , Mycétophagides, Mycétéides , Murmidiides, Corylophides, Sphériides, Lathridiides, Thorictides, Der- mestides, Byrrhides, Géorissides, Parnides et Hétérocé- rides. L'Annuaire des Entomologistes pour 1860, par M. Stain- ton. 1 vol. in-12. Londres, 1860. Tous les ans nous avons le plaisir d'annoncer cette in- téressante publication qui témoigne du zèle de son au- teur , l'un des entomologistes les plus distingués de l'Angleterre. Dans ce volume, précédé d'une jolie planche, on trouve d'abord la liste des entomologistes de l'Angleterre, qui sont aujourd'hui au nombre de 1224; un synopsis des Phryganides d'Angleterre, par M. Hagen; des observa- tions sur les Hyménoptères, par M. Fr. Smith ; des notes de M. Janson, sur des Coléoptères nouveaux pour l'An- gleterre; de M. Schaum, sur la nomenclature des Cara- biques établie dans le catalogue de M. Waterhouse ; et des notes et observations du plus haut intérêt de l'auteur lui-même, sur diverses questions relatives aux Lépidop- tères. Nous ne saurions trop féliciter M. Stainton du dévoue- ment qu'il montre pour les progrès de l'entomologie de son pays. (G. M.) ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 93 Des larves de Diptères développées dans les sinus frontaux et les fosses nasales de l'homme, à Cayenne; par le Dr Ch. Coquerel. — Extr. des Arch. gén. de médecine, numéro de mai 1858. M. Coquerel rapporte d'abord cinq cas de maladies graves occasionnées par la présence, dans les sinus fron- teaux, de nombreuses larves de Diptères, et il constate que quatre ont été mortels. Il traite ensuite la question en médecin et en naturaliste instruit, et, ayant obtenu l'In- secte parfait qui dépose ainsi ses nombreux œufs à l'entrée des fosses nasales des hommes endormis, il a reconnu que c'est une espèce nouvelle de Mouche du genre Lu- cilia, dont le type est la Mouche dorée de nos pays [Lu- cilia Cœsar), et il la décrit sous le nom de Lucilia homini- vora, en en donnant une bonne figure coloriée. Dans le numéro de juin 1859 du même journal mé- dical, M. Coquerel, en faisant connaître un nouveau cas de mort produite par le développement de larves de la Lu- cilia hominivora dans le pharynx , décrit avec soin la larve de ce Diptère dangereux. Essai d'une classification générale et synoptique de l'or- dre des Insectes Diptères, par M. J. Bigot. — In-8. Extr. des Ànn. de la Soc. eut. de France, 3e série, t. IV, p. 569. 1858. M. Bigot s'est placé à la tête des entomologistes qui s'occupent spécialement de l'étude des Diptères, et ses travaux en sont la preuve, malgré les critiques injustes qui en ont été faites par quelques entomologistes alle- mands : nous les signalons donc aux savants consciencieux qui veulent sérieusement étudier ce groupe intéressant d'Insectes. Dans le t. VII , p. 115 du même recueil , on trouve un autre mémoire du même savant dans lequel il donne d'excellentes descriptions de Diptères de Madagascar. 94 rev. et mag. dr ZOOLOGIE. (Février 1860.) Ajoutons que c'est à lui que nous devons la description des Diptères de Cuba qui a paru dans le volume dont la rédaction nous a été confiée par M. Ramon de la Sagra, dans son grand ouvrage sur l'histoire politique et natu- relle de l'île de Cuba. (G. M.) IV MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons, dans les lettres si intéressantes que nous adresse quelquefois le savant docteur Sacc, de Wes- serling, le passage suivant que nous croyons devoir pu- blier, espérant qu'il nous pardonnera cette petite indiscré- tion au moyen de laquelle nous donnons aux ornithologistes un fait oologique intéressant. « Le travail du savant M. Moquin-Tandon m'intéresse beaucoup, et l'observation qu'il y rapporte sur le grand nombre d'œufs pondus par le Moineau femelle de ma- dame Guérin-Méneville me rappelle que, étant enfant en- core, j'avais résolu de découvrir combien un de ces oiseaux pondrait d'œufs en une saison , si on les lui enlevait à mesure qu'il les pondait. Dès que, dans un nid placé sous le toit d'un poulailler , le 5e œuf fut pondu, j'en enlevai quatre; puis, chaque jour, un, jus- qu'au 35e, où, ayant effarouché la pondeuse, elle quitta le nid pour n'y plus revenir. Voici donc la preuve que, à l'état sauvage, un Moineau peut pondre, sans interruption, 35 œufs en autant de jours, si on les lui soustrait à me- sure qu'il les dépose. C'est là le secret de l'énorme mul- tiplication de ces Oiseaux qui rebâtissent leur nid dès qu'on le leur a enlevé, en sorte que leurs couvées peuvent se continuer pendant toute la bellesaison. Jecrois, du reste aussi, que chaque paire fait plusieurs pontes par an; car, parmi ceux qui se nourrissent dans ma basse-cour par centaines, j'ai vu souvent, en été, des jeunes de plusieurs âges, et cela de juin jusqu'en septembre. » MÉLANGES ET NOUVELLES. 95 Le Père Montrousibr, missionnaire mariste français à la Nouvelle-Calédonie, qui a étudié l'histoire natu- relle de cette île et à qui l'on doit une publication in- téressante sur l'entomologie de ces contrées, nous a en- voyé la Note suivante sur l'existence d'une espèce de Serpent qu'il y a observée. Le zélé missionnaire rapporte cet Ophidien au genre Boa et le décrit ainsi : Boa australis, mihi. (L., 0m,8 à 1 mètre. — L. de la queue, 0m,l.) Brun. Dessous du corps jaune. Sur les côtés quelques taches foncées qui s'étendent sur l'abdomen de manière à former des demi-anneaux incomplets et irré- guliers. La tête, beaucoup plus large que le cou, est aplatie. Mâ- choire supérieure avancée, coupée en biseau rentrant par devant, ayant cette partie antérieure formée d'une seule plaque et couverte d'écaillés à peu près semblables à celles du corps, mais moins carénées. Elle offre, entre et un peu avant les yeux, une dépression en fer à cheval, et, depuis cette dépression jusqu'au bout du museau , elle a des écailles un peu plus grandes, surtout vers le milieu et au- tour de la mâchoire supérieure. Les écailles du corps sont uni-carénées sur le limbe; les crochets voisins de l'anus très sensibles, arqués, jaunes. Le corps est un peu com- primé ; la queue assez courte, obtuse au bout. Les naturels appellent ce Serpent Un ; ils n'en redoutent pas la morsure et le mangent. Il vit dans les bois. Les Ophidiens de l'Océanie sont si peu connus (si l'on excepte ceux de l'Australie), que je pense qu'on sera bien aise d'en avoir la description, quelque incomplète qu'elle soit et quoique non accompagnée de figures. En attendant la publication, avec une figure, du nou- veau genre de Coléoptère longicorne auquel M. Chevrolat donne le nom d'ApATOPHYSis, nous croyons devoir in- sérer de suite la diagnose qui contient ses caractères es- sentiels. 96 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.) Ce nouveau genre est très-curieux en ce que le mâle ressemble à un Toxotus et la femelle à un Prionien. M. Chevrolat caractérise ainsi l'espèce. Apatophysis toocotoides. — Mâle, tomenteux, gris, sem- blable au Toxotus meridianus. Femelle, d'un brun de poix, à élytres élargies en arrière , très-finement pointillées, avec de faibles côtes longitudinales. — Habite le Sahara algérien. Exposition de zoologie, paléontologie, géologie et miné- ralogie, à Montpellier, du 1er avril au 30 juin 1860. — Commission présidée par M. E. Doumet. Cette exposition viendra compléter le concours auquel les huit départements de la région du Sud-Est se prépa- rent, et l'administration, dans sa généreuse sollicitude pour les intérêts scientifiques du Midi, a décidé que des médailles d'or, d'argent et de bronze seraient décernées, suivant le mérite, aux exposants dont les envois offriront le plus d'intérêt. TABLE DES MATIERES. Page.^ 0. des Murs. — Sur l'adénisation de M. le docteur Cornay. 49 H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. 53 A. Moquin-Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 57 Ch. F. Dubois. — Notes nido-oologiques. 62 J. R. Bourguignat. — Aménités malacologiques. 65 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 75 D. S. Hartlaub, — Nouvelle espèce d'Oiseau de l'Afrique occidentale. 82 Académie des sciences . 83 Analyses. 85 Mélanges et nouvelles. 94 PARIS. — 1MP. DE *me Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — MARS 1860. I. TRAVAUX INÉDITS. Note sur quelques Mammifères du Mexique, par M. H. de Saussure. Troisième article. (Voir p. 53.) FAMILLE DES MURIDES. Tribu des Hespéromyens, ou Rats du nouveau continent. (Sigmodontes, Baird.) Molaires f, diminuant de grandeur de la Ve à la 3% munies de racines, à lames compliquées, offrant, avant d'être usées, deux rangées longitudinales de tubercules (1). Le Mexique nourrit, comme les parties plus septentrio- nales de l'Amérique, de nombreuses espèces de Rats indi- gènes. Celles de ces espèces que nous faisons connaître ici rentrent toutes strictement dans les genres, tels que Sp. Baird les a définis (2), qui servent à classer les Hes- péromyens des États-Unis. Sous le rapport des petits Mam- mifères, la Faune du Mexique offre, en général, une analo- gie remarquable avec celle des États-Unis, tandis que par les grands elle rappelle plutôt celle de l'Amérique méridionale. G. Hesperomys, Waterh. Les espèces que nous a fournies le Mexique rentrent toutes dans le sous-genre Hesperomys proprement dit de Baird (1. c, p. 458), qui est caractérisé par la longueur de la queue, par des ongles peu propres à fouir, et par l'ab- (i) Chez les Rats de l'ancien continent, on trouve trois rangées longitudinales de tubercules. (2) Explorations a Surveys for a railroad route from Missis- sipi riv. to the Pacific oçean, etc., VIII, 445. 2* sérib. t. xu. Année 1860. 7 98 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mars 1860.) sence de crête osseuse au bord supérieur des orbites. Le tableau suivant facilitera la détermination de ces espèces. I. Plante des pieds postérieurs nue; queue grêle, écail- leuse, peu poilue, de la longueur de la tête et du corps, ou plus courte; poil doux, mais long et hérissé, couleur en dessus mélangée de brun et de jaunâtre; ventre blanc ou plombé ; moustaches très-courtes. . . toltecus. II. Plante des pieds garnie de poils jus- qu'au dernier tubercule, queue grêle, écail- leuse, peu poilue, ne se terminant pas par un pinceau de longs poils. 1 . Queue plus longue que la tête et le corps, ventre jaunâtre fulvescens. 2. Poil velouté, gris, avec un peu de roux sur les côtés meœicanus. 3. Poil velouté, roux-orangé, avec le dos brunâtre aztecus. III. Queue assez grosse, plus longue que le corps et la tête, terminée par un pinceau de poils longs et abondants. Couleur ferru- gineuse, ou brunâtre sur le dos ; poils du ventre blancs jusqu'à la base Sumichrasti. Chez les espèces septentrionales, on remarque la ten- dance à prendre les pieds blancs, et souvent même les pattes antérieures tout entières. Celles du Mexique offrent, au contraire, la tendance à avoir la couleur brune du dos prolongée sur la face externe des pattes antérieures et même sur les pieds jusqu'à l'origine des doigts. Ier Groupe. Plante des pieds postérieurs nue; queue nue, peu poilue. Pelage long. Moustaches très-courtes. (Deile- mys(l).) H. toltecus, pi. ix, fig. 3a.— Subhispidus, pilis elongatis, fusco-ni- grescentibus, apice flavesceatibus; corpus fuscum, flavo tessella- tum ; pedes postici supra ejusdem coloris ; venter et corpus subtus (1) Aê/XM, nç, crépuscule ; — fj.vç, Rat. TRAVAUX INÉDITS. 99 albicantia ; auriculae parvae , cxtus subnudaj, intus valde pilosœ ; cauda bicolor, par corpori longitudiae; myataces brevissimi. Cette espèce est plus grande que Y H. mexicanus, mais sensiblement plus petite que le Rat noir (Mus rattus). Elle offre exactement les mêmes caractères que YH. mexicanus pour la conformation des pieds et pour la ma- nière dont le museau est garni de poils. Mais les oreilles sont plus petites, non-seulement à proportion, mais même absolument parlant; elles sont beaucoup plus cachées dans le poil, où elles disparaissent en grande partie. Les incisives sont aussi beaucoup plus fortes et plus larges que chez l'espèce citée. Tout le corps, y compris la tête, est couvert de longs poils qui lui donnent un air hérissé (hispidus). Cependant la fourrure n'est pas rude au tou- cher, mais la longueur exceptionnelle des poils fait qu'ils ne sont pas très-bien couchés, et leurs pointes un peu relevées les font ressembler à des soies roides. La couleur est un brun-noiràtre mêlé de jaunâtre ou de brun-jaunâ- tre. Toutes les parties supérieures,«y compris la tête, sont presque bicolores; la couleur générale est brune, et le jaunâtre forme un tiqueté plus pâle sur le brun. Cette apparence tient à ce que les poils sont noirâtres, avec la pointe.assez longuement jaunâtre, et, comme ils sont plus allongés que fournis, les pointes jaunes ne suffisent pas pour masquer le noir de leur base. Sur le dos, les deux couleurs se balancent presque, quoique le noir domine ; sur les flancs, le jaunâtre domine beaucoup et devient pâle; sur les fesses, il domine et devient générale- ment plus roux. Le ventre et les parties inférieures, le menton et le dessous de la tête, à partir de l'angle de la bouche, sont blancs; mais ici aussi la couleur de la base des poils se mêle au blanc, parce que ceux-ci sont longs et peu abondants. Ces poils sont d'un gris peu foncé, avec la pointe longuement blanche. Du mélange de ces deux couleurs il résulte un blanc-grisâtre peu foncé (vu la teinte peu foncée de la base des poils). Le blanc du ventre 100 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) ne se fond nullement avec le brun des flancs ; la ligne de démarcation des deux couleurs est, au contraire, nettement accusée. Les pattes de devant ont toute leur face externe brune, mêlée de fauve et de poils' blancs ; mais les pieds en dessus sont gris-brun moucheté de jaunâtre et non blancs comme chez la plupart des Hesperomys. Les pattes postérieures sont fortes ; le» pieds sont grisâtres en des- sus, garnis de poils bruns, par-dessus lesquels sont des poils blancs longs et couchés. La queue est longue, mais moins à proportion que celle de r/ST. meœicanus ; sa longueur est égale à celle du corps sans la tête (ou même un peu plus considérable) ; elle est écailleuse et distincte- ment bicolore, les poils de sa face dorsale étant bruns et ceux de la face inférieure gris. Les moustaches sont très- courtes; elles n'atteignent que jusqu'à l'oreille, et sont composées de poils bruns très-fins. A leur face interne, les oreilles paraissent nues, sauf près de leur bord antérieur, où elles sont revêtues de poils noirâtres distincts ; leur face externe, au contraire, est fortement poilue, garnie, dans toute son étendue, de longs poils bruns, à pointe fauve, assez semblables à ceux qui couvrent les pattes antérieures près du pied. Variétés. Certains individus ont les poils moins longs, moins roides et d'un brun plus marron, avec une teinte grise. D'autres, au lieu d'être d'un brun- noirâtre mou- cheté de jaunâtre, passent au blond un peu fauve (1). La face supérieure des pieds antérieurs est tantôt de la cou- leur du corps, tantôt parsemée de poils blancs. Parfois les flancs deviennent gris-brun clair, ou bjen ils tirent au fauve, mais sans aucune teinte rougeâtre, comme celle qui se voit chez Y H. meœicanus. Voici les mesures comparatives de quatre individus empaillés : (1) Le crâne que j'ai étudié appartient à un de ces individus qui ne me paraissent pas différer spécialement. TRAVAUX INÉDITS. 1( N°» Tête et corps. Queue. Pied postérieur. Portion libre de l'oreille (1). 1 0n',130 0m,094 0m,035 0ra,011 2 0 ,123 0 ,090 0 ,030 0 ,010 3 0 ,120 0 ,095 0 ,027 0 ,010 4 0 ,107 0 ,027 Habite la Cordillère de la province de Véra-Cruz. Cet Hesperomys me semble devoir se rapprocher du sous-genre Oryzomys, Baird, par la longueur de ses poils, la petitesse de ses oreilles, et la plante presque nue des pieds postérieurs ; mais le bord des orbites ne forme pas de crête ; les tubercules des pieds antérieurs sont grands, et je n'ai pas trouvé le très-grand sixième tubercule des pieds postérieurs, qui est un des caractères des Oryzomys. Il se distingue facilement de VH. mexicanus et de la plupart des autres espèces : 1° par ses oreilles petites et très- poilues en dedans; 2° par ses poils très-longs, son aspect hérissé et les deux couleurs de son pelage, qui for- ment une espèce de moucheture vague sur le corps et sur toute la tète ; 3° par sa plus grande taille ; 4° par la couleur de ses poils, qui ne sont ardoisés qu'à la base, puis noi- râtres et enfin jaunâtres au bout; 5° par ses moustaches beaucoup plus courtes; 6° par ses pattes antérieures moins blanches en dessus; 7° par la teinte assez uniforme de ses parties supérieures, sans trace de ferrugineux et sans bande fauve ou ferrugineuse sur les flancs. — La brièveté des moustaches de ce Rat suffirait, du reste, pour le faire distinguer de toutes les espèces suivantes. II0 Groupe. Plante des pieds garnie de poils jusqu'au tu- bercule postérieur. Queue grêle, écailleuse, peu poilue, ne se terminant pas par un pinceau. Moustaches Ipngues . (Hespe- romys.) Chez toutes les espèces de ce groupe, la longueur des doigts se gradue comme chez YH. leucopus. Le 3e est le (1) Mesurée à sa face postérieure. 102 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1860.) plus long, puis vient le 4e, puis le 2e. Aux pieds posté- rieurs, l'ordre de grandeur des orteils est le même ; tou- tefois les orteils 2-4 sont presque d'égale longueur, surtout le 3e et le 4e. Le premier orteil est très-petit ; il n'atteint pas la 2e phalange du 2e orteil. La paume de la main a cinq tubercules, et la plante du pied postérieur est munie de tubercules disposés comme Y H. leucopus. Le dessous du pied postérieur est garni de poils jusqu'au niveau du tubercule postérieur et même au delà. — Le pouce de la main est rudimentaire, et porte un ongle plat assez sem- blable à celui de l'homme, comme cela se voit chez tous les Hesperomys de l'Amérique septentrionale. H. fulvescens. — Fulvescens; supra fusco-fulvescens, in lateribus fulvescens, subtus albido-fulvescens ; caput subtus albidura. Cauda corpore et capite longior. Pedes albidi, subfulvescentes ; postici graciles, elongati, cake fusca. Seulement de la grandeur de la Souris d'Europe. For- mes grêles; pattes postérieures très-longues; pieds posté- rieurs grêles et allongés, ainsi que les doigts. Queue très- longue, plus longue que le corps et la tête pris ensemble. — Le pelage de cette petite espèce est long, doux, mais un peu hérissé, non velouté, comme chez les H. leucopus et meœicanus. Sa couleur est un brun-fauve roussâtre sur le dos, et cette couleur résulte d'un mélange de brun et de roux-fauve. Sur les côtés, la teinte devient graduelle- ment plus pâle et plus fauve et finit par passer à la couleur fauve-pâle qui couvre toutes les parties inférieures. II n'y a pas de ligne de démarcation entre la couleur du ventre et celle des flancs ; ces couleurs se fondent. Le dessous de la tête seul est blanchâtre. Le dessus de la tête tire lé- gèrement au grisâtre. Les pattes sont d'un fauve pâle, tant en dehors qu'en dedans, et les pieds sont blanchâtres, tout en conservant une teinte fauve. La plante des pieds est garnie de poils jusqu'au tubercule postérieur, mais le talon est gris-brun. La queue est grise, écailleuse, peu poilue, et, pour cette raison, indistinctement bicolore ; TRAVAUX INÉDITS. 103 néanmoins on voit que les poils de la face inférieure sont blanchâtres. Les moustaches sont assez longues, noirâtres, avec quelques poils gris. Les oreilles, assez petites, sont garnies de poils bruns peu abondants. La base de tous les poils du corps est ardoisée, mais la pointe devient longue- ment rousse ou fauve. — Longueur du corps et de la tête, 0m,071; de la queue, 0m,092; des pieds postérieurs, 0m,021. Habite le Mexique. Cette espèce sera facile à reconnaître à la couleur fauve de ses parties inférieures. Pour la couleur, elle se rappro- che beaucoup de i'H. Nuttali, Harl., mais elle a la queue plus longue ; ses oreilles ne sont pas ferrugineuses et la couleur du poil paraît être un peu plus foncée. H. mexicancs, pi. ix, fig. 1, la. — Velutinus, griseus, murinus; in lateribus paulum fulvescens, fréquenter subferrugineus ; subtus albidus, pectore et mento fulvescentibus ; pedes antici albidi ; au- culae permagnae; cauda corpore lonjgior ; mystaces elongati. Cette espèce est d'une taille intermédiaire entre celle de la Souris et du Rat noir. Elle est couverte d'une four- rure bien fournie, dont les poils sont doux et veloutés. La tête est conique, allongée ; la lèvre supérieure est fendue jusqu'au nez ; le museau est pointu et garni de poils jus- qu'au bout du nez, en sorte qu'il ne reste de nu que le septum. Les oreilles sont très-grandes, très-larges, mais plus hautes que larges, arrondies, quoique le milieu de leur bord supérieur fasse un peu saillie. La queue est longue ; elle a presque la longueur du corps et de la tête pris ensemble (quelquefois elle est seulement plus longue que le .corps). Les pattes sont très-longues, surtout les postérieures, et l'animal est haut sur jambes. Le pelage est d'un gris de Souris brun-noirâtre, avec une teinte ar- gentée, très-légère, sur le dos, qui tient à ce que Y extrême pointe des poils est d'un gris-fauve (1). La tête est un peu 1) Ce u'est que l'extrême bout du poil qui offre cette teinte. 104 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) moins foncée et les joues deviennent gris ferrugineux. La teinte fauve du corps devient toujours plus prononcée sur les côtés. Vus par leur reflet , ceux-ci paraissent gris fauve; ils contiennent aussi plus ou moins de fauve. Les pattes sont de ce même gris-fauve à leur face externe. Les lèvres et le menton sont d'un gris-fauve pâle, et toutes les parties inférieures sont d'un blanc grisâtre, qui paraît plombé, à cause de la couleur ardoisée de la base des poils. Le blanc du ventre est assez nettement séparé du gris-fauve des flancs. La poitrine et le devant de l'épaule sont lavés de fauve. Les pieds antérieurs sont blancs (ou grisâtres) ; les postérieurs sont bruns, avec l'extrémité et les orteils blancs. — Les poils du corps sont tous d'un gris-ardoisé obscur ; ceux du ventre se terminent par une assez longue pointe blanche; ceux des flancs deviennent obscurs, puis fauve pâle au bout ; ceux du dos deviennent bruns, avec l'extrême pointe d'un fauve argenté. Dans le nombre, il s'en trouve qui sont entièrement bruns. Les oreilles sont en apparence nues, quoique couvertes de poils ras. Le bord antérieur de la face externe n'offre aussi si que des poils ras. La queue est écailleuse, fort peu garnie de poils; ceux-ci sont noirs à la face dorsale, blancs à la face inférieure. Les moustaches sont très- longues, noirâ- tres; elles atteignent ou dépassent l'épaule. Variétés. D'autres individus offrent un pelage plus fauve. Les côtés du corps deviennent ferrugineux, et cette cou- leur est très-prononcée sur les flancs à la séparation du blanc et du brun, où elle forme presque une bande oran- gée, pâle. Les côtés et le dessous de la tête, ainsi que la poitrine et l'épaule, sont fortement lavés de fauve ferru- gineux. Chez d'autres, au contraire, la couleur ferrugi- neuse est très-peu prononcée. Mesures de deux individus. Tête et corps 0m,109 0m,097 Queue 0,108 0,077 Pied postérieur 0 ,026 0 ,025 TRAVAUX INÉDITS. 105 Hauteur des oreilles à leur face externe. ... 0 ,015 0 ,013 Habite les mêmes régions que les précédents. Cet Hesperomys est facile à distinguer de Y H. toltecus. Il en diffère : 1° par sa plus petite taille ; — 2° par son pelage doux, à poils courts et serrés; — 3° par la couleur ferrugineuse dont ses flancs sont lavés et qui , parfois, forme presque une bande; — 4° par la grandeur de ses oreilles qui paraissent être nues en dedans ; — 5° par la longueur des moustaches, par ses pieds antérieurs blancs, etc. Il diffère de Y H. aztecus par son pelage beaucoup moins roux, car, quoique ses flancs soient un peu lavés de ferrugineux, cette couleur est très-peu apparente. La cou- leur générale est assez celle de la Souris, c'est elle qui domine, et le fauve des flancs lui est très-subordonné. H. aztecus, pi. ix, fig. 4. —Supra fusco-ferrugineus, dorso medio fuscesceote, lateribus ferrugineis, capite fusco-rufescente; subtus albidus; pedes albidi, postici grisescentes, basi fusci ; cruscula an- tica extus rufescentia, postica rufo-fusca, apice fuscescentia; cauda perlooga; obscure-bicolor ; auriculae magnae. De la taille de Y H. leucopus. Un peu plus petit que Y H. meœicanus et lui ressemblant par ses oreilles grandes et nues. — Le pelage, en dessus, d'un brun lavé de roux, assez brun au milieu du dos et devenant toujours plus roux sur les côtés. Les joues, les épaules et les flancs d'un roux-cannelle un peu orangé ; le dessus de la tête passant au roux. La lèvre supérieure, et toutes les parties infé- rieures d'un blanc pur, paraissant plombé, vu la couleur grise de la base des poils. La séparation entre le blanc et le roux formant une ligne parfaitement nette. Face externe des pattes, ferrugineuse ; aux pattes antérieures cette cou- leur s'arrêtant un peu avant le pied, lequel est blanchâtre (quelquefois gris). Les pattes postérieures plus brunâtres; le pied blanchâtre, avec le premier tiers brun-gris en dessus. La plante du pied postérieur fortement garnie de poils jusqu'au premier tubercule. Le bord des yeux sou- vent plus brun que lesjoues. La queue longue, écailleuse, 106 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [MùTS 1860.) garnie de poils couchés, bruns en dessus, blanchâtres en dessous. Les moustaches longues, brunes. — Tous les poils du corps sont ardoisés à la base, avec la pointe brune, ferrugineuse ou blanche, selon la région qui les porte. Souvent la couleur brune du dos est assez pronon- cée pour dessiner presque une bande ; souvent aussi le pied postérieur est gris-brun jusqu'aux doigts et mêlé de poils blancs. — Longueur de la tète et du corps, 0m,095; de la queue, au moins (1) 0m,090; du pied postérieur, 0m,022 ; des oreilles mesurées en dehors, 0m,01:2. Même patrie que les précédents. Var. Le roux des flancs est quelquefois très-vif; d'autres fois il est plus pâle et plus gris. Sur une simple description cette espèce pourrait être confondue avec Y H. mexicanus, mais elle s'en distingue par sa plus petite taille, par son pelage d'un brun roux et non d'un brun-marron noirâtre ; par ses flancs qui sont d'un ferrugineux cannelle ainsi que la face externe des pattes antérieures. Cette couleur est très-prononcée : elle s'étend jusque sur le dos, sur les joues, et se mêle au brun du crâne , tandis que chez Y H. mexicanus la teinte rousse n'est qu'un simple lavé. — L'H. mexicanus est un Rat gris, tandis que Y H. aztecus est plutôt un Rat roux. IIIe Groupe. — Plante des pieds garnie de poils, jusqu'au tubercule postérieur. Queue très longue, épaisse, poilue et terminée par un pinceau de longs poils. Le 4e orteil le plus long [Nyctomys] (2). Cette section a été indiquée par Baird, et comprend déjà deux espèces septentrionales qui ont la queue bico- lore. Il n'en est pas ainsi chez le représentant mexicain de ce groupe, dont je donne ici la description : Celui-ci a la queue très-poilue et distinctement unicolore. De plus, il offre ce caractère remarquable que le 4e orteil (1) Elle a perdu son extrémité terminale chez nos trois individus. (2) Nvg, vvktqç, nuit; — pïç, Rat. TRAVAUX INÉDITS. 107 est un peu plus long que le 3% et que le 5e est très-grand, aussi long que le 3e. La queue est très-grosse (1). H. Sumichrasti, pi. ix, fig. 2, 3. — Rufus, subtus albus; auriculœ elongatae; mystaces elongati, nigresceutes ; cauda perlonga, cor- pore cum capite lougior, uuicolor, fusco-rufopilosa, apice hirsuta, peniculo pilorum elongatorum ; pedes antici albidi, postici obscu- riores, digito 4° maximo, 5° elongato. La taille de cette espèce est un peu inférieure à celle de Y H. mexicanus. La tête est large, mais le museau est très- pointu. Les moustaches sont très-longues ; elles dépassent l'épaule. Les oreilles sont longues, mais pas très-larges ; leur hauteur est bien plus considérable que leur largeur. La queue est assez grosse, cylindrique, plus longue que la tête et le corps. Les pieds postérieurs sont courts, larges, et leur plante est garnie de poils dans leur première moi- tié ou leur premier tiers. Les orteils sont longs, le 4e est le plus long; puis viennent le 3e et le 5e, puis le 2e, et enfin le premier, qui est très-court. Les pieds de devant sont con- formés comme chez les autres Hesperomys. Le poil est doux et bien fourni ; sa couleur est un roux-bai isabelle, ou orange pâle uniforme, seulement un peu plus clair sur les flancs et au museau. Toutes les parties inférieures, ainsi que le menton et le bas des joues, en arrière des mous- taches, sont d'un blanc pur. Ce blanc ne se fond pas avec le roux, mais les deux couleurs se terminent brusquement. Le museau est d'un roux pâle, garni d'un duvet blanchâtre, mais tout ce qui dépend de la mâchoire inférieure est blanc. Le roux descend le long de la face antérieure des pattes de devant, et devient toujours plus étroit jusqu'à l'origine de la main , où il s'arrête. Les mains ainsi que (1) Le faciès de l'espèce qui suit rappelle beaucoup celui des Pe- rognathus, à cause de la queue poilue, terminée par un pinceau de poils hérissés. Le pelage lui-même ressemble à celui des Rongeurs de ce groupe, car les poils du ventre sont blancs jusqu'à la base, sans aucune teinte ardoisée, comme cela se voit chez plusieurs Perogna- thus. Il semble donc qu'il y ait, chez les Hesperomys du 3« groupe, une certaine tendance vers ce genre, quoique leur dentition+j de mol. leur assigne incontestablement leur place parmi les Hespéromyens. 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGUE. (Mars 1860.) les orteils sont gris blanc ; mais le pied postérieur est, en dessus, d'un brun-roux pâle. Les poils des parties infé- rieures sont entièrement blancs jusqu'à la racine ; ceux des parties dorsales sont couleur d'ardoise, avec la pointe assez longuement rousse. La queue est assez abondam- ment garnie de poils bruns, ou brun roux ; ces poils sont plus rares et plus couchés à la base; ils deviennent de plus en plus abondants et plus longs; dans le dernier tiers, ils sont hérissés, et, au bout, ils forment une espèce de pin- ceau allongé, qui rappelle le faciès des Perognathus et des Loirs ( Myoxus ). Les oreilles sont, comme la queue, d'un brun roux, en apparence nues, surtout en dedans ; à leur face externe, leur tiers antérieur est tapissé de poils soyeux. Les moustaches sont noirâtres. Variété. Un second individu a le pelage brun-roux, tant sur la tête que sur les parties dorsales ; ce n'est que sur les flancs qu'il offre une teinte franchement rousse ou orangée. La queue est un peu plus brune. La face dorsale des pieds est d'un brun-grisâtre ; les doigts de la main et la dernière phalange des orteils sont seuls blancs. La lèvre supérieure est blanche. On voit devant et derrière l'œil une tache brune qui borde l'orbite. Voici les mesures de deux indi- vidus : n° 1. N° 2. Tête et corps environ 0m,100 0m,088 Queue avec ses poils terminaux 0 ,130 0 ,106 Pied postérieur 0 ,023 0 ,023 Hauteur de l'oreille à sa face externe 0 ,013 0 ,012 Largeur 0,010 0,010 Habite le versant oriental de la Cordilière. Pour la grandeur et le faciès , cette espèce ressemble beaucoup à Y H. aztecus, mais elle s'en distingue facile- ment par les poils entièrement blancs de son ventre, par la grosseur de sa queue, etc. G. Reithrodon, Waterh. Ce type, très-intéressant parmi les Rats du nouveau continent, est caractérisé par ses incisives supérieures, TRAVAUX INEDITS. 109 dont la face antérieure est partagée par un sillon longi- tudinal. — Comme l'a bien montré Baird, on peut diviser les espèces de ce groupe en deux catégories, savoir : 1° celles de l'Amérique méridionale ayant un faciès de lapin; — 2° celles de l'Amérique septentrionale ressem- blent plutôt aux Rats, quoiqu'elles offrent une tête plus bombée. L'espèce qui suit vient confirmer cette distinc- tion, car, quoique vivent sous un climat tropical, elle a des formes murines, comme les espèces propres aux Etats- Unis. Ce Reithrodon est le plus grand de ceux que l'on connaît déjà dans l'Amérique septentrionale (1); il se rap- proche surtout du R. longicauda, mais il a la queue encore plus longue à proportion. R. mexic4nus. — Mûris silvalici staturœ; supra griseo-fulvescens, subtus albicans; auriculœ permagnae; cauda nigrescens, perlonga, corpore longior, apice valde pilosa , attamea nullomodo hirsuta ; pedes uutici et digiti postici albidi. La taille de cet animal est assez exactement celle du Mulot d'Europe ( Mus sihaticus ), quoique ses formes soient un peu plus trapues. Les sillons des incisives supé- rieures partagent leur face antérieure en deux parties égales. Les oreilles sont très-grandes, très-élevées, arron- dies, plus hautes que larges, et elles sont revêtues de poils ras ; mais, dans la portion antérieure de leur face externe, elles sont couvertes de poils plus longs. Le museau est pointu, entièrement garni de poils jusqu'aux narines. La lèvre supérieure est fortement fendue. Le pouce est rudi- mentaire, armé d'un ongle plat, comme chez les espèces du Nord. Les pattes ressemblent à celles des Hesperomys ; la plante des pieds postérieurs est garnie de poils jusqu'au niveau des tubercules. La queue est très-longue, car elle dépasse la longueur du corps et de la tête. La couleur du pelage est un brun-fauve, qui devient tout à fait fauve sur les côtés, ou même fauve-orangé. Plus bas, le fauve dé- fi) Sa longueur a été indiquée plutôt trop faible, car elle a été prise sur un individu empaille placé dans une position ramassée. Etendu, le corps atteindrait ou dépasserait 0œ,083. 110 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) vient pâle, là où il est en contact avec le blanc du ventre. Les lèvres, le bas des joues, le menton, la gorge et toutes les parties inférieures sont d'un blanc assez pur, un peu lavé de fauve par places, surtout à la poitrine et à la gorge. Le pelage est doux, assez fourni. Les poils sont d'un gris ardoise, avec le bout seulement roux ou blanc. Les oreilles sont brunes; les moustaches longues et abondantes, brunes avec quelques poils gris à la rangée inférieure. Les pieds antérieurs sont blancs, sauf en dessus, jusqu'à l'origine des doigts, où ils sont gris. Les pieds postérieurs sont obscurs, avec les orteils blancs. La queue est noirâtre, écailleuse, unicolore et garnie de poils gris assez obscurs; elle est surtout poilue vers le bout; à sa base, les poils sont rares et très-courts ; mais ils deviennent plus longs vers son extrémité. Longueur du corps et de la tête, 0m,068 ; de la queue, 0m,092; du pied postérieur, 0m,019. — Hauteur des oreilles à la face externe, 0m,011 ; — largeur des oreilles, 0m,010. Habite les montagnes de la province de Véra-Cruz. Nota. — Dans la pi. i, qui accompagne le premier article, le pe- lage du Bassaris est sensiblement trop moucheté. Observations au sujet des Considérations sur les œufs des Oiseaux, de M. Moquin-Tandon, par M. O. des Murs. Première observation. — 15 février 1860. M. Moquin-Tandon vient satisfaire, en partie, au vœu que nous émettions, à son insu, en imprimant notre Traité d'Oologie, à propos de « ses descriptions si minutieuse- « ment exactes des oeufs des Oiseaux d'Europe (1). »Nous y disions en effet : « Nous ne lui dissimulons pas cepen- « dant que nous eussions mieux aimé, avec l'autorité « que lui donne sa haute position scientifique, lui voir « employer tout le temps qu'il y a consacré, et qu'il y « consacrera sans doute encore, à une application de ses (1) Lesquelles sont réduites à quelques espèces du midi de la France. TRAVAUX INÉDITS. 111 « connaissances oologiques, plus sérieuse et plus profita- « ble à la science (1). » Certes, si nous nous sommes exprimé ainsi il y a un an à peine, M. Moquin-Tandon n'ayant encore publié sa des- cription qu'en 1857 et 1858, c'est que nous avions foi en ses lumières venues de si haut, et en un savoir et une in- dépendance d'opinion dont l'honneur de siéger au sein de l'Institut paraissait comme le gage et la consécration. Il ne s'étonnera donc pas aujourd'hui qu'il reprend en sous-œuvre, et une à une, chacune des divisions et des propositions de notre premier travail, qui remonte, comme publication, à 1842 et 1843 (et par conséquent est loin d'être récent, puisqu'il date de dix-huit ans), que nous le suivions pas à pas dans cette voie que nous essayons d'ou- vrir à une science encore à ses débuts, et qui ne peut se constituer qu'à l'aide d'études et d'observations sérieuses, et aussi d'une critique calme et éclairée. Notre Livre ne serait pas imprimé, à l'heure qu'il est, que nous nous empresserions de l'enrichir de quelques-uns des aperçus de M. Moquin-Tandon, quoiqu'à notre grand regret il ne s'attache exclusivement qu'aux œufs des Oi- seaux d'Europe, bien insuffisants pour établirtdes considé- rations générales en oologie. Il lui arrive cependant, parfois, d'exposer nos proposi- tions, ou celles de nos prédécesseurs, en mettant les uns et les autres en présence, sans conclure et sans faire con- naître son opinion personnelle, lorsqu'elle n'est pourtant pas indifférente en pareille matière, ou même de contes- ter ici ce qu'il aura admis ou paru admettre plus loin. Nous n'en citerons qu'un exemple entre autres. Signalant la relation que nous avons tenté d'établir et de démontrer entre la forme de l'œuf et celle de l'Oiseau : « Je ne chercherai pas, dit M. Moquin-Tandon, à en « expliquer la véritable cause. » Mais pourquoi, lorsque (1) Traité général (Zoologie ornithologiquey p. 54 et 5(>, et que nous avons renouvelé p. 491* 112 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1860.) l'on annonce à ses lecteurs vouloir traiter de ces considé- rations générales si importantes, selon nous, d'oologie, ne pas oser donner une explication , et se faire, de la moindre exception, un argument de doute ou de néga- tion? ou, si on trouve apparemment la chose trop oiseuse, pourquoi s'en occuper? Noblesse oblige. « Aussi, continue-t-il, je ne dirai pas, avec un auteur mo~ « derne, que la longueur des pattes de l'embryon influe a sur la figure de l'œuf de YEchasse, et que, chez d'autres « espèces, cette forme est déterminée par l'extension du « cou, ou par la saillie du sternum, parce qu'au moment « de la formation de Vœuf l'embryon (ou la cicatricule) ne « présente ni pattes, ni cou, ni sternum (1). » L'objection paraîtrait puérile, si elle n'était faite sérieu- sement; car, d'habitude, entre hommes de science comme entre hommes de lettres, on se comprend à demi-mot. Qu'est-ce à dire? Aperçoit-on dans l'ovule d'une semence la tige, la feuille et les racines de la plante qui en doit sortir? C'est une idée qui n'est jamais venue et ne vien- dra jamais en tête à personne. Nous pensons, à cet égard, que M. Moquin-Tandon, avec un peu de complaisance, et venant par son esprit en aide à la lettre, devait, ainsi que nous l'avons constam- ment pratiqué, voir dans ce passage, comme dans toutes les démonstrations analogues du même auteur, tout autre chose que ce qu'il a l'air d'y avoir vu, et qui se réduit à une simple manière ou habitude de raisonner, ou de tour- nure de phrase, substituant le plus souvent l'image à l'exactitude et la cause à l'effet, mais n'en trouvant pas moins son explication toute naturelle et dans les dévelop- pements qui précèdent et dans ceux qui suivent. Qu'a voulu dire, après tout, cet auteur moderne ? et que soutenons-nous encore nous-mème jusqu'à preuve con- traire , sinon qu'en général la forme de l'œuf, ou du moins de son tégument calcaire, lui était donnée, non en vue, (1 ) Rev. et mag. de zoologie, j aimer "1860. TRAVAUX INÉDITS. 113 directement, des organes qu'il renferme, puisqu'ils n'y existent qu'à l'état de germe , mais en vue du développe- ment et de la forme que devront y prendre ces mêmes organes ? Ce qui, du reste, est conforme à deux des lois établies, dès 1818, par Buhle : « 1° que la grosseur de l'œuf est en « rapport avec le degré de développement que le fœtus « acquiert dans l'œuf; 2° que la forme de l'œuf est en rap- « port avec la configuration de l'Oiseau qui se développe dans « l'œuf, nommément avec la longueur du tronc, avec la « grosseur de la tête, et avec la longueur et la vigueur des « jambes, par exemple la forme ronde des Hiboux, le « corps long et étendu et le cou allongédes Grèbes, etc. (1): » lois que n'a pas encore détruites l'honorable contradic- teur, et que rien ne pourra infirmer à l'avenir. Toute notre théorie, en un mot, justifiée par l'observa- tion des faits, se réduit à cet axiome : que de la forme de l'Oiseau, dans son ensemble comme dans ses détails orga- niques principaux, s'induit nécessairement celle de son œuf, et de la forme de l'œuf celle de l'Oiseau. Tel a été le fonde- ment de toutes les Considérations oologiques que nous avons publiées, et que nous publions encore, depuis près de vingt ans ; considérations que, loin de les en isoler, nous avons toujours fait marcher de pair avec l'étude la plus approfondie de l'ornithologie. Mais alors, pourquoi, dans le chapitre précédent, le second, p. V76 (2), avoir dit : « M. des Murs donne pour « raison de la grosseur des œufs la forme de l'Oiseau. « Je suis bien loin de ne pas admettre cette cause; mais je ne « repousse pas, pour cela, celle du volume des organes. « Ainsi , chez les Gallinacés , l'épaisseur du corps et la « grandeur du sternum doivent s'ajouter au développe- « ment avancé de toutes les parties. Chez les Échassiers, « la longueur des jambes, celle du cou, la forme du sternum « y sont pour beaucoup, comme l'avance M. des Murs...» (1) Eier der Vogel Deutschlands, etc. (2) Hev. et mag. de zoologie, novembre 1859. 2e série, t. xu. Aimée 1860. 8 114 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) Disons d'abord que M. Moquin-Tandon a mal saisi l'exposé de notre système. Nous avons, en effet, toujours distingué deux choses : le volume relatif de l'œuf dans cer- tains ordres ou sous-ordres seulement, tels que celui de nos Urinatores, ou Plongeurs ; et sa forme dans tous. A la grosseur de Vœuf, nous avons assigné pour cause le volume ou la masse des organes ; à la forme de l'œuf, au contraire, nous avons assigné pour cause la forme même de l'Oiseau et de ses éléments organiques. A part, toutefois, cette rectification de fait, ou nous nous trompons fort, ou il nous semble qu'il existe, entre ies deux passages que nous venons de citer, sinon une con- tradiction, du moins l'apparence d'une contradiction fla- grante, dont il est permis de demander ou la conciliation, ou l'explication à l'auteur. Ou il partage notre opinion, ou il en conteste le fondement. Nous sommes loin, assuré- ment, de prétendre qu'en elle repose la seule cause de ce rapport ; mais enfin c'est celle à laquelle nous nous sommes le plus attaché et nous avons reconnu le plus d'impor- tance. Il n'en demeure pas moins évident que la conces- sion faite, et l'adhésion restreinte donnée par M. Moquin- Tandon à notre système, en 1859, sont complètement dé- truites, en 1860, par son argumentation contre ïauteur moderne. Quels changements ont donc subis son esprit et sa logi- que dans l'intervalle de novembre 1859 à janvier 1860? Pourquoi refuser, comme source de la forme de l'œuf, l'in- fluence des organes, sur ce motif qu'ils ne sont pas encore développés, et admettre cette même influence comme cause de la grosseur , alors que l'une et l'autre proposition procèdent du même mode de raisonnement ou de rédac- tion, et qu'il n'y a pas plus de raison d'admettre ou rejeter l'une que l'autre? Et nous nous demandons encore laquelle des deux pro- positions exprime le mieux l'opinion du savant auteur des Considérations sur les œufs des Oiseaux. Car, dans l'ordre 1 TRAVAUX INEDITS. 115 d'idées môme où il se place : de conclure à la grosseur de l'œuf d'après le volume des organes, il n'y a pas loin de conclure, d'après la forme de ces organes, à la forme de l'œuf, et réciproquement ; ce que nous croyons être la vérité et ce qui fait la base de toute notre théorie. Si nous insistons autant sur ce point et de cette ma- nière, ce n'est pas par un vain sentiment d'amour-propre, puisqu'ici nous prenons encore plus la défense de l'auteur moderne cité que celle de nos propres opinions, et que d'ailleurs nous avons professé de tout temps et proclamé ce principe, que la discussion amène toujours la lumière ; mais uniquement, nous l'avouons en toute naïveté, parce que nous avons vécu sans cesse sur cette idée et dans cette conviction, que les corps savants n'étaient constitués que pour faire progresser la science; qu'en eux résidait ou devait résider la source de toutes les connaissances que l'on refuse assez ordinairement à ceux qui s'en occupent ou la cultivent en dehors de leur influence ou de leur di- rection. Et il nous en coûterait de déchoir d'une opinion qui a longtemps été comme notre religion ou article de foi scientifique. Deuxième observation. En examinant la question de savoir par laquelle de ses deux extrémités, aiguë et obtuse, l'œuf sortait du corps de la femelle chez les Oiseaux, nous nous étions cru fondé, dans le temps (1) , d'après quelques-uns des faits que nous avions été à même d'observer au milieu de nos études expérimentales, à admettre que l'œuf sortait par son bout obtus (ainsi que vient de le rappeler fort exacte- ment M. Moquin-ïandon) (2). Toutefois la presque una- nimité des auteurs à établir le contraire (MM. Duméril père, le Dr John, H. Geoffroy Saint-Hilaire et Gerbes, sans parler de Thieneniann et de de Blainville) nous avait fait recourir à de nouvelles expériences, et nous rencontrâmes (1) 1842-1843. {*) Rev. et mag. de zoologie, janvier 1860. 116 REV. ET MACr. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) en effet alors, en grande partie, le fait contraire à celui que nous avions pensé pouvoir établir, c'est-à-dire que c'est par le bout aigu que sort l'œuf : cas offert depuis à nos yeux, en 1857, dans le corps d'une femelle de Pie-Griè- che-Écorcheur (Lanius collurio), dont l'œuf figure dans notre collection. Si, dès ce temps-là comme après, nous n'avons pas ajouté le mot toujours^ ce n'est pas sans intention , nos travaux ne discontinuant pas ; c'était également, avouons- le, parce qu'il nous en coûtait quelque peu de renoncer à une observation basée sur des expériences personnelles auxquelles nous pensions avoir apporté tout le soin dési- rable. Aussi bien avons-nous fait, le temps étant venu ré- compenser notre persévérance et nos efforts. Car, dans le cours de 1858 et de 1859, et par conséquent au milieu de notre travail, nous avons rencontré plusieurs cas faisant exception et rentrant dans notre manière de voir, dont (en mettant de côté, comme beaucoup moins concluants , puisqu'il s'agissait d'œufs unicolores, ceux qui regardent la Poule) l'un chez la femelle d'un Merle commun, l'autre chez une de Serin de volière. Dans les deux cas, la masse colorée des taches distinctives de ces œufs, tout prêts à' sortir du vagin et s'y présentant par leur bout obtus, était reportée vers le bout aigu. Ce qui rentre complète- ment, en la rendant plus facile, dans l'explication que nous avons donnée de l'inégale répartition de la couleur à la surface de la coquille. Il devient évident, dès lors, que, si la couronne de taches, chez les œufs maculés, se présente plus souvent au gros bout, c'est que le plus ordinaire- ment l'œuf sort par la pointe , et que si cette couronne ou ceinture se trouve reportée vers la pointe, ce qui est le cas, nous ne dirons pas le plus rare (ce qui serait trop dire), mais le moins ordinaire, c'est qu'alors l'œuf est sorti par son bout obtus. Le fait a été, au surplus, affirmé de la façon la plus claire, la plus nette et la plus positive bien avant nous, TRAVAUX INÉDITS. 117 puisqu'il y a aujourd'hui trente ans, par Purkinje, qui a fait un si complet et si beau travail sur la formation et les développements de l'œuf en ces termes : « Situm oviy dum adhuc in utero recens est, semper talem « inveni, ut pars acutior vaginan, obtusior basin spectaret ; « in ovo vero penitus formato, ubi jam nisum ad partum « expertum est, nunc obtuso, nunc acuto fine vaginœ oribus « appositum referi. Fors tune sub nisu ad partum ovum sœ- « pius volvitur donec situm commodum ncquirat (1). » Ce qui semble indiquer, en effet, que l'œuf, prêt à sortir, chez l'Oiseau, est soumis ou exposé, comme l'enfant chez la femme, à plusieurs évolutions sur lui-même. Il en résulte que la conclusion tirée par les divers au- teurs que nous avons cités à cet égard pour et contre doit être prise et adoptée, non d'une manière générale et abso- lue, mais relativement seulement à l'époque du dévelop- pement de l'œuf et de sa marche dansl'oviducte, à laquelle chacun d'eux a fait ses observations. Nous réservions cette notice pour l'insérer dans un au- tre travail devant faire suite à celui que nous publions en ce moment (2), sous le titre d'Oogénèse des Oiseaux, que nous nous décidons à lui retirer, et auquel nous renon- çons quant à présent, le pensant mieux applicable au der- nier qu'au premier. Mais les Considérations de M. Mo- quin-Tandon nous l'ont fait sortir prématurément de nos cartons, pour la faire profiter delà publicité et de l'actua- lité qu'elles reçoivent, en y apportant un élément nouveau de discussion et, par conséquent , un supplément de lu- mières. Nous terminons par une simple réflexion toute person- nelle. Pour donner, sans doute, à ses savantes Considérations une apparence de nouveauté, il a plu à M. Moquin-ïan- don, quand il a bien voulu citer notre nom, de se servir (1) Symbolœ ad ovi Avium historiam ante incubalionem. (2) Traité général d'Oologie ornithologique, etc. 118 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [MafS 1860.) de ces termes : « Tout récemment (1), M. des Murs a cher- ce ché à démontrer, etc., etc. » Or comment, en bonne conscience et en saine critique, donner, en janvier 1860, la qualification de tout récent à des Mémoires d'oologie qui remontent à 1842 ! Ce serait induire en erreur les nombreux lecteurs de la Revue; et il nous importe, en re- levant cette expression inexacte, de les prévenir que ces Mémoires ont paru dans le Magasin de Zoologie que diri- geait alors l'honorable M. Guérin-Méneville» et dont peu des abonnés de la Bévue actuelle, dans laquelle est venu se confondre cet ancien recueil, doivent avoir connais- sance. Observation d'un mode particulier de parasitisme offert par un Mollusque gastéropode du genre St>jlifer, par M. Hupé, aide- naturaliste au muséum d'histoire natu- relle de Paris. Ayant eu l'occasion, tout récemment, d'examiner un Echinoderme, du genre Gidaris, le C. imperialis, Lamarck, nous remarquâmes que, parmi les épines ou baguettes dont le corps de ces espèces est ordinairement pourvu, il y en avait deux qui présentaient un développement tout à fait anormal, et différaient beaucoup, par leur forme et leur aspect, de toutes les autres; ces dernières, en effet, sont longues, cylindriques, un peu acuminées vers leur extrémité libre, et leur surface est couverte de stries lon- gitudinales, plus ou moins rugueuses, tandis que les deux épines en question se présentent avec une forme globu- leuse, irrégulièrement sphéroïdale, ressemblant, jusqu'à un certain point, à de petites noisettes, et rappelant aussi, par leur aspect ces galles produites par lesCynips sur les feuilles de certains végétaux. Après avoir examiné avec soin la surface extérieure de ces ^3ingulières épines, nous vîmes qu'elle était plus lisse que celle des mêmes organes à l'état ordinaire ; puis nous (1) Rev. et may. de zoologie, janvier 1800, p. 10. TRAVAUX INÉDITS. 119 aperçûmes, à leur base, deux petites fentes verticales, en forme de boutonnières, parfaitement circonscrites et pla- cées de chaque côté, sur les faces opposées. La présence de ces ouvertures, dont on ne voit aucune trace sur les épines ordinaires, jointe à la forme toute particulière de ces deux baguettes, nous fit penser qu'il y avait là quelque mystère à dévoiler. Nous fîmes alors une section de l'une d'elles, à l'aide d'un instrument tranchant et d'un petit coup de marteau. Quel ne fut pas notre étonnement de trouver logées, dans une cavité intérieure, deux petites coquilles, que nous reconnûmes aussitôt appartenir au genre Stylifer. La cavité qui renfermait ainsi ces deux coquilles a environ un centimètre de diamètre ; ses parois sont lisses, et on aperçoit, vers la base, les deux ouvertures en bou- tonnières, dont nous avons déjà parlé ; seulement leur pourtour est lisse de ce côté interne, tandis que, du côté opposé, il est comme rugueux, et participe, jusqu'à un certain point, de l'ornementation extérieure des épines. Encouragé par ce résultat, nous résolûmes de tenter une nouvelle épreuve sur la deuxième épine que nous avions à notre disposition; nous répétâmes donc la petite opéra- tion, et nous trouvâmes le même fait, absolument dans les mêmes conditions, c'est-à-dire deux individus de la même espèce, renfermés également dans une cavité inté- rieure de la baguette ; nous y trouvâmes même quelque chose de plus significatif, car avec eux existaient un cer- tain nombre de petites coquilles embryonnaires à peine formées. Nous avions là sous les yeux toute une génération nouvelle de ces petits Mollusques. Cette observation, qui nous paraît entièrement nouvelle, permet, ce nous semble, de tirer les conséquences suivantes : 1° que les Stylifers vivaient en parasites dans l'intérieur de ces épines du Ciduris imperialis,L.; — 2° qu'ils étaient arrivés à leur état adulte ; — 3° qu'ils paraissent dioïques; — 4° enfin qu'ils sont très-probablement vivipares. 120 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) Ce fait, d'une espèce du genre Stylifer, vivant en para- site sur un Echinoderme, est, d'ailleurs, assez conforme à ce que l'on connaît déjà des mœurs et des habitudes de ces petits Gastéropodes. On sait, en effet, que plusieurs es- pèces du même genre ont été trouvées, soit sur des Our- sins, soit sur des Astéries ou Etoiles de mer; seulement, chez ces dernières, c'est dans la cavité buccale elle-même, ou dans l'épaisseur des membranes qui l'enveloppent, qu'elles ont été rencontrées : il y a donc là une différence très-notable, et cette condition particulière , dans leur mode d'existence, soulève plus d'une difficulté pour bien concevoir et expliquer de quelle manière le phénomène se produit. Et d'abord, comment ces animaux peuvent-ils ainsi pénétrer ou se trouver enfermés dans l'intérieur des épines? Puis, par quels moyens peuvent-ils y continuer leur existence? Pour répondre à la première question, il est nécessaire de se rappeler le mode de développement de ces épines, et surtout la forme qu'elles affectent dans certaines espè- ces, et notamment chez les Cidaris annulifer, Lamck. , Cida- ris tubaria, Lamck., et enfin le Cidaris geranioides, Lamck. (Goniocidaris, Agassiz), ainsi que dans quelques espèces que l'on ne trouve plus qu'à l'état fossile. Le développement des épines, chez les Echinodermes, paraît avoir lieu par l'addition de couches successives de matière calcaire, se recouvrant les unes les autres, de telle sorte qu'en faisant une section transversale de ces épines on voit que les couches forment des zones con- centriques plus ou moins épaisses, se distinguant souvent entre elles par une coloration un peu différente et plus ou moins intense. D'autre part, nous remarquons que, dans les diverses espèces que nous venons de citer, on voit souvent un certain nombre de leurs baguettes terminées, à leur extré- mité, soit par une partie plane, soit par une dépression ou sorte de cupule plus ou moins prononcée. On peut TRAVAUX INÉDITS. 121 donc très-bien concevoir la possibilité que certains ani- maux s'établissent dans ces dépressions; on voit, en effet, assez souvent des Huîtres de petite dimension ainsi fixées sur ces parties. Or, lorsque ces Huîtres ou autres espèces se sont ainsi établies avant le développement complet des épines, on remarque que celles-ci ont une tendance à les envelopper par suite de leur accroissement, de telle sorte que le parasite ne tarde pas à être débordé et que son extension se trouve limitée et, pour ainsi dire, arrêj tée ; nous avons surtout constaté ce fait sur une espèce fossile, le Cidaris cyathifera, Agassiz, dont on trouve les épines dans les terrains crétacés supérieurs, laquelle, peut- être, ne doit son nom spécifique qu'à une particularité de forme déterminée par la présence du parasite qui en oc- cupe l'extrémité, et, de même que pour le Cidaris impe- rialis dont nous nous occupons plus particulièrement ici, nous avons constaté que la présence du corps parasite détermine une modification notable dans l'ornementation de la surface de la baguette, car, au lieu de continuer à se couvrir de saillies et d'aspérités, ainsi que cela se voit dans leur partie inférieure, elles deviennent plus lisses, ou du moins ne portent plus que des stries longitudinales, mais sans aspérités. Enfin le Cidaris clavigera, Kœnig, du même étage géo- logique, vient encore nous offrir une particularité qui peut, jusqu'à un certain point, nous venir en aide dans l'explication du phénomène que nous cherchons; chez ce Cidaris, en effet, lorsque les épines sont encore peu déve- loppées, elles sont comme tronquées à leur extrémité, et même un peu concaves ; mais à mesure qu'elles s'accrois- sent, elles se comblent, pour ainsi dire, vers cette partie, et deviennent tout à fait arrondies. De tous ces faits, il nous paraît résulter que les Mollus- ques dont il est ici question ont dû s'établir, alors qu'ils étaient encore jeunes, dans une dépression de l'extrémité de l'épine du Cidaris ; puis que cette dernière, continuant 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( ?*«r* 1860.) à se développer par couches successives et superposées, a peu à peu fini par envelopper les parasites, lesquels gros- sissaient et se développaient, pour ainsi dire, simultané- ment. Nous avons dit que la présence des Stylifers, dans les épines du Cidaris, soulevait une autre difficulté relative à l'explication des moyens à l'aide desquels ils pouvaient vivre dans ces conditions toutes particulières. C'est ici le lieu de rappeler les deux petites ouvertures en forme de boutonnières, dont nous avons constaté la présence à la base de chaque épine; on nepeut douter, en effet, qu'elles ne fussent destinées à assurer l'existence de ces petits êtres en permettant soit l'accès des matières alimentaires, qui, dans ce cas, doivent consister en particules d'un volume peuconsidérable, soit l'expulsion, au dehors, des matières excrémentitielles, ainsi que des produits de la génération; seulement, tout cela admis, il reste à expliquer comment ces ouvertures si essentielles sont établies. Le sont- elles parles animaux eux-mêmes? cela est plus que probable : mais, dans ce cas, quels sont les organes ou les instru- ments qui concourent à leur exécution ? Enfin sont-elles le résultat d'un travail actif de la part de l'animal, ou bien, au contraire, n'y concourt-il que d'une manière passive ? Rien, dans l'organisation générale des Mollusques, ne nous autorise à penser que c'est par une action directe et active que le Stylifer pratique ainsi deux ouvertures aussi régulières, si ce n'est peut-être à l'aide de son appareil lingual. On sait, en effet, que certains Mollusques gasté- ropodes pratiquent des trous par ce moyen dans des corps assez durs, tels que des coquilles. En est-il de même pour celui qui nous occupe en ce moment? c'est ce que le défaut de certains détails sur l'organisation de l'animal du Stylifer ne nous permet pas de décider. Pour nous, d'ailleurs, en présence de ces ouvertures d'une forme si complètement différente de celles auxquelles nous faisions TRAVAUX INÉDITS. 123 allusion ci-dessus, nous avouons pencher pour la négative, et nous croyons plus volontiers qu'elles sont bien le fait de l'animal lui-même, mais qu'il ne concourt à leur for- mation que d'une manière passive. Ainsi, de même que le fait seul de la présence des jeunes Mollusques à l'extré- mité d'une épine est l'occasion de la formation d'une cavité propre à les renfermer, par suite d'un développe- ment anormal de cet organe, de même nous croyons que la présence de quelque partie de l'animal vers le lieu où se formera l'ouverture servira de détermination, ou plu- tôt sera la cause occasionnelle de celle-ci. Il resterait maintenant à dire quelle est cette partie, ou plutôt quel est l'organe qui joue ce rôle passif: est-ce le pied? 11 y aurait, en effet, quelque motif de le supposer, car on sait que cet organe, chez les Stylifers, est pourvu, à la partie antérieure, d'une languette assez prolongée. Ou bien en- core serait-ce quelque appendice du manteau, lequel, for- mant une sorte de prolongement, serait destiné à mettre l'organe respiratoire de l'animal en communication plus directe avec le milieu ambiant? Ici cependant l'analogie nous ferait défaut, car les Mollusques qui possèdent ainsi ces gouttières ou tubes respiratoires ont, sur leur coquille, des indices de ces organes : ils s'y traduisent ordinaire- ment, soit par une échancrure, soit par un canal. Nous le répétons de nouveau, le peu que nous connaissons de l'organisation des Stylifers ne nous permet pas d'aller au delà dans l'interprétation de ces faits aussi étranges que nouveaux. L'observation que nous venons de faire connaître nous paraît avoir un certain intérêt, d'abord au point de vue de l'organisation générale et de la physiologie des Mol- lusques, puis à celui de leurs mœurs et habitudes. Mais il en est encore un autre qui nemanquepas d'impor- tance, c'est qu'elle peut venir en aide dans la détermina- tion des corps vivants et surtout fossiles qui, en devenant ainsi l'habitation parasitiquedecertainsanimaux, prennent 124 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) une apparence et des caractères qui les font souvent mé- connaître; il n'est pas rare, en effet, de trouver des épines de Cidaris, à l'état fossile, dont les formes, plus ou moins bizarres, ne se rapportent que très-imparfaitement à celles des épines ordinaires; peut-être sont-elles le résultat de modifications analogues ; nous avons déjà cité le Cidaris cyathifera comme étant dans ce cas. Après avoir fait connaître les particularités de l'habitat de nos Stylifers, il nous reste maintenant à les déterminer spécifiquement. Le genre Stylifer ne renferme, jusqu'à présent, qu'un petit nombre d'espèces; c'est à peine si l'on en compte cinq décrites ou défigurées par les différents auteurs; parmi elles, il en est une établie, par M. Petit de la Saussaye, dans le journal de conchyliologie, 1851, p. 25, pi. 2, f. 8-9, sous le nom de S. Mittrei Petit, à laquelle nous avions tout d'abord songé à rapporter notre espèce, tellement elle en est voisine ; mais un examen plus appro- fondi nous a bientôt révélé qu'il existe entre elles des dif- férences assez notables pour légitimer l'établissementd'une nouvelle espèce, Comme le Cidaris sur lequel vivait notre Stylifer fait partie de la belle collection paléontologique de feu M. d'Or- bigny, acquise par l'Etat pour le muséum d'histoire natu- relle de Paris, nous nous faisons un devoir et un plaisir de la consacrera la mémoire de ce savant illustre, dont la science regrette la perte. Stylifer Orbignyanus (1). Testa ovato-abbreviata, inflata, pellu- cida, nitidissima, albido-ci trina; anfractibus septis, rotundatis, con- vexioribus primis, exiguis, prominentibus, suturisprofundis; spira mucrooata-exserta ; apertura subrotundata ; columella regula- riter arcuata, labro dextro tenui acuto. PI. x, fig. 1, 2, 3. Coquille ovale, raccourcie, renflée, formée de sept tours, dont les premiers, très-petits, constituent une sorte de pe- tite pointe qui termine la spire ; les deux derniers tours (1) Voyez journal [Institut du 28 décembre 1859, p. 417. TRAVAUX INÉDITS. 125 sont très - développés , très -convexes , principalement auprès de la suture ; celle-ci est profonde et bien mar- quée. L'ouverture est arrondie ; la columelle est arquée et se continue inférieurement, sans interruption, avec le bord droit, lequel est mince et tranchant. Dimension : 1., 6; 1., 5 mill. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, cette espèce est très- voisine du Stylifer Mittrei Petit ; mais elle s'en dis- tingue par une forme plus raccourcie, plus ventrue ; l'ex- trémité de la spire forme une. pointe moins saillante en même temps que les tours sont plus convexes ; enfin l'ou- verture est également plus circulaire. — Habite la Nou- velle-Hollande. Note sur un genre nouveau de Gastéropode : G. Galé- ropside, par M. Hupé, aide-naturaliste au muséum. Malgré la répugnance extrême que nous ressentons pour une multiplicité trop grande des coupes génériques, voie dans laquelle on paraît vouloir entrer beaucoup trop de nos jours, nous avons dû nous décider à instituer celle-ci, dans l'impossibilité où nous sommes de rapporter la co- quille qui fait le sujet de cette étude à aucun genre déjà existant. Nous croyons, en effet, que, dans ce cas particu- lier, il y aurait plus d'inconvénient à forcer les rapports qui doivent nécessairement exister entre toutes les espèces d'un même genre, en y introduisant une forme qui ne s'y rallie que très-imparfaitement, qu'il n'y en a de former une coupe générique nouvelle ; car la première méthode a nécessairement pour résultat d'infirmer les genres déjà acceptés de tout le monde, et d'en dénaturer les carac- tères, en affaiblissant leur valeur par une extension arbi- traire et forcée. C'est là, en effet, ce qui arriverait certaine- ment pour la coquille dont il est ici question. On ne peut nier, à la vérité, qu'elle n'ait quelque affinité avec cer- 126 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) taines espèces du genre Pourpre, telles que P. Monodon, P. Madieporarium, lesquelles, par suite de leurs habitudes de vivre enfoncées dans les Madrépores, contractent des apparences et des déformations insolites. C'est avec elles et quelques autres plus ou moins semblables, que MM. Adams ont formé leur genre Coralliophagc, mais si, d'une part, une étude approfondie et, pour ainsi dire philosophique, nous permet d'arriver à constater ces affinités, il n'en est pas moins vrai, d'autre part, que la somme des différences est telle, qu'il y aurait une sorte de témérité à consacrer ces affinités par une assimilation aussi complète. D'ailleurs , ainsi que le prouvera surabondamment cette étude, l'ana- logie que nous indiquons à l'égard des Pourpres peut être invoquée avec autant de raison à l'égard des Galyp- trées, Cabochons et groupes voisins ; c'est cette dilution ou plutôt cette divergence dans les rapports signalés ci-des- sus qui nous semble le plus militer en faveur de l'opinion que nous exprimons ici, à savoir la nécessité de l'établis- sement d'une nouvelle coupe générique. La coquille typique de notre genre Galéropside se trouve à l'état fossile : malheureusement nous n'en connaissons pas exactement le gisement; mais nous avons tout lieu de croire qu'elle provient des terrains tertiaires, proba- blement de l'étage des faluns, du bassin de la Gironde. Son aspect général est celui d'un Cabochon , c'est-à- dire qu'elle est piléiforme, très-convexe en dessus, con- cave en dessous. Seulement, si l'on examine la première portion de la spire, on voit qu'à cette époque de la vie de l'Animal la coquille avait une forme plus régulière, qui se rapprochait évidemment de Celle des Pourpres. On y trouve même des traces de côtes transversales, sorte d'or- nementation que l'on trouve dans la plupart des espèces de ce genre ; mais, au delà de cette première partie, la coquille s'évase ou se dilate extrêmement, et les stries d'ac- croissement, qui témoignent de la forme de l'ouverture, montrent que les bords de celle-ci offraient une irrégula- TRAVAUX INKDITS. 127 rite qui n'a fait que persister en s' exagérant même, puisque les bords actuels du péristome sont fortement flexueux ; circonstance qui tient très-probablement à l'habitude qu'avait l'Animal de vivre fixé sur des corps étrangers, irréguliers dans leur forme. Il résulte de ce que nous venons de dire que la place des Galéropsides, dans la nombreuse série des Gas- téropodes, paraît devoir être dans le voisinage du genre Pourpre , dans la petite famille instituée par MM. Adams, sous le nom de Coralliophagides, en com- pagnie des genres Rhyzocheilus, Coralliophila et Pedicu- laria. Cette famille, bien entendu, rentre dans celle des Purpuridées ; car il ne nous paraît pas démontré qu'il y ait nécessité d'en créer une particulière pour les quelques genres que nous venons d'énumérer. En indiquant ainsi les rapports de notre nouveau genre, nous sommes heu- reux de pouvoir invoquer l'opinion de M. Deshayes, à l'examen duquel nous l'avons soumis ; nous saisissons cette occasion pour remercier ce savant illustre de ses conseils aussi bienveillants que désintéressés. Caractères génériques. Coquille capuliforme, à spire courte, à peine distincte; dernier tour très-grand, convexe en dessus ; ouverture très-ample et très-dilatée, à bords continus, flexueux; columelle large, aplatie, un peu concave au milieu, pour- vue, à sa base, d'une saillie dentiforme ; point de canal, mais un simple sinus à peine marqué. Galeropsis Lavenayanus. Testa capuliformi , subconica, superoe couvexa, inferue eoucava; spira brevissima, obtusa, ultimo anfractu ampliori, trausversim obsolète subcostato, striis tenuioribus om-, nine lirato. Apertura subovata, valde dilatata; peristomate inlegro, flexuoso; columella excavata, basi leviter siouosaque uoideutata. PI. x, fig. 4. Coquille capuliforme, subconique, convexe en dessus, formée de deux tours de spire, dont le premier, extrême- ment petit, constitue un tortillon à peine marqué; le dernier tour, au contraire, très-grand, forme à lui seul 128 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) presque toute la coquille; sa surface est couverte de stries transversales, extrêmement fines et rugueuses ; il porte, vers sa partie moyenne, deux côtes transversales obtuses, qui s'effacent en approchant de la périphérie. Des stries longitudinales d'accroissement sont fortement indiquées de distance en distance par des sillons irréguliers et flexueux. L'ouverture est très-grande, évasée ; les bords en sont continus et très-sinueux. La columelle est légèrement arquée dans sa longueur, concave au milieu, et relevée extérieurement en un bord gauche, lequel se confond, sans interruption, avec celui du côté opposé, soit en haut, soit en bas. Cette columelle est, d'ailleurs, pourvue, à sa base, d'une saillie denti- forme, auprès de laquelle existe un léger sillon vertical, qui est comme l'indice d'un canal. Dimension hauteur de la coquille, 35 millimètres ; h. de l'ouverture, 34 ; largeur, 30 millim. Localité. — Fossile des terrains tertiaires, probablement de l'étage des faluns de Bordeaux. Cette coquille nous a été communiquée par M. Léon de Lavenay, amateur distingué de conchyliologie, qui met à profit les loisirs que lui laisse une carrière adminis- trative, pour former une collection de coquilles soit vi- vantes , soit fossiles, qu'il a su rendre intéressante, en s' occupant plus particulièrement des espèces de petite di- mension. Nous nous faisons un plaisir d'attacher son nom à cette nouveauté malacologique, en le priant d'accepter cette dé- dicace comme un faible témoignage de notre haute con- sidération. Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie ( Curcu- lionites) ; par M. A. Chevrolat. 31. Rhynchites cuprinus, affinis certe R. megacephalo, G. (con- stricto, Schr.), alatus, eupreus, crebre et minute punctatus, pube fulva leniter pilosus; rostro breviter arcuato, autenuis, oculis, TRAVAUX INÉDITS. 129 pectore, abdomiue pedibusque nigris ; capito quadrato, subconvexo; thorace elongato, sulcato longitudine; elytris amplius punctato- striatis. — L.,2 3/4; 1., 1 1/4. Même forme que le R. megacephalus, G., d'un vert cui- vreux, finement, densément, assez profondément ponctué et revêtu d'une légère pubescence grise un peu inclinée. Trompe, antennes, yeux, poitrine, abdomen et pattes noirs. Ces dernières ont une teinte verdàtre sur les côtés. Tête carrée, ou peu convexe, comprimée transversalement en arrière, à points moyens, rapprochés, assez profonds. Trompe de la longueur du corselet, subitement arquée à partir de l'insertion des antennes, ponctuée, verte unica- rénée au milieu sur sa base. Yeux ronds, situés sur les côtés antérieurs de la tête. Corselet étroit, allongé, droit aux extrémités, un peu aminci en avant, arrondi sur les côtés postérieurs, finement ponctué, marqué d'un sillon longitudinal assez large, interrompu vers le haut. Ecusson petit. Elytres une fois 1/2 aussi larges que le corselet, 2 fois 3/4 aussi longues, arrondies et un peu élargies au sommet, offrant chacune onze stries formées de gros points, celle près de l'écusson courte ; interstices 4e, 5e et latéraux relevés en côtes étroites. La massue antennaire est com- posée de 3 gros articles. Des environs d'Alger, envoi de M. J. Poupillier. 32. Auletes subplumbeus, alatus, crassiusculus, nigro-plumbeus, seu virescens, subnitidus pube brevi subtiliore canescente, creberrime punctatus amplius in capite et in thorace ; antennis versus et ante médium rostri insertis j oculis, rostro pedibusque nigris (rostrum longius est quam caput et thorax conjuncta).— L., 4 5/6, 4 1/3; J., 1 1/2, 2 1/4 m. c? D'un noir plombé ou verdàtre P , un peu brillant, couvert d'une ponctuation serrée, assez profonde, un peu réticulée sur ses bords et d'une courte pubescence blan- châtre. Tête en carré transverse, convexe. Trompe noire, à peu près de la longueur de la tête et du corselet réunis chez le cf , un quart plus longue chez la £> , à peu près d'égale grosseur, cependant un peu élargie au sommet, 2e skrib. t. xii. Aunée 1860. 9 130 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) faiblement arquée, transversalement sillonnée et aplatie à sa base, avec quelques rides fines sur le milieu. Chez la JP sa base offre une petite côte longitudinale, qui devient sillonnée au-dessous de l'insertion des antennes et s'étend un peu au delà. Antennes noires, massue triarticulée. Cor- selet coupé droit aux extrémités, un peu rétréci et étroi- tement atténué en avant, arrondi sur les côtés, convexe sur le disque , plus étroit et plus allongé chez la p . Ecusson petit, semi-arrondi. Elytres une fois 1/2 aussi larges que le corselet à la base, presque quatre fois aussi longues, un peu plus élargies et conjointement arrondies au sommet (n'offrant qu'une strie suturale). Pattes entiè- rement noires. Alger, mars, d" et £> envoyés par M. J. Poupillier. Elle a la forme et la dimension des A. Ilicis, basilaris et politus; mais ces 3 espèces sont noires, tandis que la nou- velle est de couleur plombée à courte pubescence cendrée ; la vP a la trompe mince et plus longue, et son corselet est beaucoup plus étroit qu'aucune des trois ci-dessus dési- gnées. 33. Sciaphilus sulcirostris punctatus, niger, squamulis viridi- uitentibus tectus; rostro lateribus compresso, antice dilatato, sulco longitudinali impresso ; thorace paululum latiore quam longiore, extremitatibus recto, lateribus modice rotuudato; elytris subglo- bosis, siugulatim ad apicem obtuse rotuudatis, punctato-striatis ; anteunis, tibiis, tarsisque ferrugineis. — L., 3 3/4; 1., 1 1/2 m. Très-finement ponctué, noir, couvert de petites écailles rondes d'un beau vert brillant. Têle arrondie, convexe. Trompe courte, comprimée sur les côtés, relevée sur ses bords, dilatée à l'extrémité, impressionnée d'un sillon étroit, profond à la limite qui a lieu entre et au-dessus des yeux : ceux-ci sont arrondis, noirs. Antennes assez épais- ses, plus longues que le corselet, ferrugineuses, à massue oblongue brunâtre. Corselet court, un peu plus large que long, faiblement arrondi sur le milieu des côtés, ordinai- rement, mais faiblement dénudé sur le disque, et offrant une ligne marginale assez large, veile ; le milieu longitu- TRAVAUX WKDFTS. 131 dînai paraît un peu élevé? El y 1res suborbiculaires, con- jointement arrondies au sommet, présentant chacune neuf séries également distantes de points rapprochés, relative- ment gros et profonds; interstices larges, convexes, char- gés d'un poil court d'un gris verdâtre, en forme de soies. Corps en dessous et cuisses renflées, de couleur verte. Jambes et tarses ferrugineux. De toutes les espèces décrites jusqu'à présent, c'est peut-être l'une des plus petites. On la rencontre aux en- virons d'Alger, et je l'ai reçue de MM. Poupillier, Pro- phette et Gehin. M.Tanymechusbrevisà\âtus,latxisf plamusculus,griseo-tomentosus; rostro subconico, piano, antice medio breviter costato, punctulato; thorace confertim punctato, denudato, lateribus rotundatis, cine- reis, medio subcarinato, aotice arcte constrieto posticeque recto ; elytris ad apicem pone suturam angulose productis, striato-punc- tatis. — L., 8 1/2; 1., 3 2/3 m. Court, large, déprimé, peu convexe, d'un gris tomenteux, très-finement et serrement ponctué. Tête convexe. Rostre large, conique, plan, ponctué, offrant en avant une petite côte médiane. Antennes moliniformes, brunâtres. Corselet un peu plus long que large , transversalement comprimé en avant, droit aux extrémités , arrondi et grisâtre , ou- vert sur les côtés, dénudé, légèrement convexe, couvert d'une ponctuation serrée et finement tuberculeuse en des- sus, milieu longitudinal, élevé en forme de carène. Ecusson petit, allongé. Elytres plus larges que le corselet, évasées en cintre sur la base, 2 fois 1/2 aussi longues, élargies aux 2/3, prolongées en angle près de la suture ; leur surface est faiblement convexe ; chaque étui offre 10 stries étroites, assez profondes, ponctuées, les 2-3e% 4-5e% 6e et 7e sont géminées ; le calus est situé entre les 3e et 7e sur leur jonction. Cuisses assez renflées, comprimées circulaire- ment au sommet, évasées en dessous ; elles sont, ainsi que le corps, densément poilues. Unique. Des environs d'Alger. 35. Tanymechus submaculatus, alatu^, elongatus, minute punctatus, 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) cretaceo-obscuroque varius ; rostro fere latitudine capitis (utroque aequali), antice barbato, carinula média; thorace in lateribus an- ticis rotunde ampliato, liueis tribus brunneis, duabus basi ad- nexis média subintegra antice arcuatim ampliata, scutello albido parvo. Elytris débiliter nebulosis, cretaceo-maculatis, striato- punctatis, ad apicem conjunctim rotundatis. Antennis oculisque nigris. — L., 6 1/3; 1. 2 1/2 m. Cette espèce a la taille, la forme du T. sparsus, S.; mais elle est plus étroite, plus déprimée et surtout plus allongée que cette dernière, d'un gris crétacé, mélangé de nébu- leux. Tête convexe, couverte de petits tubercules, à peine plus large que la trompe : celle-ci est en carré long, poilue en avant, marquée d'une carène médiane qui, entre les yeux, est traversée d'un étroit sillon. Antennes noires, annelées de blanc. Yeux noirs. Corselet un peu plus long que large, arrondi et élargi aux côtés antérieurs, droit en avant, faiblement cintré en dehors et en arrière, offrant trois lignes obscures, 2 vont de la base jusqu'au delà du milieu, médiane presque entière dilatée en demi-cercle près du bord antérieur. Ecusson ponctiforme, blanc. Elytrcs près du double plus larges que le corselet à sa base, 2 fois 1/2 aussi longues, coupées obliquement sur le dehors de l'épaule, parallèles et conjointement arrondies à l'extrémité, à stries ponctuées légères, à fond faiblement obscur avec taches allongées d'un gris blanchâtre. Corps en dessous et pattes crétacés. Cuisses ornées, vers le som- met, d'un anneau blanc. Des environs d'Alger. Envoi de M. J. Poupillier. 36. Cleonus fimbriatus affinis Cl. costato sed major, oblongus, cras- sus, convexus, griseus, rubiginosus vel fusco-niger ; rostro cari- nato, utrinque sulcato, oculis nigris, supra et infra albo vel flavo limbatis ; thorace subconico, lateribus albidis, costa média aliquo- ties albo-limbata ; elytris saepe unicoloribus, basi subcostatis albi- doque liueolatis, margine cinereo-irroratis, tenue vel fortius punc- tato-striatis j abdomine maculis nigris adsperso. — L., 12 1/2, 17; L, 3 3/4, 6 1/2. Cette espèce, qui se trouve sur toute la côte de Barbarie (au Maroc, en Algérie et à Tunis), représente nos C. costa- TRAVAUX INÉDITS. 133 tus et cinereus ; elle est plus forte, de couleur fauve, cen- drée ou rouille, très-finement rugueuse. Tête arrondie. Trompe deux fois aussi longue, tricarénée et bissillonnée ; un trait blanc ou jaune existe au-dessus et au-dessous des Yeux : ceux-ci sont noirs. Antennes brunes, à massue en partie cendrée. Corselet coupé droit en avant, largement lobé en dessous et bordé d'un duvet jaune ou blanc, échancré en demi-cintre en dehors de la base, subconi- que, marqué latéralement d'une ligne étroite, blanche ou jaune, qui s'abaisse en se courbant sur le devant; les côtés inférieurs sont couverts de gros points excavés ; le milieu offre en dessus une côte longitudinale lisse, épaisse en avant, qui n'atteint pas la base : elle est quelquefois étroi- tement frangée de blanc. Elytres oblongues, plus ou moins élargies vers le milieu, à séries de points obsolètes, ou moyens, assez profonds et régulièrement espacés ; la base a de chaque côté 3 petites côtes entremêlées de lignes blanches raccourcies, la marge est tiquetée de gris. Le corps, en dessous, reproduit d'une manière plus vive la couleur du dessus, et Yabdomen est chargé de mouche- tures noires, ponctuées et grises au centre- Cette espèce doit se retrouver aussi dans le midi de l'Espagne. Je possède une variété très-remarquable, pro- venant des environs de Tanger, dont le corselet est chargé, en dessus, de fortes nervures longitudinales, transversales en dessous et très-excavées au centre. 37. Phytonomus carinirostris, apterus, niger, pube brevi griseo- nigra, umbriua, infra aureo-mixtus ; rostro longitudine ihoracis, subcylindrico, modice arcuato, oigro ; cariaa média, antice bifida, intus foveata ; thorace eloagato, lateribus anticis subito obliquis, dein rectis, obscuro, crebre ruguloso in disco retis subtubercu- latis, lineis tribus cinereis , média angusta canaliculata ; elytris obovalibus , singulo striis decem punctatis fere geminatis , inter- stitiis seriatim fusco, griseo et cervioo maculatis, convexis, 5° ebasi ad médium subcostato. — L., 10; 1., 5 m. Cette espèce a la taille et la même forme que le P. philan- thus et est noire, doucement ponctuée et cor iacée, revêtue 134 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) d'un poil ras, serré, noirâtre, mélangé de brun, de fauve, et quelque peu doré en dessous et sur les pattes. Tête ar- rondie, convexe, grise. Trompe delà longueur du corselet sur le côté, noire, cylindrique, faiblement arquée, un peu épaissie au sommet, présentant au milieu une carène lon- gitudinale, bifide en avant avec un petit canal en dedans. Antennes noires, base du scapus faiblement ferrugineuse. Yeux noirs. Corselet allongé, évasé cylindriquement, vu en avant, à peine lobé près des yeux, largement arqué sur le dehors de la base, subitement coupé en oblique au côté antérieur, droit ensuite, noirâtre, inégal, fovéolé, trois lignes longitudinales grises : médiane étroite, canali- cuîée, chaque latérale du double plus large, arquée et im- pressionnée en avant, quelques gros points épars en des- sous. Ecusson très-petit, triangulaire. Ely très obo val aires, arrondies, offrant chacune 10 séries de points, rapprochées par deux, interstices convexes, 3e et 5e surtout, relevés en côte à partir de la base vers le milieu ; leur surface est d'un gris noirâtre avec des taches plus ou moins bien formées, blanchâtres, noires, fauves; la suture sur le quart apical et les côtés sur la partie qui forme la courbure la- térale sont d'un blanc grisâtre. Cuisses transversalement comprimées vers le sommet et comme annelées de gris et de noir. Tarses d'un cendré bleuâtre, poilu. Cette espèce a été trouvée aux environs de Philippeville, par M. L. Lethierry, et je lui dois l'exemplaire que je pos- sède. 38. Otiorhynchus aquilus, affinis Ot. hirsuticorni, Hst, brunneo- rufus, obJongus, punctatus; rostro inaequali usque ad verticem profonde sulcato. lateribus earinato; thorace rotundato, rugose vel munde puuctato, Jinea média laevi ; elytris elongato-oblongis, sub- parallelis, anticc posticeque rotuudatis, obscuro fuscoque uebu- losis, punctato-striatis, pube brevi inflexa dense hirsutis. Femori- bus clavatis, simplicibus albido biannulatis. — L., 5-7; 1., 2 1/2, 3 m. Roux. Trompe saillante, comme sciée à sa base, profon- dément sillonnée au milieu jusqu'à l'occiput, relevée de TRAVAUX INÉDITS. 135 chaque côté, du double plus longue que la tête : celle-ci est couverte d'écaillés hérissées rousses et grises, son con- tour supérieur est noir, glabre, ruguleux au milieu, lisse en arrière des yeux et tuberculeux en dessous. Sa mandi- bule gauche est brune, avancée, presque droite, quoiqu'un peu arquée. Antennes assez épaisses, brunes, à 1er art. du funicule conique, suivants moniliformes. Massue ova- laire aiguë, de 4 articles, 1er et 2e étroitement au sommet, et les 2 derniers entièrement cendrés. Yeux petits, arron- dis, enfoncés, noirs. Corselet aussi large au milieu que haut, droit en avant, mais un peu cintré sur le milieu, avancé en cintre sur le dehors de la base, côtés régulièrement ar- rondis sur le milieu, à ponctuation peu nette, inégale et légèrement réticulée sur ses bords ; une ligne médiane lisse part du sommet jusqu'aux 2/3 delà longueur. Elytres en ovale long, subparallèles à la hauteur des pattes inter- médiaires jusqu'aux 3/4, arrondies sur l'épaule et conjoin- tement sur le sommet, offrant chacune dix séries de points moyens, réguliers, assez profonds et un peu allongés; sur- face d'un roux mélangé d'obscur et de fauve. Pattes gra- nuleuses, recouvertes d'écaillés poilues, Cuisses simples, assez renflées, comprimées circulairement et biannelées de blanc vers l'extrémité. Jambes élargies des deux côtés à leur terminaison, antérieures cambrées. Tarses d'un brun de poix, revêtus, en dessus, de poils grisâtres. Je possède un individu <^ plus petit qui présente les différences suivantes : trompe moins saillante, n'étant pas sciée sur la base, à sillon plus raccourci, à tête transver- salementconvexe, finement coriaeée, à corselet plus aplati, plus arrondi sur le côté, ayant une ponctuation nette à surface plane, la ligne unie du milieu plus prolongée en arrière. Enfin la place scutellaire est noire. Le & et la p m'ont été donnés par M. Lethierry, qui a trouvé cette espèce aux environs de Bone. 39. Oliorhynchus furinus, similis Ot. affabro, Bhn., eloDgatus, uigro-ciuereus, bruimco vel griseo setulosus ; rostro lougitudine 136 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) capitis, recto, usque ad frontem, posticeque transverse sulcato ; thorace oblongo, supra convexo, antice recto, postice oblique truo- cato, anterius angustiore, lateribus augulose rotundatis, punctis irregularibus, in interstiis dorsalibus punctato; elytris dorso planis, profunde punctato-striatis , interstitio tertio 5°que elevato ; pe- dibus scabris fuscis ; femoribus simplicibus albo biannulatis. — L., 5; 1., 1 2/3 m. Allongé, noir, couvert de petites écailles rondes d'un gris noirâtre terreux. Trompe droite de la longueur de la tête, sillonnée au milieu jusque sur le front et transversa- lement entre les yeux et en avant. Antennes brunes, poi- lues; scapus droit, faiblement renflé, atteignant le milieu du corselet, chargé de petites soies cendrées, funicule à 1er article conique, 2° moitié plus court, suivants monili- formes; massue oblongue, de 4 art., 1er luisant, suivants grisâtres. Corselet aussi large au milieu que long, convexe, droit et aminci en déclivité sur la tête, coupé obliquement de chaque côté de la base sur le milieu, arrondi subangu- leusement sur le milieu latéral couvert de points moyens, assez profonds, plus espacés sur le disque ; les intervalles, vus avec une forte loupe, paraissent pointillés. Elytres ovalaires, planes sur la région dorsale, convexes sur la déclivité postérieure, coupées obliquement sur le dehors de l'épaule, parallèles au delà et arrondies conjointement sur le sommet ; chaque étui présente 8 stries formées de points réguliers assez profonds : ces stries sont réunies par deux en dessus, mais la lre se joint à la dernière sur le sommet, et toutes suivent la mêrçe marche : les 5e et 6e en forment le centre et sont, par conséquent, plus courtes ; les 2 stries suturales ont les points plus forts; les interstices ont des séries de poils noirs et de soies grises; le 2e sur- tout, le 3e et le 5e sont élevés. Pattes écailleuses, brunes, couvertes de soies. Cuisses épaisses, simples, circulaire - ment comprimées et biannelées de blanc près du sommet. Jambes antérieures élargies et crochues au sommet. Un exemplaire m'a été envoyé par M. Lethierry, qui a rencontré cette espèce près deBone. TRAVAUX INÉDITS. 137 40. Dryophthorus brevirostris, alatus, eloogatus, rufo-branneus, rostro longitudine capitis, in mare breviori et crassiusculo, in fe- miua subterete, plauiusculo, ambo rugulosis , vix distincte punc- tatis, sulco loogitudinali et transversali ioter et supra oculos; thorace longiore quam latiore, antice posticeque recto, sccundum marginem antcriorem acute constricto et late marginato, tuberculis spinulosis comprrsso, sulco basali lato; elytris parallelis, costatis et inter costas seriatira tuberculatis, ad apicem rotuadatis et re- flexis. — L., 3; 1., 1 m. Plus petit que le D. lymexylon^Y^ d'un brun rougeâtre. Tête et rostre scabreux et peu distinctement ponctués, égaux en longueur, turbines dans leur ensemble, plus courts, plus arrondis, et ordinairement sillonnés en travers chez le d" , un peu plus longs, un peu aplatis et sillonnés au milieu chez la femelle. Antennes à scapus court, funicule à articles serrés, massue à peine plus épaisse. Yeux en- foncés, étroits, oblongs, bruns. Corselet un peu plus long que large, droit aux extrémités, fortement resserré et lar- gement rebordé en avant, faiblement et régulièrement arrondi sur le côté et comme denticulé, couvert de petits tubercules aigus. Elytres à peine plus larges que le corse- let, 2 fois aussi longues, parallèles, arrondies et légère- ment relevées sur l'extrémité, offrant chacune 10 côtes, y compris la suturale et la marginale ; chaque interstice offre une rangée de petits tubercules modérément dis- tants. Pattes scabreuses. Cuisses assez épaisses. Jambes plus courtes. Tarses étroits, resserrés, dernier article al- longé. Crochets excessivement petits et courts. Un exemplaire, des environs de Béziers, m'a été donné dans le temps par M. le cape Gaubil, et 5 autres m'ont été envoyés par M. J. Poupillier, comme ayant été pris, au mois de mars, aux environs d'Alger, sur le bois de figuier qu'il perce en état parfait. Sa larve se nourrit du même bois. 138 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 5 mars 1860. — M. Milne-Edwards présente la 2e partie du 5e volume de son ouvrage sur la Physiolo- gie comparée de l'homme et des animaux. Dans ce fascicule, l'auteur traite des organes de la digestion chez les ani- maux invertébrés. M. Flourens lit un remarquable Mémoire ayant pour titre : Nouvelles expériences sur la formation du cal. M. Lacaze-Duthiers lit un Mémoire sur la Pourpre. — L'auteur ayant remarqué le peu de précision qui existe dans la détermination de l'organe qui fournit la matière tinctoriale et l'incertitude où sont laissés les peintres quand il s'agit de fixer la nuance des draperies pourpres, s'est livré à des recherches qui l'ont conduit à mieux pré- ciser, anatomiquement, l'organe de la matière colorante. Ses études ont porté sur des espèces bien définies, et il démontre que la matière à pourpre est primitivement une substance incolore, produite par une partie assez res- treinte du manteau des Rochers et des Pourpres. Après avoir décrit avec soin cet appareil et avoir établi qu'il se trouve dans la plupart des Gastéropodes, il dit que le liquide qu'il sécrète, incolore dans tous, n'est in- fluençable par le soleil que chez les vrais Mollusques à pourpre. Par des expériences variées il a vu que l'influence du soleil développe les couleurs dans l'ordre suivant : jaune, bleu et rouge produisant ensuite le vert et le violet, résultat du mélange. En faisant l'expérience à la lumière diffuse , c'est-à-dire lentement, on observe très-nettement la succession des couleurs. Mais, tandis que le jaune disparait quand l'action se prolonge, le bleu reste toujours en quantité notable, ce qui fait que jamais, naturellement du moins, le rouge ne se trouve seul; aussi la nuance de la pourpre est toujours, au fond, plus ou moins violette. SOCIÉTÉS SAVANTES. 139 Si, primitivement, la pourpre fut violette, ses tons et ses nuances changèrent avec les exigences de la mode et des goûts; ainsi l'on teignit deux fois les étoffes pour avoir une couleur plus riche, plus vive : ce fut la pourpre di- baphe [purpura dibapha). Les mélanges des espèces con- tribuaient aussi à modifier les tons. Avec le Murex trun- culus, on obtient du bleu seul presque sans rouge, comme aussi du violet. Tant que la matière animale des Mollus- ques fut employée, la pourpre dut être certainement d'un violet plus ou moins foncé, toujours cependant plus voi- sin du rose que du bleu. Ajoutons, en terminant, que cette intéressante question de la pourpre a été traitée d'une manière remarquable dans cette Revue, 1856, p. 34, par M. Grimaud de Caux, à qui l'on doit aussi d'avoir appelé l'attention sur les beaux travaux que le savant docteur Bizio, de Venise, a publiés sur ce sujet. M. Béclard présente un Mémoire ayant pour titre : De la chaleur produite pendant le travail de* la contraction musculaire. Séance du 12 mars 1860. — M. I. Geoffroy Saint-Hi- laire présente, de la part de M. E. Blanchard, aide d'en- tomologie au muséum , des Recherches sur le système dentaire des Oiseaux. En présentant ce travail, M. I. Geoffroy Saint-Hilaire rappelle que son illustre père avait démontré la présence des dents, sur le fœtus d'un Perroquet, dès 1806, et qu'il avait admis, à cette époque, qu'il existait chez les Oiseaux un système dentaire temporaire. M. Blanchard a confirmé cette découverte en trouvant aussi des traces de dents à l'état rudimentaire chez une très-jeune Perruche ondulée, et, comme le grand zoolo- giste dont il ambitionne de suivre les traces, il a trouvé aussi que ces rudiments de dents étaient en nombre impair. En choisissant ce sujet d'étude, M. Blanchard n'a pas 140 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.) seulement prouvé qu'il était un habile zoologiste, il a montré encore qu'il était plein de cœur, et qu'il gardait un pieux souvenir des travaux du grand naturaliste dont nous nous glorifions tous d'avoir été les disciples. Il ne pouvait ainsi que mériter toutes nos sympathies, et sur- tout celles du digne fils du célèbre naturaliste dont il ve- nait confirmer l'une des plus intéressantes découvertes. Séance du 19 mars 1860. — M. de Quatrefages commu- nique une Lettre de M. J. B. Dufour sur la culture du mûrier sauvageon en Turquie. Ce mode de culture consiste à planter de jeunes mûriers de deux ans et non greffés. A trois ou quatre ans d'âge, ces mûriers sont recepés au moment de l'éducation, et l'on donne ces rameaux aux vers, comme nous l'avons vu pra- tiquer dans quelques localités de l'Italie, et particulière- ment près de Montebelluno , chez M. Guillion, le 21 juin 1852. M. Dufour pense que cette manière de cultiver les arbres produit, à superficie égale, 25 p. 0/0 de feuille de plus que par le système européen. M. Dufour cherche ensuite à démontrer la supériorité de la feuille de sauvageon sur celle du mûrier greffé. Nous ne le suivrons pas dans son raisonnement, attendu que tout le monde est de son avis depuis plus de cent ans. Toute la question est de savoir si l'on pourrait, en France, dans les locaux restreints où Ton élève les vers à soie, employer la méthode de la nourriture par rameaux, qui prend beaucoup plus de place, ainsi que je l'ai remarqué en Italie. M. de Quatrefages ajoute qu'il a déjà préconisé l'éle- vage par rameaux, ainsi que l'avait fait M. Dumas, dans son très-remarquable rapport. Suivant lui, nos séricicul- teurs (déjà si forts dans leur spécialité) devraient adopter la méthode turque Alors ils seraient tous forts comme des Turcs. Le même académicien présente les conclusions de Notes et observations sur les vers à soie en 1859, par M, Ma- SOCIÉTÉS SAVANTES. 141 rès. Cet agriculteur distingué annonce que la même mala- die s'est rencontrée dans toutes ses éducations, soit que ses graines aient été saines, soit qu'elles aient été plus ou moins attaquées. Il a remarqué, entre autres, que sur les vers provenant de graines malades l'effet des matières étrangères à la feuille , répandues sur elle et entrant dans l'alimentation des vers, est à peu près nul ; un effet favorable de ces matières (sucre, fécule, soufre, charbon) ne se fait remarquer que sur les vers issus de graines saines ou peu attaquées. Les moyens de combattre la pébrine manquent encore, ajoute-t-il. Les règles hygiéniques, suffisantes pour mener à bien les Vers des graines saines dans les pays placés sous l'influence de la pébrine, sont insuffisantes pour les sous- traire à l'influence de cette maladie, puisqu'ils en portent les signes, et il est à présumer que les œufs qui en pro- viendront donneront encore de mauvais produits en 1860. Depuis une série d'années, poursuit-il, j'observe le Bombyx dispar , qui fait de grands dégâts dans certaines parties de nos bois de chênes verts ; c'est une larve très- vigoureuse et très-vorace, d'aussi grande taille parfois que le Bombyx mori, et sur lequel j'ai vu de nombreuses maladies, quoiqu'il vive à l'état sauvage. Vous voyez, cette année, que je mentionne qu'il a été atteint de gras- serie; cette maladie était même intense, car certains pe- tits arbres étaient couverts de Vers pendus et décompo- sés ; mais jusqu'à présent je n'ai pas vu qu'il ait été attaqué d'une maladie qui se communiquât à ses œufs. M. de Quatrefages fait observer que les faits cités par M. Mares et les conclusions qu'en a tirées ce séricicul- teur éclairé concordent de tout point avec les faits expo- sés par lui à diverses reprises devant l'Académie et avec les conséquences qu'il en avait déduites. Nous devons ajouter aussi que l'observation de la ma- ladie des chenilles sauvages concorde de tout point avec les faits que nous avons exposés depuis trois ou quatre 142 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) ans, quand nous disions que l'épidémie s'est portée sur tous les insectes phytophages, et que, depuis quelques années, les entomologistes collecteurs ont remarqué que les Lépidoptères, surtout, ne se montraient pas en quan- tités aussi grandes qu'antérieurement. Du reste, Mme Bour- nay, directrice de la filature de la Société d'agriculture de Lyon, a fait la même remarque à peu près à la même époque. En présentant, de la part de M. Millet, député de Vau- cluse, des cocons vivants, nous avons adressé à M. Geof- froy Saint-Hilaire une Lettre dont il a été inséré un extrait aux comptes rendus sous ce titre : Educations hâ- tives de Vers à soie; extrait d'une Lettre de M. Guérin-Mé- neville. Malheureusement, les suppressions et changements faits à notre Lettre portent juste sur ce qu'elle contenait de neuf et d'utile et en changent complètement le sens et la portée pratiques, car il n'y a rien de miraculeux à pré- senter des cocons vivants, et nous ne nous serions pas permis d'écrire à l'Académie pour cela seulement. Il im- porte donc de rétablir cette trop longue Lettre dans son véritable sens pratique en la donnant ici en entier : « J'ai l'honneur de vous adresser, de la part de M. Mil- let, député de Vaucluse, des échantillons vivants de Co- cons du Ver à soie du mûrier provenant des éducations hâtives de l'établissement de MM. Jouve, Chabaud et Mé- riton de Cavaillon, où l'on fait l'essai des graines de Vers à soie, afin de distinguer à l'avance celles qui doivent être considérées comme de bonne qualité. Dans cet établisse- ment, subventionné par la chambre de commerce de Lyon, on a des mûriers en serre pour avancer leur végétation, comme dans les cultures forcées, en sorte qu'ils sont cou- verts de feuilles dès le mois de février. On peut élever avec ces feuilles les Vers à soie, de nombreux échantillons de graines dont on a hâté l'incubation, et l'on sait, dès le commencement de mars, assez longtemps avant l'époque SOCIÉTÉS SAVANTES. 143 de la mise des graines à l'incubation dans la grande cul- ture, quelles sont celles qui offrent des chances de réus- site et celles qu'il conviendrait peut-être de rejeter. « En admettant que les phénomènes qui ont lieu dans ces éducations hâtées, et pour ainsi dire contre nature, soient semblables à ceux qui se produisent à l'époque normale de la végétation des arbres et de l'éclosion des Vers à soie, ce qui est loin d'être démontré, il est à crain- dre que cet établissement ne puisse rendre tous les ser- vices qu'on en attend. En effet, les négociants en graines, qui fournissent la majorité de celles qu'on emploie dans la grande culture , voudront-ils s'exposer à des pertes con- sidérables sur ces indications, dont on peut toujours con- tester l'exactitude et la portée? Je ne le crois pas. Des. faits positifs du refus de s'exposer à une telle chance se sont produits récemment devant moi et viennent à l'ap- pui de mes doutes. « Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater qu'au moyen de ces mûriers forcés en serres l'on peut avoir des cocons dès le commencement de mars. « Si les négociants qui font le commerce des graines de Vers à soie, même les plus honnêtes, ne peuvent raison- nablement s'exposer à de grandes pertes en se soumet- tant à ces essais, les agriculteurs qui ont fait leur provi- sion de graines feront peut-être bien de s'en servir pour avoir, au moins, des indications qui les engagent à s'en procurer d'autres, ou qui, s'ils n'y sont plus à temps, les détermineront à ne pas employer leurs feuilles et l'énorme main-d'œuvre que nécessite l'éducation des Vers à soie, s'ils sont à peu près certains d'avoir de la mauvaise graine. « Les papillons qui se trouvent dans une case de la boîte que je vous prie de faire passer sous les yeux des honora- bles membres de l'Académie étaient vivants quand cette boîte est arrivée à Paris le 8 mars, ce qui montre que l'établissement de Cavaillon a eu des cocons vers le mi- 144 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.) lieu, peut-être, du mois de février. Ce sont des femelles non fécondées, car les œufs pondus n'ont même pas la couleur jaune franche des premières heures. Cette cou- leur, passant par l'orangé , le vineux et le violet obscur, devient gris bleuâtre, pour demeurer ainsi jusqu'aux ap- proches de l'éclosion, comme on peut le voir dans les fi- gures ci-jointes, qui sont demeurées inédites avec les autres dessins relatifs à mes observations de onze ans sur les Vers à soie en santé et en maladie, à cause des dépenses que nécessiterait leur publication. » III. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nos abonnés se rappellent qu'une souscription a été ouverte, par les zoologistes de tous les pays, pour faire frapper une médaille en l'honneur du grand naturaliste dont la science déplore la mort prématurée, du prince Ch. Bonaparte. Cette médaille a été distribuée aux sous- cripteurs, et il en a été tiré quelques exemplaires en plus pour les savants qui n'auraient pas été informés à temps de cette souscription. On peut" s'adresser (franco) pour en faire la demande au bureau de la Revue. — La médaille de bronze est de la valeur de 5 fr.; celle d'argent, de 20 fr. Un portrait du prince, propre à être placé en tête de ses ouvrages, soit in-4, soit in-8, a été fait d'après nature par un de nos plus habiles dessinateurs, M. Bocourt, et il a été photographié. Ce portrait, le plus ressemblant que nous connaissions, se trouve chez M. Potteau, au muséum d'histoire naturelle de Paris. TABLE DES MATIERES. Page,. H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. 97 0. des Murs. — Observations au sujet des Considérations sur les œufs des Oiseaux, de M. Moquin-Tandou. 110 Hupé. — Observation d'un mode particulier de parasitisme offert par un Mollusque gastéropode du genre Sty lifer . 118 Hupe. — Note sur un genre nouveau de Gastéropode : G. Galé- ropside. 125 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 128 Académie des sciences . 138 Mélanges et nouvelles. 144 PARIS. — IMI». DE Mme Ve ROUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — AVRIL 1860 I. TRAVAUX INEDITS. Notes sur Y Antilope Addax — le Meh'a des Arabes , par M. H. Aucapitaine. L'historien Berber Ben Khaldoun (1), Jean Léon dit l'Africain , le compilateur Dappert , l'Espagnol Marmol Carvajals, parlent d'un animal nommé Lam't* dont ce der- nier donne une description exacte sous quelques rapports, et qui mérite surtout d'être reproduite parce qu'elle relate une fable répandue par l'esprit crédule et fantastique des Arabes, récit qui a contribué sans doute pour beaucoup à accréditer les croyances de quelques érudits à l'exis- tence de la licorne (2). « Le Dantey que les Africains « nomment Lampt, est de la forme d'un petit bœuf; mais (1) « Lorsque Zein ben 'Atia fut devenu maître de Tlemcen et des « États environnants, il annonça sa conquête à son maître par un ca- « deau de deux cents Chameaux de race, cinquante Chameaux m'hara « d'une vitesse extraordinaire, mille boucliers en peau de Lam't, « quelques Civettes, une Girafe (Djemel el R'al, zerafa), quelques « Larri'ts, et plusieurs autres Animaux sauvages du désert. » Ben Khaldoun, Histoire des Berbers et des dynasties musulmanes, t. III, p. 263. C'est un curieux spécimen des cadeaux fréqueuts de ce genre que s'adressaient entre eux les princes et émirs de l'Afrique septentrionale. (2) Voyage au Dâr-foûr du chiq'r Moh'ammed-et-Tounci, tra- duction du docteur Perron, édité et annoté par les soins érudits de M. Jomard, consul. Introduction. — Lettre sur certains Quadrupèdes réputés fabuleux, Journal asiatique, mars 1844. — Deuxième lettre, journal V Institut, mars 1845 (travail de Fulgeuce Fresnelj; et une Lettre de M. Ed. Ruppel, t. XI, p. 270 de la Correspondance astro- nomique du baron de Zach. Partout la description de la Licorne se rapporte au Lam't ou Meh'a, sauf une corne de moins. 2e sème. t. xn. Année 1860. 10 146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 18G0) « il a les jambes courtes et le col fort long. Ses oreilles « ressemblent à celles des chèvres ; il a une corne noire au « milieu de la tête, qui se courbe en rond comme un « anneau et est façonnée. Il est blanchâtre et a les ongles « des pieds fort noirs et fendus. Du reste, il est si vite, « que nul animal ne peut l'atteindre, si ce n'est peut-être « un barbe. On les prend plus aisément en été, qu'il use « ses ongles sur les sablons brûlants à force de courir, « et la douleur les arrête tout court, comme elle fait les « cerfs et les daims de ces déserts. Il y a quantité de ces « animaux dans les déserts de Numidie et de Libye, parti- ce culièrement aux terres des Morabitains, et Ton fait de « leurs peaux de belles rondaches, dont les meilleures « sont à l'épreuve des flèches ; aussi sont-elles fort chères, « et on les blanchit avec du lait aigre. La chair de cet « animal est très-bonne, et les Maures en emplissent des « saloirs ; elle a le goût de chair de bœuf, hormis qu'elle « est un peu plus douce (1) » Cet animal est l' Antilope Àddax de d'Orbigny, signalé dans les déserts de la Nubie; il caractérise la faune toute spéciale de cette large zone saharienne qui, partant de la Nubie, s'étend au sud des États barbaresques jusqu'aux sables de l'océan Atlantique (2). Les Arabes le connais- sent sous le nom d'El Meh'a; il n'est foule de récits exa- gérés qu'ils ne débitent sur son compte. Voici le plus ré- pandu : le chasseur qui se laisse tomber à la chasse est perdu, car le Meh'a revient sur lui avant qu'il n'ait pu se relever, le transperce de ses cornes et promène ainsi le cadavre jusqu'au moment où il tombe en putréfaction. Le (1) V Afrique de Marmol Carvajas, 1. 1, p. 52, édit. in-4. Paris, 1667. On doit avoir, dans le pays des Morabitains, l'oasis des Beni- M'zabs, et celles du Touat et du Gourara, si riches en Animaux de tous genres. (2) Avec le Rhinolophus tridens d'Isidore Geoffroy, le Vulpes Fennec, si commun entre Touggourth et R'damès, le Lepus isabel- linus, trouvé, par MM. Mares et de Colomb, dans le Sahara oranais, et le F élis Margaritœ, des dunes d'Ouargla. TRAVAUX INÉDITS. 147 Meh'a en agit ainsi avec ses rivaux au moment des luttes amoureuses. C'est ce môme ruminant que les noirs du Soudan désignent sous le nom de Klaboy et les Touàrêgs sous celui d'Ezcm. Sa peau, très-épaisse, est fort recher- chée pour, étant appliquée sur des moules, confectionner des grands plats (guessâ), des outres. Les Berbers Imou- char' viennent en acheter dans les k'sours pour se con- fectionner des tentes, et, comme au temps de Marmol, de larges boucliers. La viande de cet animal, coupée et des- séchée, se vend au détail sous le nom de Khelea ou Ka- dyd : c'est un aliment d'un grand secours pour les cara- vanes qui se rendent des k'sours sahariens au pays des noirs. Aussi la chasse du Meh'a est-elle une véritable res- source pour les pasteurs nomades qui errent dans les rares pâturages de ces mystérieux pays. Beaucoup de Chaamba n'ont pas d'autre profession que celle de chas- seurs de Meh'a. On le trouve surtout dans la région saharienne, où il vit en famille sur les dunes sablonneuses au sud d'Ouar- gla, de Touggourth, du pays des Béni M'zabs, régions désolées, constamment remuées par les vents, et dont il partage les vastes steppes avec quelques Touaregs er- rants. Le commandant supérieur de Geryville (1), M. de Co- lomb, vient, dans une récente tournée d'exploration, de rapporter un magnifique Antilope Addax, qui est, en ce moment, préparé et monté au musée Bab-Azoun. Cet officier a donné les curieux détails suivants sur cet animal « Il vit en troupes nombreuses sur les 1,500 « lieues carrées de sables qui s'étendent de l'Oued Zer- « goun à l'Oued Messaoura Il est rare qu'il s'aventure « au loin sur les terrains rocailleux que les Arabes appel- ce lent El Hemed et qui se partagent avec les Arêgs les (1) Dernier poste français à la lisière du Sahara, dans la province d'Oran. 148 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Âwil 18C0.) « immenses solitudes sahariennes (1). Lacorne trop molle « de ses pieds ne lui permet pas d'y courir pendant long- « temps. Il doit vivre sans boire; car, pendant l'été, sur « une surface d'environ 20,000 lieues carrées, au centre c( de laquelle se trouvent les sables qu'il habite, il serait « impossible de trouver une goutte d'eau autrement que « dans des puits profonds ou sous les murs des oasis » Les zoologistes nous sauront peut-être quelque gré d'avoir reproduit ces remarquables particularités. La faculté possédée par le Meh'a de passer un long es- pace de temps sans boire, faculté commune à plusieurs autres animaux de ces contrées, trouve une explication plausible dans la flore locale, exclusivement composée de hautes plantes, grasses et aqueuses, nourriture spéciale des Antilopes et des Gazelles du Sahara (2). Description de deux nouvelles espèces d'Alouettes dé- couvertes dans le Sahara algérien par le commandant (1) Disons, en passant, que le Sahara est loin d'être, comme on se le figure généralement, une vaste surface plane; c'est, au contraire, un pays déchiré et profondément raviné, qui présente, comme aspect général, un réseau inextricable de torrents desséchés, dont les hautes falaises se dressent à pic en dessinant parfois de véritables chaînes de montagnes. On marche des jours entiers dans les lits de ces fleuves, qui ne rou- lent plus d'eau, mais dont le dessèchement semble se rapporter à une époque peu éloignée. Certaines traditions sahariennes racontent des faits indubitablement récents sur la ruine de quelques osasis et l'époque où les sables n'avaient pas «ncore recouvert la sombre ver- dure des palmiers dont on voit, çà et là, les troncs desséchés. (2) Cette flore, étudiée récemment avec le plus grand soin par MM. les docteurs Cosson et Reboud, comprend principalement les espèces suivantes : Certhraterumpungens, — Caroxylon articulalum, — Troganum nudalum, -— Salsola vermiculata, — Limonastrum Guyonanum, — Genista Saharœ, — Helianthemum sessiflorum, — Anabasis articulala. Toutes plantes grasses propres aux diverses régions sahariennes de Tripoli, Tunis, l'Algérie et le Sahara marocain. TRAVAUX INÉDITS. 149 Loche, directeur du muséum d'histoire naturelle d'Alger. 1° Calandrella Reboudia, Loche (pi. xi, f. 1), Catalo- gue des mammifères et des oiseaux de l'Algérie (1858), p. 83, sp. 158. — Bec court, un peu conique, comprimé sur les côtés, légèrement arqué en dessus; tarses médio- cres, doigts courts, ongle du pouce de la longueur de ce doigt; taille, 14 centimètres. Parties supérieures d'un roussâtre- clair varié de brun au centre des plumes ; gorge et haut du cou d'un blanc pur formant une espèce de demi-collier; bas du cou et poitrine d'un blanc teinté de roussâtre et marqué de nom- breuses taches longitudinales brunes, flancs lavés de fauve et variés de longues stries brunâtres; bas de la poitrine, abdomen et sous-caudales blancs; une bande étroite d'un roussâtre pâle recouvre la base du bec, les yeux et le méat auditif; joues blanchâtres, circonscrites par un trait bru- nâtre qui, descendant des commissures du bec, se rend à l'occiput; rémiges brunâtres, bordées de roux clair; pennes caudales brunes; les médianes, brunes au centre, sont lar- gement bordées et terminées de roussâtre; la plus latérale est d'un blanc pur extérieurement, la suivante est seule- ment lisérée de cette couleur en dehors; bec brun en dessus et à la pointe , jaunâtre en dessous et sur les côtés; pieds jaunâtres, ongles bruns, iris brun clair. Très-voisine de la Calandrella brachydactyla , Temm.; l'espèce qui nous occupe en diffère par la coloration du dessus de la tête, qui, chez cette dernière, est parsemée de taches brunes beaucoup plus étendues; toute la poitrine de la C. reboudia est, en outre, variée de taches longitudi- nales brunes fort distinctes les unes des autres et non confluentes, et seulement placées sur les côtés du cou et de la poitrine, comme chez la Calandrella brachydactyla; la penne externe de la queue est, chez cette dernière, d'un roussâtre sale, tandis que chez notre espèce elle est d'un blanc pur et brunâtre seulement sur les barbes internes.. 150 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.) Cette espèce est assez répandue dans tout le Sahara algérien, où, après les nichées, elle se réunit en petites bandes; elle affectionne les terrains nus et arides, et, comme elle est très-farouche, elle s'y laisse difficilement surprendre ; sa nourriture consiste en insectes et en pe- tites graminées. Elle niche à terre, dans un petit enfoncement, à l'abri d'une pierre ou d'une petite touffe; sa ponte est de quatre à cinq œufs arrondis, d'un blanc roussâtre, recouverts d'une multitude de petites taches et de points brunâtres. Grand diamètre, 1 cent. 7 mill.; petit diamètre, 1 cent. 6 millimètres. Nous avons dédié cette nouvelle espèce de Calandrelle à notre ami, le docteur Reboud, dont le concours actif et dévoué nous a si souvent secondé dans nos recherches. 2° Galerida Randoni, Loche (pi. xi, f. 2), Catalogue des Mammifères et des Oiseaux de l'Algérie (1858), p. 85, sp. 168. Bec de la longueur de la tête , assez fort , un peu fléchi vers la pointe ; tête surmontée d'une huppe ; tarses longs, ongles courts; celui du pouce plus long que ce doigt; taille, 21 centimètres. Parties supérieures d'un roussâtre-clair varié de taches brunâtres plus ou moins apparentes ; la huppe, peu four- nie, est composée de quelques plumes allongées, acumi- nées, d'un brun-noirâtre bordé de roussâtre; gorge blan- che; cou et poitrine d'un blanchâtre fauve semé de taches brunes ; flancs roussâtres variés de longues stries longitu- dinales brunâtres peu apparentes; abdomen et sous-cau- dales d'un blanc sale; un petit trait d'un blanc roussâtre part de la base du bec , passe au-dessus des yeux, et s'é- tend au delà du méat auditif; région auriculaire brunâtre; rémiges et rectrices brunes, bordées de roussâtre; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous ; tarses et pieds rougeâtres; iris brun. Presque semblable à la Galerida cristata, Boie ex Linn., par son système de coloration. Il est néanmoins impossi* TRAVAUX INÉDITS. 151 ble de rapporter à cette dernière l'espèce qui nous occupe; sa grande taille et l'énorme développement de son bec qui rappelle celui des Sirlis, Certhilauda, Sw., nous auraient même porté, n'était notre extrême répugnance à multiplier les genres, à le considérer comme le type d'un genre intermédiaire aux Galerida et aux Certhilauda, des caractères desquelles elle participe également; tous les nombreux sujets que nous avons été à même d'exami- ner nous ont présenté cette remarquable conformation du bec qui est aussi apparente chez le jeune que chez l'adulte. Nous avons fait hommage au muséum d'histoire naturelle de Paris de deux exemplaires de ce magnifique oiseau ; l'un est mâle adulte, l'autre un jeune sujet en pre- mier plumage; le bec de ce dernier, presque aussi étendu que celui du mâle adulte, est si sensiblement plus long que celui des Galerida cristata, chez lesquelles cet organe a acquis le plus grand développement, qu'à la plus simple inspection il est impossible de ne pas être frappé de cette dissemblance. La Galerida Randoni est d'un naturel farouche et, dans les localités où se rencontre aussi la Galerida cristata, elles se livrent de furieux combats. C'est dans le Sahara algé- rien, dans des plaines où croît abondamment le Stipa tena- cissimay Linn., que se plaît cette singulière espèce; son nid, qu'elle cache sous des touffes d'Alpha, est difficile à découvrir; sa ponte est de quatre à cinq œufs allongés, d'un blanc verdâtre, recouverts d'une multitude de petites taches d'un brun roussàtre. Grand diamètre, 2 centimètres 10 millimètres; petit diamètre, 1 centimètre 11 millimètres. C'est à M. le maréchal, comte Randon, gouverneur gé- néral de l'Algérie , à la bienveillance duquel nous avons du de pouvoir explorer fructueusement le sud de l'Algérie, que nous avons dédié cette belle espèce. 152 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) Notice sur un nouveau Poisson du groupe des Cténolabres^ par M. Al. Guichenot. L'examen comparatif que nous avons fait des espèces de Cténolabres nous a conduit à parler du poisson que M. Valenciennes a considéré comme une espèce distincte qu'il décrit, dans 1 'Histoire naturelle des Poissons (qu'il a publiée avec Cuvier, t. XIII, p. 240), sous le nom de Cte- nolabrus flagellifer, et à reconnaître aussi que cette es- pèce devait constituer un groupe particulier, comme l'a- vait déjà pressenti, du reste, le savant ichthyologiste que nous venons de nommer. Nous appellerons ce nouveau genre Labrastre (expres- sion destinée à rappeler les affinités marquées du Poisson qu'elle sert à désigner avec les vrais Labres), en conser- vant toutefois à l'espèce la dénomination que M. Valen- ciennes a cru devoir lui consacrer. Des caractères particuliers justifient pleinement, il nous semble, la séparation générique que nous établissons entre ce genre et celui des Cténolabres. En effet, le La- brastre est un poisson singulier, reconnaissable aux pro- longements ou appendices filiformes de la membrane qui unit les premiers rayons de la nageoire du dos. Les très-grandes écailles qui recouvrent l'opercule, l'intero- percule et le sous-opercule, et qui dépassent, comme une membrane festonnée, comme s'exprime M. Valenciennes, le bord de la fente des ouïes, ne sont pas moins caracté- ristiques. La forme très-comprimée du corps, assez haute et ovale , et aussi très-particulière au Poisson dont nous parlons, sert à le distinguer du groupe dans lequel on l'avait d'abord placé. Néanmoins, si les Labrastres et les Cténolabres sont sé- parés les uns des autres par plusieurs particularités nota- bles de leur organisation extérieure, ils se rapprochent pourtant entre eux de la manière la plus évidente par leurs lèvres épaisses et charnues, leur dorsale unique, soutenue en avant par des rayons épineux, et leur ligne TRAVAUX INÉDITS. 153 latérale non interrompue : les Poissons de ces deux gen- res se ressemblent encore par leurs pièces operculaires sans épines et couvertes d'écaillés, ainsi que la joue; par leurs mâchoires qui portent de grandes dents coniques et fortes qui bordent une bande de dents en velours, par les dentelures en peigne de leur opercule, et aussi par les trois rayons épineux de leur anale. Ces deux derniers ca- ractères surtout les rapprochent des Crénilabres, près des- quels il convient de les placer dans la grande famille des Labroïdes, ainsi qu'a cru devoir le faire M. Valen- ciennes. Maintenant que nous avons fixé les caractères généri- ques du Poisson auquel nous réservons le nom de La- brastre, rappelons, pour l'espèce unique qui lui a servi de type, notre Labrastrum flagelliferum, ou, pour les ichthyo- logistes qui voudraient conserver le nom de M. Valen- ciennes, le Ctenolabrus flagellifer, que sa forme est, comme nous l'avons déjà indiqué plus haut, ovalaire, assez haute, courte, comprimée, ce qui donne une physionomie toute particulière à ce poisson et différente de celle des vrais Cté- nolabres. Il a le museau pointu, la nuque relevée : son œil est grand ; l'orbite est creusé sous l'angle fait par le mu- seau avec la ligne ascendante de la nuque. La crête surci- lière est assez élevée. La bouche est largement fendue, mais non protractile. Les dents de ce Poisson rappellent, à la forme près, ce que l'on observe chez les Ctènolabres. La mâchoire supérieure porte en avant quatre dents for- tes, saillantes, en crochets, dont les deux mitoyennes sont les plus petites, et de chaque côté de celles-ci en sont d'autres coniques et droites, mais plus petites et qui dé- croissent de grandeur à mesure qu'elles sont plus près de l'angle de la bouche, où il y a des dents plus fortes et di- rigées en avant. La mâchoire inférieure est également ar- mée de quatre dents en crochets, mais les deux intermé- diaires sont beaucoup plus petites, et de chaque côté il y a une rangée de petites dents coniques et droites, sem- 154 iiev. et mag. de zooi.og[E. (Avril 1860.) Diables à celles de la mâchoire inférieure qui leur corres- pondent. Les dents du rang interne sont un peu mousses. La dorsale, pour nous servir des expressions de M. Valen- ciennes, a de fortes épines assez longues, et la membrane qui unit les trois premiers rayons se prolonge, près du premier et du second, en un filet mou plus long que le rayon. La hauteur des autres prolongements membraneux, bien que notable encore, est cependant moins considé- rable; la portion épineuse de cette nageoire se termine en pointe aiguë. L'anale offre une disposition semblable. Les ventrales sont très-pointues. La pectorale est petite et arrondie au bout, ainsi que l'anale, dont les rayons sont assez allongés. La ligne latérale est fortement courbée sous la fin de la dorsale. Les écailles du corps sont plus grandes et plus larges dans cette espèce que dans les Cté- nolabres. Nous ne savons rien de la couleur de ce curieux Poisson, dont le muséum d'histoire naturelle de Paris ne possède encore qu'un seul individu décoloré. — On ignore quelle est sa patrie. Il est long de 12 centimètres. AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES; par M. J. R. Bourguignat. Suite de l'article LXXXIII, — Catalogue des coquilles européennes appartenant au groupe des Hélix pomatia, li- gatat etc.... — (Voyez ci-dessus, p. 71 et suivantes.) Hélix lucorum. Hélix lucorum, Linnœus, Syst. nat. (Ed. X), p. 773. 1758. . — — MiMer, Verm. Hist., II, p. 46. 1774. Hélix mutata (pars), Lamarck, An. s. vert. t. VI (2e partie), p. 67. 1822. Cette espèce se rencontre typique en Italie aux environs de Rome, de Florence, etc. Habite également dans la Turquie d'Europe, dans la Russie méridionale. TRAVAUX INÉDITS. 155 Hélix straminea. Hélix straminea, Uriganti (père), Descriz. di duo nuovi Elici, etc.. in : atti reale Accad. délie scienze, etc., Borbonica, etc..., vol. 11 (2e partie), p. 172, pi. 2. 1825. Testa subobtecte imperforata, magna, globosa, vel couica; — irregu- lariter sordideque striatula. zonulis 2, vel 3 aut 4 castaneis cingu- iata ; — spira obtusa, vel laoceolato-cooica ; -— aufractibus 5 1/2 convexis, celeriter crescentibus ; ultimo ac penultimo veatricosis ac globulosis; — ultimo ad aperturam paululum descendente; — apertura magoa, lunato-rotundata ; peristomate simplice, pau- lulum rellcviusculo; — columellari reflexo, perforationem obte- geute. Coquille grande, globuleuse ou d'une forme conique, suivant les variétés. Test irrégulièrement et grossièrement strié, d'une couleur blanchâtre, orné de 2, 3 ou k zones plus ou moins larges, d'une teinte marron. Spire plus ou moins conique, à sommet lisse et obtus. Tours convexes au nombre de 5 1/2, s'accroissant rapidement. Avant-der- nier tour excessivement ventru et globuleux. Dernier tour également globuleux et descendant doucement vers l'ou- verture. Celle-ci est grande, à peine oblique, échancrée et arrondie. Le péristome est simple, peu réfléchi, si ce n'est vers la partie columellaire, où il recouvre la perfora- tion ombilicale. Hauteur, — 50 millimètres ; Diamètre, — 53 id. Nous avons vu, dans la collection de M. Oronzio Costa, de Naples, un individu de cette espèce possédant 62 mil- limètres en hauteur et 68 en diamètre. Cette espèce varie beaucoup dans sa forme et sa taille. Ainsi l'on rencontre assez souvent dans les montagnes des Abbruzzes une variété assez conique, à bandes plus fon- cées. Nous avons donné la représentation de cette variété dans les planches qui accompagnent ce travail sous l'ap- pellation d'Hélix straminea, variété Elongata. L'Hélix straminea n'a été recueillie jusqu'à présent que 156 REV. ET MA(T. DE ZOOLOGIE, (,4m/ 18C0.) dans les montagnes des Abbruzzes (royaume de Naples), où elle est assez commune. Confondue jusqu'à ce jour avec Y 'Hélix lucorum, lastra- minea s'en distingue par sa taille plus considérable ; par sa forme plus ventrue et plus globuleuse; par ses tours de spire s' accroissant avec moins de rapidité que ceux de la lucorum ; par son sommet plus obtus ; par son péristome moins réfléchi ; surtout par son ouverture plus haute que large, ce qui est l'inverse chez la lucorum; enfin princi- lement par son avant-dernier tour, qui est démesurément globuleux par rapport aux autres, proportion gardée. Hélix Mahometana. Hélix castanea (1) , Olivier , Voy. dans l'emp. ott., I, p. 22k,t. XVII, f. 1. 1801. Hélix muta ta (2) (pars), Lamarck, An. s. vert., IV (2« par- tie), p. 67. 1822. Hélix lucorum, Bourguignatt Cat. rais. Moll. orient, p. 13. 1853. —Et in: Amén. malac, tom. I, p. 108. 1855. Tous les conchyliologues ont confondu cette espèce avec Y Hélix lucorum de Linnaeus. Nous-même, en 1853 et 1855, dans deux de nos travaux, nous avons commis la même faute que nos maîtres et devanciers. Depuis nous avons reconnu que l'espèce de Constanti- nople était une coquille spéciale et toute différente; c'est pour ce motif que nous l'inscrivons maintenant sous la nouvelle appellation de Mahometana. Si nous avons créé ce nouveau vocable pour cette Hé- lice, c'est que nous n'avons pu adopter celui créé par (1) Non Hélix castanea, Millier, Verm. Hist., II, p. 67, 1774, qui est une espèce de l'île de Sumatra; — Hélix castanea, Muhlferldt (d'après Anton), qui serait une espèce à rapporter à l'Hélix arbusto- rum de Linnœus, Syst. nat. (éd. X), p. 771. 1758. (2) Non Hélix mutata de Hartmann, in Sturm's fauna, 1829, qui est une espèce à rapporter à la véritable Lucorum de Linnœus. Nec Hélix mutata de Gould, Exped. Shells, p. 19, 1846, qui est une espèce du Brésil. TRAVAUX INKD1TS. 157 Olivier, attendu qu'il existait un autre Mollusque (Hélix eastanea do Mùller), décrit en 1774 sous cette même dé- nomination. Nous avons indiqué, avec un point do doute, la syno- nymie de Lamarck (Hélix mutata), attendu qu'il nous pa- raît plus que douteux que cet auteur ait eu en vue l'espèce d'Olivier. Lamarck cite bien, il est vrai, Olivier, mais il indique également des figures de Férussac, qui repré- sentent toute autre chose. Quant à la description de son Hélix mutata, eïïe convient à Y Hélix lucorum par les ca- ractères qui y sont signalés. Le nom de mutata de Lamarck n'a donc pu non plus être adopté par nous. L'Hélix Mahometana vit dans les environs de Constan- tinople, à Ghemleck (Olivier), et notamment dans la car- rière de Daoud-Pacha (Raymond, de Saulcy). Voici la description de cette espèce : Testa imperforata, globosa, solida, irregulariter striata, albidula, zonulis 2, vel 3, aut 4 uniformiter castaneis, vel irregulariter fusco- nigris, cingulata; — anfractibus 6 convexiusculis , rcgulariter crescentibus; — ultime- parum inflato, antice ad aperturam sat descendente ; — apertura obliqua, lunato subtetragooa, parvula; peristomatc castaneo, ad insertionem labri eiterni acuto, recloque, — basali subincrassato ac valide reflexiusculo, — columellari in- crassato, perdilatato, adspresso ; — margiuibus sat approximatis ac tenui callo castaneo juoetis. Coquille imperforée , globuleuse, à test solide, assez grossièrement strié, d'une couleur blanchâtre et orné or- dinairement de 2, 3 ou k zones plus ou moins larges, d'une teinte marron assez prononcée (1). 6 tours convexes s'ac- croissant avec régularité. Le dernier est plus ventru, et descendant d'une façon assez forte vers l'ouverture. Celle- ci est oblique, échancrée, subtétragone, petite, comme res- serrée. Péristome simple, aigu vers l'insertion du labre extérieur, devenant un peu épaissi et réfléchi vers sa base, (1) Quelquefois ces zoues se trouvent interrompues et irrégulière- ment fasciées. 158 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) tandis que sa partie columellaire est plus épaissie et for- tement réfléchie et recouvre entièrement la partie ombi- licale. Bords marginaux assez rapprochés, réunis par une faible callosité, d'une teinte marron foncé. Hauteur, — 40 millimètres ; Diamètre, — 49 id. L'Hélix Mahometana ne peut être rapprochée que des Hélix lucorum et straminea. Cette espèce se distingue de la lucorum par son test plus épais, par ses stries plus saillantes et plus irrégulières, par ses tours de spire s'accroissant régulièrement, par son dernier tour moins ventru, moins globuleux et descen- dant plus vers l'ouverture; surtout par son ouverture plus oblique, subtétragone et non ovale-arrondie ; par son pé- ristome plus réfléchi vers la base, et plus épaissi, plus droit vers la columelle ; enfin par son ouverture plus pe- tite, plus rétrécie, et ses bords marginaux plus rapprochés. L'Hélix Mahometana se distingue également de la stra- minea par sa taille moindre ; par son test plus épais, moins globuleux, moins ventru dans toutes ses parties ; par ses tours de spire plus réguliers; par son dernier tour prenant une marche descendante très-prononcée vers l'ouverture et beaucoup moins ventru ; par son ouverture plus petite ; par son péristome plus épaissi et plus réfléchi vers sa partie basale et columellaire ; enfin par son ouver- ture oblique et non presque droite comme chezla straminea. Hélix ligata. Hélix ligata, Millier, Verm. Hist , II, p. 58. 1774. — — Itossmasslcr, Iconog., V, p. 3, f. 289. 1837. Pomatia ligata, Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837. Hélix cincta (1), L. Pfeiffer, in : Chemnitz et Martini, Conch. Cab. (2e éd.), Hélix, p. 38. Cœnatoria ligata, Held., in : Isis, p. 910. 1837. Hélix secernenda, Rossmassler, in : Zeitschr. f. Malack., p. 164. 1847. (1) Non Hélix cincta de Millier, qui est la Grisea de Linnœus. TRAVAUX INEDITS. 159 Cette Hélice habite la Dalmatie, la Turquie d'Europe, la Russie méridionale, l'île de Chypre et l'Anatolie. Hélix asemnis. Hélix solida, Ziegler, Mss. (1). Testa imperforata, solida, crctacea, albida vcl zonulis castaneis 2-3 obscure cingulata, sordide striata; — anfractibus 5 couvexius culis, celeriter crescentibus; — ultimo magno, dilatato; — aper- tura albida, lunato-rotundata, parum obliqua ; peristomate sim- plice, acuto, candido, columellari reflexo, adspresso; marginibus sat approximatis, callo albido teiiui junctis. Coquille imperforée, solide, crétacée, blanchâtre quel- quefois, ceinte de 2 ou de 3 zones, d'une teinte marron pâle presque effacée. Test irrégulièrement et grossière- ment strié. 5 tours convexes s'accroissant rapidement. Dernier tour très-grand, descendant un peu vers l'ouver- ture. Celle-ci est blanche, peu oblique, échancrée, arron- die, à péristome blanc, simple et aigu, et seulement réflé- chi sur la perforation ombilicale. Bords marginaux assez rapprochés, réunis par une faible callosité blanchâtre. Hauteur, — 40 millimètres ; Diamètre, — 40 id. Habite le mont Taurus, dans l'Anatolie. Cette espèce, voisine de la ligata, se distingue de cette Hélice par son test plus épais, plus crétacé, d'une teinte ordinairement blanchâtre uniforme ; par son sommet plus obtus ; par son péristome plus fort ; par son ouverture moins haute, un peu plus oblique ; enfin par ses tours de spire s'accroissant avec moins de rapidité. Hélix albescens. Hélix albescens, Jan. , in : Rossrnassler, ïconogr., IX, p. 10, fig. 585-586, 1839. Habite le nord de l'Italie. Cette espèce, classée à tort jusqu'à présent parmi les variétés de YHelix ligata, s'en distingue sous tous les rap- ports. (1) Non Hélix solida de L. Pfeiffer, in : Proceed. zool. Soc, 1851, qui est une espèce différente de TOctanie. 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.) Hélix grisea. Hélix grisea (1), Linnœus, Syst. nat. (éd. X), p. 773. 1758. — cincta (2), Millier, Verm., Hist. II, p. 58. 1774. Pomatia cincta, Beck., Ind. Moll., p. 43, 1837. Cœnaloria cincta, Ileld., in : Isis, p. 910, 1837. Espèce très-commune en Lombardie , en Turquie, en Grèce, ainsi que dans la plupart des îles de l'Archipel, etc. Se trouve également dans l'île de Chypre et jusqu'en Syrie. Hélix obtusalis. Hélix obtusalis, Ziegler, Mss. — obtusata (3), Ziegler, in : Rossmassler, Iconogr., V, f. 288. 1837. — Philibinensis (4), Parreyts, in : Rossmassler, Icon., IX, f. 582. 1839. Espèce assez commune en Grèce et dans la Turquie d'Europe. Hélix vulgaris. Hélix vulgaris, Parreyss, in : Rossmassler, Iconogr, IX, f. 581.1839. — bicincta, Dubois, in : Mousson, Coq. Bell, orient., p. 21. 1854. Cette hélice, remarquable par le renflement insolite de son sommet, se rencontre dans la Russie méridionale, surtout en Crimée. Habite également les contrées situées au sud du Cau- case. (1) Non Helit grisea de Gmelin. (2) Non Hélix ciucta de Lea, Perry, Sheppard, Hartmann (teste Charpentier), etc. (3) Non Hélix obtusata de Marcel de Serres, in : Ann. se. nat., I. 1824. — C'est par erreur que, dans la planche qui accompagne ce travail, nous avons laissé à cette espèce le nom d'obtusata, c'est ob- tusalis qu'il faut lire. (4) Non Hélix philibensis de Frivaldsky, qui est une espèce dif- férente. TRAVAUX INEDITS. ICI Cette espèce est ordinairement ornée de cinq zones brunes, qui quelquefois se réunissent pour n'en former qu'une seule. Lorsque les zones intermédiaires manquent, c'est alors la variété nommée Hélix bicincta. Hélix Pollini. Hélix Pollini, Da Campo, in : Mem. Accad., XXIII, p. 113. — cincta, var. Albina, De Betta, sulla Hélix Pollinii, p. 4. 1852. — grisea, var. D. L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., III, p. 181. 1853. Habite aux environs de Vérone en Italie. Espèce complètement distincte de la grisea, avec la- quelle elle a été confondue jusqu'à présent. Hélix Gussoneana. Hélix Gussoneana, Shutlleworth, Mss. in : L. Pfeiffer, Symb. Helic, III, p. 71. 1846. — melissophaga , Or. Costa , fauna di Napoli , Hélix, p. 12, tav. 1, f. 3, A. B. C. (1). 1848. Coquille commune aux environs de Naples. — Nous avons recueilli également cette espèce à la cascade de Terni, dans les États romains. Cette Hélix est celle qui sert de nourriture à tous les lazzarones de Naples. Hélix lutescens. Hélix lutescens, Ziegler, in : Rossmassler, Iconogr., V, p. 4, f. 292. 1837. Pomatia lutescens, Beck., Ind. Moll., p. 43, 1837. Cœnatoria lutescens, Held.y in : Isis, p. 910. 1837. Hélix cinerascens, Âudrzejski, teste Krynicki, in : Bull. Moscou, IX, p. 153. Habite en Gallicie. (1) Figures des plus mauvaises et exécutées d'après un échantillon non adulte. 2e gKRiE. t. m. Année 1860. Il 162 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.) Hélix Nordmanni. Hélix Nordmanni, Parreyss, in : Mousson, Coq. Bell., etc., or., p. 20. 1854. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., IV, p. 167. 1859. Habite en Asie dans le Somketh, l'Imereth et l'Arménie. Cette espèce se distingue surtout par le bord columel- laire, non coloré, qui s'applique en large cône, très en avant sur l'avant-dernier tour. Ce qui laisse apercevoir un ombilic assez large. Hélix pathetica. Hélix pathetica, Parreyss, Mss. — — Mousson, Coq. Bell, or., p. 20. 1854. L. Pfeiffer (Monogr. Hel. viv., IV, p. 167. 1859) a tort de rapporter cette espèce à l'Hélix Gussoneana de Shuttle- worih. U Hélix 'pathetica, d'après Mousson , est une coquille Réprimée. Le dernier tour est renflé en travers. Le bord columellaire, toujours blanc, se réfléchit sur la perforation sans s'y appliquer complètement. — Le test est blanchâ- tre, orné de zones faiblement tracées. Cette espèce habite l'Asie Mineure. Hélix Philibensis (1). Hélix Philibensis , Frivaldszky , Mss. in : L. Pfeiffer* Monogr. Hel. viv., IV, p. 161. 1859. Habite la Roumélie. Hélix Engaddensis. Hélix Engaddensis, Bourguignat, Test, nov., p. 11, 1852, et Cat. rais. Moll. or., p. 15, t. 1, f. 42-43. 1853. Habite aux environs de la mer Morte en Syrie. La variété blanche dont nous donnons la représenta- tion se trouve aux environs de Nazareth et de Jérusalem. Hélix pachya. Testa imperforata, globosa, crassa, ponderosa, cretacca, candida, vel (1) Non Hélix Philibinensis de Parreyss. TUA VAUX INÉDITS. 103 zonulis castaueis obscuro eingulala, striata; — spira conica, apicc levi, obtusiusculo ; — anfractibus 5 convexiusculis, ccleritcr cres- centibus; ultimo sordide striato, ventricoso, crasso, ad aperturana vix vel non descendente; — apertura parura luuata, rotundata ; — < peristomate intus candido-incrassato, simplice non reflexo; colu- mella calloso-incrassata ; — marginibus sat approximatis , callo valido, crasso, candidoque junctis. Var. B. — Elongala. — Testa majore, spira clato-conica ; zonulis castaneis 5 cingulatis. Coquille imperforée, globuleuse, épaisse, pesante, cré- tacée, régulièrement striée ou ornée çà et là de rides gros- sières et irrégulières. Test blanchâtre, ou quelquefois présentant une surface ceinte de 3 à 5 bandes, d'une teinte marron , presque effacée. — Spire assez développée, à sommet lisse et un peu obtus. 5 tours peu convexes, s'ac- croissant avec une grande rapidité. Dernier tour assez grossièrement strié, ventru, épais, ne descendant pas ou à peine vers l'ouverture. — Celle-ci est peu échancrée, arrondie , à péristome blanc , intérieurement épaissi, simple et non réfléchi. Columelle calleuse. Bords margi- naux assez rapprochés , réunis par une callosité blanche et épaisse. Hauteur, 30 — 35 millimètres ; Diamètre, 28 — 32 id. Espèce commune dans les contrées arides de la Syrie, notamment dans les environs du lac de Tibériade. — Cette Hélice habite aussi en Egypte, dans la régence de Tunis, ainsi qu'en Algérie, dans les environs de Constantine. L'Hélix pachya offre quelques variétés de forme ; l'une des plus intéressantes (voy. fig. 8) diffère du type par les caractères suivants : Var. B. Elongata. — Coquille plus grande, à spire plus élevée, plus conique, et dont le test se trouve orné de 3 zones d'une teinte marron assez bien prononcée. — Haut., 44; — diam., 38 millimètres. Cette variété se trouve aux environs de Tibériade. 164 REV. ET MAC DE zoologie. (Avril 1860.) Hélix figulina. Hélix ligata, Var. £ Fcrussac, Hist. Moll., t. XX, f. 3. Pomatia orientalis (1), Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837. Hélix figulina, Parreyss, in : Rossmassler, Iconogr., IX, p. 9, f. 580. 1839. — — (excl. Var. B.) L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., I, p. 237, 1848. — — Bourguignat , Cat. rais. Moll. d'Orient, p. 15 (exclus. Var. B.). 1853. Cette espèce se rencontre dans les îles de Rhodes, de Chypre, etc., dans presque toute la Grèce et la Turquie d'Europe, enfin surtout en Syrie. Hélix cavata. Hélix figulina, var. B, Bourguignat, Cat. rais. Moll. d'O- rient, p. 15, tab. I, fig. 44-45. 1853. Hélix cavata, Mousson, Coq. d'Orient, p. 21. 1854. — — Roth, Spicileg. Moll. or., p. 15. 1855. — — L. Pfeiffer, Monog. Hel. viv., IV, p. 160. 1859. Très-abondante sur les collines qui avoisinent la mer Morte, notamment à Mar-Saba. MM. Mousson et Roth indiquent également cette espèce des environs de Jérusalem. Hélix pycnia. Testa imperforata, ventricoso-globosa, crassa, cretacea, albida, irre- gulariter striata ; anfractibus 4 1/2 convexis, celeriter crescentibus; ultimo ac penultimo raaxirais , globosis ; ultimo ad aperturam paululum descendente; apertura lunata, fere rotundata ; peristo- mate caadido, incrassato, non reflexo, acuto; columellaincrassata; — marginibus callo crasso albidoque junctis. Coquille imperforée, ventrue, globuleuse, crétacée, épaisse , blanchâtre , irrégulièrement et grossièrement striée. 4 tours 1/2 convexes, s'accroissant avec la plus grande rapidité. Les 2 premiers tours sont petits et exigus, tandis que les 2 derniers sont énormes et très-ventrus. Us forment à eux seuls presque la totalité de la coquille. (1) Non Hélix orientalis de Gray, 1825. TRAVAUX INÉDITS. 165 Dernier descendant un peu vers l'ouverture; celle-ci est échancrée et presque arrondie. Le péristome est blanc , intérieurement épaissi, aigu, non réfléchi. Bords margi- naux réunis par une forte callosité blanche. Hauteur, — 32 millim.; Diamètre, — 33 id. Habite en Syrie, aux environs de Nazareth. Hélix pomacella. Hélix pomacella, Parreyss, in : Mousson, Coq. d'Orient, p. 19. 1854. Charmante espèce, un peu plus globuleuse que la figu- lina, à test un peu plus fragile, et orné de stries fines et élégantes. Ouverture presque circulaire. Péristome forte- ment réfléchi vers la columelle, et cachant la perforation qui existe toujours au jeune âge. Nous connaissons deux variétés de cette espèce. L'une est ornée de 5 zones brunes, dont les 3 premières sont presque nulles ; l'autre est entièrement blanche. La première variété habite les environs de Galipoli ; la seconde provient de l'île de Rhodes. L'Hélix pomacella est assez commune dans toutes les lo- calités voisines du Bosphore. Hélix Cyrtolena. Hélix ambigua (1), Parreyss, Mss. — - — Mousson, Coq. Schlœfli, p. 5 et 28. 1859. Habite en Grèce, en Thessalie, dans l'île deCorfou, etc. Hélix melanostoma. Hélix melanostoma, Draparnaud, Tab. Moll., p. 77. 1801. — Et Hist. Moll. France, p. 91, t. V, f. 25. 1805. Pomatia melanostoma, Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837. Cœnatoria melanostoma, Held., in : Isis, p. 910. 1837. Hélix rugosa (2), Anton, Verz. conch., 34. 1839. (1) Non Hélix ambigua, Adams, Cont. to Conch., n° 3, p. 35. 1849. (2) Nou Helk rugosa de Chcmnilz, Ziegler, Aradas, etc. 166 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) Cette Hélice se rencontre dans presque toutes les con- trées du bassin méditerranéen, aussi bien en Asie, en Afri- que, qu'en Europe, où elle est assez commune. Hélix nucula. Hélix nucula, Parreyss, Mss. Hélix figulina, var. nucula, Mousson, Coq. Bel. or., p. 21. 1854. Hélix nucula, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., IV, p. 161. 1859. Commune en Egypte aux environs d'Alexandrie, ainsi que sur toute la côte africaine jusqu'à Tunis. Se rencontre également dans la partie méridionale de l'Anatolie, ainsi que dans l'île de Chypre. Espèce voisine de l'Hélix melanostoma. Observations sur les Tychius qui se trouvent aux envi- rons de Paris, et description d'une nouvelle espèce et d'un Sibijnes, par M. Henri Brisout de Barneville. Outre les Tychius 5 punctatus, venustus , sparsutus, hœmatocephalus , tomentosus , on trouve, aux environs de Paris, d'autres espèces qui n'y ont pas encore été signa- lées, \esjunceus, fîavicollis, hœmatopus, Mdiloti, lineatulus, tibialis, et une nouvelle espèce que je décris sous le nom de pygmœus, c'est la plus petite de nos espèces connues. Le Junceus, pris à Paris, Schonh., vu, 303, 20> aies squa- mules d'un jaune d'ocre assez dense, bordées, à la suture et latéralement, de blanchâtre : cette coloration disparaît parfois à la suture; il varie au jaune cendré. Le bec est peu à peu rétréci de la base à l'extrémité, chez la femelle plus visiblement encore que chez le mâle ; les cuisses posté- rieures sont munies d'un fascicule dentiforme. Le Fîavicollis, Schonh., vu, 304, 21, ne se distingue du précédent que par un bec généralement plus long et des squamules généralement jaune cendré ou d'un blanchâtre argenté, moins épaisses, mais cachant le fond ; les cuisses, même les antérieures, sont munies d'une petite dent ré- TItÀVAUX INÉDITS. 167 duite parfois au fascicule. Du reste, il offre des différences si peu essentielles avec le Junceus, qu'on peut à bon droit le regarder comme une variété de cette espèce. Si l'on s'en rapporte à un type envoyé par Schonherr à M. Chevrolat, on trouverait dans nos environs YHœmato- pus, Schonh., 111, 302, 14; il vit principalement sur le Lotus comiculatus et n'est pas rare. Le bec est brusque- ment atténué à partir de l'insertion des antennes, plus atténué dans la femelle que dans le mâle. Les squamules des élytres sont assez denses, ocracées ou jaunâtres ou même blanchâtres, offrant les mêmes variations de colo- ration que le Junceus; les cuisses offrent aussi quelquefois un fascicule dentiforme. Son bec, brusquement atténué, le fera aisément distinguer du Junceus ; il est de la taille du Tomentosus. Les mâles des T. lineatulus, Schonh., vu, 311, 42, et tibialis, Schonh., vu, 310, 41, ont les jambes antérieures munies d'une petite dent au côté interne, comme dans le Meliloti. Le Lineatulus se trouve à Paris sur le Trifolium rubens; la suture des élytres est souvent seule visiblement blanchâtre, leurs stries sont distinctes et percent la pu- bescence qui est d'un gris soyeux ; les antennes sont ferru- gineuses, la massue obscure ; le bec est assez épais, à peine atténué à l'extrémité ; les pieds sont testacés, avec la base des cuisses noire. » Le T. Meliloti se reconnaît à son bec rétréci, presque en forme d'alêne, à ses cuisses noires, à sa coloration cen- drée ou jaune cendré, et au caractère particulier au mâle ; les stries des élytres percent la pubescence comme dans le Tomentosus; il est soumis aux mêmes variations de coloration. Tychius pygmœus. — L., 1/2 à 2 m. — Angustus, Miccotrogo pici- rostri simillimus, at minor, supra cinereo-pubescens, rostro tenui linoari, non atteuuato, apice vix rufescente, prothorace, ut iu Mic- cotrogo picirostri, constructo, sed minus convexo, antennarum basi, tibiis» tarsisque ferrugineis, tibiis auterioribus in mare intus 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Av/7 1860.) denticulo armatis, nonnuDquam solum dilatatis. —Habit, tota Gallia. Très-semblable au Miccotrogus picirostris , s'en distin- gue par le funicule de sept articles, le bec un peu plus fin, et surtout par sa taille beaucoup plus petite; il ressemble aussi au Tibialis; mais celui-ci est plus grand et a le bec beaucoup plus long. Sibynes cretaceus. - L., 2 1/2 à 3 m. - Elongatus, indumento cretaceo albo, nonnunquam brunnescente immixto, tectus, rostro longo, prothorace loogiore, ferrugiaeo, subtiliter striato, protho- race antice constricto, basi bisinuato, lobo scutellari mediocriter producto, elytris prothorace triplo longioribus, abdomen non te- gentibus, apice dehiscentibus ibique intus truncatis , setis brevis- simis albis seriatis, sutura albicante, antennis, tibiis tarsisque fer- rugineis. — Mas rainor, rostro breviore distinguitur. — Habit. Lutetia, in genista scoparia, in locis apricis. Cette espèce doit ressembler beaucoup au Sibynes sodalis, Schonh., vu, 327, 28; mais la diagnose qu'il en donne est tellement courte, qu'il est impossible d'avoir sur son identité une certitude complète. IL SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 26 mars 1860. — M. Aucapitaine adresse une Note sur la question de V existence d'Ours dans les montagnes de V Afrique septentrionale. « Les naturalistes ont longtemps discuté sur l'exis- tence de l'Ours brun [Ursus arctos, Lin.) dans les monta- gnes de l'Afrique septentrionale. « Hérodote et Strabon, plus tard Virgile, Juvénal et Martial, ont affirmé la présence de ce mammifère dans le Tell africain. Aussi la science moderne accueillit-elle avec une certaine confiance les relations de plusieurs voyageurs, tels que Dappert et Shaw qui confirmaient l'opinion des anciens, tout en avouant que cet animal devait être fort rare. « De tous les témoignages, celui de l'abbé Poiret est ce- SOCIÉTÉS SAVANTES. 169 lui qui a été le plus fréquemment invoqué, car il dit avoir vu... Voici ce passage : « Pendant mon séjour chez Ali- ce Bey, à la Mozoule, un Arabe apporta la peau d'un « Ours qu'il avait tué à la chasse ; il me montra une bles- « sure qu'il avait reçue à la jambe, poursuivi, disait-il, « par cet Ours » C'est véritablement énigmatique. Si Poiret n'affirmait, quelques lignes plus loin, que ces ani- maux sont carnassiers, on pourrait admettre (et je le sup- pose quand même) qu'il n'a vu qu'un morceau de la peau d'un de ces grands et vieux Singes si communs dans les montagnes boisées de l'Algérie et surtout de la région moyenne de la Kabylie. L'indigène poursuivi et blessé justifierait assez mon hypothèse... « Cuvier rejeta formellement ce fait, qui n'en resta pas moins à l'état de doute pour beaucoup de zoologistes ; puisque dans les Instructions pour les voyageurs, rédigées par MM. les professeurs-administrateurs du muséum, la question de l'existence de l'Ours dans les régions monta- gneuses de l'Afrique est très-spécialement recommandée aux explorateurs. « On avait encore pu observer quelques doutes jusqu'à la conquête de la haute Kabylie. La soumission du pays djurjurien donne raison à l'opinion de Cuvier. « J'ai parcouru en tout sens et à plusieurs reprises cet âpre pays; j'ai exploré les cimes neigeuses du Djurjura et longtemps séjourné dans les hameaux perchés sur les der- nières limites habitables de cette plus haute chaîne mon- tagneuse de l'Algérie. J'y ai acquis, non-seulement par moi-même, mais en interrogeant les gens du sol, la certi- tude que l'Ours n'existe pas dans les vastes et difficiles massifs composant les grande et petite Kabylies. « Les Berbers ont des noms spéciaux pour tous les Mam- mifères, les Oiseaux et même les animaux les plus infimes. Le Lion, qui n'existe plus que dans les régions circon- voisînes, se nomme Izem. La Panthère, rencontrée assez souvent dans les plaines étroites et accidentées de cet 170 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avi'U 1800.) abrupt pays, est connue sous le nom d'Ar'ilas jusque chez les montagnards du haut. « Seul l'Ours n'a pas sa dénomination dans cet idiome mille fois séculaire ; on doit en conclure que non-seulement il n'existe pas, mais encore qu'il n'a jamais existé; car, dans ce dernier cas, son nom s'y trouverait comme celui de bien d'autres animaux moins remarquables qui ne vi- vent plus dans le pays. » Séance du 2 avril 1860. — M . Milne-Edwards présente le troisième et dernier volume de son Histoire naturelle des Coralliaires. Cet ouvrage contient la description et la classification des espèces récentes et fossiles de Polypes et de Polypiers appartenant à la classe des Coralliaires, d'après la méthode adoptée par l'auteur et feu Jules Haime dans une série de mémoires spéciaux communiqués à l'Académie de 1848 à 1852. Communication de M. Dumèril concernant son Ento- mologie analytique : « Je dépose sur le bureau, afin qu'il en soit fait men- tion dans les Comptes rendus, une notice historique impri- mée, qui est relative à mon dernier ouvrage sur les insectes formant le tome XXXI de nos Mémoires. ce C'est aux membres de la Société entomologique de France, dont j'ai l'honneur d'être le président honoraire, que j'ai cru devoir m'adresser, comme aux juges les plus compétents pour cette branche spéciale de la zoologie , afin qu'il soit bien établi et bien reconnu, comme j'ai cherché à le démontrer, que je suis le premier zoologiste qui aie distribué en familles naturelles toute la série des insectes. « Les principaux classificateurs, par ordre de date, étant Geoffroy, de Degéer, Linné et Fabricius, il résulte des faits consignés dans la notice mise sous les yeux de l'Aca- démie que mes travaux , dans cette série chronologique, doivent prendre rang après ceux de ces entomologistes. «Je n'insisterais pas sur ces faits tout personnels, si les SOCIÉTÉS SAVANTES. 171 naturalistes qui ont écrit l'histoire de la science n'avaient négligé de les rappeler. » Nous n'avons pas le temps de faire les recherches né- cessaires pour rétablir les faits relatifs à la réclamation du vénérable et savant doyen actuel des entomologistes; nous nous bornerons donc à dire que notre premier maî- tre, le célèbre Latreille, a appliqué la méthode naturelle aux insectes, dès l'année 1793, et qu'il termine ainsi la préface de cet ouvrage, devenu fort rare aujourd'hui. « Vous qui m'avez communiqué si généreuse- ment vos richesses entomologiques, G. C. Bosc, Cuvier, Duméril, je vous regarderai toujours comme mes colla- borateurs. » Séance du 9 avril 1860. — M. Hollard lit un Mémoire étendu ayant pour titre : Des caractères fournis par l'étude du squelette des Plectognathes et des conséquences qu'on peut en déduire pour la classification de ces Poissons, « Je me suis appliqué, dans une série de travaux mono- graphiques, à rechercher et à faire ressortir l'intérêt que présente l'étude du squelette des Poissons pour détermi- ner la place encore douteuse d'un grand nombre de ces vertébrés dans la classe dont ils font partie. Mes recher- ches ont porté successivement sur ces familles plus ou moins étranges dont Artedi avait formé son ordre des Branchîostéges, que de Blainville nommait Hétérodermes, en considération du caractère exceptionnel de leur écail- lure, et que Cuvier, en limitant leur nombre, réunissait sous le nom ordinique de Plectognathes, pour exprimer le fait de la soudure du maxillaire au prémaxillaire. Le travail que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie complète et résume l'ensemble de mes études sur l'ostéologie de cette série de groupes qui comprend les Balistides, les Ostracionides et les Gymnodontes. Les squelettes de ces familles que j'ai comparés soit avec ceux de types plus ordinaires, soit entre eux, m'ont conduit, comme les caractères fournis par l'écaillure, à conserver 172 rev. et mag. DE zoologie. (Avril 1860.) le groupe créé par Cuvier, malgré les objections dont il a été l'objet ; mais en même temps cette comparaison m'a permis de déterminer la place de ce groupe, en complé- tant sa caractéristique, et d'en coordonner les éléments avec quelque précision, en faisant ressortir les distances relatives qui les séparent les uns des autres et les analo- gies qui les enchaînent dans un ordre sériai. ce Cet ordre sériai, qui exprime les véritables relations zoologiques des Plectognathes, comme on va le voir, achève de nous mettre à l'aise sur la question de la réunion de ces Poissons en un même groupe. Il nous donne des ter- mes subordonnés, composés eux-mêmes d'autres termes subordonnés, qui se décomposeraient à nos yeux jusqu'à la série des genres, si nous en poursuivions l'analyse, comme nous l'avons fait précédemment pour les ïétrodo- niens. En définitive, le mot groupe exprime mal la rela- tion des familles Plectognathes. Elles représentent sous une caractéristique générale et typique un ensemble de types de divers degrés, des séries générales composées de séries partielles. Le tableau suivant résume cette coor- dination, mais il ne saurait en donner que l'aspect le plus extérieur. Distribution des Plectognathes. Sous-ordres. Sclérodermes. Familles. Balistides. Tribus. Triacanthieus. Plectognathes. Ostracionides. Gymnodontes./ Sphérosomes. Balistiens. Monacanthiens. Aracaniens. Ostraciens. Loganiocomes ou Triodoniens. Tétrodoniens. Diodoniens. Ellipsosomes ou Ortbagoriscieos. » SOCIÉTÉS SAVANTES. 173 M. de Quatrefages présente à l'Académie un certain nombre de capsules envoyées par M. Mitifiot, et fait res- sortir ce que le procédé de ce sériciculteur, fondé sur le principe de la ponte solitaire, présente de rationnel et de pratiquement utile. M . P. Montegazza envoie de Milan une indication des parties sur lesquelles il désire appeler l'attention dans un travail sur la vitalité des zoospermes de la Grenouille et la transplantation des testicules d'un animal à l'autre. L'ouvrage qu'il analyse dans sa lettre n'est pas encore parvenu à l'Académie. M. E. Blanchard adresse une note intitulée : De la fé- condation et du liquide séminal chez les Arachnides. « Depuis une quinzaine d'années que je poursuis des recherches sur l'anatomie et la physiologie des Arach- nides, j'ai eu l'honneur d'en présenter successivement à l'Académie les principaux résultats. Aujourd'hui j'appro- che du terme d,e la tâche que je me suis imposée relati- vement à l'étude des animaux de cette classe, dont l'orga- nisation si complexe et si variée à certains égards m'a paru offrir un véritable intérêt à plus d'un point de vue. Certains faits concernant les types les plus dégradés, d'autres touchant les dispositions du système nerveux dans les Holètres et les Acariens, et quelques remarques sur les organes de la génération et la fécondation , me semblent avoir encore assez d'importance pour en faire l'objet d'une mention spéciale. Ces remarques sur la fé- condation forment le sujet de la présente note. « Les organes de la génération sont constitués dans les Arachnides d'après un plan particulier que nous voyons se reproduire, avec des modifications médiocres, chez presque tous les types de cette classe d'animaux. « Les organes femelles se composent de tubes membra- neux présentant, sur leur trajet, des vésicules ou loges, en quantité plus ou moins considérable, dans lesquelles se développent les œufs. Ces tubes, terminés en cœcum, 174 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Awil 1860.) ordinairement au nombre de deux, ont généralement une grande ampleur; c'est le cas pour les Aranéides et pour les Tétracères {Galeodes). Chez les Holètres [Phalangium et Chelifer), ils se réunissent par leur partie postérieure de manière à former un cercle. Chez les Scorpionides , ils ont une disposition propre, assez connue pour que je ne m'y arrête pas. Mais, dans tous les cas, ils servent à la fois d'oviductes et de réservoirs du liquide séminal. C'est une observation de ce genre et diverses expériences qui m'ont permis, en une autre circonstance, de montrer que c'était à la conservation de la semence du mâle dans les conduits ovariques qu'il fallait attribuer la faculté signa- lée à l'égard d'Araignées captives, de demeurer fécondes pendant plusieurs années sans accouplement, et non pas à une parthogénèse, comme on l'avait supposé. Les œufs se développent dans les vésicules ou loges constituées par des expansions des conduits ovariques; les vésicules étant comme étranglées à leur origine, le liquide séminal n'y pénètre point; c'est seulement lorsque les œufs, par- venus à maturité, vont passer dans l'oviducte qu'ils se trouvent imprégnés. Chez les Arachnides vivipares, comme les Scorpions, où les embryons se développent dans les loges ovariques, l'imprégnation n'a lieu encore qu'à un moment déterminé ; c'est celui où l'œuf est devenu assez gros pour dilater suffisamment les parois de sa loge et li- vrer ainsi passage au liquide fécondateur. Chez les Holè- tres [Phalangium et Chelifer), l'appareil femelle se com- plique davantage ; il existe un véritable -utérus dans lequel les œufs doivent séjourner avant d'être expulsés au dehors. « L'appareil femelle de beaucoup d'Aranéides, des espèces notamment dont la vie ne dure pas au delà d'une saison, consiste simplement dans les tubes ovariques réu- nis près de l'orifice, de façon à former un court oviducte commun ; mais chez les Aranéides dont l'existence se pro- longe durant plusieurs années et dont la fécondité doit SOCIÉTÉS SAVANTES. 175 persister après un seul accouplement (Ségestries, Dysdè- res, etc.), il y a un réservoir spécial, une sorte de poche copulatrice à parois fibreuses, s'ouvrant au dehors avec l'oviducte commun et disposée ainsi pour recevoir direc- tement la liqueur du mâle pendant la copulation. « Chez ces mêmes Aranéides, le liquide séminal m'a offert un caractère remarquable. Tandis que dans les Arachnides en général, Aranéides, Scorpionides, Phalan- giides, on [voit, nageant dans ce liquide, des spermato- zoïdes filiformes et les petites vésicules dans lesquelles se constituent les spermatozoïdes, comme on le sait de- puis les observations de MM. Kolliker, Rud, Wagner et de divers autres micographes, on trouve, chez les Séges- tries, les Dysdères, etc., des corps en forme de sphère aplatie, très-réguliers et d'une grosseur telle, qu'en répan- dant sur une lame de verre une gouttelette de liquide on aperçoit à la vue simple une foule de petits grains. Ces grains ou plutôt ces capsules dont je viens de donner une représentation dans l'ouvrage que je publie sous le titre de Y Organisation du règne animal (Arachnides, PI. XX, fig. 10) ont de 1/100 à 1/50 de millimètre. Sous un gros- sissement de 300 à 400 diamètres, on distingue nettement dans leur intérieur une immense quantité de spermato- zoïdes filiformes disposés régulièrement du centre à la circonférence. En comprimant une de ces capsules à l'aide d'une lame de verre mince, on la fait éclater, et alors les spermatozoïdes se répandent animés de mouve- ments qui ne peuvent laisser aucune incertitude sur leur nature. « Les petites vésicules ordinaires dans lesquelles se forment les spermatozoïdes continuent ici à se développer en augmentant considérablement de volume et deviennent en quelque sorte des spermatophores. « Ces corpuscules se rencontrent tous dans le même état durant une grande partie de l'année, dans les réservoirs séminaux des femelles aussi bien que dans les testicules et 176 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1860.) que dans l'article des palpes des mâles, conformé en or- gane copulateur. A l'époque où les œufs doivent être fé- condés, les petites capsules spermatophores se rompent, et alors, les spermatozoïdes devenus libres, le liquide sé- minal présente son aspect ordinaire. » Séance du 16 avril 1860. — M. Pouchet adresse un tra- vail ayant pour titre : Moyen de rassembler, dans un espace infiniment petit, presque tous les corpuscules normalement invisibles contenus dans un volume d'air déterminé. « L'instrument imaginé par M. Pouchet consiste en un tube de cristal fermé hermétiquement, à ses deux extré- mités, par des viroles en cuivre. La virole supérieure, qui est fixe, reçoit un tube en cuivre terminé, à l'extérieur, par un très-petit entonnoir, et, à l'intérieur, par une extré- mité très-finement étirée et dont l'ouverture n'a pas plus de 0,50 de diamètre. — Par la virole inférieure on intro- duit dans l'appareil un verre plan circulaire, que Ton place à 0m,001 de la pointe effilée du tube ; on ferme l'ap- pareil, et l'on met ensuite son intérieur en communication avec un aspirateur, à l'aide d'un tube qui traverse la vi- role inférieure. « Lorsque l'aspirateur agit, l'air environnant, étant as- piré, passe par le tube et, en sortant de l'extrémité effilée de celui-ci, vient frapper la lame de verre et dépose, à sa surface, tous les corpuscules atmosphériques qu'il con- tient, absolument parle même mécanisme que l'appareil de Marsh étend sur une lame de porcelaine les particules de métal qui en sortent. Les corpuscules les plus volumi- neux s'amassent tous en un petit tas central, qui n'a guère plus de 0m,001 de diamètre, et les autres seulement rayon- nent un peu plus loin. » III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Traité général d'oologie ornithologique au point de vue de la classification, par M.O. des Murs, 1 vol. in-8, 1860. Nous avons lu avec le plus vif intérêt le nouveau livre ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 177 que vient de publier M. des Murs. Après ua examen at- tentif de ce travail, nous nous sommes demandé comment l'idée d'un ouvrage si utile au point de vue qui nous occupe ne s'est point déjà présentée à l'esprit du grand nombre de savants qui se sont livrés à l'étude et à la des- cription des œufs des oiseaux. Suppléant à l'indulgence de l'auteur, qui, se faisant la même question, ne se l'est expliquée que par l'indifférence dont ce produit ovarien était frappé (ne l'a-t-on pas considéré pendant longtemps comme un simple objet de curiosité?), nous dirons que le véritable motif de cet abandon est que tous ceux qui se sont occupés d'oologie ne l'ont fait qu'en dehors de toutes connaissances nécessaires et de toute étude anté- rieure sérieuse et spéciale en ornithologie, et même n'ont pu en faire qu'au point de vue étroit de l'ornithologie européenne. Il fallait, comme M. des Murs, avoir fait de l'étude des Oiseaux l'objet constant de ses travaux et de ses plus chères distractions pendant sa longue carrière studieuse, pour entreprendre avec fruit cet important traité d'oologie; important, disons-nous, plus encore par la valeur des notions et des observations neuves qu'il renferme que par son étendue, car il est impossible d'être en même temps plus concis et plus substantiel. En lisant M. des Murs, on retrouve l'homme qui, après avoir conçu une idée, après l'avoir envisagée sous toutes ses faces, l'avoir approfon- die dans ses détails les plus intimes et les plus minutieux, maître enfin de lui-même et de son sujet, n'a qu'à présen- ter le simple exposé de ce sujet pour être compris, et qu'à soumettre l'application de ses idées pour convaincre de la réalité de ses aperçus et de la justesse de ses proposi- tions ; ceux qui liront l'œuvre de M. des Murs verront, comme nous, qu'il a complètement réussi. Nous croyons qu'un des grands mérites de M. des Murs, c'est de continuellement s'effacer devant la priorité des écrits tout en citant les auteurs. Ainsi il pouvait, sans eon- V sKttiE. t. xii. Auucc 1800. 12 178 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) teste, se donner l'avantage et l'honneur d'avoir su décou- vrir, dans l'œuf des oiseaux, de nouveaux caractères, carac- tères assez importants pour être pris en considération par les ornithologistes; eh bien, il répudie cette pensée! il lui suffit d'avoir trouvé, dans ses longues et pénibles recher- ches, le germe, même informe, de la même idée chez un autre pour qu'il s'empresse de le faire connaître et de citer les termes dans lesquels cette idée a été exposée, par- fois même entrevue. C'est d'après ces principes que M. des Murs a établi son intéressante Bibliographie ornithologique, qui n'existe dans aucun pays, et qui lui a demandé la traduction d'une infinité d'ouvrages étrangers, principalement allemands et anglais ; son but avoué étant de faire , avec la plus grande impartialité, l'historique, en quelque sorte, delidée d'utilité des caractères oologiques, cette idée à laquelle il a si heureusement réussi à donner un corps en l'élevant au rang de science. Le nouvel ouvrage de M. des Murs nous paraît con- courir à faire sortir l'ornithologie de l'ornière dans la- quelle elle s'est constamment traînée depuis son origine, en dépit même du talent de ceux qui l'enseignent sur les caractères morphologiques externes, sans penser à secouer le joug de l'habitude et du préjugé. 11 est donc évident que l'on doit s'affranchir mainte- nant de cette règle insuffisante qui faisait ressortir la place d'une espèce dans le genre (1), ou celle du genre dans la série, de la forme du bec, de celle des pieds, et des carac- tères exclusivement extérieurs. Nous reconnaissons pour notre part, et nous le profes^ sons depuis bien des années, qu'avant tout le fondement le plus solide de la classification naturelle est l'étude et la (1) Genre (ou progression spécifique du docteur J. E. Cornay, voyez l'article de V acceptation du mot genre en physiologie, par J. E. Cornay, Journal mensuel des travaux de V Académie nationale agricole, etc. (1858), cahier de mai et juin, p. 342 à 347). ANALYSES 1) OUVRAGES NOUVEAUX. 179 connaissance des mœurs des oiseaux, ce dont nous avons convaincu, en l'aidant dans le travail de son Conspectus avium, le savant et, par cela, si regrettable Charles Bona- parte. Cependant nous admettons que le sternum, trop vanté par de Blainville, peut donner quelques caractères secon- daires (1821, Journal de jj/ujsiquc), (l'Herminier, idem), que l'os palatin antérieur (1), au contraire, dont les caractères ont été si habilement développés par le docteur J. E. Cor- nay, est réellement, comme il le dit, un os important de contrôle. M. Cornay divise cet os en corps proprement dit, en extrémité et en lames ; la configuration du corps et des lames nasales, palatine et latérale fournit à la clas- sification , comme tous les anatomistes peuvent s'en con- vaincre, et avant tous les autres os du squelette, les carac- tères les plus utiles de contrôle vis-à-vis des autres carac- tères tirés des organes chez les Oiseaux ; voici ce que M. Cornay a parfaitement démontré. Il en sera de même des œufs des Oiseaux, dont les carac- tères vont devenir un nouveau Critérium omithologique, c'est-à-dire une nouvelle marque apportée à la connais- sance de la vérité pour la classification naturelle, ainsi que l'a si bien dit M. des Murs, auquel la science doit la révélation des caractères oologiques. Désormais, il existe donc un lien indissoluble qui rat- tache l'étude de l'oologie à celle de l'ornithologie; c'est ce que l'auteur démontre avec une merveilleuse évidence. Les éléments principaux de ce travail nous étaient con- nus, depuis longtemps, par les mémoires si intéressants publiés d'abord par M. des Murs, dès 1842, dans le Maga- sin de zoologie, avec planches, puis dans la Revue zoologi- que de la Société Cuvierienne, et enfin dans la Revue et Ma- il) Revue zoologique, novembre 18*7, Considération sur la classi- fication des Oiseaux fondée sur l'o$ palatin antérieur, par le doc- teur J. F.. Cornay. 180 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) gasiti de zoologie d'aujourd'hui, journal qui n'est que la réunion et la continuation des deux premiers. Nous de- vons dire, à ce propos, que ce n'est pas sans un vif senti- ment de surprise que nous avons vu certaines personnes traiter les mêmes matières alors qu'elles connaissaient les travaux si persistants de M. des Murs sur l'oologie des Oiseaux. Si encore, nous voyions les résultats de M. des Murs mis en relief et en lumière; mais non, il semble qu'il y ait parti pris de taire la valeur de ces travaux, ou de n'en parler qu'avec une discrétion calculée en omettant quelquefois le nom des travailleurs. Quoi qu'il en soit, le Traité d'oologie ornithologique, tout en reproduisant les divers mémoires de M. des Murs, en est l'intelligent développement; ce qui ne retire rien de leur mérite particulier comme idée première et comme invention. La partie incontestablement la plus curieuse est celle où l'auteur fait l'application , à la classification, de ses connaissances oologiques spéciales. Nous ne saurions aussi trop recommander à ses lecteurs , entre autres passages, le résumé historique des mœurs des Coucous. Là tout est nouveau, les inductions les plus intelligentes, les aperçus les plus vrais se font jour, sur ce sujet connu, que M. des Murs a cependant su rajeunir, en posant d'utiles jalons aux observateurs pour les découvertes à faire sur les mœurs mystérieuses, et peut-être si simples, de cette tribu des Cuculidés. Après ce juste hommage rendu à la conception d'utiliser les caractères oologiques, ce que nous appelons Vidée mère du livre de M. des Murs, nous allons examiner rapidement l'application pratique qu'il a le premier su faire de ces caractères oologiques à la classification. Pour ce qui est de l'œuvre en elle-même, l'auteur l'a divisée en trois parties. Dans la première, consacrée à la Bibliographie oologiquc, il fait voir, par l'énumération des ANALYSES d'OUVKAGES NOUVEAUX. 18t ouvrages et des auteurs qu'il analyse et qu'il cite, que l'œuf des Oiseaux a toujours été l'objet d'observations plus ou moins scientifiques, et a sans cesse attiré sur lui la curiosité. «Or, dit M. des Murs, de la curiosité à la science il n'y a qu'un pas; c'est l'histoire de la boîte de Pandore. » La bibliographie, cette partie toute neuve du livre, et qui manquait à la science, est complète; elle pourra en apprendre aux savants du monde, comme aux savants officiels, puisque ces mots sont consacrés. Dans la seconde partie, réservée à l'exposé des carac- tères oologiques, l'auteur prouve, par l'indication et par l'étude des caractères particuliers à l'œuf dans son tégu- ment calcaire , qu'il en découle effectivement des règles assez fixes pour servir de base à toute une série de pro- positions scientifiques dont les principales sont les sui- vantes, qu'il formule ainsi : « 1° Si la forme des œufs est plus généralement ovée, elle subit cependant des modifications qui se retrouvent constantes dans certains groupes : par exemple, 1° la forme ovalaire chez les Tinamous ; 2° la forme elliptique chez les Grèbes, les Cormorans et les Pélicans ; 3° la forme ovoïconique chez les Pingouins, les Guillemots et la plu- part des Gralles ; et 4° la forme cylindrique chez les Méga- podes et les Gangas. » Nous répétons ici, en passant, que cette division et ces dénominations de la forme oologique appartiennent pres- que toutes à M. des Murs , et que c'est en vain que quel- ques critiques intéressés chercheront à l'en déposséder, en y apportant de prétendues modifications qui sentent plus la logomachie que la science. « 2° Les oiseaux aquatiques ou nageurs ont généralement la surface de leurs œufs peu luisante et lustrée, cette qua- lité n'étant propre, dans des degrés infiniment variés, qu'aux œufs des Oiseaux terrestres, chez les Passereaux et les Gallinacés par exemple. 182 rev. et mag. de zoologie. (Avril 18G0.) « 3° La couleur des œufs ne varie en aucune manière, dans la même espèce , d'un climat à un autre, ce qui est loin de ce que soutient encore de nos jours un auteur dans des publications récentes. « 4° Le mode de coloration, tout en variant indéfini- ment d'une espèce à une autre, est cependant constant dans plusieurs groupes, chez les espèces qui les compo- sent; ainsi, blancs chez les Pigeons, les œufs sont unis et sans taches chez les Faisans et chez les Tinamous, quelle que soit la couleur de ces œufs. « 5° Enfin la forme générale des taches, à part la cou- leur de celles-ci, est également constante dans plusieurs groupes, par exemple chez les Bruants, les Quiscaies et la plupart des ïctéridés. » Dans la troisième partie l'auteur fait l'application des caractères oologiques à la classification des Oiseaux; il traduit les faits et les indications en les'amenant à figurer un nombre positif d'éléments sur lesquels s'appuie la mé- thode pour arriver au classement. Cette dernière partie de son livre a été, pour M. des Murs, l'occasion d'accumuler des notions neuves sur les mœurs de certaines familles ornithologiques , qui lui sont toutes personnelles, et il a exposé, dans un chapitre, des considérations des plus savantes; ce travail vraiment original est l'œuvre de l'auteur, il lui appartient donc en entier et paraît devoir fixer les incertitudes et les opinions flottantes qui se sont fait jour jusqu'à présent au sujet des Cuculidés. II en est de même du chapitre relatif aux Calaos, à la Huppe, au Cincle, aux Furnaridés, et, en dernier lieu, aux Ptiloptères. Ces principaux passages font voir, en effet, tout le parti que l'ornithologiste ami du progrès est appelé à tirer de l'étude du produit ovarien ; mais pour obtenir cet avantage il faut, comme M. des Murs, réunir à cette étude la con- naissance approfondie des mœurs des Oiseaux, et ne pas ANALYSES d'OUVUAGES NOUVEAUX. 183 se borner, à l'instar de certains auteurs, à couver amou- reusement les œufs qu'on possède. Une grande qualité que nous nous plaisons à reconnaître ' à M. des Murs, comme nous l'avons déjà fait pressentir, c'est qu'il est impartial, qu'il sait s'effacer devant toute antériorité ou toute priorité, au risque même de s'amoin- drir, et par conséquent il sait loyalement discuter; nous le disons exprès en songeant à ces critiques plus ou moins directement adressées à l'auteur sur ses premiers Mémoires d'orographie ornithologique, qui font la base et le point de départ de l'ouvrage dont nous nous occupons. Nous ne saurions entrer plus avant dans l'examen des mérites du Traité d'oologie ornithologique, sans dépasser les limites qui nous sont fixées pour les travaux de la Revue et Magasin de zoologie ; nous nous réservons cependant d'y revenir à l'occasion. Tout ce que nous voulions constater aujourd'hui, comme l'ont déjà proclamé, avant nous, MM. le docteur l'Herminier de la Guadeloupe , Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, et M. Hardy de Dieppe, c'est que M. des Murs a bien mérité de la science. J. P. Verreaux. Malacologie terrestre de l'île du château d'If, près de Marseille, par M. J. II. Bourguignat.— In-8, fig. Paris, 1860. Comme le dit l'auteur en débutant, voici un travail qui va bien étonner certains malacologistes ; je parle de ceux qui connaissent Marseille et ses environs. Il existe donc des Mollusques au château d'If ! — Mais cette île n'est qu'un rocher sur lequel s'enlacent d'immenses fortifica- tions Il ne se trouve là qu'un seul endroit où les mu- railles forment un petit retrait et laissent ainsi à décou- couvert un petit coin de terre de 80 pieds de long sur 20 de large tout au plus. Cet espace exigu, que les ingénieurs n'ont point jugé utile de comprendre dans le périmètre 184- rev. et mag. de zoologie. {Avril 18G0.) des constructions, est donc cette localité, ajoute M. Bour- guignat, où, le 10 janvier 1858, pendant trois heures envi- ron, je me suis livré à quelques recherches malacologiques. Il serait difficile, ajoute-t-il, de se faire une idée exacte de mon lieu d'exploration, si je ne disais que le sol y est des plus tourmentés. Là un rocher se dresse abrupt et dé- nudé ; ici une large fente, une profonde fissure où crois- sent quelques graminées, quelques choux maritimes; enfin çà et là des débris de briques et de poteries, des frag- ments de cailloux, voire même de nombreux immondices que les gardiens du fort ne se font pas faute de lancer du haut des murailles. Hé bien ! dans ce petit coin isolé, desséché et salé, M. Bourguignat a trouvé 18 espèces différentes, apparte- nant à 6 genres , et , qui le croirait? 2 espèces nou- velles, et il a pu en faire le sujet d'une belle brochure accompagnée de deux excellentes planches dues au crayon si exact de M. Levasseur, l'un de nos plus habiles dessina- teurs et lithographes. Les espèces observées par M. Bourguignat sur ce petit coin de terre sont les suivantes : 1, Zonites lucidus ; 2, Blauneri; 3, Hélix melancstoma ; 4, vermiculata; §,pisana; 6, catocyphia, espèce nouvelle ainsi caractérisée : testa parvula, rimato perforata, supra planulata, subtus conveœa, carinata; omnino albida, cre- tacea,striata; anfractibus k 1/2 sat celeriter et 'es centibus, su- pra planulatis, sutura lineari separatis; — ultimo magnoy acutd carinato, supra piano, subtus dilatato, convexo, ad aperturam non descendente ; apertura lunala, subangulata, in ventre penultimi, tuberculo cretaceo, ornata; peristomate simplice , acuto, intus paulum incrassato; labro columel- lari reflexiusculo, perforationem subobtegente : — haut., 6 ; diam., lOmill.; 7, Hélix apicina ; 8,neglecta; 9, pseuden- halia, espèce nouvelle ainsi caractérisée : testa anguste umbilicata, semiglobosa, crctacca, solida, sordide candida, ANALYSES 1)' OUVRAGES NOUVEAUX. 185 striatula; — spira convcxo-turbinata, apice obtuso, lœvi, corneo; — anfractibus 6 convcxis, rcgulariter crescentibus, sutura mediocri separalis; ultimo rotundato, vix descendente; aperlura obliqua, vix lunata , exacte rotundata; peristo- mate recto, acuto, in tus valide rosaceo vel luteolo, incrassato; marginibus approximatis : haut., 8-9; diam., 10-11 mill.; 10, IJelix numidica ; 11, conoidea ; 12, Bulimus decollatus ; 13, Ferussacia Gronoviana {regularis, folliculus, Vescoi, ajoutées comme terme de comparaison, mais non prises dans l'île); 14, Clausilia solida; 15, Pupa quinquedentata ; 16, amicta; 17, granum; 18, umbilicata. Ce mémoire curieux n'a été tiré qu'à 100 exemplaires, et va devenir certainement une rareté bibliographique. _____ (G. M.) Filum amadneum , methodus conckyliologicus denomina- tionis sine quo chaos, par M. J. R. Bourguignat. (In-8. Paris, 1860.) Voilà un ouvrage qui est, dès son apparition, une- rareté bibliographique, car M. Bourguignat ne Ta fait tirer, comme le précédent, qu'à cent exemplaires. Il a d'abord traité une question capitale de zoologie, la nomenclature et les règles qui doivent guider les malaco- logistes dans son application , et il a suivi celles qui ont été tracées par l'immortel JLinné, ce dont on ne saurait trop le louer. Pour donner une idée suffisante de son travail et de l'esprit dans lequel il est fait, il nous suffira de reproduire les quelques phrases qui en forment l'introduction. « La science malacologique repose sur une double base : la disposition et la dénomination (Linnaeus). « La disposition a pour but les divisions et les rapports des Mollusques les uns à l'égard des autres. « La dénomination a pour objet les appellations scienti- fiques. « Celte seconde partie fondamentale de la science, la 186 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.) seule dont nous allons nous occuper, a été de tout temps une des plus négligées, une de celles qui ont été le plus soumises à l'arbitraire. « Depuis l'immortel Linnaeus, le père de la science, s'il s!est rencontré des ignorants et des charlatans, il s'est trouvé heureusement de ces savants consciencieux pour qui les règles scientifiques avaient force de loi, et qui, par l'observance des principes, ont retiré la nomenclature du désordre et de la confusion où l'avaient plongée l'igno- rance et le charlatanisme. Ces savants ont bien compris qu'une science, avant tout, devait s'appuyer sur des rè- gles, et que, sans elles, toute méthode n'était que chaos, filum ariadneum, methodus sine quo chaos (Linn.). « Or ces règles, reconnues et sanctionnées par ces hommes intègres et ennemis de l'arbitraire, ont été réu- nies, par nous, dans ce volume. » Entrant en matière, M. Bourguignat examine, "dans 14 chapitres, les règles qui doivent guider dans la forma- tion des noms de classes et d'ordres, de familles, de genres et d'espèces; il traite des noms de fausses localités, mal latinisés, des désinences, des mots pseudo et sub, de la désinence en oides, de la variété, des noms de sections ou de groupes, des doubles emplois, de l'antériorité et de la synonymie, et , à la fin d'une note additionnelle très- curieuse, il termine ainsi : « Nous croyons utile d'avertir que les citations em- pruntées à Linnaeus, et qui se trouvent en notes dans le cours de cet ouvrage , sont exactes , bien que l'on y ren- contre les mots de concha, maiacologia ou conchyliologi- cus, etc., à la place as planta, botanica ou botanicus, etc. « Nous avons cru devoir faire subir aux phrases lin- néennes ces petites modifications de forme qui ne déna- turent en rien le sens fondamental, afin d'approprier d'une manière plus convenable les règles de Linnaeus au sujet traité dans ce volume. » Ce travail, destiné à servir de règle aux naturalistes qui ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 187 s'occupent de Mollusques, pourra tout aussi bien servir à ceux qui traitent des autres branches de la zoologie, cl nous regrettons que M. Bourguignat en ait fait tirer un si petit nombre d'exemplaires. (C. M.) A Catalogue of catalogue des Insectes Lépidoptères du musée de la compagnie des Indes ; par MM. Th. Housfield, directeur de ce musée, et Frédéric Moore, assistant. — Vol. 1er, in-8°, 1857. Ce magnifique ouvrage, imprimé par ordre de la cour des directeurs, nous a été adressé, de la part de ces hono- rables fonctionnaires, par les auteurs, et nous ne saurions trop remercier les uns et les autres de la satisfaction qu'ils nous ont procurée en nous donnant ce témoignage de leur estime. Ce catalogue forme un beau volume in-8° de plus de 300 pages, accompagné de 18 excellentes planches coloriées, représentant une foule de Chenilles, de Chry- salides et de Lépidoptères des Indes orientales , observés et dessinés, d'après le vivant, par le savant M. Horsfield et par d'autres entomologistes. Après avoir donné une liste systématique des genres et des espèces contenus dans ce premier volume, les auteurs offrent, dans le catalogue proprement dit, la synonymie des genres et des espèces, en suivant la méthode que nous avons introduite le premier dans notre Gênera et Species des Insectes dès 1843, de placer la date de la publication de tous les genres et espèces à la suite de la citation des ouvrages. Les premiers états de beaucoup de Lépidoptères indiens, dont on ne connaissait que le Papillon, sont dé- crits et figurés , et l'on est étonné des formes singulières et des couleurs variées offertes par ces insectes. Beaucoup d'espèces nouvelles sont décrites et figurées par M. Moore. Ce premier volume contient les Diurnes et les Crépus- culaires. Dans les premiers, il y a 595 espèces mention- nées ou décrites; dans les Crépusculaires, on en compte 50 : ce qui fait pour ce volume un total de 6V5 espèces 188 rev. et mag. de zoologie. (Avril 18G0.) indiennes , composant actuellement le musée de la com- pagnie. Il est probable que le second volume complétera la série, ce qui formera un très-utile et très-bel ouvrage dû à la munificence éclairée des honorables directeurs de la compagnie, qui ont toujours montré un grand zèle pour les progrès des connaissances humaines. G. M. IV. MELANGES ET NOUVELLES. Les lettres que nous adresse le savant docteur Sacc, de Wesserling, sont toujours pleines d'intérêt non-seulement pour nous personnellement, mais pour la science et ses applications. Nous voudrions pouvoir les publier toutes, car elles intéresseraient au même degré nos abonnés. Nous croyons donc leur être agréable en prenant à l'une de ces lettres un passage relatif à la Poule de Nankin (an- cienne Poule cochinchinoise), sur laquelle M. Sacc nous promet un article qui paraîtra dans un de nos prochains numéros. « La question des Poules a toujours été importante pour l'alimentation des villes; elle est devenue très-grande de- puis que l'industrie a utilisé l'albumine pour la fixation des couleurs. Cela a décuplé la consommation des œufs et en rend le prix de plus en plus élevé, et cela à tel point, que nous payons, en ce moment, 16 fr. le kilog. d'albu- mine, que l'on ne cotait, l'an dernier, que 10 fr. 50 c. à 11 fr. au maximum. Pondeuse régulière autant que fé- conde, la Poule de Nankin répondra seule aux besoins domestiques et industriels. Telle a été la conviction qui a guidé mon travail. » Dans cette même lettre, M. Sacc ajoute : « Vous apprendrez avec plaisir que le Kanguroo de Bennet vient de mettre bas au jardin zoologique de Franc- fort , où cette robuste espèce est restée toute l'année en plein air. Le petit est resté trois mois entiers dans la poche MÉLANGES ET NOUVELLES. 189 abdominale, qu'il refuse toujours de quitter, mais au de- hors de laquelle il passe quelquefois sa tête encore nue. » K La plante dont les faisans mangent la racine pendant l'hiver est la Ficaria ranunculoides. M. Grimaud de Caux donne dans Y Union les détails suivants concernant une des plus grandes magnaneries du Midi : Elle se trouve dans la vallée de l'Ergue, où nous comptons déjà des éducateurs distingués, tels que MM. Ben- jamin et Victor Rouquet, Mareoud, Fortanier, Rouch et Lavit, qui tous élèvent des Vers à soie sur une assez grande échelle. Les observations faites par M. Grimaud de Caux méri- tent toute la confiance des sériciculteurs, non-seulement parce que c'est un observateur éclairé et indépendant, en même temps qu'un écrivain consciencieux et renommé dans la presse scientifique, mais surtout parce qu'il a étu- dié de près les questions de sériciculture et qu'il a souvent pris la parole avec autorité toutes les fois que ces ques- tions ont été portées devant l'Académie des sciences. « Il y a quelques jours à peine , le 1er avril, je visitais sur les bords de l'Ergue , à Brignac , dans la vallée de l'Hérault, une magnanerie où l'on fait 40 onces de graines. Cette magnanerie a été fondée, en 1843, par mademoi- selle Santy, et inaugurée par une éducation de 25 onces. En 1852, on en mettait à l'éclosion 45. Les années suivan- tes, le chiffre de 40 onces a été adopté comme le plus en rapport avec la proportion de la feuille que la localité peut fournir. J'ai compulsé le journal de 17 années tenu par la jeune et habile fondatrice; c'est dune exactitude, d'une netteté, d'une sagacité, d'un discernement qui fe- raient honneur à des observateurs de profession : rien de futile et rien de négligé, les circonstances notées sont toutes dignes d'attention et parfaitement caractéristiques. En parcourant cette histoire de 17 années et en y suivant 190 iiev. et MAf,. de zoologie. [Avril 1860.) avec attention les phases diverses de chaque éducation annuelle, on ferait un cours complet de magnanerie pra- tique, plus utile cent fois que tous les traités théoriques, les rapports académiques et les dissertations qui me sont passés sous les yeux. « Sur ces 17 années, 3 seulement ont été improductives. En 1849-50-51, la feuille manquant complètement, made- moiselle Santy ne fit point d'éducation. Les 14 années restantes ont toujours donné un produit rémunérateur, dont la somme constituerait dans le pays une belle dot. « Mais voici qui est digne d'attention , et que je recom- mande à M. Guérin-Méneville, et même à M. de Quatre- fages, sur qui me paraît porter maintenant tout le poids des destinées de l'infortunée commission séricicole de l'Académie des sciences. En 1852, la feuille ayant reparu, mademoiselle Santy mit à l'éclosion 45 onces. Un violent orage fit périr la plus grande partie de ces intéressantes petites bêtes. En 1853, la gattine et la muscardine enva- hissent les chambrées. « Le mal est là, quelle en est la cause? Le journal n'hé- site pas, mademoiselle Santy s'aperçoit que la feuille est rouillée ; elle appelle cette rouille l'oïdium du mûrier. Plus tard, en résumant les faits de la saison, elle signalera aussi l'humidité qui a régné pendant toute la durée de l'éducation. ce L'année suivante (1854), grâce à un redoublement de bons soins et à un choix scrupuleux de la feuille, l'éduca- tion réussit et donne un résultat rémunérateur qui dépasse celui de toutes les années précédentes. « L'année 1857 donne le plus gros bénéfice. « L'année 1858 peut servir de contrôle . Des circonstances particulières empêchent mademoiselle Santy de diriger l'éducation ; elle afferme pour la saison sa magnanerie et ses mûriers ; un produit des plus médiocres est le résultat d'une recrudescence de la muscardine et d'une mauvaise direction. MÉLANGES ET NOUVELLES. 191 « Enfin, en 1859, la magnanerie de Brignac, reprise et dirigée par sa fondatrice , enregistre un succès unique là, où, dans l'espace de quelques kilomètres carrés, j'ai pu signaler au moins sept grands éducateurs. « J'ai hâte de tirer de ces faits quelques conclusions pratiques. « 1° Il est maintenant hors de doute que la feuille du mûrier a été malade. Le journal de mademoiselle Santy, pour l'année 1854, signale le fait dans toute sa simplicité. Depuis, l'opinion à cet égard s'est si bien accréditée dans le Midi, qu'un éducateur de Lunel, M. Nourrigat, propose maintenant de soufrer le mûrier comme on soufre la vigne, sans s'inquiéter des analogies. M. de Quatrefages avait soutenu l'avis contraire dans son rapport du 21 mars de l'année dernière. S'il ne revient pas à de meilleurs sentiments, c'est qu'il est résolu à mourir dans l'impéni- tence finale. « 2° On a donné le conseil de faire des éducations sur une petite échelle et d'élever, par exemple, 4 onces de graines au plus, afin d'éviter les résultats pernicieux de l'encombrement. J'avoue qu'en voyant les grands ateliers de mademoiselle Santy j'ai pensé tout de suite aux effets de l'accumulation. Je n'ai été rassuré qu'en parcourant son journal, et en y remarquant que les alternatives de réussite et d'insuccès s'expliquent parfaitement : les unes, par les orages, la feuille rouillée et l'absence de soins; les autres, par une direction des plus intelligentes et une expérience consommée. D'où je conclus que les éduca- teurs habiles peuvent très-bien tenir moins compte du précepte qui condamne les grandes éducations et en retenir seulement cette circonstance qui en constitue toute la valeur, savoir qu'il ne faut pas accumuler les élèves dans des locaux relativement trop petits. « 3° Enfin , pour ce qui concerne la culture des arbres, on a dit qu'il faut abandonner les mûriers greffés pour recourir aux sauvageons. Il n'y a pas un seul sauvageon 19*2 kev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.) parmi les milliers de mûriers étalant leurs branches dans la belle plaine de l'Ergue qui fait face à Brignac, et dans laquelle mademoiselle Santy fait cueillir la nourriture de ses Vers à soie.» M. L. W. Schaufuss, négociant d'histoire naturelle de Dresde (Saxe), se rend en Espagne pour y faire des ré- coltes d'animaux de toutes les classes. Il s'occupe surtout d'ornithologie, de malacologie et d'entomologie, et les catalogues d'objets qu'il offre aux amateurs nous ont paru fort riches en espèces, et celles-ci nous semblent cotées à des prix très-modérés. Il nous a remis un échantillon d'un intéressant Lépi- doptère espagnol du genre Polyommate, découvert depuis peu en Espagne, et publié en 1857-1858 sous le nom de Lycœua Mieggii, par M. Vogel (naturhistoriche zeitung der gesellschaft Isis). C'est une espèce encore fort rare dans les collections et que l'on peut lui demander par lettres affranchies, à cette adresse : MM. Schaufuss et E. Klocke, naturalistes à Dresde (Saxe). TABLE DES MATIERES. Page,. H. Aucapitaine. — Notes sur l'Antilope addax, — le Meh'a des Arabes. 145 Loche. — Description de deux nouvelles espèces d'Alouettes découvertes dans le Sahara algérien. 148 A. Guichenot.— Notice sur un nouveau Poisson du groupe des Cténolabres. 152 J. R. Bourguignat. — Aménités malacologiques. 154 H. Brisout de Barneville. — Observations sur les Tychius qui se trouvent aux environs de Paris, et description d'une nouvelle espèce et d'unSibynes. 166 Académie des sciences. 168 Analyses. 176 Mélanges et nouvelles (31. Sacc, sériciculture, etc.). 188 TARIS. — IMP. DE M""8 Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — MAI 1860. I. TRAVAUX INÉDITS. Considérations sur les oeufs des oiseaux , par A. Moquin-Tandon. Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859, p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11, 57. Chapitre V. — De la couleur des oeufs. § 1. — OEufs blancs. — Parmi les Oiseaux d'Europe, il en est un certain nombre qui pondent des œufs d'un blanc pur (1). La statistique de ma collection m'a donné (31 dé- cembre 1845) 45 espèces sur 319, par conséquent un peu plus du septième. En calculant avec les figures des œufs d'Europe, publiées par M. Thienemann (2), j'avais trouvé le huitième (3). Ce calcul est opposé à la loi signalée par Buffon. Ce grand naturaliste a posé en principe que le blanc est toujours la couleur dominante des œufs; que c'est celle que la nature y a répandue avec le plus de profusion (4) . Le rapport de 1 à 7 ou de 1 à 8 s'applique, bien en- tendu, aux Oiseaux d'Europe seulement. Je suis tenté de croire que, pour l'ensemble des Oiseaux, la proportion des œufs blancs se trouve un peu moins forte. Voici sur quoi j'établis cette présomption : le nombre des Oiseaux connus est de 8,850, suivant le prince Charles Bonaparte. Or nous savons que les Colibris, les Perroquets et les Pi- (t) Quœdam sunt albi coloris sicut ova columbarum, Albert Magn., Opéra, t. VI, p. 189. (2) System. Darst. VôgelEuropas. Leipzig, 1825, in-4. (3) Ma collection s'est beaucoup augmentée depuis 1845. J'ai refait le calcul ci-dessus, et je suis arrivé à peu près au même résultat. Je n'ai pas cru devoir changer mes chiffres (1er septembre 1859). (4) Hisl. nat., article Coq. 2e skrib. t. xii. Année 1860. 13 194 REV. ET MaG. de zoologie. (Mai 18G0.) geons décrits jusqu'à ce jour s'élèvent, les premiers à 322, les seconds à 330, et les troisièmes à 300. En tout, 952. Si nous supposons que les Rapaces nocturnes, les Martinets, les Pics, les Guêpiers, les M ar tins -Pêcheur s, les Pétrels et les autres Oiseaux à œufs blancs donnent un chiffre à peu près égal, nous aurons 1,800 espèces, par conséquent un peu moins du cinquième du nombre total. Ce résultat sera encore plus éloigné de la loi formulée par Buffon. On a remarqué que les œufs blancs des Oiseaux euro- péens sont généralement déposés et cachés dans des trous de muraille ou de rocher, ou d'arbre. En effet, ces œufs appartiennent aux Oiseaux de proie nocturnes (1), aux Pics, au Torcol, au Grimpereau de muraille, au Rouge-Queue, au Rollier, au Guêpier, au Mar tin- Pêcheur, à Y Hirondelle de rivage, aux Martinets, aux Pigeons Le Cincle et le Remitz semblent faire exception à cette règle; mais leurs œufs sont enfermés dans des nids cou- verts, et par conséquent aussi bien cachés que s'ils étaient dans un tronc d'arbre ou dans un mur. Il n'y a d'exception vraie que pour la Tourterelle, le Flamant et plusieurs Oies. Les Grèbes doivent la teinte blanche de leurs œufs à l'enduit particulier qui les recouvre; ils sont, en réalité, verdâtres. (La teinte roussâtre ou rousse qu'ils présentent quelquefois est étrangère à la coquille.) M. de la Fresnaye pense que cette uniformité de blanc, dans les œufs cachés, leur a été attribuée par la nature, afin qu'ils puissent être aperçus plus facilement par la cou- veuse, dans un lieu obscur, où ils eussent été moins invisi- bles et susceptibles d'être cassés par elle-même, s'ils eussent été d'une couleur foncée (2). M. l'abbé Vincelot a émis, (1) Klein voudrait savoir pourquoi le Créateur a donné aux Hiboux et aux Chouettes une coque très-blanche , symbole de Yinnocence (innocentiœ signum)\ (2) Lapierre avait déjà soutenu, relativement aux Oiseaux de nuit, que le blanc est plus facile à distinguer pour des Oiseaux qui couvent et vivent dans l'obscurité. TRAVAUX INÉDITS. 195 tout récemment, une opinion semblable. Ne pourrait-on pas renverser cette proposition et dire que les Oiseaux dont les œufs sont d'un blanc pur ont généralement l'in- stinct de les cacher ? Du reste, quelle que soit l'explica- tion de ce fait, la Tourterelle, le Flamant et plusieurs Oies feront toujours une exception! J'ai montré ailleurs que la Perdrix de mer ne produisait pas des œufs blancs, ainsi qu'on l'a supposé dans plu- sieurs ouvrages. Tous les œufs même les plus colorés commencent par être blancs. La face intérieure de la coque (1) offre toujours la teinte blanche, excepté cependant chez les Aigles et les Buses, où elle paraît très-légèremetit verdàtre. (Vincelot.) Dans un genre donné, peut-il exister en même temps des œufs blancs et des œufs colorés? On doit répondre que non généralement. En effet, sauf un très-petit nom- bre d'exceptions, tous les œufs d'un même groupe natu- rel sont ou tous blancs ou tous colorés. Ainsi les œufs sont blancs dans tous les Strix, les Picus, les Columba, les Puffinus, les Thalassidroma Les genres à une seule espèce, en Europe, qui pondent des œufs blancs, sont Coracias, Yunx, Merops, Âlcedo, Phœnicopterus, Pelecanus; mais plusieurs de ces genres ont des représentants à l'étranger, et ces représentants nous offrent des œufs exactement semblables, quant à leur livrée, à ceux de nos espèces indigènes. Quelques Oiseaux à œufs blancs, qui faisaient partie anciennement de groupes à coquille plus ou moins colo- rée, en ont été retirés par les progrès de la science ; tels sont les Cypselus, les Cinclus, le Tichodroma Des exceptions nous sont offertes par le Rouge-Queue dans les Rubiettes, par Y Hirondelle de rivage dans les (1) Ova autem omnium, si exterior cortex delibretur , alba sunt, Willughb., Ornith., p. 8. 196 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) Hirondelles, et par la Penduline dans les Mésanges (1). §2. — Œufs unicolores. — Les œufs unicolores, c'est- à-dire uniformément colorés ou sans taches, sont un peu plus nombreux que les œufs blancs. J'en ai compté, dans ma collection européenne (1845), 65 sur 319; ce qui ne donne pas tout à fait le cinquième. Si l'on ajoute à ces œufs les 45 blancs dont j'ai parlé plus haut, on aura 110 œufs non tachetés, ce qui est un peu moins du tiers. Les œufs unicolores pourraient être groupés en cinq séries : 1° Les œufs très-légèrement jaunâtres. (Fuligula his- trionica, Degl.) Les jaunâtres. (Perdix cinerea, Briss.) Lesjaunes d'ocre plus ou moins vif. (Podiceps auritus (2), Lath.) 2° Les œufs couleur de chair. (Certains Canards.) Les rougeâtres pâles. (Certaines variétés de Falco pere- grinuSy Briss.) Les rouges de brique. (Ceîtia Cetti, Degl.) 3° Les œufs très-faiblement olivâtres. (Fuligula ferrinat Keys. et Blas.) Les café au lait clair. (Fuligula marila, Bp.) Les olive foncé ou couleur de bronze. (Erithacus Lusci- nia, Degl.) 4° Les œufs très-légèrement verdâtres. (Phalacrocorax cristatus, Bp.) Les verdâtres. (Fuligula glacialis, Degl.) Les Verts. (Otis tetrax, Linn.) 5° Les œufs très-faiblement azurés. (Circaetus Gallicus, Vieill.) Les azurés. (Saxicola œnanthe, Mey. et Wolf.) Les bleus. (Accentor modularis, ïemm.) Parmi ces œufs, les jaunâtres sont les plus nombreux ; (1) Ces exceptions n'existent plus, si l'on admet les genres Eri- thacus, JEglthalus et Cotyle. (2) Cette couleur n'eiiste qu'après un certain temps d'incubation. TRAVAUX INÉDITS. • 197 ils forment à peu près la moitié des œufs unicolores de l'Europe (1). Puis viennent les œufs olivâtres ou verdâ- tres ; puis les bleus, et enfin les rougeâtres. Les œufs bleus sont certainement les plus remarqua- bles et les plus jolis parmi les unicolores. Il y en a une quinzaine d'espèces en Europe. Les plus brillants sont ceux des Accenteurs, du Rossignol de muraille et du Merle bleu. La teinte de certains œufs unicolores se montre si pâle, que la coquille diffère à peine des œufs blancs. Lorsqu'elle a été exposée quelque temps à la lumière, sa nuance s'af- faiblit graduellement et finit par disparaître. C'est ainsi que les œufs des Cigognes, du Blongios, de certaines Oies ont été décrits comme blancs, parce qu'ils avaient été étudiés dans des collections où ils étaient depuis long- temps. L'influence de la lumière sur l'affaiblissement des cou- leurs a été constatée par tous les ornithologistes. Les œufs qui ne sont pas enfermés perdent peu à peu la viva- cité de leurs nuances. Ce sont surtout les espèces à teintes légèrement azurées qui éprouvent cette modification. Les œufs bleus [Mouchet] deviennent d'un azuré très-pâle. Les œufs lilas clair ou gris léger de certains Tinamous se dé- colorent avec une rapidité remarquable. (F. Prévost.) Mais ce qui est digne d'être cité, c'est que l'œuf du Ca- soar, qui est d'un vert intense assez brillant au moment de la ponte, devient foncé, presque noirâtre, au bout d'un certain temps. On a beaucoup écrit sur les couleurs des œufs. Fabrice d'Aquapendente imaginait qu'elles étaient produites par le tempérament des oiseaux. Mais pourquoi le tempéra- ment donne-t-il des coques tantôt rougeâtres ou jaunâtres, tantôt roses ou bleu de ciel ? D'autres ont fait dépendre la (1) Quœdam sunt viridia declinantia ad cUrinUatem, sicut ova , Anatum., Albert Magu., Opéra, t. VI, p. 189. 198 REV. ET MaG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) couleur de l'alimentation. Buhle croit que les excréments et l'urine y sont pour quelque chose ! Les couleurs uniformes, celles dont il s'agit présente- ment, sont des couleurs sécrétées par des organes spé- ciaux. (Manesse (1), Carus) (2). Ces organes sont des pa- pilles ou glandules, variables par le nombre et par le volume, qui tapissent la surface interne de la partie de l'oviducte qui avoisine le cloaque. Quelques auteurs pensent qu'il ne serait pas impossible qu'une petite quantité de sang décomposé ou délayé ne fournît à certains œufs l'élément ou une partie de l'élé- ment de la coloration. Cette proposition est fort dou- teuse. M. Florent Prévost a examiné l'oviducte d'une femelle de Casoar morte à l'époque de la ponte ; il a trouvé les pa- rois de ce canal tapissées, dans une partie de son étendue, de cryptes nombreux, gorgés d'une matière, colorante, d'un vert pâle. M. Prévost a recueilli des portions de cette matière , et a remarqué qu'elle devenait foncée par l'ex- position à l'air. Les œufs unicolores sont couverts, au moment de la formation de la coque, d'un enduit comme gélatineux, qui donne à la matière calcaire une plus grande soli- dité ; voilà pourquoi , suivant la remarque récente (3) de M. Thienemann, les coquilles non tachetées sont généra- (1) L'abbé Manesse a laissé en mauuscrit un ouvrage assez étendu sur les œufs des Oiseaux , intitulé Oologie (2 vol. in-4 , avec un atlas de même format composé de 38 planches peintes à l'huile). Cet ou- vrage, important sous beaucoup de rapports, se trouve aujourd'hui dans la riche bibliothèque du muséum d'histoire naturelle; j'aurai l'occasion de le citer plusieurs fois. (2) « Les couleurs uniformes semblent tenir à une sécrétion par- ticulière qui a lieu pendant la formation de la coquille. » Carus. (3) Je dois rappeler que ce mémoire de M. Moquin-Tandon a été rédigé en grande partie, comme le précédent, pendant l'hiver de 1817, de manière que plusieurs ouvrages ou faits cités comme récent» remontent au delà de treize années. (G. M.) TRAVAUX INÉDITS. 199 lement plus dures que celles des œufs pourvus de taches; elles sont aussi plus lisses et plus lustrées. La couleur déposée pénètre plus ou moins profondé- ment. Dans un œuf de Tinamou que j'ai sous les yeux, elle atteint presque la moitié de l'épaisseur; dans celui du Casoar, elle dépasse un peu cette limite. La matière colorante semble sécrétée avec rapidité, et chaque œuf paraît l'objet d'une sécrétion particulière. J'ai ouvert un Merle femelle , quelques instants après la ponte du premier œuf de sa couvée ; je n'ai trouvé, dans son oviducte, aucune trace de couleur bleuâtre ni rous- sâtre. Dans la partie supérieure de cet organe, on voyait un second œuf, assez gros, mais encore sans coquille. J'ai prié mon ami, M. Ch. Leconte, professeur agrégé à la faculté de médecine, d'examiner la nature chimique de la couleur de plusieurs coquilles. Je lui ai remis des frag- ments d'œuf de Casoar et un certain nombre d'œufs de Grive et de Mouchet.} 'étais tenté de croire, d'après l'ori- gine de la teinte verte ou bleue de ces coquilles, que les couleurs sécrétées devaient offrir un principe immédiat. L'analyse est venue confirmer cette supposition. M. Le- conte a découvert, en effet, dans les œufs dont il s'agit, une matière organique particulière très-curieuse. Voici, du reste, en entier le mémoire de M. Leconte. Je saisis cette occasion, pour remercier cet habile et con- sciencieux chimiste du concours qu'il a bien voulu me prêter, avec une obligeance parfaite , dans mes travaux oologiques. Recherches chimiques sur la couleur de quelques œufs d'Oiseaux, par M. Ch. Leconte. Ces recherches ont été faites principalement avec l'œuf du Casoar. Cet œuf a fourni une quantité de matière colo- rante verte suffisante pour en étudier les propriétés. Les réactions obtenues avec les coquilles bleues de la Grive et du Mouche t permettent de conclure que, dans les trois cas désignés, la matière colorante est de même nature. 200 UEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) Pourtant il est bon de noter que toutes les expériences qui suivent ont été faites avec l'œuf du Casoar. Extraction de la matière colorante. — Après avoir essayé en vain d'enlever la matière colorante à l'aide de l'alcool et de l'éther, je m'arrêtai au procédé suivant qui m'a tou- jours donné de bons résultats : 50 grammes de coquilles d'oeufs de Casoar furent introduits dans une fiole avec une certaine quantité d'eau distillée; puis j'y versai peu à peu de l'acide chlorhydrique, ayant soin d'attendre que l'effer- vescence ait presque cessé, avant d'ajouter d'autre acide. Je n'avais ainsi qu'une petite quantité d'acide libre, dont la chaux du carbonate s'emparait rapidement. Dans ces conditions, la liqueur ne prend qu'une teinte colorée insignifiante, et l'on ne perd que des traces de matière colorante. Chose remarquable, à mesure que cette dernière abandonne la chaux , avec laquelle elle semble former une combinaison, elle se fixe sur les parties orga- niques de la coquille et vient colorer en beau vert la mem- brane interne. On sait que cette membrane, à l'état nor- mal, est d'un blanc éclatant. Lorsque l'acide chlorhydrique ne produit plus d'effer- vescence, je rejette la liqueur contenant le chlorure de calcium, et, après avoir lavé plusieurs fois les matières organiques colorées, je les traite, à l'aide d'une douce chaleur, par l'acide acétique cristallisable , qui dissout la matière colorante en donnant une liqueur d'un très-beau vert. En même temps l'acide attaque un peu les matières organiques dont la majeure partie reste à peine colorée après quelques traitements par l'acide acétique. En abandonnant à Tévaporation spontanée la liqueur acétique, on obtient des écailles sèches d'un vert telle- ment foncé, qu'elles semblent presque noires. La face en contact avec la capsule prend l'éclat d'un miroir; la face supérieure est terne. La matière colorante ainsi obtenue constitue un mélange assez complexe et suriout fort peu homogène. Les parties TRAVAUX INÉDITS. 201 déposées sur les bords de la capsule sont presque pures ; les parties du fond renferment une quantité notable de matières grasses et de substances organiques étrangères. On enlève facilement les matières grasses, en faisant bouillir à plusieurs reprises le principe colorant, préalable- ment pulvérisé, avec de l'éther rectifié. Il faut s'assurer que cet éther ne renferme pas d'acide et que la substance colorante elle-même a été bien privée d'acide acétique par la dessiccation ; car, s'il en était autrement, l'éther dis- soudrait une quantité de couleur d'autant plus considé- rable que la dose. d'acide serait plus grande. Lorsqu'on prend les précautions que je viens de signa- ler, l'éther ne dissout que les matières grasses, demi-soli- des et non cristallisables, qu'il abandonne par l'évapora- tion spontanée. La poudre, ainsi débarrassée des matières grasses, est traitée par l'eau distillée acidulée par l'acide acétique, à l'aide d'une douce chaleur. On obtient de cette manière des liqueurs dont la teinte va en diminuant, à mesure que le nombre des lavages augmente, et il reste, à la fin , des matières qui ne conservent qu'une légère teinte verte. Les liqueurs filtrées et réunies sont additionnées d'un mélange d'alcool et d'éther, puis agitées fortement à diverses re- prises. L'éther vient surnager en entraînant la matière colorante de l'alcool et de l'acide acétique. On sépare la liqueur éthérée, et l'on traite de la même manière la liqueur aqueuse, si le premier traitement ne l'a pas com- plètement décolorée. Les liqueurs éthérées , abandonnées à l'évaporation spontanée, laissent la matière colorante avec des proprié- tés analogues à celles qui ont été décrites plus haut. Propriétés. — La matière colorante des coquilles d'oeufs de Casoar est d'un vert excessivement foncé, vue en masse. Elle représente à peu près un demi-millième du poids de la coque. Bien sèche, elle n'offre ni odeur ni saveur. Chauffée dans un tube, elle se boursoufle et dégage de 202 REV. ET MÀG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) l'ammoniaque. La présence de cet alcali devient très- facile à constater, si avant de chauffer on a mêlé la ma- tière avec de la chaux sodée. L'eau, l'éther et l'alcool ne la dissolvent pas sensible- ment à froid ; mais l'eau et l'alcool se colorent légèrement à l'ébullition. Lorsqu'on verse dans les liquides précédents un peu d'acide acétique, ils dissolvent alors facilement la matière colorante. Il en est de même pour l'acide chlor- hydrique. Si nous ajoutons à ces faits que l'alcool, l'éther et l'eau n'enlèvent pas à la coquille sa couleur, nous sommes con- duit à conclure que cette substance forme avec la chaux une combinaison insoluble, tandis qu'avec les acides elle donne naissance à des combinaisons solubles. Ainsi cette matière colorante semble jouer le rôle d'acide avec les bases et celui de base avec les acides. Cette double propriété nous permettra d'expliquer le rôle de ce corps dans l'organisme des Oiseaux. Les réactifs chimiques ne se comportent pas tout à fait de la même manière avec la matière colorante pure et avec la combinaison de cette substance avec la chaux. 1° Réactions sur la matière colorante pure, c est- à-dire isolée de la coquille. — Toutes les réactions suivantes ont été exécutées à l'aide d'une solution de matière colorante dans l'eau distillée légèrement acidulée par l'acide acé- tique. La potasse, la soude et l'ammoniaque communiquent à la matière colorante une teinte jaune terne qui disparaît rapidement et laisse un liquide incolore. Les carbonates alcalins se comportent de la même ma- nière. Les acides chlorhydrique, sulfurique étendu et acétique ne modifient pas sa couleur. L'acide azotique lui fait prendre une teinte violette qui passe bientôt au rouge, lequel persiste à froid, si l'on a TRAVAUX INÉDITS. 203 employé une quantité convenable d'acide. Mais toutes ces teintes disparaissent sous l'influence de la chaleur. Les acides sulfureux et sulfhydrique ( en dissolution ) font passer la liqueur du vert au jaune-citron. La nuance fournie par le premier de ces acides est surtout remarqua- ble par sa vivacité qui rappelle celle des plumes du Serin des Canaries domestique. Un excès de cet acide ne déco- lore pas la liqueur. L'hypochlorite de soude , ajouté au liquide, préalable- ment saturé par la potasse, le décolore rapidement. 2° Réactions sur la matière colorante fixée à la coquille. — L'alcool, l'éther et l'eau ne dissolvent pas la combinai- son calcique. Il en est de même du sulfure de carbone et du chloroforme. L'acide chlorhydrique, étendu d'eau, dissout le carbo- nate de chaux, tandis que la matière colorante reste non- seulement adhérente aux parties externes des membranes, mais vient encore s'appliquer à la surface interne de ces dernières. La liqueur acide ne prend qu'une teinte insi- gnifiante. L'ammoniaque, étendue d'eau, ne dissout ni ne modifie la couleur. La potasse, plus ou moins concentrée, ne dissout pas la matière colorante, mais lui donne une teinte jaune assez vive. L'hypochlorite de soude, très-concentré, ne décolore pas la coquille sur laquelle a agi la potasse , même lorsqu'on porte le liquide à l'ébullition, il lui rend, au contraire, la belle couleur verte que la potasse avait fait passer au jaune. L'acide sulfureux agit assez énergiquement ; en un quart d'heure il communique à la couleur verte une teinte d'un jaune vif. L'acide sulfhydrique, en solution saturée, n'influe que lentement sur la matière colorante de la coquille, il lui donne cependant peu à peu une teinte jaune analogue à 204 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) celle que produit l'acide sulfureux. Je reviendrai un peu plus loin sur ce sujet qui présente un intérêt tout spécial. On voit donc que , si la plupart des réactifs se compor- tent de la même manière sur la matière colorante dont il s'agit, soit libre, soit combinée avec la chaux, il en est cepen- dant quelques-uns, tels que la potasse et l'hypochlorite de soude, qui se conduisent d'une manière bien différente, puisque la potasse, qui décolore la matière pure en disso- lution, fait seulement virer sa teinte au jaune lorsqu'elle est combinée avec la chaux, et que l'hypochlorite, qui déco- lore la substance pure, n'altère pas la teinte de sa combi- naison. Considérations générales. — Avec M. Moquin-Tandon, je proposerai de nommer chromine la matière colorante dont je viens de tracer l'histoire. Ce nom, qui n'implique aucune propriété colorante spéciale, nous semble très- convenable pour désigner une substance qui paraît être l'origine de la plupart des couleurs que présentent les Oiseaux. Cette substance, d'un vert foncé dans le Casoar, passe au bleu clair dans la Grive et dans le Mouchet. Ce pas- sage a lieu par simple transformation isomérique, puisque j'ai pu constater plusieurs fois une belle teinte bleue dans des solutions acétiques de cette matière fournie par l'œuf du Casoar , amenées à un certain degré de concentration. Je n'ai pu, du reste, séparer par aucun moyen la matière verte dont il est question en substance bleue et en sub- stance jaune. La couleur jaune dérive de la chromine par l'action des corps réducteurs, comme l'indique l'action des acides sul- fureux et sulfhydrique. La couleur rouge, au contraire, résulte de l'action de certaines substances oxydantes, ainsi que le démontrent les réactions de l'acide azotique. D'après cette manière de voir, les substances désignées sous les noms de zooxanthinc et de zooérythrine , par TRAVAUX INEDITS. 205 M. Bogdanow, dans son intéressant travail sur les causes de la coloration des Oiseaux, ne seraient que des dérivés, par réduction ou par oxydation, de notre chromine, la- quelle, comme je l'ai dit plus haut, possède la propriété de fournir les trois couleurs primitives et, par suite, toutes les teintes des œufs uniformément colorés. On a vu, ailleurs, que M. Moquiri-Tandon distingue quinze nuances princi- pales, qu'il groupe sous cinq types généraux. Je ferai ob- server que, parmi ces nuances, on ne trouve pas de jaune brillant ni de rouge vif. Je n'ai pas besoin d'insister pour faire comprendre que la nature n'emploie pas des procédés de réduction ou d'oxydation semblables à ceux dont jai fait usage; mais les faits ont, depuis longtemps, démontré que des phéno- mènes du même ordre s'accomplissaient constamment dans l'organisme. Je n'ai pas cru devoir faire l'analyse élémentaire de la chromine, car aucun caractère un peu important ne m'a pu permettre de la considérer comme une substance bien définie. Malgré les soins apportés à sa préparation, l'acide acé- tique dont j'étais obligé de faire usage a toujours dissous une certaine quantité de matières étrangères qui n'ont pas été complètement éliminées par l'éther. En résumé, la couleur verte ou bleue des coquilles, dans les œufs des Oiseaux, n'est pas due à des substances miné- rales telles que le phosphate de fer, comme l'ont avancé quelques auteurs, ni à du sang modifié, comme l'ont pré- tendu plusieurs autres; elle résulte d'une matière orga- nique azotée particulière. Cette matière est la source des différentes teintes que présentent les œufs colorés; elle paraît être aussi l'origine des couleurs variées qu'on ob- serve dans les plumes. 206 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1860.) Description d'un Oiseau nouveau, par M. J. Verreaux. Micropalama tacksanowskia. — Supra rufa : scapulo rufo-nigres- cctite ; uropygio albo nigro-fasciato. Subtus rufo-dealbata : rachidc alarum candido; crisso albido nigro-liaeato. — (PI. xiv.) Dessus de la tête et du cou d'un roux clair, avec des raies longitudinales d'un brun foncé au centre des plumes, plus étroites sur l'occiput et le haut du cou ; haut du dos et scapulaires d'un brun noirâtre, chaque plume bordée latéralement de roux et de blanchâtre ; bas du dos et cou- vertures sus-caudales d'un blanc pur avec des bandes transversales noires; un trait brun varié de roux entre le bec et l'œil ; reste de la tête , cou, poitrine et flancs du même roux clair que le reste ; quelques zébrures brunes sur le thorax et les flancs ; ventre et bas-ventre roux plus pâle, mélangé de blanc ; couvertures sous-caudales blan- ches, lavées de roux et barrées de noir; ailes brunes, petites tectrices légèrement bordées de plus clair et de blanchâtre : les plus grandes bordées de blanc plus pur, rémiges primaires brun noirâtre avec le rachis blanc, les plus courtes bordées, sur les deux tiers de leur longueur, de blanc chiné de brun ; toutes les secondaires bordées de blanc à l'extérieur, et largement traversées de la même couleur sur les barbes internes ; tectrices inférieures blan- ches , ainsi qu'une grande partie des rémiges à partir de leur base; celles qui bordent le contour de l'aile marquées d'un vert noirâtre ; rectrices brun noirâtre, traversées par des bandes blanches. Bec très-long, plus haut que large, comprimé au centre et dilaté vers le bout, qui en est obtus. Cette partie en est réticulée , et offre, en cela , beaucoup d'analogie au bec des Bécassines; il est sillonné le long de la mandibule supérieure. Tarses aussi longs que dans la Barge rousse, avec laquelle cet oiseau a beaucoup de res- semblance quant au port et au plumage. Doigts : médian plus long que dans celle-ci; palmés à leur base, et cette palme un peu plus étendue sur la partie externe. — Ailes longues, atteignant presque l'extrémité de la queue, à pre- TRAVAUX INÉDITS. 207 mière et seconde rémiges les plus longues, les scapulaires descendant très-loin, ne laissant que 8 millimètres de dis- tance jusqu'au bout : queue moyenne, presque carrée. Long, tôt., 0,38 cent.; du bec, 0,086; de l'aile fermée, 0,172; de la queue, 7; du tarse, 5; du doigt médian sous l'ongle, 3. Nous dédions cette intéressante espèce à notre ami et savant collègue, M.Tacksanowski, attaché au musée d'his- toire naturelle de Varsovie, comme un témoignage de reconnaissance, non-seulement pour l'amitié qui nous lie, mais encore pour la part active qu'il prend à tout ce qui se rattache à l'étude de l'histoire naturelle, et principale- ment à l'ornithologie; aussi nous empressons-nous de relater ici les détails qu'il nous communique sur cet Oiseau. -V\. xm, fig. 11, Salenia Pellati vu de côté; fig. 12, le même vu sur la face sup.; fig. 13, le même vu sur la face inf.; fig. 14, ambulacre et interambulacre grossis. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 23 avril 1860. — M. de Quatrefages présente de Nouvelles recherches sur les maladies actuelles du Ver à soie. Nous ne reproduisons pas la longue analyse de ce tra- vail qui a paru aux comptes rendus. Il en résulte deux conclusions capitales, qui consistent à recommander les moyens hygiéniques et à confirmer ce que nous avons an- noncé depuis trois ans, alors qu'il était plus difficile de le discerner qu'aujourd'hui, que l'épidémie est entrée dans sa période décroissante. M. F. de Castelnau adresse une Note sur les Poissons de l'Afrique australe. L'auteur a constaté déjà que la faune ichthyologique des côtes et des eaux douces de ce pays se compose de 157 es- pèces de Poissons osseux, parmi lesquelles il y en a 38 d'eau douce; sur ce nombre, il pense qu'il y en a 69 qui n'avaient pas encore été signalées, parmi lesquelles 6 for- ment des genres nouveaux. M. Valade-Gabel adresse une Note intitulée, Distribu- tion des insectes en familles naturelles; remarques à l'occa- sion d'une communication récente de M. Duméril. SOCIÉTÉS SAVANTES. 225 M. Valade-Gabel, neveu et héritier de notre illustre maître Latreille, montre, par des dates certaines, que c'est en 1795 qu'il a commencé à classer les Insectes suivant un ordre naturel. Il cite un passage de la Zoologie analytique de M. Duméril, dans lequel ce savant parle, en 1806, des travaux de Latreille sur la classification, ce qui implique qu'ils étaient antérieurs à un Mémoire sur le même sujet lu par M. Duméril à la Société philomathique en 1800. M. Lartet adresse une Addition à la Note sur l'ancien- neté géologique de l'espèce humaine présentée le 19 mars 1860. M. Max-Schultze adresse un travail intitulé, Sur une nouvelle espèce d' Eponge (Hyalonema) prise pour un Polype. M. Gray a décrit cette production, qui provient des mers du Japon, sous le nom de Hyalonema Sieboldii (Proceed. Zool. Soc, Lond., 1835), et l'a rangée dans les Zoophytes. M. Brandt a publié nn travail complet sur ce sujet à Saint-Pétersbourg en 1858. Il distingue plusieurs espèces qu'il considère comme de nature polypeuse et en fait une famille des Byalochactides. M. Schultze, ayant pu examiner un certain nombre de ces productions au musée de Leyde, s'est assuré que ce sont des Éponges et non des Polypes, et il propose de les classer à côté des Alcyoncel- lum de Quoy et Gaimard. Séance du 30 avril 1860. — M. Duméril lit une Réponse à des remarques de M. Valade-Gabel sur la Notice concernant l'Entomologie analytique. L'éminent zoologiste soutient que Latreille n'ayant pas donné de noms aux familles qu'il avait établies dans le Précis des caractères génériques, publié en 1796 ou 1797 (an V), c'est à lui qu'appartient l'initiative de la dénomi- nation de ces groupes naturels en 1799, et depuis dans la Zoologie analytique. Nous n'avons pas le temps de faire les recherches néces- saires pour établir l'histoire de cette question; mais nous pensons que l'application de la méthode naturelle à la classification des animaux articulés a été faite à peu près 2« 8ÉRIB. t. xu. Année 1860. 15 226 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) à la même époque par trois grands zoologistes, Cuvier, Latreille et Duméril. Ils étaient tous les trois sous l'in- fluence des idées de Jussieu, et il n'est pas étonnant qu'ils aient songé, chacun de leur côté, à les appliquer aux ani- maux dont ils s'occupaient. Quel a été le premier à publier le premier essai de cette application, sans oser encore donner des noms aux familles? C'est, évidemment, La- treille, ainsi que l'établit M. Duméril dans ses Considéra- tions générales sur la classe des Insectes (1823), page 259, quand il dit de Latreille : « L'auteur a, le premier, eu l'idée de ranger les insectes par familles auxquelles il n'avait pas donné de noms, etc. » Quant à Cuvier, ainsi que le dit M. Duméril [id.t p. 262), « il a, le premier, indiqué un grand nombre de familles, 4 en considérant les genres de Linnaeus comme types primi- tifs et en ayant le plus grand égard aux métamorphoses d'après Swammerdam, et aux organes de la mastication et de la déglutition d'après Fabricius. « Dans son premier ouvrage, publié en l'an VI (1798), les Crustacés, etc., etc. » Quant à M. Duméril, il dit encore (id., p. 264) : « J'ai inséré dans le premier volume de YÀnatomie comparée de M. Cuvier, en 1800, les premières tentatives que j'ai faites de la classification, par familles naturelles, des genres d'Insectes; etc., etc. » M. P. Gratiolct lit une Note sur l'encéphale du Gorille. Le savant anatomiste rappelle que, dans un Mémoire sur les plis cérébraux des Singes, il y a dix ans, il avait déjà établi que le Gorille est très-inférieur au Chimpanzé et plus semblable aux Cynocéphales qu'à tout autre groupe de Singes. Aujourd'hui, l'étude qu'il vient de faire d'un cerveau de Gorille, donné au muséum par M. le lieutenant de vais- seau de Sennal, vient confirmer ce qu'il avait établi d'a- près l'examen d'empreintes de la cavité crânienne. M. Gratiolet donne, à l'appui de ses idées, une de ces SOCIÉTÉS SAVANTES. 227 descriptions, comme il sait les faire, et de bons dessins de ce cerveau, qu'il compare à celui de l'homme, de l'O- rang-Outang, des Gibbons, etc., etc., et il termine l'ex- trait de ce travail par ces paroles : « Or ces caractères font du Gorille, malgré sa taille et sa force, le dernier, le plus dégradé de tous le3 Singes anthropomorphes, et les faits anatomiques, éclairés par l'idée féconde des séries pa- rallèles, nous conduisent à voir en luil'Orang des Cynocé- phales, de même que le Troglodyte nous semble être celui des Macaques, et le Satyrus celui des Gibbons, des Sem- nopithèques et même des Guenons. » M. de Quatrefages présente, au nom de M. le maréchal Vaillant, une Note de M. Porro sur la maladie des Vers à soie en Lombardie. Séance du 1 mai 1860. — M. Pasteur y présente un Mé- moire ayant pour titre, De l'origine des ferments* wo«- velles expériences relatives aux générations dites spontanées. M. Osimo s'étonne du silence gardé par la commission des Vers à soie relativement à la manière de reconnaître si les œufs sont malades et à quel degré. Séance du 14 mai 1860. — M. Jules Cloquet lit d'inté- ressantes observations sur l'existence d'un calcul salivaire chez un nouveau-né. Séance du 21 mai 1860. — M. Seguin aîné a renfermé, il y a dix ans, des Crapauds vivants dans du plâtre, et il de- mande à l'Académie si elle voudrait l'autoriser à lui en- voyer deux de ces blocs pour les faire ouvrir en présence d'une commission. Cette proposition est acceptée. M. CL Bernard communique, de la part de M. Botkine, des expériences sur les matières colorantes des globules du sang et de la bile. M. Eschricht, professeur à l'université de Copenhague, lit un Mémoire sur les Baleines franche* du golfe Biscayen, On sait que, dans le moyen âge, les Baleines franches furent très-communes dans l'Atlantique septentrionale ; la pêche de ces animaux, à l'aide du harpon, a même pri? 228 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) origine dans le golfe Biscayen. Dans les deux derniers siè- cles, cependant, ce n'est que très-rarement qu'on en a trouvé des individus dans ces parages, et enfin, de nos temps, les Baleines franches y ont paru, soit exterminées, soit chassées, aux mers boréales. De quelle espèce furent ces Baleines franches de l'Atlantique septentrionale? Cu- vier et ses successeurs se sont déclarés en faveur du Mys- ticetus, mais M. Eschricht s'est persuadé que cette hypo- thèse doit être erronée, puisque le Mysticetus, d'après les renseignements que M. Eschricht et M. le professeur Rein- hardt, de Copenhague, ont reçus des colonies danoises, en Groenland, sur les mœurs et les migrations de cette es- pèce, est un animal exclusivement boréal, qui ne quitte et n'a jamais quitté les mers encombrées de glace. Aux yeux des anciens Islandais et des pêcheurs de Baleines des siècles précédents, en un mot de tous ceux qui avaient eu l'occasion d'observer la Baleine de l'Atlantique à côté, pour ainsi dire, du Mysticetus, elle fut toujours un animal diffé- rent. Les marins hollandais l'appelèrent Nordkaper, et, tout en opposition de l'hypothèse de Cuvier, ils crurent la retrouver dans les Baleines australes, de sorte que celles-ci aussi furent, pour eux, des Nordkapers. M. Eschricht avait été frappé de voir qu'en effet toutes les descriptions plus ou moins exactes qui ont été données de quelques indivi- dus isolés observés dans l'Atlantique septentrionale, encore dans le xvme siècle, sont assez applicables à la Baleine du Cap, jamais au Mysticetus. M. Eschricht avait même in- cliné, il y a vingt ans, à adopter l'hypothèse des pêcheurs hollandais en opposition de celle de Cuvier, mais il avait dû en revenir, par suite des observations recueillies par M. le capitaine Maury aux États-Unis sur les mœurs et les migrations des Baleines australes. Il en était résulté que ces Baleines n'entrent jamais dans les mers tropicales, de sorte que toute la zone entre les tropiques reste toujours dépeuplée de Baleines franches, et il serait contre toute analogie de présumer que des animaux tellement séparés SOCIÉTÉS SAVANTES. 229 les uns des autres fussent de même espèce. Ainsi il n'était resté pour M. Eschricht qu'une troisième hypothèse, sa- voir que les anciennes Baleines franches de l'Atlantique septentrionale aient différé , en espèce , de la Baleine du Cap aussi bien que du Mysticetus. Un accident de 1854 avait présenté une occasion très- favorable pour mettre en épreuve ces trois hypothèses sur la nature des Baleines franches de l'Atlantique septentrio- nale. Une Baleine franche s'était hasardée, avec son balei- neau, dans le port de Saint-Sébastien, et le Baleineau avait été pris, son squelette apporté au muséum da Pam- pelune. Pour l'examiner, M. Eschricht s'y rendit en 1858, et le résultat de son examen du squelette fut parfaitement en faveur de la troisième hypothèse. Le squelette du Ba- leineau de Saint-Sébastien n'appartient ni à un Mysticetus ni à une Baleine du Cap, mais à une troisième espèce que M. Eschricht proposa d'appeler Balœna biscayensis. Ce- pendant cette espèce nouvelle de Baleine franche se rapproche beaucoup plus de la Baleine du Cap que du Mysticetus, et voilà comment s'expliquent les idées des an- ciens pêcheurs hollandais. M. Eschricht, ayant reçu le fœtus d'une Baleine franche capturée aux côtes du Kamstchatka, en a profité pour comparer aussi les Baleines franches de la Pacifique sep- tentrionale avec la baie du Cap, et le résultat de cet exa- men a été parfaitement en accord avec celui de l'examen précédent. Dans cette Baleine des parages duKamtschatka, M. Eschricht a aussi reconnu une espèce distincte, mais appartenant toujours au même groupe que l'Australis et que la Biscayensis, en opposition au Mysticetus. Voilà donc que la distribution géographique des Baleines fran- ches se présente d'une manière tout autre que jusqu'ici. Les deux espèces cuviériennes, le Mysticetus et la Baleine du Cap, resteront comme types de deux groupes diffé- rents ; mais, au lieu de faire du Mysticetus le représentant des Baleines en deçà, et de la Baleine du Cap celui de 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) celles au delà de Téquateur, le Mysticetus, dorénavant, sera le représentant des Baleines franches dans les mers glaciales, la Baleine du Cap sera celui des Nordkapers, c'est-à-dire des Baleines franches dans les mers tempérées, soit au nord, soit au sud, soit à l'ouest ou à l'est. MM. Joly et Musset adressent de Toulouse de nouvelles expériences sur les générations spontanées. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. ErçusiEBATio specierum Piscium hucusque in Archipelago indico observatarum adjectis habitationibus citationi- busque, ubi descriptione earum recentiores reperiun- tur, nec non speciebus musei Bleekeriani Bengalensi- bus, Japonicis, Capensibus Tasmanicisque , auctore Petro Equité a Bleeker., 1 vol. in-4°, Batavia, 1859. La publication de ce grand ouvrage enrichit la Zoologie d'une manière notable et fera époque en Ichthyologie. On peut dire que c'est une espèce de monument dans son genre, car il contient l'énumération la plus complète et la mieux faite des nombreuses richesses des pays les plus riches en Poissons remarquables. Pour donner une idée, en peu de mots, de l'importance de ce grand et savant catalogue, il nous suffira de dire qu'il contient 2,199 espèces, dont 1,168 sont nouvelles et ont été décrites par M. Bleeker dans diverses publica- tions. Dans sa préface, le savant zoologiste donne d'abord le détail de ces résultats, et il indique le plan qu'il a adopté dans sa publication. Il présente ensuite un tableau com- plet de sa classification qu'il a combinée avec celle du cé- lèbre zoologiste français, le prince Charles Bonaparte. Ce tableau synoptique occupe 26 pages et conduit le lecteur jusqu'à l'indication des genres. Vientensuite l'énumération de toutes les espèces, accompagnée de la synonymie com- plète de chacune, de tous les lieux où elle a été prise et ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 231 des divers noms de pays sous lesquels elle est connue, ce qui facilitera beaucoup les recherches des voyageurs qui voudront se procurer ces mêmes espèces. M. Bleeker a divisé ce catalogue en deux parties dis- tinctes. Dans l'une (p. 1 à 238), il s'occupe des Poissons de l'Archipel indien seulement, et dans l'autre, intitulée Ap- pendice (p. 239 à 272), il examine les espèces appartenant aux mers et aux eaux douces du Bengale, de la Chine, du Japon, de Diemen, etc., à l'exclusion de celles qui se re- trouvent dans l'Archipel indien. A la fin de chacune de ces grandes divisions l'on trouve de grands tableaux faisant connaître, pour chaque genre, le nombre d'espèces contenues dans le musée de M. Blee- ker et le nombre d'espèces connues, avec d'autres rensei- gnements non moins intéressants, et un autre tableau intitulé Synopsis specierum contractior, terminé par des totaux qui donnent immédiatement, pour chaque famille, des renseignements précis sur le nombre de genres dont elle est composée, le nombre d'espèces, etc., etc. Enfin l'ouvrage est terminé par un index generum adoptorum catalogo enumeratorum, qui renvoie aux pages où chaque genre est traité dans les deux parties. On ne saurait trop féliciter M. Bleeker pour l'achève- ment d'un aussi long et aussi difficile travail, qu'il a effec- tué avec le plus grand talent et présenté dans un ordre remarquable. Il est évident qu'en donnant au monde sa- vant un livre aussi utile il a bien mérité de la science. G. M. Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique, des Antilles et des États-Unis , par M. H. de Saussure. 1er livre Crustacés (in-4<>, fig., Genève et Paris, 1858). Dans ce travail, M. de Saussure décrit 5i espèces de Crustacés présumées nouvelles, et dont il a donné de trop courtes phrases diagnostiques, en 1857, dans cette Revue. Nous n'avons pas le temps de comparer ses descriptions 232 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. [Mai 1860.) et ses figures aux espèces de Cuba, que nous avons fati connaître dans le grand ouvrage de M. de la Sagra [His- toire naturelle, t. VII, 1857). Mais nous craignons des dou- bles emplois , car nous remarquons que M. de Saussure semble n'avoir pas connu notre travail. Ce qui nous fait craindre qu'il ait procédé avec un peu trop de précipita- tion , c'est de voir que M. Stimpson a reconnu que son Pagurus cubensis n'est que le Clibanarius sclopelarius de Herbst., et qu'il n'a pas non plus connu notre Porcellio Poeyi, publié et figuré il y a longtemps dans divers ou- vrages (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1837, p. 132 ). Il en résulte que M. de Saussure, voulant dédier une espèce au savant zoologiste de la Havane , a donné son nom à une espèce différente de celle à laquelle nous l'avions donné nous-même dix ans auparavant, et qu'une autre espèce , qu'il a publiée et figurée sous le nom de Porcellio Cotillœ, est notre vrai Poeyi. Du reste, nous devons ajouter que les diagnoses que M. de Saussure a données dans cette Revue étaient trop abrégées pour faire reconnaître ses espèces, et que les descriptions qu'il y a jointes dans le fascicule que nous annonçons ne nous semblent pas de nature à les compléter suffisamment. Heureusement que des figures viennent aider dans les recherches qu'il faudra faire pour établir la synonymie de toutes ces espèces , dont cinq portent le nom d'Aztecus et six celui dAmericanus. G. M. Notes on the Notes sur les Crustacés de l'Amérique, par M. Williams Stimpson, in-8°, 1859. Nev-York. Eœtr. des Annals ofthe Lyceum ofnat. History. March, 1858. Dans ce travail , dont les principaux matériaux ont été puisés dans le musée de l'Institution Smithsonienne , M. Stimpson passe en revue un certain nombre de Crusta- cés déjà décrits par d'autres ou par lui dans un travail qu'il a publié antérieurement. (Crust. and Echinod. Pacific coast of N. Am.) ANALYSES û' OUVRAGES NOUVEAUX. 233 Beaucoup d'espèces nouvelles y sont décrites pour la première fois avec un grand soin , plusieurs genres son t fondés et caractérisés par lui , et nous remarquons qu'il fait connaître une nouvelle espèce de notre singulier genre Hypoconcha, provenant de la Caroline du Sud et de l'île Saint-Thomas. L'intéressant travail de M. Stimpson est accompagné d'une bonne planche lithographiée, dans laquelle sont re- présentés son genre Speocarcinus, et plusieurs autres espè- ces décrites par lui. G. M. On the Sur le développement des Crustacés Décapo- des; par C. Spence Bâte, communiqué par M. W. Snow Harris. (In-4°, fig., Extr. des Trans. de la Soc. royale de Londres. Lu le 18 juin 1857, publié en 1858.) C'est un excellent travail , dans lequel le savant zoolo- giste anglais démontre, en étudiant les nombreuses formes par lesquelles le Carcinus mœnus passe depuis sa sortie de l'œuf, que ces singuliers Crustacés, publiés sous le nom de Zoés, ne sont que les premiers états de ces vulgaires Déca- podes. Dans une série de très-belles planches qui accompa- gnent son texte, l'auteur fait suivre au lecteur les diverses métamorphoses de ces Zoés, ayant d'abord un grand rostre et une longue épine sur le dos, avec une plus longue queue, puis le rostre et l'épine du dos de plus en plus rac- courcis ; puis tout cela disparaît en passant par la forme dont on a fait le genre Megalopa, muni encore d'une queue étendue, mais diminuée déjà considérablement, et se re- pliant ensuite sous le corps dans la forme qui suit, et dans laquelle on commence à discerner quelque ressem- blance avec les Décapodes brachyures. Plus tard, enfin, la forme du Carcinus se manifeste de plus en plus par l'é- largissement de la carapace, les dents de ses bords anté- rieurs, etc. Ce beau mémoire complète ce que l'on avait entrevu 234 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) relativement aux métamorphoses si remarquables des Dé- capodes macroures, et fait le plus grand honneur à son auteur ; nous ne saurions trop le recommander à l'étude des carcinologistes. G. M. Coléoptères du gouvernement Jakoutsk, recueillis par M. Pavlofski ; par M. Victor de Motschoulski. — In-8°, Extrait des Mélanges biologiques, t. III. Avril, 1859. C'est un catalogue des espèces capturées dans ce gou- vernement par le savant voyageur, lesquelles sont au nombre de 120. Parmi ces Coléoptères 19 espèces sont décrites comme nouvelles par des diagnoses assez éten- dues et en français. Études entomologiques, par Gustave Levrat, in-8°, Lyon, 1859. — 1er cahier. Ce fascicule se compose de plusieurs notices présentées à la Société Linnéenne de Lyon et extraites du recueil publié par cette société. La lre a pour titre , De l'utilité de la science entomolo- gique ; — la 2e, Souvenir du mont Pilât; -— la 3e, Descrip- tion d'une nouvelle espèce du genre Pimelia ; — la 4e, Stro- phes prononcées au banquet de la Société Linnéenne du 28 décembre 1852 ; — la 5e, Descript. de 3 Coléoptères nou. veaux; — la 6e, Descript. d'un Pœcilus; — la 7e, Descript- de quelques Coléoptères nouveaux; — la 8e, Descript. d'un Longicorne nouveau; — la 9e, Descript. d'un Buprestide nou- veau;— la 10e, Descript. d'une Pimelia; — la 11e, Descript. d'un Carabique; — la 12e, Note sur le Dryops femorata; — la 13e, Causes de détérioration chez les Coléoptères ; — la 14e, Emploi de Véther comme moyen de dissoudre l'oléine irans- sudante chez les Coléoptères ; — la 15e, Enumération des insectes Coléoptères du mont Pilât. Toutes ces notices sont écrites avec élégance et les des- criptions d'espèces paraissent très-bien faites. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 235 Memorias, etc Mémoires de la commission de la carte géologique d'Espagne, année 1855. — Partie zoologique, par le docteur D. Mariano de la Paz Grills. — Petit in-folio avec pi. col. Madrid, 1858. Le savant zoologiste espagnol, rendant compte des tra- vaux de la section sur la faune espagnole , arrive à ceux qui ont plus particulièrement trait aux animaux articulés, dont il s'est spécialement occupé dans ce travail , qui se compose d'un catalogue méthodique des insectes Coléop- tères de l'Espagne, et de travaux relatifs aux métamor- phoses de certaines espèces et à la description de celles qui lui ont paru nouvelles, Le commencement du catalo- gue se compose de l'énumération des Cicindélides et des Carabides. Les autres travaux sont des études sur les mé- tamorphoses des Mordelles, de la Lagria lata. Il décrit un genre nouveau de Mélyrides sous le nom (XAllotarsus et 53 espèces de Coléoptères appartenant à presque tous les groupes de l'ordre. A la fin de ce fascicule , composé de 111 pages et de 7 planches, on trouve la description du mâle de la magni- fique Saturnia Isabellœ, que M. Grsells a décrite pour la première fois en 1849 dans cette Revue; celle de la larve de YAcontia Grœllsii, Lépidoptère décrit en 1837 par M. Feisthamel, laquelle vit sur la Lavateça arborea, et aussi sur YÂlthœa officinalis et les Malva silvestris et rotun- difolia, et enfin les divers états d'une Carpocapsa qu'il nomme Gallarum, parce que sa larve vit dans l'intérieur des] galles du Quercus tozzai formées par le Diplolepis penicillata. G. M. Nouvelles excursions dans les grandes Landes, 3e lettre adressée à M. Mulsant par M. Ed.Perris. (Eœtr. desAnn. de la Soc. Linnéenne de Lyon, nouv. série, t. IV, 1857). Grand in-8° de 100 pages. Quoique ce travail date déjà d'assez loin, nous ne pou- 236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1860») vons résister au désir de le signaler au moins à nos lec- teurs, car c'est un modèle dans son genre, et il sera lu avec un vif intérêt par tous les Entomologistes qui auront la bonne fortune de se le procurer. Écrite avec verve et beaucoup d'esprit, comme tout ce que l'on doit à M. Per- ris, cette relation vous fait assister aux sensations si vives de chasseurs échappés de leur cabinet de Paris , étudiant sur place ces Insectes aux mœurs si merveilleuses, et fai- sant des captures qui les comblent de joie. Nous voudrions pouvoir citer de nombreux passages de cette relation , mais ils perdraient de leur originalité par leur isolement. Nous nous bornerons donc à dire que cette attachante relation est suivie d'un catalogue des Insectes observés dans les Landes, dans lequel on trouve de bonnes descriptions des espèces que M. Perris a reconnues nou- velles. On trouve aussi, dans ce travail, d'intéressantes observations sur les métamorphoses de plusieurs espèces dont les premiers états étaient inconnus. (G. M.) The Transactions, etc. Transactions de la Société entomologique de Londres. Nouvelle série, t. IV, 1858. Nous avons reçu, il y a peu de temps, les livraisons 7, 8 et 9 complétant le volume V, et nous pouvons dire que ce riche recueil des travaux des Entomologistes les plus distingués de l'Angleterre continue de mériter les éloges que nous lui avons toujours donnés dans cette Revue. C'est une riche mine, dans laquelle on trouve les docu- ments les plus variés et les plus utiles à l'étude de ces innombrables Insectes répandus à profusion dans toutes les contrées du globe. Comprenant bien qu'une société scientifique aussi renommée ne doit pas se borner au seul enregistrement des espèces, plusieurs membres se sont occupés, comme nous ne cessons de le faire, à la Société entomologique de France, de l'étude des Insectes utiles et nuisibles, afin de montrer que l'Entomologie aussi est sus- ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 237 ceptible de rendre des services réels aux intérêts maté- riels des populations. Il serait impossible de donner une idée des excellents travaux consignés dans ce volume, qui est plein des ob- servations de MM. Westwood, Lubbock, Stainton, Pascœ, Newman, Saunders, Wollaston, Smith, Walker, Wallace, Baly, etc., etc. Ajoutons, en terminant, qu'il est enrichi de belles et nombreuses planches , dont plusieurs sont dues à l'habile pinceau de notre savant ami Westwood , ce qui en garantit l'élégance et surtout l'exactitude scien- tifique. G. M. Description d'une série d'Hyménoptères nouveaux de la tribu des Scoliens, par H. de Saussure, in-8°, pi. col. (Extr. de la Gazette entomologique de Stettin, 1859, p. 171 à 192, et p. 260 à 269.) Ce petit travail fait suite à un autre, que l'auteur a pu- blié dans les Annales de la Société entomologique de France sur le même sujet : il y donne la description de 42 espèces appartenant à divers pays, et représente, dans une jolie planche coloriée, des Liacos Sichelii, Scolia nigripennis et Walbergii, et Y Elis Suelleni. [onograp. of, etc. Monographie du genre Adolias, de la famille des Nymphalides; par M. Fréd. Moore, aide- naturaliste au musée de la compagnie des Indes. [Extr< des Trans. entom. Soc. Lond., vol. 5, 1859). C'est un travail complet sur ce groupe de Lépidoptères liurnes, appartenant tout entier aux Indes orientales. M. Moore, qui s'est si honorablement fait connaître par magnifique travail qu'il a fait, en collaboration avec [. Thomas Horsfield, sur les Lépidoptères de la collection du muséum de la compagnie des Indes (vol. 1er, Lond., 1857), avait déjà mentionné ou décrit dans ce catalogue 32 espèces de ce groupe. Aujourd'hui, grâce aux coramu. 238 REV. ET MAG. DE zoologie. [Mai 1860.) nications qui lui ont été faites par les musées et les divers Entomologistes, il a porté ce nombre à 52 espèces, appar- tenant au continent et aux îles de l'Inde, sauf 5 dont l'ha- bitat lui est inconnu, mais qui ne peuvent appartenir qu'à cette grande région. Toutes les descriptions d'espèces nouvelles sont en an- glais et nous semblent d'une étendue suffisante. Les figures, contenues dans neuf planches, sont parfaites et représen- tent le plus souvent le mâle et la femelle. On ne saurait trop encourager M. Moore à passer ainsi en revue tous les groupes de ce bel ordre des Lépidoptères. G. M. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Ver a soie du vernis du Japon. Depuis la fin de l'année dernière, je poursuis des expé- riences sur cette nouvelle espèce de Ver à soie pour obte- nir des matériaux susceptibles de guider les agriculteurs qui se livrent déjà ou vont se livrer à la culture de ce nou- vel insecte domestique. Il résulte de ces expériences , faites dans mon appar- tement et dans la ménagerie des Reptiles du muséum, qu'on peut avancer ou reculer l'éclosion des Papillons, soit de pur sang, soit des métis, en tenant les cocons, pen- dant l'hiver, dans des milieux plus ou moins échauffés. Dans mon appartement, les métis qui avaient passé l'hiver dans le cabinet, chauffé, le jour seulement, jusqu'à 16 à 18 degrés centigrades, ont donné leurs premiers Papillons au commencement de mai, tandis que les mêmes, tenus dans une pièce sans feu, n'ont commencé à éclore que le 11 du même mois. Les premiers pur sang, dans le cabinet chauffé, ont ap- paru le 23 mai, tandis que ceux des cocons gardés dans la salle sans feu ne se montrent pas encore (28 mai). Dans la ménagerie du muséum, qui est échauffée, nuit et jour, pour les Reptiles, et dont la température est mainte- MÉLANGES ET NOUVELLES. 239 nue, tout l'hiver, entre 18 et 22 degrés centigrades, il y a eu des éclosions beaucoup plus tôt, tant dans les métis que dans les pur sang ; mais cela est inutile pour la grande pra- tique, attendu que les feuilles des allantes n'apparaissent que dans les premiers jours de mai. Actuellement, j'ai organisé quelques expériences pure- ment scientifiques, pour continuer les recherches que j'ai commencées, l'année dernière, sur le croisement de l'es- pèce à 2 générations du Ver chinois de l'ailante , avec l'espèce à 5 ou 6 générations du Ver indien du ricin. Les premiers résultats de ce croisement avaient été très-cu- rieux en ce que tous les produits tenaient beaucoup plus du Ver de l'ailante (le moins civilisé , le plus fort) que de celui du ricin. Depuis, ces métis, accouplés entre eux, ont donné des produits très-variables, tenant tantôt des deux espèces, tantôt de ceux du vernis, tantôt de ceux du ri- cin, mais dont la majorité tenait plutôt du Ver du vernis. Dans ce moment, après 3 ou 4 générations de métis entre eux, je fais des essais tendant à retourner à chaque type. Ainsi j'ai allié des femelles métisses, possédant presque tous les caractères du Ver du vernis pur sang , avec des mâles pur sang, afin de voir si leurs descendants I reprendront le caractère pur de l'espèce du vernis. Je fais l'expérience contraire sous diverses formes, et je pense qu'il sortira de là quelques faits utiles pour l'avancement de la physiologie. Des expériences semblables sont instituées aussi à la ménagerie des Reptiles et dans la serre de mon confrère, M. Année, à Passy. Chez M. Année, les résultats obtenus me sont fidèlement conservés, et je n'ai pas à craindre qu'il se laisse jamais pousser à regarder comme siennes des recherches pour lesquelles il veut bien me prêter un concours amical et dévoué depuis que je les ai commen- cées en 1858. 240 BEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.) Jardin zoologique de Rotterdam. Il y a trois ans à peine, le jardin zoologique de Rotter- dam, qui fait à juste titre l'admiration des étrangers, ne présentait qu'une surface de marais incultes ou inondés. Aujourd'hui, des constructions d'un bon style, des massifs de verdure, des kiosques bien dessinés, des allées déli- cieuses, les plantes exotiques les plus rares, un lac, des bassins, forment un ensemble où le regard s'arrête en- chanté et surpris. Ce phénomène de création rapide est une des gloires de Rotterdam ; tous les règnes de la nature y sont largement représentés. Pour les Mammifères, c'est un Lion d'Afrique, le plus remarquable que j'aie vu par sa taille et la beauté de sa crinière. Viennent ensuite trois Tigres royaux, l'un des- quels , tiré de l'amphithéâtre du dernier roi d'Oude, n'a pas son pareil, des Panthères, des Léopards, un Éléphant, des Lamas, des Kanguroos et une trentaine de Singes appartenant aux espèces qui s'acclimatent le plus diffici- lement dans nos zones tempérées. Parmi les Oiseaux, je citerai l'Ara noir des Moluques, le seul vivant qui soit peut-être en Europe. Enfin une Salamandre du Japon ajoute encore à tous ces trésors si variés de la science. de Saussure. TABLE DES MATIERES. Page». A. Moquin-Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 193 J. Verreaux. — Description d'un Oiseau nouveau. 206 A, Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 208 G. Cotteau. — Échinides nouveaux ou peu connus. 212 Académie des sciences. 224 Analyses. 230 Mélanges et nouvelles (Ver à soie du vernis du Japon). 238 PARIS. — 1MP. DE Mmt Ve EOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JUIN 1860 Il TRAVAUX I\EDITS. Note sur quelques Mammifères du Mexique, par M. H. de Saussure. Quatrième article (1). (Voir p. 97.) Famille des Cervidés. Genre Cervus. Jusqu'à présent on avait bien constaté au Mexique l'existence d'un seul Cerf seulement, savoir du C. mexi- canus, qui n'est probablement lui-même qu'une variété du C. virginianus. On trouvera ci-dessous la description d'une seconde espèce et l'indication de deux autres présu- mables dans ce pays. Comme je ne supposais pas que ces Cerfs fussent nouveaux, j'ai négligé d'en conserver les peaux, que leur volume rendait fort embarrassantes. Du reste, la tête suffit, à la rigueur, pour faire reconnaître les espèces, sinon pour en donner une description complète. En cherchant à comparer ces types avec ceux déjà con- nus et consignés dans l'excellent travail de M. Pucheran sur le genre Cervus (2), j'ai regretté de ne pas trouver, dans cette monographie, des détails plus nombreux, rela- tifs aux caractères différentiels des espèces, particulière- îent pour ce qui concerne les squelettes et surtout les crânes. Les caractères que l'on peut tirer des pièces osseuses sont d'une importance supérieure à ceux que (1) Errata du précédent article. — Page 98, Hesperomys tollecus, la citation des figures est incomplète: la fig. 3, pi. ix, représente les molaires supérieures d'un individu très-adulte ; la fig. 3a les mêmes molaires d'un individu vieux, à dents très-usées. — Page 107, H. Su- michrasli, retranchez de la citation la fig. 3. (2) Archives du muséum, VI. 1852. V 16111. t. m. Année 1860. 16 242 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.) fournissent les apparences extérieures du pelage, et il au- rait été utile de les faire entrer en ligne de compte. Une exacte comparaison des crânes des Cerfs daguets de l'Amérique serait d'un grand secours pour arriver à la séparation précise de ces espèces, encore mal connues et peut-être plus nombreuses qu'on ne l'a soupçonné jus- qu'ici. Voici maintenant l'énumération des Cerfs que j'ai ren- contrés au Mexique et aux Antilles. Les deux premiers appartiennent au sous-genre Elaphus, Smith, et au groupe des Mazames de Smith et de Sundevall (1) (ou du C. virgi- nianus), caractérisé ainsi que suit : Bois n'étant pas bifurques dès la base; à perches courbées en avant, portant un ou plusieurs andouillers sur leur con- vexité; pas de canines. N° 1. Cervus mexicanus. Ce Cerf est très -commun dans toutes les parties boisées du Mexique. Voici les mesures de la tête osseuse prises sur deux crânes qui ont appartenu à des sujets d'un et de deux ans. Longueur du crâne mesuré en dessous 0m,245 à 0m,250 Sa largeur, mesurée entre les orbites et les prolongements frontaux 0m,086 Sa plus grande largeur 0m,105 Distance du bout de l'incisif à l'angle interne de l'orbite 0»,130 La suture des frontaux forme dans ses deux tiers pos- térieurs une crête marquée. Les jeunes individus d'un an portent de simples dagues assez longues (0m,140), bien divergentes, fortement ar- quées dans les deux sens (à double courbure) et à cou- ronne forte et noueuse. Le crâne de ces jeunes, comparé à celui d'individus âgés de deux et trois ans, offre une (l)Dans le travail de J. E. Gray, intitulé Synopsis of the species of Deer (Ceryina), etc. (Annah a Magaz. of nat. hist., IX, 1852, p. 413), et qui a vu le jour la même année que celui de Pucheran, le groupe des Mazames porte le nom de Cariacus. TRAVAUX INÉDITS. 243 identité presque parfaite, si ce n'est qu'il est un peu plus petit. Il me semble évident que le premier des Cerfs figuré par Hernandez (pag. 324), et auquel Sundevall a donné le nom de Mazama, est bien le C. mexicanus avec ses bois de seconde année, et point le Guazuti d'Azara, comme le veut F. Cuvier, que tous les auteurs ont copié. C'est ce qu'a fort bien montré M. Pucheran par l'analyse patiente des synonymes dont il a donné le résultat dans sa belle monographie des Cerfs (1). Je ferai observer, en passant, que le nom de Mazama a été fort mal choisi, attendu que ce mot n'est que le terme aztèque par lequel les In- diens désignent, d'une manière générale, tous les rumi- nants indigènes du Mexique, et que, par conséquent, les naturels l'appliquent indifféremment, non-seulement à tous les Cerfs du pays, mais même aux ruminants à cornes creuses, comme le prouve l'analyse des noms (2). Le nom de Mazame a donc une signification plus que générique, et Sundevall aurait mieux fait de prendre celui de Ma- zatl, qui paraît s'appliquer exclusivement aux Cerfs (3). (1) Ce travail est malheureusement très-laborieux à consulter, faute d'une table des matières. Une table analytique des espèces et de leurs synonymes aurait beaucoup ajouté à son utilité. J. E. Gray a copié l'erreur de F. Cuvier, et a fait plusieurs autres fautes syno- nymiques; ainsi il décompose en deux espèces le C. {macrotis, Say) columbianus, Rich., et il méconnaît les C. nemoralis, Smith., et gymnoiis , Wiegm., espèces très-distinctes qu'il place, avec le C. mexicanus, en synonymes du C. virginianus. (2) Ainsi le teuhllal Mazame, nom dont la traduction est le Ma- zame des déserts poudreux, des prairies, ne peut être qu'une Antilo- capra ou un Aplocerus. (Voyez la note 3, relative au n° 4.) Rafinesque a employé le nom de Mazame pour les geures AplO' cerus et Anlilocapra (American monthly Magaz., II, 44. 1817), et il a été imité, en cela, par Ogilby. On aurait pu conserver ce nom, attendu que certaines Mazames sont certainement des Antilopes. (3) Parce qu'il appartient à la langue azetèque, que l'on ne parle que dans les districts qui ne nourrissent aucun Ruminant à cornes creuses indigène. 2U rkv. et mag. de zoologie. (Juin 1860.) Hernandez donne les noms spécifiques d'un grand nombre de Cerfs ou ruminants qu'il dit peupler le Mexi- que, par exemple le Quauhtlamazame, le Tlalhuicama- zame, etc. La faculté dont jouissent les langues mexi- caines de former des mots composés fait qu'on ajoute, en général, au nom spécifique de chaque objet le nom géné- rique de la catégorie auquel il appartient. Ainsi chaque mot renferme une définition complète du genre et de l'espèce, et le nom spécifique devient, pour ainsi dire, le qualificatif du nom générique. Ainsi le mot Quauhtlamazame signifie le ruminant QuaukUa, 'l'espèce est donc désignée parle nom Quauhtla, et non par celui de Mazame. Il est, du reste, naturel, une fois qu'on a choisi celui de Mazama comne nom spécifi- que, de l'appliquer à l'espèce la plus commune du Mexi- que, et la seule connue des auteurs modernes qui se sont les premiers servis de ce nom, c'est-à-dire au Cervus mecci- canus. Ces explications suffiront, je pense, pour montrer que le Cerf Mazame d'Hernandez ne peut être que le C. meœicanus, car ce nom, tiré de la langue mexicaine, ne saurait s'appliquer, à un Cerf du Paraguay, mais seule- ment à un animal du Mexique. Hernandez a évidemment trop multiplié le nombre des Cerfs mexicains. Il est probable qu'il a compulsé plu- sieurs des noms locaux que les Indiens donnaient aux ruminants peu nombreux du pays : a Les plus grands, dit-il, sont ceux que l'on nomme Aculliames (1), et qui ressemblent à ceux d'Espagne; puis viennent les Quauhtlamazame (2), qui attaquent l'homme lorsqu'ils sont blessés; puis les Tlalhuicamazame (3), qui sont tout à fait semblables, si ce n'est qu'ils sont plus ti- (1) Nom dont j'ignore Tétymologie. (2> Ou Mazames des forêts; évidemment des Cerfs. C'est le Cervus mexicanus par excellence. (3) Ce devrait être probablement tlalhuia Mazame, ou le Mazame qui lauce la terre (soit avec les pieds en courant, soit avec les cornes)? TRAVAUX INÉDITS. 245 mides ; enfin les Temamrizame (J), qui sont les plus petits. » Les trois premières de ces prétendues espèces rentrent probablement dans le C. mexicanus, car l'auteur ajoute que ces animaux portent des cornes renflées à leur sortie, rondes et divisées en rameaux aigus. Du reste, Hernan- dez ayant rédigé son livre d'après les récits des Indiens , plus encore que d'après ses propres observations, il est naturel que cet ouvrage soit plein d'erreurs et de confu- sion (2). Il faut cependant prendre en considération sa variété albine ou les Yztacs Mazames (Cerfs blancs), que les Indiens nomment Tlamacazquemazalt (3), et qu'ils di- sent être le roi des Cerfs (4). N° 2. C. Cariacus (le Cariacou, Buff.) J'ai rapporté de Trie de Cuba des bois assez semblables à ceux du Cervus mexicanus, ne possédant qu'un andouiller supérieur, mais de taille plus grande et surtout beaucoup plus massifs. La partie inférieure de ces bois, les perches et les andouillers sont presque deux fois plus épais que chez les bois de même âge, de l'espèce qui habite la côte ferme (Mexique). La partie de bois comprise entre la cou- ronne et le maître andouiller n'est pas cylindrique, mais assez comprimée transversalement, quoique très-noueuse. Le maître andouiller, au lieu d'être dirigé en haut comme chez le C. mexicanus, où les deux maîtres andouillers sont à peu près parallèles, est ici très-grand et gros, dirigé en hant, en dedans et eu avant. Il naît aussi plus en avant que chez l'espèce citée, étant demi-antérieur. La partie de la perche située entre cet andouiller et la fourche est beau- coup plus droite et plus épaisse que chez l'espèce du (1 ) Le Mazame qui se baigne, dont nous parlerons plus bas. (2) Ainsi, plus bas, il dit que la Nouvelle-Espagne abonde en Cerfs et eu Chamois identiques à ceux de l'Espagne; il confond, sans doute, les Aniilocapra avec des Isars, ne les connaissant que pour en avoir entendu parler. Il s'occupe, du reste, bien plus des boules que con- tient l'estomac de ces auimaui que de la distinction des espèces. (3) Ce mot signifie le Cerf qui a des serviteurs. (4) Hernandcz parle encore des Mazames que 1rs Espagnols nom 246 REV. El MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.) Mexique ; l'empaumure est moins aplatie, la perche est beaucoup moins courbée; la partie qui dépasse l'an- douiller supérieur est de même grandeur que ce dernier, et elle est bien moins longue et moins recourbée; elle re- garde beaucoup plus en haut, tandis que chez le C. mexi- canus le bout de la perche revient en avant, de façon à surplomber ou à dépasser les couronnes des bois, ce qui est loin d'avoir lieu chez le Cariacou. L'épaisseur et la pesanteur de ces bois, ainsi que le morceau du crâne auquel ils sont attachés, indiquent qu'ils appartenaient à un animal de taille supérieure au C. mexi- canus, et le Cariacou, savons-nous, est, en effet, plus grand. Ce sont , sans doute, des bois de 4e année, aussi grands qu'ils peuvent devenir avant de prendre le second andouiller supérieur. , Comme le Cariacou n'a pas été bien distingué du Mazame ou Cerf mexicain, jusqu'au moment où M. Pucheran en eut débrouillé la synonymie, il ne sera pas inutile de don- ner ici les dimensions des bois que j'ai sous les yeux. Distance de la couronne au bout de la perche, en ligne droite. 0œ,190 à O^IO Distance de la couronne au bout du maître andouiller, environ 0m,130 Distance de la couronne à la naissance du maître andouiller 0œ,050 à 0ffl,055 Longueur de la perche entre le maître an- douiller et la fourche mesurée dedans 0m,098 à O^US Longueur du maître andouiller 0m,075 à 0m,080 Largeur du bois entre la couronne et le maître andouiller 0m,045 Largeur de la perche au-dessus du maître an- douiller 0m,038 J'ajouterai, en terminant, qu'il me paraît tout à fait probable que le C. nemoralis, H. Smith, soit le même que ment bigarrés (berrendos), qui sont couverts de poils blancs et de fauves, mais avec le ventre et les côtés blanchâtres. Selon Berlandier, les Mexicains modernes appelleraient encore ainsi ÏAnlilocapra ame ricana (Baird. loc. cit.). TUAVAUX 1NKDITS. 247 le Cariacou de Buffon. Cette identité semble d'autant plus évidente que H. Smith nous apprend que son C. nemoralis vit dans le Honduras, portion de la côte ferme très- voisine de Cuba. Comme Baird ne parle pas de ce Cerf dans sa faune des Mammifères des États-Unis (R. R. Rep. I. c), il est bien probable que les individus que H. Smith croyait venir de Virginie ne venaient pas de là, quoiqu'il n'y ait rien d'impossible à ce que l'espèce se continue de Cuba en Floride, et même plus loin. N° 3. Cervus toltecus (pi. 15 fig. 1). Rami minuti récurrentes, vix divergentes, vit arcuati ; prope coro- nam ex interno margine surculum triaugularem , valde compla- uatum, et prope apicem, alterum surculum acuminatum, margine externo emittentes. La taille de cet animal doit être à peu près la même que celle du Cervus rufus, ou même un peu inférieure, à en juger par la comparaison des crânes. Le crâne est plus petit que celui du C. rufus et sa portion antérieure est moins étroite. Comparé à un autre crâne, que je crois être celui du C. nemorivagus, il est plus court et plus large, point comprimé comme celui dont il est question. Les prolon- gements frontaux qui supportent les bois sont forts et assez courts, comme chez le C. mmoravigus ; non grêles comme chez le C. rufus. La symphyse des frontaux forme- une ligne élevée dans sa moitié postérieure. L'ouverture placée entre l'os lacrymal et les nasaux est grande, large et prolongée en bas à son angle antérieur. On trouve entre le pariétal et l'occipital un grand os vormien en carré large (ayant 22 millim. de largeur et 12 de longueur). Les bois sont courts, presque droits, assez aplatis et dirigés obliquement en arrière, mais cependant moins incliné» que chez le C. rufus, car ils ne continuent pas la ligne du chanfrein, mais se relèvent un peu plus. Ils ne diver- gent presque pas vers le bout. Leur couronne est très- forte, renflée, très-noueuse et découpée. Les perches, au 2^8 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. '[Juin 1860.) contraire, sont lisses, seulement avec quelques arêtes en dessous. La perche gauche, qui est la seule bien déve- loppée, est fortement aplatie, presque palmée, et elle émet au quart de sa longueur à son bord interne un andouiller aplati, en forme de dent triangulaire, presque perpendi- culaire à la perche et placé dans le plan des bois [a). La perche est ensuite légèrement arquée en dedans, tordue, puis tronquée, et se termine subitement par une palmure rudimentaire qui regarde en dedans et offre deux saillies, dans lesquelles on pourrait voir les vestiges d'une bifurca- tion (b). Immédiatement avant cette terminaison, la perche émet, par son bord externe, un petit andouiller conique qui continue la direction de la perche et qui termine le bois par une pointe (c). La perche droite est anomale; elle n'est pas aplatie et n'offre que des vestiges d'andouiller ; c'est une simple dague un peu arquée, aplatie, obtuse et mamelonnée au bout. Il est probable que l'individu que nous décrivons n'était arrivé qu'à ses deuxièmes bois. Peut-être ceux-ci prennent-ils une plus grande empau- mure près du bout chez les vieux individus ; mais il me semble assez douteux qu'il puisse en être ainsi, attendu que la direction presque parallèle des deux perches fait que les andouillers se rencontreraient s'ils acquéraient quelque grandeur. C'est peut-être pour cette raison que l'un des bois est mal développé ; en effet, si le maître andouiller du bois droit était aussi grand que celui du gauche, ils se toucheraient par leurs pointes, ou se croi- seraient même. L'étroitesse de l'espace qui reste entre les bois fait que, durant la période de croissance, les bran- ches d'arbre qui s'introduisent entre eux doivent léser ou détruire facilement la peau de l'un ou de l'autre, ce qui doit amener l'avortement de l'andouiller de l'un des côtés. Longueur totale du crâne 0m,i73 Longueur jusqu'à l'origine des bois 0a,148 Longueur jusqu'à l'angle interne de l'orbite. . . 0m,088 TRAVAUX INEDITS. 249 Distance entre les deux orbites (angle interne). 0œ,0i3 Distance entre les prolongements frontaux . . . 0m,034 Distance entre le bout des deux perches Om,055 Longueur des frontaui 0B,070 Largeur du crâne en arrière des orbites 0,n,060 à 0,061 Longueur des bois 0",i20 Largeur des bois avec l'andouiller inférieur. . . 0m,030 Ce petit Cerf habite le Mexique. Je n'en ai entendu par- ler que dans la Cordillère, voisine du golfe. Je l'ai vu à Cordova, et le crâne provient des environs d'Orizaba. Il appartient, sans doute, à la catégorie des Élaphus qui ne prennent pas plus d'un ou deux andouillers, mais il semble former un petit groupe, caractérisé par le fait que l'andouiller supérieur naît sur le bord externe du mer- rain (1) et par l'aplatissement palmaire du maître an- douiller. A en juger d'après (es descriptions, il me semble se rapprocher beaucoup du C. gymnotis, mais il en diffère par la forme spéciale des bois, plus aplatis et tout droits, nullement recourbés en avant. Ce Cerf ne rentre dans aucun des sous-genres de M. Gray. Explication de la figure. — Bois gauche du C. toltecus vu com- plètement par devant et montrant son unique courbure. (Vu de profil, ce bois paraîtrait tout droit.) N° 4. Le Tema. — Je dois à l'obligeance de M. Sarto- rius, planteur au Mirador, près Huatasco (province de Véra-Cruz), un autre crâne, très-voisin de celui qui vient d'être décrit (n° 3), mais qui ne porte que de simples dagues. Plus tard, des chasseurs de la Cordilière m'en ont pro- curé un second. Ce crâne peut être celui du Cervus tolte- cus, jeune d'un an, quoique ses dagues soient parfaitement droites; mais il ne serait pas impossible qu'il appartînt à une autre espèce, daguette même à l'état parfaitement adulte, comme les C. rufus et nemorivagus. Les Indiens distinguent ce Cerf daguet du précédent, et ils le pren- nent, à tort ou à raison, pour un autre animal. (1) Comme chez les C. hippelaphus et Pcronii, mais le maître andouillcr n'a aucun rapport avec celui de ces espèces. 250 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.) Les différences que Ton remarque sur son crâne, com- paré à celui du C. toltecus, sont les suivantes : Le crâne n° 4 est plus court et plus large. Le front est bombé et convexe dans ses deux tiers postérieurs, et la symphyse des frontaux ne forme pas une ligne saillante. Il n'y a pas d'enfoncement à la partie postérieure du pa- riétal, et l'on ne voit pas trace de l'os vormien pariéto- occipital. L'ensemble du crâne est plus court et plus large. Les crêtes latérales de l'occipital sont moins fortes, etc. Les prolongements frontaux sont dirigés plus en haut, en sorte que les dagues sont un peu moins couchées que les bois du C. toltecus, par conséquent moins aussi que les dagues du C. rufus. De plus, elles sont très-courtes, nul- lement divergentes, grosses et fortement noueuses, pres- que jusqu'au milieu ou même au delà, ensuite fines et grêles. La grosseur et la nature noueuse de leur moitié inférieure font qu'il n'y a pas de couronne bien dessinée. Toutes ces différences rentrent dans celles que produit l'âge ; mais ce qui me frappe surtout, c'est d'abord la lar- geur du crâne, puis le fait que les deux têtes du n° 4 sont parfaitement identiques ; qu'elles n'offrent pas trace du grand os vormien si net chez le n° 3 (C. toltecus), et enfin que leurs dents sont plus usées, • ou pour le moins plus obtuses que celles de ce dernier, tandis que le contraire devrait avoir lieu si le n° 4 était le jeune du n° 3. L'ouver- ture lacrymale est plus large chez le n° 4, en forme de tra- pèze ou de carré arrondi, et son angle antérieur ne se prolonge pas en bas d'une manière aussi marquée. Longueur des frontaux. 0m,063 Largeur du crâne derrière les orbites. ...... 0m,060 à 0n,061 Longueur de la tête osseuse 0m,165 Longueur jusqu'à l'angle interne des orbites. 0m,082 Longueur jusqu'à l'origine des bois 0m,140 Longueur des dagues 0m,068 et 0Œ,061 Distance entre l'angle interne des deux or- bites 0B,040 Distance entre les bouts des deux perches 0B,050 TRAVAUX INÉDITS. 251 Distauce eutre les prolongements frontaux. . . 0B,038 Largeur du crâne aux arcades zygomatiques. 0ffl,081 La largeur du crâne, mesurée derrière les orbites, à l'origine des bourrelets des prolongements frontaux, est presque équivalente à la longueur des frontaux, comme le montrent les mesures qui suivent : Largeur du crâne immédiatement eu arrière des orbites. 0m,064 Longueur des frontaux O^OôS tandis que chez le n° 3 ce rapport est comme 6 : 7. (Voyez les mesures.) Notre Cerf n° 4 est très-probablement le Temama- zame (1), aussi nommé Mazatl chichiltic (*2), qu'Hernan- dez a figuré page 325 de son ouvrage, et qu'il décrit comme ayant des cornes très-courtes et très-pointues, un pelage brun fauve, blanchâtre en dessous; en ajoutant qu'il le classerait plutôt parmi les Chevreuils (3), ainsi que (1) Ou plutôt le Tema, puisque Mazame, qui forme la seconde partie du mot, est seulement un nom de famille. Temamazame si- gnifie le Mazame qui aime à se baigner (Cerf des marais ou aqua- tique). (2) Ce qui signifie Cerf rougeâtre. (3) lnter capreos , cela pourrait devoir être inler capreas, parmi les Chèvres sauvages (Antilopes). En effet, selon Berlandier, le Teuhtlamazame serait YAntilocapra americana, Ord. (Baird., R. R. Rep., 666), ce qui coïncide bien avec la signification du nom mexicain, dont la traduction serait Mazame des steppes ; donc, évi- demment, un des Ruminants à corne creuse qui peuplent les prairies du Mexique septentrional. Rafinesque a même fait du Temamazame une nouvelle espèce d'Antilope, qu'il décrit ainsi que suit, unique- ment d'après les quelques mots qu'en a dit Hernandez : Mazama tema, brun fauve en dessus, blanchâtre en dessous, cornes cylin- driques, droites et lisses. — Mais il n'est pas douteux qu'il se soit trompé, attendu que la figure, aussi bien que le second nom de cet animal, montre suffisamment qu'il s'agit d'un Cerf, le mot mazatl servant toujours à désigner des Cerfs ou des Chevreuils. Si Hernandez a voulu classer ce Cerf daguet parmi les Chèvres, c'est sans doute à cause de la ressemblance de ses dagues avec les cornes des jeuues Chèvres. Ceci est d'autant plus probable que les Espagnols ont établi la même comparaison à propos de notre n» 5, qu'ils ont nommé Cerf corne de Chèvre. Voyez ci-dessous. 252 REV. ET MAC. DE zoologie. (Juin 1S60.) le Feuhilamazame. Ce dernier est évidemment un Rumi- nant à cornes creuses; mais le premier ne peut être que notre daguet, vu l'extrême brièveté de ses cornes. Si le Cerf dont il vient d'être question était reconnu comme espèce, je proposerais de lui donner le nom de Cl Sartorii, en l'honneur de la personne qui m'en a, en premier lieu, révélé l'existence en m'en donnant le crâne. N° 5. J'ai encore rencontré au Mexique un Cerf de la taille du C. meœicanus, ou même plus grand, rougeâtre en dessus, blanchâtre en dessous, et armé de grandes da- gues arquées, mais je n'ai pu le voir qu'à la course et n'ai pu réussir à l'abattre. Au moment où je l'aperçus, je le pris pour un daguet de Cerf mexicain, mais sa taille m'ayant frappé, aussi bien que la longueur de ses bois, j'en parlai aux chasseurs du pays, et j'appris par eux qu'il ne s'agissait pas d'un jeune Daguet, mais que ce Cerf était bien connu, et qu'on le désignait du nom de Venado cuernicabra , ou Chevreuil cornes de Chèvre. On le dit rare, et l'on prétend qu'il ne prend jamais d'andouiller. Comme les bois de ce Cerf sont petits et qu'ils par- lent peu à la vue, on ne les conserve pas pour en faire des ornements ou des trophées. Aussi le seul débris de cet animal que j'aie pu me procurer est un bois de droite, attaché à un morceau du crâne, et qui trahit des diffé- rences sensibles avec les mêmes pièces du C. meœicanus encore daguet (1). Ce bois est beaucoup plus long (il me- sure 0m,200, selon la corde de sa courbure) ; il est très- divergent, très-arqué, et n'a qu'une seule courbure qui regarde en haut et en dedans; sa base est très-noueuse, sa couronne médiocre, et la seconde moitié de la corne est comprimée, assez épaisse. De plus, ce bois n'est pas grêle, comme les dagues des jeunes; il a plutôt le caractère de la vieillesse. Le trou supra-orbitaire est grand, et la fossette située en arrière du trou est longue et très-profonde, ce qui semble indiquer un animal vieux. Si cette espèce était (1) Cette pièce a été déposée au musée de Genève. TRAVAUX INÉDITS. 523 reconnue, je proposerais qu'on lui appliquât le nom tra- duit de l'espagnol, de Cervus capricornis. Peut-être quelques naturalistes voudront-ils voir dans ce Cerf un état anomal du C. mexicanus. En 'effet, on a observé, dans les ménageries, quelques cas où le C. virgi- nianus, arrivé à un âge avancé, reprenait de simples da- gues, au lieu de bois à andouillers, et Ton suppose que cette anomalie se produit aussi à l'état sauvage, parce qu'on a observé, aux États-Unis, de vieux daguets dont les chasseurs font une espèce, qu'ils désignent sous le nom de Spring Buck deJersay (1), et qui ne sont probablement que des individus anomaux du C. virginianus. Il y a donc une certaine chance pour que notre n° 4 ne soit qu'un vieux C. mexicanus sur le retour. La station des Cerfs dans le Mexique est une question qui n'a pas même été abordée. C'est dans les forêts de la côte et dans la Cordilière, qui forme le versant oriental du plateau, que j'ai vu ces animaux le plus communément. En d'autres termes, ils m'ont paru surtout abondants dans toute la zone à climat tropical. La Cordilière chaude nourrit les quatre types mexicains dont il est parlé ci- dessus; ils habitent les mêmes forêts. Dans la région cô- tière, je n'ai jamais rencontré que le C. mexicanus bien caractérisé, mais il est tout à fait probable que les autres types y vivent également. Le C. mexicanus est si com- mun dans les forêts de ces contrées, qu'on en voit des troupes dans presque toutes les clairières un peu isolées. J'ai aussi rencontré le C. mexicanus au mont Jorullo, dans une vallée très-chaude, située sur le versant occidental du plateau, à 25 lieues de l'océan Pacifique. Le plateau étant un pays nu et sablonneux, les Cerfs n'y ont point élu domicile, mais on les retrouve dans les collines boi- sées, situées plus haut encore, et à une altitude de 7 à 9,000 pieds, dans les forêts des conifères qui ombragent (1) Pucheran, l.c, p. 315. 254 rev. et mag. de zoologie. (Juin 18G0.) le pied des montagnes élevées. Quoique ayant, à plusieurs reprises, vu courir ces animaux au milieu des forêts des grands volcans, je n'ai jamais eu l'occasion d'en abattre dans ces régions, et comme les habitants du plateau ne sont pas chasseurs, il ne m'a pas été possible de me procurer les bois du Cerf des montagnes. Néanmoins je ne mets pas en doute que celui-ci ne soit le C. mexicanus, car il est tout à fait probable que des animaux du genre des Cerfs vivent également bien sur la côte et sur le plateau, et qu'ils supportent aussi bien le froid que la chaleur. Humboldt dit, il est vrai, qu'il n'a rencontré les grands Cerfs de l'Amé- rique du Sud que jusqu'à une altitude de 2,000 pieds (1); mais il est probablement dans l'erreur, lorsqu'il suppose que ceux-ci ne s'élèvent pas plus haut, car sous la zone tor- ride, les régions qui n'ont que 2,000 pieds d'altitude sont encore tout à fait tropicales et ne modifient en rien les conditions biologiques des grands animaux. D'ailleurs le C. mexicanus est une espèce si voisine du C virginianus (sinon une simple variété de celui-ci), qu'il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il supporte le climat relativement tem- péré des montagnes du plateau. Toutefois il serait inté- ressant de bien étudier la question des Cerfs du Mexique et de leur station, car il pourrait se faire que l'espèce qui habite les forêts des collines du plateau et des montagnes froides fut le Cervus virginianm, ou une variété intermé- diaire entre lui et le mexicanus, qui "fournirait la preuve de l'identité des deux espèces, et qui expliquerait les dif- férences de ces deux types par de simples influences lo- cales et physiques. Description de nouvelles espèces de Mélanies, par M. A. Brot, docteur-médecin. — (PI. 16-17.) Le genre Melania a pris depuis Lamarck, et surtout dans ces dernières années, une telle extension, qu'il riva- (1) Tableaux de la nature I. — L'espèce de Cerf en qnestion est très-problématique. TRAVAUX INÉDITS. 255 lise presque, pour la richesse, avec le genre Hélix, et, au lieu d'une douzaine d'espèces (vivantes) qu'il renfermait dans l'origine, il en compte aujourd'hui plus de 600. Ces espèces sont malheureusement assez difficiles à obtenir, au moins des échantillons authentiques, et, d'un autre côté, les descriptions sont disséminées dans une foule de publications diverses, revues scientifiques , comptes ren- dus de sociétés savantes, voyages, etc., qui ne se rencon- trent pas habituellement dans les bibliothèques particu- lières. Elles sont, d'ailleurs, généralement très-courtes et, rarement accompagnées de figures. Il en résulte une très- grande incertitude dans la détermination, ce dont on peut aisément se convaincre en visitant les collections publi- ques et particulières, et il devient assez difficile de déci- der, dans un cas donné, si une espèce est nouvelle ou non. Cependant, comme je me suis occupé spécialement de la famille des Mélaniens de Lamarck, et cela depuis plusieurs années, et que, outre une collection de plus de 300 espèces de Mélanies proprement dites, j'ai pu réunir une bibliographie assez étendue, puisqu'elle comprend la description ou les figures de près de 550 espèces. Je crois être bien placé pour présenter comme nouvelles les espèces suivantes. Elles sont, pour la plupart, depuis longtemps dans ma collection, et je n'ai pu les identifier avec aucune des espèces qui me sont connues ; elles m'ont paru, du reste, bien caractérisées, et j'ai d'autant moins hésité à les faire connaître que je pouvais joindre à ma description des figures exactes qui seront toujours les bien- venues dans un genre dont les espèces sont aussi difficiles à définir d'une manière claire et intelligible. 1. Hippocastànum (pi. 16, fig. 1). Testa turrita, spinosa, subcrassa, castanea, strato nigro tenui induta, apice truncata. Anfractus incolumes 6 ; supremi inermes convexi, subsquales , sequentes superne angulati, angulo spinis subtriquetris, divergeu- tibus instructo ( 6 in ultimo anfractu ). Spinae in costas obliquas deorsum productœ; anfractus omnes lineis spiralibus undulatis, 25G KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juin 18G0.) elevatis, cxilissimis, ornati, in basi anfractus ullimis, magts coa- spicuis, geminatis. Sutura impressa, undulata. Aperturasubquandrangula, basi late effusa, intus fusca; margo dexter haud sinuatus, intus leviter crenulatus; columella incrassata, aJba tortaque. — Opercul. ? Long., 33mill.; lat., 15 mill.— Apert. long., 13 mill.; lat., 5 1/2 nriill. — Diamet. truncat., 2 mill. (1). Patria. — Nouvelle-Calédonie (Petit). Très -caractérisée par le contraste entre les tours supé- rieurs, lisses, convexes, subcylindriques, et les suivants anguleux et épineux. Les épines sont fortes,. pointues, subtrigones, toutes dirigées régulièrement en dehors, et se prolongent en côtes saillantes jusqu'à la base du tour. Les stries décurrentes sont peu apparentes à l'œil nu sur les tours supérieurs, mais à la base du dernier elles deviennent très-marquées, et sont accouplées deux à deux. Les épines se correspondent assez exactement d'un tour à l'autre, ce qui donne à la coquille l'apparence d'une pyramide hexa- gonale. Cette espèce a les plus grands rapports avec le M. Win- teri. Elle en diffère par la coloration , par la forme des tours supérieurs qui semblent indiquer dans notre espèce une spire très-atténuée, enfin par la forme de l'ou- verture qui est moins allongée, et dont le bord droit ou de profil est sinué dans le Winteri et parfaitement verti- cal dans notre espèce. La base de l'ouverture est exacte- ment la même dans les deux espèces. 2. Chocolatum (fig. 2). Testa elato-turrita, solida, tuberculato-pli- cata, intense castanea, decollata ; anfractus incolumes 5, convexi, sutura undulata, impressa divisi ; omnes longitudinaliter plicati, transversi iuaequaliter et grosse sulcati, superne série uniea tuber- culorum promincntium ornati. Apertura ovata, fusca, basi effusa ; margo dexter sinualus, versus basin late productus, intus crenulatus; columella subrecta, sub- truncata. — Opercul. ? (1) Diameler truncalurae. J'entends par là le diamètre de la coquille à l'endroit où elle est tronquée. TRAVAUX INEDITS. 257 Long., 27 m.; lat., 13. — Apert. long., 11; lat., 6 m. — Diamot. truucat., 3 1/2 m. Patria. — Ceylan (Bcrnardi). Cette espèce est couverte de grosses cordelettes saillan- tes, noueuses, au nombre de quatre sur l'avant-dernier tour, entre lesquelles on en découvre deux ou trois plus fines. Elles sont croisées par des côtes onduleuses grossières, ce qui fait paraître la surface tuberculeuse. La seconde des cordelettes tranverses, à partir du haut des tours, est plus proéminente, caréniforme et garnie de tubercules accou- dés très-saillants. Il y a environ dix côtes longitudinales sur les derniers tours. Mon ami M. Dohru, auquel j'avais communiqué cette espèce il y a quelques années, m'écrit qu'il Ta baptisée M . Brotiy Dohrn., et qu'elle est connue sous ce nom en An- gleterre depuis trois ans. Cette dénomination, n'étant ap- puyée par aucune description, ne me paraît pas devoir être acceptée. 3. Myurus (fig. 3). Testa elato-convexo-turrita, tenuis, spinulosa, virescens, sparsim et indistincte fusco-maculata, sub strato nigro tenui adhaerente, apice truncâta. Anfractus incoluines 7, convexi, superni angulati, supra angulum concayi ; plicati, plicis rectis, versus basin anfractuum evauidis, superne ad angulum in spinas brèves, angustas, incurvas, pro- ductis ; striis spiralibus et incrementi subaequalibus decussatis. Apertura ovata, intus caerulescens, inferne eflusn. Marge- dexter superne sinuatus, deinde regulariter convexus, inferne productus. Columella subtorta , incrassata , alba. Marge- basalis oblique re- tusus. — Opercul. ? Long., 25 m.; lat., 9 m. — Apert. long., 10 m.; lat., 4 m.— Diamet. truncat., 1 1/2 ru. Patria. — Java (Petit). Spire élevée, convexe, garnie de plis verticaux termi- nés par de petites épines recourbées vers la spire, très- régulières ; environ douze sur l'avant-dernier tour. La sculpture rappelle la M. spinulosa; elle consiste en des stries alternantes fines plus développées à la base des tours. Elles sont en partie masquées par la croûte noire qui recouvre toute la coquille, sauf le dernier tour. Celui- 2« série, t. xii. Aunée 1860. 17 •258 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.) ci n'offre que des traces rudimentaires de plis et d'épines, et des stries fines, irrégulièrement alternantes, croisées par des stries d'accroissement. Le M. cochlea, Léa est l'espèce la plus voisine ; elle a également uue spire élevée, convexe, et des côtes épi- neuses qui disparaissent sur le dernier tour, mais les côtes sont obliques, terminées par des épines aiguës. Quant à l'ou- verture, elle est trop brièvement décrite pour qu'on puisse établir une comparaison. Cependant, si j'en juge d'après des échantillons^d'une collection, que je considère comme étant la M. cochlea, et qui présentent exactement les carac- tères de la spire indiquée par M. Lea, elle serait toute différente de la nôtre, analogue à celle de la M. spinulosa, Lam., subcanaliculée à la base, à columelle droite sub- tronquée et à bord droit non dilaté inférieurement; tandis que dans la M. Myurus le bord; droit descend plus bas que la columelle, et cette dernière est tordue et épaissie, ce qui rend le bord basai largement échancré et rétréci. 4. Litigiosa ( fig. 4 ). Testa elevato-turrita, clavœfbrmis, solida, ponderosa, transverse sulcata, olivacea, sub strato nigro. Anfractus 10 (apex ipse deest), superni planulati, pallidiores, nonnunquam maculis fusco-rubris seriatim picti ; sequentes sub- convexi, sulcis spiralibus exarati, ultimus magous inflatus, minus regulariter sulcato-striatus, striis incrementi variciformibus, irre- gularibus, distantibus prœditus. Apertura ovato-acuta, intus caerulesccns , basi effusa; margo dexter regulariter areuatus, versus basiu sensim productus. Colu- mella haudtorta, arcuata, iocrassata, alba. — Opercul. ? Long., 52 m.; lat. 17 m.— Apcrt. long., 18 m.; lat. (intus), 8 m. Patria. — ? Les tours supérieurs sont subitement atténués, ce qui donne à la coquille une forme de massue ; ils sont dépour- vus d'épiderme, lisses, de couleur claire quelquefois avec des rangées de points bruns. Les trois tours qui précè- dent le dernier sont régulièrement et profondément sil- lonnés de manière à présenter environ six cordelettes élevées, de largeur égale à celle des sillons qui les sépa- rent. Sur le dernier tour, les sillons sont beaucoup plus TRAVAUX INÉDITS. 259 nombreux et moins profonds (environ 28); ils s'étendent jusqu'à la base ; les stries d'accroissement, invisibles sur les premiers tours, sont assez fines et serrées sur les suivants, très-marquées et éloignées sur le dernier, où elles sont la trace des péristomes successifs de la coquille. L'ouverture est grande, assez aiguë au sommet. Sur un échantillon imparfait, les cordelettes saillantes se prolongent jusque sur le dernier tour et sont élégamment articulées de rouge brun sur un fond vert olive. J'ai vu souvent dans la collection cette espèce sous le nom de M. aculeus, Lea ; mais elle n'appartient pas à ce groupe, à cause de la forme de sa columelle. Ses proches voisines sont M. albescens, Lea, et mindorensis, Léa. La M. albescens, Lea, est à peu près lisse, et sa spire est régu- lièrement atténuée; son ouverture est beaucoup plus allongée, plus aiguë au sommet, moins élargie à la base ; enfin elle est, en général, moins solide. — La M. mindo- rensis ressemble davantage à notre espèce. Cependant elle me paraît moins épaisse, moins ventrue au dernier tour, et elle ne présente, pas plus que la M. albescens, la spire subitement atténuée, qui donne un faciès particulier à la M . litigiosa. 5. Semiornata ( fig. 5 ). Testa conico-turrita , subsolida , superne costata, fusco-comea, nitida, maculis rubris passim et praesertim ad suturam ornata. Anfractus 9 (apei ipse deest) convexi, sutura impressa et margi- nata divisi , superni regulariter costati , liucis impressis', regula- ribus, crebris decussati, ultimus laevigatus politus. Apertura ovata, basi latc effusa, intus cajrulesccns, submargari- tacea; margo dcUcr leviter sinuatus, inferuc late productus; colu- mella subtorta, alba. — Opercul. ? Long., 35 in.; lat., 12. — Apert. long», 11 1/2 m.; lat., 7 m. Patria. — Java (relit). Cette espèce est remarquable par le poli de son épi- derme, les côtes élégantes qui ornent ses 6 ou 7 pre- miers tours , croisées par des stries délicates régulières. Cette sculpture disparaît vers le dernier tour; les côtes deviennent d'abord des plis réguliers bornés à la partie 460 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.) supérieure des tours, puis s'effacent entièrement. Les stries décurrentes se perdent à l'avant-dernier tour, et le der- nier tour n'en présente plus qu'une qui borde la suture, outre quelques lignes très-distinctes autour de la base. Je ne connais pas d'autre espèce à laquelle je puisse la com- parer. 6. Dcmorpha ( fig. 6 ). Testa ovato-conica, subsolida, lœvigata, oli- vacco-viridis , strato nigro tenuissimo obscurata/intus saepius brunneo-fasciata, apice erosa vel truncata. Anfractus incolumes 3-4 (circa 4 1/2 in speciminibus integris), planulati, sutura appressa , filiformis, sublacera, divisi ; ultimus maguus inferue subangulatus, inflatus, superne subconslrictus. Apertura magna, ovato-biangulata, intus caerulescens, fasciis brunneis latis ornata. Margo dexter acutus, haud productus, regu- lariter arcuatus; columella subrecta incrassata, alba; margo ba- salis inangulum obtusum productus, subcanaliculatus. Operculum (6c) ovato-piriforme, profunde intrans, unispiratum, radiatim striatum, nucleo basali, marginali, sinistro. Long., 20 m.; lat., 12. — Apert. long., 12 m.; lat., 5 1/2 m. Patria. — Gabon (Verreaux). Cette espèce se présente sous deux formes assez diffé- rentes au premier coup d'oeil, mais inséparables si on les examine avec attention. J'ai figuré les deux extrêmes. L'une (6 a) est carrément tronquée à l'extrémité; l'autre (6 b) est seulement rongée et laisse voir la suture jusqu'au sommet, de sorte qu'on peut compter les tours au nom- bre de 4 et 1/2. Ces deux échantillons, qui, vus de face, paraissent assez différents, présentent, vus de dos, la plus complète identité pour la forme du dernier tour, la colo- ration, la nature de l'épiderme. L'opuscule est identique dans les deux formes. La troncature de la spire n'est donc ici, comme dans beaucoup d'autres espèces, qu'un cas accidentel dépendant uniquement des circonstances dans lesquelles les individus ont vécu. La M. dimorpha est lisse, et seulement à la loupe on distingue des lignes spirales excessivement fines et ser- rées, visibles surtout sur les tours supérieurs, où l'épiderme est plus à découvert. La base est lisse sans aucune strie TRAVAUX INÉDITS. 261 crculaire. Le haut des tours est, en général, de couleur plus claire. L'ouverture laisse voir, à l'intérieur, des fascies brunes qui n'atteignent pas le bord droit. Il y en a, en général une large au milieu du tour, une plus étroite près de l'angle supérieur, et une troisième étroite aussi près du bord basai. Ces fascies sont quelquefois décomposées en linéoles fines, quelquefois elles ne sont visibles qu'au fond de l'ouverture. La M. dimorpha appartient au groupe de la M. nigri- tina, Morelet. Elle a tout à fait la même ouverture que cette espèce ; la forme des tours est analogue, ainsi que les fas- cies intérieures qui ornent quelquefois la M. nigritina. L'opercule doit être semblable, à en juger par la descrip- tion qu'en donne M. Petit dans son journal de conchylio- logie. Notre espèce diffère par son petit nombre de tours, ses proportions toutes différentes et son épiderme uni et non finement granuleux comme dans la M. nigrilina. En outre, elle ne présente point de traces de lignes saillantes à la base. 7. Vittata (pi. 17, fig. 7). Testa turrita, elongata, lœvigala, subte- nuis, brunneo-violacea, sub epidermide olivacea, luto atro tenuis- simo obscurato. Anfractus novem (apex ipse deèst) convexi, sutura profunda di- visi; ultimus ad peripheriam compressus, fascia alba intus con- spicua ornatus; apertura arapla ovata, basi effusa ; margo deiter tenuis, inferne late productus; columella alba tortaque. — Oper- cul. ? Long., 37; lat., 11m — Apert. long., 11 m.; lat., 7 m. Patria. — Philippines (Edmuller). Cette espèce est bien caractérisée par ses tours convexes, à l'exception du dernier qui est aplati à la périphérie, par sa columelle très-tordue et la large fascie blanche qui se trouve au tiers inférieur du dernier tour. Elle paraît lisse à l'œil nu ; mais vue à la loupe, elle présente quelques li- gnes imprimées décurrentes, irrégulières, croisées, çàetlà par des stries d'accroissement simulant une sorte de fron- 262 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jlltn 1860.) cernent de la surface. Ces lignes disparaissent complète- ment sur les deux derniers tours. Par sa forme élevée et sa columelle tordue, elle se rap- proche du groupe de la M\ aculeus, Léa, et en particulier de la M. lancea, Léa. 8. Beryllina (pi. 17, tig. 8). Testa turrita-subulata, stria ta, tenuis, subpellucida, lœte viridis, maculis rubris, raris, indistinctis or- nata, apice pallida. Anfractus 12 (apex, ipse deest) convexi, sutura impressa divisi, striis spiralibus regularibus ornati, superiores longitudinaliter plieati, plicis versus parteni inferiorem anfraetum evauidis. Apertura ovata, intus caerulesceus, basi effusa ; margo dexter siuuatus, ad basin late productus; columella crassa, torta, alba, — Opercul. ? Long., 36 m.; lat., 10. — Apcrt. long., 10 m.; lat., 6 m. Patria. — Pondichéry (Petit). Cette espèce offre, au premier coup d'oeil, les plus grands rapports avec la M. tuberculata, Mull. (fasciolala, Oliv.). Elle a la même forme générale et une sculpture analogue. Elle s'en distingue par la forme de l'ouverture très-évasée à la base et la forte torsion de la columelle, caractères qui semblent la rapprocher plutôt du groupe de la M. aculeus, Léa ou de la M. lancea, Léa. Les premiers tours de la coquille sont très-régulièrement treillissés par des lignes élevées décurrentes et longitudi- nales qui forment un petit tubercule à leur point de croise- ment , et laissent entre elles des enfoncements réguliers. Les stries longitudinales deviennent, sur le cinquième ou sixième tour, des plis longitudinaux qui n'occupent que les deux tiers de la hauteur des tours. Les derniers tours en sont complètement dépourvus et ne présentent plus que les stries décurrentes et quelques stries d'accroisse- ment irrégulières. La coloration de cette coquille est assez spéciale ; elle est d'un vert qui rappelle la couleur du Béryl. 9. Obscura (pi. 17, fig. 9). Testa turrita, elongata, striata, striis in- crementi irregularibus decollata, olivacea, sub strato tenui fusco- ferrtigineo. TRAVAUX INÉDITS. 263 Anfractus 11 (apex ipsc deest), rapide crescentes, couvexiusculi, sutura impressa divisi, ultimus basi subangulalus , superui striis spiralibus elevatis, coufertis oruati, interstitiis sub lente impresso- puuctatis ; inlermedii striis impressis decrescentibus in ultimo an- fractus distantibus, basi nullis, ornati. Apertura ovata basi effusa, intus fuscescens. Margo dexter le- viter siuuatus, iuferne late produclus. Columella alba, subtorta.— Opercul. ? Long., 32 m.; lat., 10 1/2 m. — Apert. long., 10; lat., 5. Patria. — ? (vend. Landaner). Le caractère distinctif, de cette espèce consiste dans sa sculpture. Les tours supérieurs présentent des lignes dé- currentes, élevées, très-régulières, dont les intervalles sont très-élégamment guillochés par des stries d'accroissement bien marquées, simulant des points enfoncés ; sur les tours suivants, on ne trouve que des lignes imprimées dé- currentes, serrées, qui, devenant graduellement plus écar- tées, finissent par n'occuper que le dernier tour et le voi- sinage de la suture, ce qui donne à cette dernière une apparence marginée ; la base du dernier tour en est com- pltéement dépourvue et n'offre que les stries d'accrois- sement. La M. luzoniensis, Lea, semble présenter une sculpture analogue, mais ses dimensions sont différentes. — Cette espèce, par sa forme subulée et sa columclle peu tordue, appartient au même groupe que la M. Newcombii, Léa, avec laquelle elle a quelques rapports de forme générale ; mais elle en diffère tout à fait par la suture qui n'est pas canaliculée, par ses tours moins convexes et par sa sculp- ture. 10. Petechialis (pi. 17, fig. 10). Testa turrita, lœvigata, crassa, oli- vaceo-lutea, maculis rufo-fuscis irregulariter aspersa, apice trun- cata. — Anfractus 8 incolumes, subconvexi, sutura appressa sub- marginate divisi, sub lente striis spiralibus exilissimis, creberrimis, et striis incremeuti parum conspicuis sculpti, superne ad sutu- ram tenuissime plicatuli; ultimus iuflatus, ascendens, basi lineis subimpressis undulatis circa 6 circumdatus. Apertura ovata, fusco-ferrugiueo-tincta, fauces cajrulcscentes, maculis fusco-rubris pallesceutibus. Margo dexter inferue oblique 264 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.) procédons, incrassatus, augulus superior aperturae perincrassatus, callosus, anguste canaliculatus; columella incrassata, subtorta, in margiuem basalem productum angulatim transiens. — Opercul. ? Long., 46 m.; lat., 17 m.— Apert intus long., 13 m.; lat., 8 1/2 m. Patria. — ? (vend. Edmuller). Cette espèce fait évidemment partie du groupe remar- quable de Mélanies de l'Amérique du Sud, que MM. H. et A. Adams nomment Donjssa dans leur Gênera, et qui com- prend les espèces suivantes : M. atra, Rich.; brevior, Trosch; chlori*, Trosch; rnacaya, J. Moris; ventricosa, J. Moris; circumsulcata, Hohmackeri, Phil.; bullata, Léa; tuberculata, Wagn. (?). Ce groupe est nettement caractérisé par l'épaisseur des bords de l'ouver- ture, la présence d'une callosité à l'angle droit supérieur de l'ouverture, la direction ascendante du dernier tour, et l'angle prononcé que forme la columelle avec le bord ba- sai avancé. — La M. petechialis est la seule qui soit lisse dans toute sa surface. M. Hohmackeri, Phil., qui paraît être très-voisine, en diffère par la présence de seize sillons sur le dernier tour, la disposition imbriquée des tours, des di- mensions inférieures, et une ouverture blanche intérieu- rement. L'épiderme a un aspect gras qui est dû à la présence de stries fines et visibles seulement à la loupe. 11. Saussurei (pi. 17, fig. 11). Testa pyraniidata, laevigata, subso- lida, cornea vel fusco-cornea, strato calcareo praesertim apud api- cem obtecta. — Anfractus 10 (apex ipse deest) convexi, sutura im- pressa, undulata divisi, ad partem superiorem plicati et lineis volventibus, elevatis tribus cincti. Anfractus superiores lœvigati, ultiraus basi lineis 3 vel 4 parum conspicuis circumdatus ; aper- tura ovata, basi angulatim producta, intus concolor; margo dexter subincrassatus, fusco-limbatus, haud sinuatus ; columella torta violaceo-rubra. Operculum ovatum, quadrispiratum, spiris rapide crescentibus, nucleo subcentrali, columellae subapproximato. Long., 26 m.; lat., 9 m. — Apert. long., 8 m.; lat., 5 m. Patria. — Mexique, route de Tampico à Mexico, bois du Rio Grande (de Saussure, mus. Gen.). Cette espèce a été rapportée par M. de Saussure de son TRAVAUX INÉDITS. 265 voyage au Mexique. Elle appartient évidemment au groupe des Pachychilus et se rapproche surtout de la Schicdeana, Phil. La forme générale et l'ouverture sont identiques; mais le M. Saussurei est moins solide et présente constam- ment (sur 20 individus que j'ai pu examiner) ses trois lignes noduleuses à la partie supérieure des tours, la partie moyenne et inférieure, ainsi que les quelques pre- miers tours de spire restant parfaitement lisses. M, plu- ristrîata Say., également de Mexico, paraît être aussi très-voisine, mais elle est complètement couverte de lignes élevées, nombreuses. La coquille est revêtue d'un encroûtement calcaire gri- sâtre, qui est particulièrement épais à l'apex, où il forme un renflement notable (comme cela se voit aussi dans la M. nigrata, Poey); la spire s'y trouve exactement conser- vée, mais elle se brise toujours quand on veut la dégager. Je crois que la coquille intacte aurait 13 tours environ. La base du dernier tour présente quelquefois une vague indication de deux ou trois lignes saillantes. 12. Bicolor (pi. 17, fig. 12). Testa turrita, castanea, infra suturam pallidior, decollata. — Anfractus incolunaes 5, convexiusculi, infra suturam leviter coarctati, striis incrementi crebris, tenuissimis or- nati. Specimina juniora, jam decollata, lineas impressas, irregu- lares, spirales praebens. Sutura canaliculata. — Apertura ovato- piriformis, basi subeffusa, intus fusca. Margo dexter simplex, ad basin late subproductus. Columella subtorta, arcuata, pallide fusca. Margo parietalis in adultis callo nitido caerulescenti obtec- tus. — Operculum oblongo-piriforme , unispiratum , radiatim striatum ; nucleus basalis submarginalis siuistrorsus. Long., 40 m.; lat., 16.— Apert. long., 16 m.; lat., 8 m.— Diamet. truncat.,6m. Patria. — Taïti (Petit, coll. mea.). Je possède de cette espèce une série d'individus de dif- férents âges, qui tous sont tronqués à l'extrémité. Les plus jeunes, qui comptent de i à 5 tours (long., 17 m.; larg., 8 m.; diamètre troncat., 2 m.), présentent tous des stries décurrentes, imprimées, distantes, plus ou moins régulières, prononcées. Un échantillon plus grand de 7 tours et 1/2 266 rev. et mag. de zoologie, (Juin 1860.) (long., 34 m.; larg., 11 m., diam. truncat, 2 m.) est cou- vert de stries imprimées, distinctes, régulièrement espa- cées, dans l'intervalle desquelles la surface de la coquille est comme froncée par places. Tous ont une suture cana- liculée et une coloration bleu-verdâtre clair. — Les indi- vidus adultes, tels que celui que j'ai figuré, sont couleur marron, et présentent quelquefois des lignes imprimées au tour supérieur, point sur les suivants. Ils portent, le long de la suture, des érosions semi-lunaires assez particulières. La coquille est franchement entamée comme avec un em- porte-pièce , de manière à découvrir une partie du tour précédent avec son épiderme intact. La cassure est blan- che. Il y a, à la base , quelques lignes spirales saillantes très-indistinctes. Cette espèce, que j'ai rencontrée, dans presque toutes les collection, sous toutes sortes de noms qui ne peuvent pas lui convenir, ne me paraît p^s avoir été décrite et surtout figurée. Elle est très-voisine de »a M. divisa, Phil. [Zeitschr. Malac, 1851, p. 81). Il ne serait pas impossible que ce fût la même. Dans ce cas, je crois qu'il faudrait lui réunir aussi la M. humilis, Phil., décrite immédiatement après. Les trois espèces ne diffèrent que par la coloration et la présence ou l'absence des lignes imprimées. Or, comme on le voit dans ma description, mon espèce en possède dans le jeune âge et en est dépourvue à l'état adulte. Depuis que ces lignes ont été écrites, j'ai pu me procu- rer la description de la M. corporosa, Gould (Proc. Boston S. N. H. 1847), qui provient également de Taïti. Cette espèce a les plus grands rapports avec la M. bicolor, et pourrait bien être la même. Cependant l'auteur ne men- tionne pas la stricture que présente le haut des tours, et de plus sa phrase caractéristique renferme les expres- sions « striis minimis decussata, apertura angusta, colu- mella albida, sutura marginata, » qui ne paraissent pas s'accorder avec notre espèce. 13. Cerea fpl. 17, fi£. 13), Testa ovato-turrita, subcrassa, spiuulosa, TRAVAUX INÉDITS. 2G7 lutesccns. — Anfractus 7 (apex ipsc dccst), sutura profuuda caua- liculata divisi, supcruc angulali, supra angulum coneavi, iufra convexiusculi, angulo spinis brcvibus deorsum in costas obliquas usque ad suturam infcriorera productas, oruati. — Anfractus ul- timus spinis destitutus, magnus, inflatus, superne ad suturam constrictus; anfractus omncs spiraliter et inaequaliter striati, lineis incrcmeuti deaissati.— Apertura elongato-clliptica, basi subcanali- culata, ad angulum superiorem angustata; margo dexter tcnuis, superne sinuatus; columella subtruncata, alba, incrassata, sub- torta. — Opercul. ? Long., 24 m.; lat., 12 m. — Apert. long., 11 1/2 m.; lat., 6 1/2 m. Hab. ? Toute la coquille est couverte de lignes saillantes, ser- rées, inégales, de sorte qu'il s'en trouve deux ou trois plus fines entre deux fortes, comme cela s'observe dans presque toutes les espèces du groupe de la M. spinulosa, Lam. Ces lignes sont croisées par des stries d'accroissement serrées de manière à former sur le dernier tour un réseau assez régulier. Cette espèce ressemble un peu, au premier abord, à la M. Herklotzi, Petit, mais elle se rapproche réellement de la M. Scabra, Fér. Elle se distingue également de la première par des stries serrées, et de la seconde par son épaisseur plus considérable, sa couleur jaune clair uni- forme et la forme de sa suture. COLEOPTERA CHILENSIA A L. FaIRMAIRE et GERMAIN descripta. Modialis. — N. G. Rutelidarum, sed Anoplognathis affine. Caput magnum, clypeo maximo, reflexo, antennis 10 articulatis, 6° et 7° minimis, clava elongata ; scutellum médiocre; elytra striata, postice deplanata; clava pro- sterni elongata ; pedes sat elongati, sat graciles. M. prasinella. — Long., 22 mill. — Oblongo-ovata, antice attenuata, supra fulvo-virescens, nitida, subtus viridis; tibiis tarsisque rufis; clypeo antice fere truncato, reflexo; prothoracc fere laevî, linea média impressa; elytris obso- lète sulcatis, interstitiis alterne angustis, L'éviter elevatis; 268 REV. ET MAG. DE zoologie. (Juin 1860.) abdomine vitta marginali aîbido-villosa. — Valdivia. Lacris. — N. G. Macrophyllis proximum. Caput médio- cre, clypeo transverso, sat fortiter reflexo, antennis 8 ar- ticulâtes, 1° magno, 5° brevi, elongato, clava valde elon- gata, recta ; scuteilum sat magnum ; elytra convexa ; pedes médiocres ; mento leviter convexo, utrinque valde sul- cato. — L. dilutipes. — Long., 10 mill. — Supra nigro- brunnea, nitida, capite prothoraceque metallico-micanti- bus; subtus brunnea, longe griseo-villosa, antennis, palpis pedibusque pallide flavo-testaceis. — Chillan. Tribostethus punctatus. — Long., 17 mill. — Brunneo- viridi-aeneus, subtus cum antennis pedibusque pallide castaneo-rufus ; capite prothoraceque grosse punctatis; scutello dense lanoso ; elytris striatis, interstitiis leviter ru- goso-punctatis. — Valdivia. Aphodius fulviventris. — Long., 10 à 11 mill. — Niger, sat nitidus, elytris sericeis, tenuiter striatis ; abdomine rufo; capite prothoraceque punctatis, hoc lateribus valde rotundato et reflexo, angulis posticis obtusis, margine postico utrinque valde sinuato ; scutello punctato. — Chili. Anthaxia Paulsenii. — Long., 5 mill. — Cylindro-conica, cupreo-aenea, parum nitida, variolosa, pilis brevibus sor- dide vestita ; prothorace antice incrassato, medio subsul- cato, basi tripunctato ; elytris profunde striato-punctatis, utrinque vittis 2 luteis, apice conjunctis, apice oblique truncato. — Santiago. Adelocera vitticollis. — Long., 15 mill. — Elongata, subparallela, antennis prothorace haud brevioribus, fusco- nigra, supra opaca; capite sulcato et prothoracis lateri- bus cinereo-fulvo-sericeis, angulis posticis rufescentibus; elytris densissime punctatis ac parce sericeis ; infra punc- tatissima, nitidior; tarsis rufescentibus. — Conception. Elater insignitus. — Long., 19 à 20. — Oblongus, ater, subopacus, grosse punctatus; elytris tenuiter punctatis, ru- bris macula magna apicali, communi, nigra; prothorace convexo, antice tantum angustato ; tarsis simplicibus, bre- TRAVAUX INÉDITS. 269 vibus, unguibus haud serratis; genus dubium, G. Elaleri facie simile, sed antennis prothorace valde brevioribus, coxis posticis angustioribus abhorrens. — Santiago. Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. Chevrolat (1). 46. Phytœcia grisescens, affiois P. virescenli. Alata, griseo-vires- cens, punctulata, pilis albidis dense tecta; palpis, mandibulis, la- bro, oculisquc nigris; antennis corporis longitudine, nigricantibus, infra cinereis ; thorace antice recto, postice biarcuato et sulcato, lineis tribus obsolète albidis, média subelevata ; scutello lato, seri- caute-albido ; elytris planiusculis, unicostatis, intus dcpressis, ad apicem anguste rotundatis, mas. — L., 11 1/2; 1., 3 m Très-voisine de la P. virescens, d'un gris lavé de ver- dàtre, couverte d'une pubescence épaisse en dessous et sur les côtés et qui, sur le dessus, est abaissée et mélan- gée de poils noirs, bien moins nombreux et non hérissés comme on le remarque dans la P. virescens. Tête d'un gris noirâtre, étroitement sillonnée au milieu. Palpes, mandibules et yeux noirs ; ceux-ci sont entourés de poils blancs. Antennes noirâtres sur leur tranche supérieure, grises en dessous; le 1er article est presque conique, d'un gris noirâtre un peu métallique pour le fond. Corselet un peu plus long que large, à peine plus étroit que la tête en arrière, droit et marginé en avant, légèrement biarqué et transversalement sillonné en arrière, un peu avancé en pointe sur l'écusson; côtés modérément arrondis sur le milieu, trois lignes longitudinales blanchâtres faiblement indiquées. Médiane élevée. Ecusson grand, presque carré, d'un blanc soyeux. Elytres une fois 1/2 aussi larges que le corselet, quatre fois aussi longues, allant en s'amincissant de l'épaule au sommet; lre saillante, obtusément rectan- gulaire, 2e étroitement arrondi ; une côte longitudinale externe, avec toute l'étendue de l'étui depuis cette der- nière jusqu'à la suture, déprimée. Corps en dessous, et (1) Voir la Rev. et mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212. 270 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.) cuisses d'un blanc gris soyeux. Jambes et tarss noirâtres. Crochets assez forts, recourbés en dedans, doubles. Deux mâles m'ont été envoyés par M. L. Lethierry, qui a trouvé cette espèce dans les environs de Blidah ; elle a des rapports de forme avec la P. Cobaltina. 47. Pylhœcia cobaltina, alata, sat valida, vage punctata, plumbea, pube albida brevi, dense aut longiori sparse vestita, palpis, man- dibulis, oculisque nigris; antennis pedibusque cinereo-nigris ; thorace subcylindrico, antice recto, posticc biarcuato et transverse sulcato, pube albaiuduto, in medio longitudinis subcostato; scu- tello lato albido; elytris planiusculis, parallelis, ad apicera anguste rotundatis. Fœm. — L., 10; 1., 3 m. Forme de la P. cylindrica, F., assez forte, d'un noir bleuâtre plombé, à pubescence cendrée, courte, dense ou longue, à ponctuation au-dessous de la moyenne, plus ou moins espacée. Tête assez grande, arrondie, noirâtre, pu- bescente, vaguement et finement ponctuée, sillonnée au milieu. Palpes, mandibules, chaperon et yeux noirs; ceux- ci sont entourés de poils recourbés, blanchâtres. Anten- nes un peu plus courtes que le corps, noirâtres, recouver- tes d'un poil court, grisâtre. Corselet à peine plus long que large, droit en avant, bicintré et transversalement sil- lonné en arrière, avancé en pointe sur l'écusson, légère- ment arrondi sur le côté, et coupé en oblique sur sa partie postérieure , élevé en carène sur le milieu longitudinal ; sa surface offre une pubescence d'un blanc grisâtre qui est courbée et assez épaisse, de petits points apparaissent à travers cette villosité. Ecusson grand, arrondi, blan- châtre, un peu déprimé et obscur au centre. Elytres plus larges que le corselet, 3 fois 3/4 aussi longues, planes, parrallèles, un peu atténuées sur l'extrémité même qui est arrondie et seule frangée d'une légère bordure blanche. Corps en dessous et pattes d'un bleu noirâtre et brillant, à fine pubescente grise; son fond est couvert d'un poin- tillé serré peu distinctement granuleux , il est un peu plus fort et plus espacé sur la poitrine. Jambes et tarses un peu plus obscurs. TRAVAUX INÉDITS. 271 Une seule femelle m'a été donnée par M. L. Lethierry, qui a découvert cette espèce aux environs de Bone ; elle vit sur un Echium. Observations sur les Busileras ou Fourmis à miel du Mexique (Myrmecocystus melligcrus) ; par M. H. Lucas, aide-naturaliste au muséum d'histoire naturelle. Nous ne recherchons pas avec assez de soin en France, et généralement en Europe, les ouvrages scientifiques qui se publient à l'étranger et, par suite, de cette sorte d'in- différence que je condamne, quoique je m'en reconnaisse franchement coupable, il nous arrive de signaler des espèces et même d'établir des coupes génériques avec des insectes que l'on a déjà décrits longtemps avant nous. C'est ce qui a lieu pour un genre de Formicide que le sa- vant M. Wesmaèl a fait connaître, en 1838, sous le nom de Myrmecocystus mexicanus, et qu'un entomologiste mexi- cain, le docteur don Pablo de Llave, avait décrite, en 1832, sous celui de Formica melligera. Le titre de l'ou- vrage dans lequel cette curieuse espèce a été décrite pour la première fois porte le nom de Registro trimestre o col- lection de Memorias de Historia litteratura , ciencias y artes (Mexico 1832). Comme ce travail renferme des obser- vations très -curieuses sur la Formica melligera, j'ai cru devoir faire traduire ce mémoire, qui m'a été obligeam- ment communiqué par M. Salle, afin d'en extraire, pour la Revue et Magasin de Zoologie, les faits les plus intéres- sants touchant les mœurs de cette Formicide. C'est en juillet 1832 que le docteur don Pablo de Llave publiait son travail, et c'est en octobre de la même année, c'est-à-dire cinq ans avant la publication de celui de M. Wesmaël, qu'a paru le mémoire de l'entomologiste mexicain, ayant pour titre : Sur les Busileras ou Fourmis mellifères. Le docteur don Pablo de Llave s'exprime ainsi au sujet de la Formica melligera : 272 REV. ET MAC DE zoologie. (Juin 18G0.) Ayant entendu dire, il y a quelques années, qu'il existait, aux environs de Mexico, des Fourmis produisant du miel, je formai le projet que si ces hyménoptères venaient un jour à être découverts par moi, j'en ferais le sujet de mes observations. Ayant acquis un certain goût pour l'histoire naturelle pendant mon séjour en Europe, je me mis à la recherche de ces insectes, excité, et par tout ce que j'en avais entendu dire, et parce qu'il ne me paraissait pas possible que ces hyménoptères pussent appartenir au genre Formica. Une personne habitant la ville de Dolores, observant parfaitement, et dans les environs de laquelle se trouvent de ces fourmilières, me dit que, par curiosité, elle avait fait fouiller quelques-uns de ces nids, que l'on désigne, dans le pays, sous le nom de Ensileras. Elle m'assura que les habitants de ces nids étaient une espèce de petite Fourmi qui ne formait pas un amas de terre à l'entrée de son habi- tation, et qu'en suivant la mine et en extrayant la terre on arrive à une espèce de galerie à la voûte de laquelle on rencontre des Busileras suspendues, serrées les unes contre les autres, couvrant cette voûte, ainsi que les parois de la galerie. Elle me dit aussi que les femmes et les enfants de la campagne connaissent parfaitement ces nids; qu'ils les recherchent avec soin, dans le but d'en recueillir le miel; et que si c'était pour faire quelques cadeaux, ils les pre- naient avec délicatesse, en ayant soin de leur enlever la tête et le thorax, et les plaçaient ensuite sur une assiette ; mais que si c'était seulement dans le but de manger le miel, à mesure qu'ils s'en emparaient, ils en suçaient la partie sucrée et rejetaient ensuite le reste. En leur enle- vant la tête et le thorax, c'était, à ce qu'on m'a assuré, pour empêcher que ces Fourmis ne se blessassent; car, quoiqu'elles ne puissent plus marcher, à cause du volume prodigieux de leur abdomen, en les plaçant sur une as- siette, elles se remuent, s'accrochent les unes aux autres, se déchirent et finissent ensuite par se dégonfler. En effet, TRAVAUX INÉDITS. 273 Ja peau de l'abdomen qui lie les segments entre eux est si mince et surtout si distendue, à cause de la prodigieuse quantité de miel qu'elle renferme, que la moindre bles- sure suffit pour les faire dégorger. On ajouta que quand on ne fait pas cette opération, c'est-à-dire d'enlever la tête et le thorax, le miel diminue et, comme disent les habi- tants de la campagne, les Fourmis le mangent. Un ouvrier de la ville de Dolores, à qui je demandais des renseignements sur ce sujet, m'a répondu qu'étant en- fant et se trouvant dans une ferme il se réunissait à d'au- tres enfants de son âge, et qu'ils s'exerçaient à fouiller les fourmilières, afin de manger le miel contenu dans l'ab- domen de ces hyménoptères. Lui ayant fait différentes questions, je remarquais que ses réponses étaient sembla- bles, et qu'elles confirmaient toutes les informations que l'on m'avait données. Cependant, de mon côté, et mal- gré tous ces renseignements, j'étais plus que jamais con- vaincu que cet insecte ne pouvait pas appartenir au genre Formica; car, ce que je trouvais étrange, c'étaient l'obésité et l'immobilité de ces insectes qui seulement peuvent être suspendus, anomalie qui ne peut même s'expliquer, en supposant que ce fussent de vraies Fourmis. En effet, quand arrive cette replétion énorme? Est-ce avant de monter sur les parois et à la voûte de la galerie ? Mais cela ne peut pas être ainsi, parce que le volume de l'abdomen et sa forme orbiculaire les empêchent de se ser- vir de leurs organes de la locomotion et leur enlèvent, par conséquent, tout mouvement. Elles ne montent peut-être, où elles ne se suspendent, que quand leur abdomen n'est pas encore très-développé, ce qui leur permet de mar- cher. Mais alors qui produit cette superabondance de matière sucrée? Seraient-ce des Pucerons? Mais, en outre de cela, suivant les informations que j'ai prises, on ne ren- contre jamais de Pucerons dans les nids. Dans tous les cas, il se présente toujours une autre difficulté, c'est que les Fourmis qui se nourrissent de la liqueur sucrée des 2* série, t. xii. Année 1860. 18 274 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, (Juin 1860.) Pucerons, ce n'est pas parce que ceux-ci viennent cher- cher la Fourmi pour lui procurer la nourriture, mais, au contraire, parce que la Fourmi excite le Puceron, par le mouvement de ses antennes, à laisser couler la liqueur sucrée. Quelquefois je pensais que les insectes suspendus aux galeries et à la voûte étaient des femelles à l'état de gestation, mais des nids ne renfermant que des femelles et en si grand nombre ne pouvaient pas être une habita- tion ou un essaim dans lequel les neutres sont ordinaire- ment en plus grande quantité. Telle était ma manière de voir au sujet de ces nids, quand Son Exe. M. le comte del Penasco m'envoya des Busileras dans l'alcool avec deux individus desséchés con- tenus dans du coton. On distinguait dans ces flacons des Busileras à différents états, les unes ayant l'abdomen pro- portionné au reste du corps et les anneaux s'emboîtant les uns dans les autres, comme cela a lieu chez les insectes; d'autres ayant la région abdominale plus renflée et les segments désemboîtés et distendus ; d'autres encore dans lesquelles on reconnaissait seulement de petites ceintures, derniers vestiges des segments; et d'autres enfin qui sont celles qui se suspendent ayant l'abdomen sphérique, et sur lequel il ne reste plus aucune trace de segments; dans cet état, cet organe est transparent comme du cristal, et à travers la membrane abdominale on ne distingue ni intestin ni vaisseaux biliaires, sinon une transparence uniforme. Le liquide contenu dans l'abdomen varie du blanc cristallin à la couleur du vin de Xérès, et on m'a assuré que le miel de cette dernière couleur est d'un sucré net, tandis que dans l'autre on distingue une saveur acide bien accusée, mais dont je n'ai pu m'assurer, parce qu'ayant peu d'individus à ma disposition, je n'ai pas voulu en sacrifier un, et aussi parce que j'étais convaincu que l'alcool devait altérer ou modifier la saveur du miel. Un des points sur lequel je désirais me fixer était le genre auquel appartenait cet insecte, et, malgré ma prévention TRAVAUX INÉDITS. 275 contraire, il me fut impossible de ne pas le considérer comme étant une Fourmi. La grandeur des individus qui sont à l'état normal rap- pelle celle de la Fourmi loca, ou tient le milieu entre celles que l'on appelle en terre chaude Formica soldado et viscochera, c'est-à-dire d'une grandeur moins que moyenne. Sa couleur dans l'alcool est d'un gris noirâtre. Les yeux sont petits; les antennes entre les yeux forment une espèce de coude ou do cassure; de l'angle vers la base, elles paraissent lisses; mais de là à l'extrémité, elles sont arti- culées. L'abdomen est pédicule, de cinq segments et terminé en pointe. Chez les Busileras que l'on trouve suspendues, l'abdomen est de plusieurs fois plus grand que la tête et le thorax réunis. Dans l'alcool, ces Fourmis ressem- blent à de petites bouteilles dont le goulot serait repré- senté par la tête et le thorax. L'abdomen est de la gros- seur d'une groseille ou d'un petit grain de raisin. Je lui ai donné le nom de Formica melligera. Pour ce qui reste à résoudre de ce problème entomolo^ gique , il sera nécessaire que d'autres observations le dé- veloppent, et un des motifs que j'ai eu pour parler de ce fait, c'est afin d'exciter ceux qui auront l'occasion d'étu- dier cette espèce à éclaircir son histoire et à faire connaî- tre les mœurs de cette Formicide, qui mérite, à tous égards, d'attirer l'attention des entomologistes hyménoptéro- philes. Voici l'énumération abrégée des caractères spécifiques de cette nouvelle espèce de Formicide : Formica melligera, Llave. — Corpore orizae grano subaequali : ca- pite, thoracc pedibusque rufidulis, abdomine nigrescenti, aotennis capiti concoloribus, fractis mcdietate superion articulatis; abdo- mine in quodam statu, corpore multoties majori, globoso, pellu- cido, mêle repleto. Habitat sub terra, ditione Guanajuatcasi, ubi uominc busilera dis- tinguer, et multis aliis in locis. Mexico, julio 21 de 1832. — Ll, 276 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.) Dans la séance du 13 juin 1855, j'ai communiqué à la Société entomologique (3e série, tom. 3, Bullet. p. liv), plusieurs individus de cette espèce, et, ne sachant pas que cette Formicide avait été l'objet d'un mémoire tout spécial qui a été publié au Mexique dans un journal scien- tifique, je l'ai rapportée au genre Myrmecocystus de M. Wesmaël, et, adoptant la dénomination spécifique du savant entomologiste belge, je l'ai désignée sous le nom de meœicanus. Cinq ans après cette communication, notre collègue, M. Salle, me montra un journal dans lequel se trouvait décrit le Myrmecocystus meœicanus de M. Wesmaël, et cet entomologiste voyageur ayant eu la complaisance de me traduire les principaux passages de ce travail, j'ai cru de- voir, dans l'intérêt de la science, en donner un extrait à la Revue et Magasin de Zoologie. Malheureusement M. le docteur don Pablo de Llave n'a pas étudié lui-même sur place cette Formica, et tous les faits que j'ai rapportés touchant les mœurs de cette cu- rieuse espèce ne proviennent que de renseignements. Ce- pendant, comme elle est commune et surtout très-connue des habitants de la campagne, à cause de la quantité de miel assez grande fournie par l'abdomen de certains indi- vidus, aucun doute, je crois, ne doit être émis sur la va- leur des divers faits excessivement intéressants rapportés par le docteur don Pablo de Llave. En 1838, M. Wesmaël, bien connu des entomologistes par ses excellents travaux sur les Hyménoptères, a publié sur cette Formicide un mémoire ayant pour titre : Sur une nouvelle espèce de Fourmi du Mexique, travail qui est accompagné d'une planche. M. Wesmaël, comme le docteur don Pablo de Llave, n'a connu que des ouvrières : chez les unes, l'abdomen était conforme comme d'ordinaire; chez les autres, cette partie du corps a la forme d'une grosse sphère presque diaphane, résultant d'une distention énorme de la por- TRAVAUX INÉDITS. 277 lion membraneuse tics segments, tandis que leur portion écailleuse restée dans les dimensions normales apparaît sous forme d'autant de petites bandes transversales brunes diminuant successivement d'étendue. D'après la description que je viens de donner, on voit que M. Wesmaèl a eu à sa disposition des individus nor- maux et des individus à abdomen excessivement dilaté. M. de Normann, qui a communiqué ces individus à M. Wesmaèl, a étudié lui-même cette Fourmi, et il dit que cette espèce se construit des habitations souterraines, d'où ne sortent jamais les individus à abdomen vésicu- leux. Là, condamnés à une immobilité presque complète, leur unique fonction serait d'élaborer une sorte de miel, qui serait ensuite dégorgée dans des réservoirs spéciaux analogues aux alvéoles en cire des abeilles. Malheureusement M. de Normann n'a pu voir qu'un fragment de ces espèces de gâteaux et trop déformé pour qu'il pût s'en faire une idée bien exacte. D'après ce passage , on voit que M. de Normann a poussé beaucoup plus loin ses recherches que le doc- teur don Pablo de Llave; il a observé la construction de ces singulières habitations, et il est le premier qui ait signalé des réservoirs rappelant les alvéoles en cire des abeilles, et dans lesquels est déposé le miel par les ou- vrières à abdomen vésiculeux. Cette observation, excessi- vement curieuse, qui vient compléter celles faites par le docteur don Pablo de Llave, est une conséquence, dit M. Wesmaèl, presque nécessaire de la conformation de ces singulières Fourmis. Comment, en effet, supposer les habitudes actives de leurs congénères, à des individus dont tous les mouvements seraient entravés par le volume et le poids de leur abdomen, et qui, à la rencontre des moindres aspérités, risqueraient d'en déchirer les minces parois. D'un autre côté, ces Fourmis, en leur qualité d'ou- vrières, ayant les ovaires oblitérés, le volume de l'abdo- men ne peut être attribué qu'à un développement excessif 278 rev. et mag. de zoologie. [Juin 1860.) des organes digestifs qu'il renferme, développement qui doit avoir sa source dans une surabondance de nourri- ture apportée à ces Fourmis sédentaires par les autres ouvrières; or celles-ci ne dépenseraient pas leur temps et leurs peines à fournir une copieuse quantité d'aliments à leur compagnes ventrues, s'ils ne devaient pas tourner au profit de toute la société. Ainsi les individus à abdomen très - développé ne doivent être considérés en quelque sorte que comme remplissant les fonctions de nourrices. On serait assez porté, dit M. Wesmaël, à se demander si, dans ces populations de Fourmis mexicaines, les indi- vidus à abdomen développé sont déjà tels au moment oit ils quittent l'état de nymphe : en l'absence de rensei- gnements positifs à cet égard, on pourrait croire qu'il ne serait pas impossible que le développement excessif de l'abdomen fût uniquement le résultat d'une suralimenta- tion jointe à une inactivité non interrompue. On sait que, chez notre propre espèce, certains individus, arrivés à l'âge où les organes sexuels ont perdu leur activité, ga- gnent, au sein du repos et de l'abondance, une ampleur abdominale quelquefois énorme; on sait encore que les mêmes causes produisent les mêmes effets chez les ani- maux domestiques que nous engraissons après les avoir soumis à la castration. Quoi qu'il en soit, il est bon de remarquer que, chez nos Fourmis, cet abdomen vésiculeux ne contient aucun organe ; ou plutôt il n'est lui-même qu'un vaste sac stomacal qui commence au second seg- ment et se termine à la partie anale. Chez celles de ces Fourmis dont l'abdomen est intact, et que je n'ai pu observer, n'en ayant pas eu à ma dispo- sition, on aperçoit, dans l'intérieur, une matière solide, qui y change de place selon la position de l'abdomen, de manière à en occuper toujours la partie la plus déclive. C'est une substance pulvérulente, d'un gris blanchâtre, que l'alcool n'a pu dissoudre ou qu'il aura précipitée. Ne connaissant ni les mâles ni les femelles de ces Fourmis, on TRAVAUX INÉDITS. 279 ne peut fixer que d'une manière bien incomplète les ca- ractères de l'espèce. Cependant les dimensions et la forme des palpes maxillaires, qui sont au moins aussi longs que la tête, avec le troisième et le quatrième arti- cle, très-allongés et arqués, sont des caractères qui les éloignent du genre Formica proprement dit de Latreille, et si, à cette considération on joint celle de l'état vésicu- leux de l'abdomen chez certains individus, on comprend que M. Wesmaël a eu raison de créer avec ces singulières Fourmis une nouvelle coupe générique qu'il a désignée sous le nom de Myrmecocystus. Je propose donc, pour ce genre, qui doit être adopté, la synonymie chronologique suivante au sujet de l'unique espèce représentant cette remarquable coupe générique. Genus Myrmecocystus , Wesmaël , Bullet. de VÂcad. roy. des se. et belles-lettres de Bruxelles, tome V, p. 770 (1838). Palpi maxillares capite toto fere lingiores, subsetacei, hirti, articule tertio et quarto praelongis, arcuatis; abdomen operariorum quo- rumdam maximum, globosum, pcllucidum. Myrmecocystus [Formica) melligerus, Llave, colleccion de Memorias de Hist. litt., cienc. y art., n° 4, p. 463 (octo- bre 1832). Myrmecocystus mexicanus, Wesmaël, Bullet. de VAcad. roy. des se. et belles-lettres de Bruxelles, tome V, p., 770, pi. 19, fig. 1 à 4 (1838). Lucas, Ànn. de la Société entom., 3e série, tom. III, Bullet., p. lix(1855). M. testaceus, fronte vertice et thoracis dorso plus minus fuscis. Individua agilia, vagabunda. Longit. 7 mill. Abdomine sericeo-fusco, corneo, forma et magnitudine normalibus. Individua inertia, reclusa. Longit., 13 mill.; lat., 8 mill. Abdomine maximo, globoso, membranaceo, pellucido, albido, basi et ano, fasciisque tribus dorsalibus valde remotis corneis, totidern- . que ventralibus, fuscis. Les individus neutres qui m'ont servi à faire ces di- verses observations appartiennent aux riches collections 280 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Jllin 1860.) entomologiques du muséum. Au Mexique, où cette espèce a été rencontrée par M. Dugès , ces singuliers hymé- noptères sont désignés sous les noms de Fourmis à miel (Hormigas mieleras), ou à poche [Mochileras). Le miel con- tenu dans l'abdomen de ces Fourmis, et qui doit leur être apporté par des individus neutres, agiles, est assez agréa- ble. Elles vivent dans la terre et habitent les environs de Guanajuato. Oiseaux de la Nouvelle-Calédonie ; espèces nouvelles décrites par MM. J. Verre aux et O. des Murs. 1. Cyanoramphus Saisseti. — 2. Trichoglossus Deplanchii. — 3. Eopsaltria flavigastra. — 4. Pachycephala Morariensis. — 5. Pachycephala assimilis. — 6. Campephaga analis. — 7. Lalage Montrosieri. — 8. Leptornis Aubryanus. — 9. Gai- lirallus Lafresnayanus. — 10. Rhynochetos jubatus. •Genre nouveau d'Ardéidé. Nous donnerons les diagnoses et les descriptions de ces espèces dans le numéro prochain. TABLE DES MATIERES. Ta S'- il, de Saussure. — - Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. 241 A. Brot. — Description de nouvelles espèces de Mélanies. 254 L. Fairmaire et Germain. — Coleoptera chîlensia. 267 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 269 H. Lucas. — Observations sur les Busileras ou Fourmis à miel du Mexique. 271 PARIS. — UIP. DE M™ Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JUILLET 1860, I. TRAVAUX INÉDITS. Note sur quelques Mammifères du Mexique, par M. H. de Saussure. Cinquième article. (Voir p. 241.) Famille des Vespertilionides. Tribu des Vespertilioniens (1). Pouce libre, queue longue, enveloppée jusqu'au bout, ou dépassant à peine la membrane fémorale. Genre Vespertilio, Lin. L'espèce qui suit, envisagée d'après ses parties molles, rentrerait bien dans le sous-genre Vesperugo, Kaiserl. et Blas., caractérisé comme suit : Bord inférieur de l'oreille prolongé en avant jusqu'au delà de l'oreillon ; bord supérieur bifurqué à sa base , le feuillet interne se dirigeant vers Vœil. Le dernier article rudimentaire de la queue seul libre. Plante des pieds ridée, dépourvue de bourrelets. Mais son système dentaire le classe dans les Vesperti- lions murinoïdes, Fr. Cuv., qui sont caractérisés par la présence de 38 dents ; peut-être faudrait-il le placer dans le sous-genre Myotis, Kamp. Gerv., auquel il serait bon de conserver le nom de genre Vespertilio, car ce nom a fini par être totalement banni de la tribu. Le système dentaire de notre espèce se formule ainsi (1) Comprenant les Nycticiens et les Vespertilionins de M. Ger- vais. Les premiers ne se distinguent des seconds que par le fait qu'ils ne possèdent que deux incisives supérieures au lien de quatre ; mais, chez certains Phyllostimidesy on observe le même fait lors de la seconde dentition, où ces très-petites incisives latérales supérieures tombent ou sont expulsées par les grandes médianes. 2e SKiiiE. t. m. Année 1860. 19 282 rev. et mag. de zoologie. [Juillet, 18C0.) que suit : 38 dents. Incisives, f-f ; prémolaires, f-f; mo- laires, H . En haut et en bas, les deux premières prémo- laires sont rudimentaires ; la troisième est longue et poin- tue, surtout en haut. — Le crâne est court, moins large entre les canines qu'entre les orbites. Le sous-genre se subdivise, à son tour, en deux sections de la manière suivante : 1 . Tragus élargi ; membranes des ailes s' étendant jusqu' au tarse, densément poilues en dessous. 2. Tragus étroit; ailes larges, nues en dessous, s' étendant jusquà la base des orteils. — C'est dans cette section que vient se placer le Vesperlilion qui suit : V. mexjcanus. Parvulus ; supra fusco-auratus, subtus albido-cine- rascens; auricula; ovatae, elongatœ, apice subangustœ; margine externo supra recto, subtus incurvo, in basi in lobum crassum, os versus productum; antitragus elongatus, apice linearis; cauda 11-articulata. Tête assez aplatie. Narines regardant latéralement. Oreilles grandes, assez étroites et longues , mesurant 0m,011 à leur face postérieure, presque égales aux 3/4 de la longueur de la tête ; de forme ovoïde ; leur bout ar- rondi, mais étroit, offrant au bord externe, avant l'arron- dissement terminal , un vestige d'échancrure. L'angle inférieur du bord interne, formant un lobe subaigu, mais arrondi au bout et séparé du repli qui va s'insérer au- dessus de l'œil. Le bord externe, presque droit dans sa moitié supérieure, devenant plus convexe dans l'infé- rieure ; — au bas, il est séparé par une fissure d'un lobule épais (antitragus), qui s'étend vers la bouche et qui passe au-dessous de l'oreille. On voit parallèlement au bord externe de l'oreille un pli fibreux, et le pavillon offre des stries transversales. L'oreillon a 6-6 1/2 millim. de lon- gueur; il est très-grêle, long et très-étroit, et il s'élève jusqu'au milieu de la hauteur du pavillon ; son bord in- terne est droit ; l'externe est convexe et porte deux petites crénelures vers le bas ; le tiers supérieur de l'oreillon est TRAVAUX INÉDITS. 283 en forme de lanière. La queue se compose de onze vertè- bres, les deux dernières étant rudimentaires. L'aile s'in- sère à la base des orteils. La couleur du pelage est peu distincte (l'individu ayant séjourné longtemps dans l'al- cool) ; elle paraît être, en dessus, d'un brun doré ; les poils étant bruns à la base, d'un brun plus fauve dans le reste de leur étendue ; en dessous, grisâtre ou pâle ; les poils étant gris foncé, presque noirâtres à la base, blanchâ- tres dans leur quart ou leur tiers terminal. Longueur du corps et de la tête étendue O^.OSO Longueur jusqu'au sommet de la tête 0",140 Longueur de la tête 0m,014 Longueur de l'avant-bras 0m,033 Longueur de la queue 0m,033 Longueur de l'éperon 0m,015 Habite les parties chaudes du Mexique. J'ai pris ce Ves- pertilion dans les terres chaudes de la province de Mexico. Tribu des Molossiens. Queue dépassant de beaucoup la membrane interfémo- rale. Genre Molossus, Geoffr. On a classé les espèces de ce vaste genre en deux caté- gories, selon que les oreilles sont ou non réunies sur le vertex. Mais le système dentaire permet aussi d'y établir deux divisions, et j'ignore si celles-ci correspondent à celles auxquelles donne lieu le plus ou moins grand déve- loppement des oreilles (1). Ire division. — Nictinomus. Prémolaires, f-f-; molaires, r-f • (Museau large, lèvres renflées; oreilles très-grandes , soudées ensemble sur le milieu de la tête.) M. mexicanus. (PI. 15. fig, 2, 2a.) Supra fuscus, subtus fusco-cine- rascens; auriculae magnae, nasum superantes, in vertice subsepa- ratae. Caudae longitudo, 13 1/3 lin.; pars libéra, 5 1/2 lin. Oreilles grandes, dépassant le nez d'un millimètre lors- (1) Pendant que cette note était sous presse, j'ai pu consulter le beau travail de M. Gervais sur les Chéiroptères américains (voyage de Castelnau). — Cette division correspond parfaitement à son genre yyciinomus. 284 rev. et mag. de zoologie. {Juillet 1860.) qu'on les renverse en avant, très-larges, plus ou moins carrées, quoique très-largement arrondies, offrant en ar- rière de l'œil une forte crête verticale qui se termine par une ligne arquée, laquelle va rejoindre le bord supérieur. En dedans de cette crête, le pavillon se prolonge jusque sur la base du nez et du front, où il se soude à son con- génère en dessinant une forte échancrure, de sorte que, vues par devant, les oreilles n'ont pas l'air d'être soudées, tandis que, vues par derrière, elles le sont d'une manière évidente. Bord inférieur des oreilles très-développé, garni de replis de la peau et se prolongeant presque jusqu'à l'angle de la bouche. Nez assez large, à narines latérales. Lèvre supérieure plissée en zigzag. Oreillon tronqué car- rément, quadrangulaire. Membrane fémorale et pieds lon- guement velus ; ces derniers surtout, laineux et garnis de longs poils gris, ayant une forme large et courte. Éperons larges et très-longs, occupant presque les trois quarts du bord inférieur de chaque moitié de la membrane fémo- rale. Aile s'insérant à 2 ou 3 millimètres au-dessus du tarse, en devant du tibia. Queue enveloppée dans ses cinq premières vertèbres, libre dans ses cinq dernières (la cin- quième rudimentaire). Couleur, en dessus, d'un brun uni- forme ; en dessous, cendré brunâtre. Les poils sont de couleur uniforme dans toute leur étendue, assez longs et bien fournis. Chez ce Molosse, le crâne est assez allongé; sa partie faciale est aplatie, dépourvue de crête, et offre même un enfoncement longitudinal. La première prémo- laire supérieure est rudimentaire ; la deuxième est très- longue, grande, et offre un fort talon ; la première infé- rieure est plus petite que la seconde. Longueur du corps et de la tête étendue .... 0m,060 Longueur des oreilles à leur face externe. . 0m,012 Largeur des mêmes 0m,014 Longueur de l'avant-bras 0œ,041-42 Longueur de la queue 0m,031 Longueur de sa portion libre 0m,0125 Longueur de l'éperon 0,n,014 TRAVAUX INÉDITS. 285 Habite le plateau du Mexique et les hautes montagnes. J'en ai tué un individu sur le Coffre de Perote, à 13,000 pieds d'altitude; d'autres individus ont été pris à Ameca, au pied du Popocatepetl, à une altitude de 8,500 pieds. Un très-jeune individu n'a pas de poil au corps ; ses membres sont courts et trapus ; les pieds sont plus gros que chez l'adulte. IIe division. — Molossus. Prémolaires, ~~\ molaires, -*—*. (Lèvres peu renflées, museau triangulaire, oreilles sépa- rées et médiocres.) M. aztecus. (PL 15, fig. 3, 3a.) Supra obscure fuscus, subtuspal- lidior; auricuJae triangulares, médiocres, ia fronte coutiguae at non continuai, antitrago quadrato, maximo, trago minimo, vix. distincto; os haud incrassatum ; cauda elongata, in dimidia libéra. Oreilles assez petites, beaucoup moins grandes que chez le D. mexicanus, à peu près triangulaires, quoique arron- dies au sommet, arrivant jusque sur la ligne médiane, mais ne se soudant pas. Leur pli intérieur, très-prononcé, offrant au bas, à l'entrée du méat, un très-petit lobule étroit qui représente le tragus. Le pavillon ne se prolon- geant pas, au bas, vers la bouche, mais venant se souder à la base d'un grand lobe quadrangulaire, qui forme l'an- titragus, tout en ayant la forme du tragus du D. mexica- nus. Museau petit, triangulaire, n'offrant pas d'épaissis- sèment prononcé, n'étant pas large; lèvres peu char- nues, point prolongées en bas. Avant-bras très-arqué. Ailes très-grêles, poilues en dessous, autour du corps, et parallèlement à l'avant-bras, mais la zone poilue séparée de l'avant-bras par une bande glabre. Queue longue et forte, enveloppée dans sa première moitié, libre dans la seconde. Aile s'insérant le long du tibia, et ne s'en sépa- rant guère qu'au milieu de ce dernier. Le pelage est en dessus d'un brun marron foncé; en dessous, d'un gris brunâtre. Les poils sont plus pâles à la base qu'au bout. Comparée au D. mexicanus, cette espèce est notablement plus foncée. 286 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.) Longueur du corps et de la tète , 0m,065 Longueur de la queue 0m,037 Longueur de l'avant-bras 0,n,036 Hauteur des oreilles mesurées par derrière. 0m,008 Habite le plateau du Mexique. Tué à Amecameca , au pied du Popocatepetl. Ce Molosse est plus grand de corps que le Mexicanus, mais ses oreilles sont bien plus petites, son avant-bras plus court, etc. Le crâne est plus étroit entre les orbites que la dis- tance qui sépare le bord externe des deux canines supé- rieures; sa partie faciale est obtuse, et porte entre les orbites une crête qui se prolonge sur le front. Tribu des Noctilioniens. Membrane interfémorale grande, dépassant la queue ; l'extrémité de celle-ci libre, reposant sur la membrane interfémorale. Pouce enveloppé à la base. Cette tribu comprend les tribus des Noctilionins et des Emballonurins de M. Gervais , auxquels il faut ajouter le groupe des Mormopsins. La réunion de ces trois types forme un groupe naturel (1) qu'il me paraît utile de con- server. Sous -tribu des Mormopsins. Face couverte de nombreux replis membraneux. Mo- laires offrant des replis d'émail en forme de W. Mem- brane interfémorale très-grande. Queue longue, envelop- pée, supère à l'extrémité, et de beaucoup dépassée par la membrane interfémorale. Genre Mormops, Leach. Formes grêles ; pattes postérieures très-longues, enfer- mant une membrane interfémorale très-grande (2). Tête (1) 11 le serait encore plus sans la nécessité d'y faire rentrer les gen- res Mormops et Chilonycteris, qui ont la queue disposée de la même manière et qui, à cause de cela, ne peuvent figurer que dans cette tribu. (2) Lorsque les membranes sont étendues, l'étroitesse des ailes et TRAVAUX INÉDITS. 287 grosse et globuleuse, portant, en dessus, des replis mem- braneux, appliqués et poilus ; au menton, un écusson ver- ruqueux, et, dessous, d'autres replis nombreux et compli- qués. Oreilles assez courtes, mais à très-grande ouverture ; oreillon épais et difforme. Ailes insérées au tibia et sur l'éperon. (PI. 15, fig. 5.) Jusqu'à présent, le genre Mormops n'a pu être classé avec précision, et cela tient à ce qu'il est un de ces types intermédiaires qui servent de lien entre plusieurs groupes, plutôt qu'ils ne rentrent bien dans aucun d'eux. Après l'excellent travail que Peters a fourni sur ce genre, il serait superflu d'en donner une description dé- taillée ; mais comme les conclusions que nous déduisons de l'examen de nos individus ne s'accordent pas avec les siennes, il est nécessaire de reprendre brièvement la dis- cussion des caractères, dans le but d'établir les affinités naturelles de ces animaux. L'auteur allemand cherche surtout à établir que les replis membraneux de la face des Mormops sont l'analo- gue de la feuille nasale des Phyllostomes, et il compare les autres caractères pour montrer que ceux-ci ne sont point en désaccord avec ceux de ces animaux. — Les dents des Mormops ont la plus grande analogie avec celles des Chilonycteris (genre que je ne connais pas) , et l'émail en forme de W des grandes molaires rappelle un peu celles des Noctilio. Le crâne ne ressemble point à celui des Taphozous et des Emballonura, types dont on avait rapproché les Mormops ; mais il rappelle, au contraire, celui des Phyllostomes, des Chilonycteris et des Noctilio par son os incisif, qui est soudé aux maxillaires, etc. La face très-courte, le front élevé subitement, presque à an- gle droit , le crâne globuleux et séparé de la face par une fossette, ainsi que la forme des arcades zygomatiques, rat- la longue saillie de la membrane interfémorale donnent à l'animal une ligure tout exceptionnelle; le patagium caudal ressemble presque à une large queue d'oiseau. 288 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.) tachent encore les Mormops aux Chilonycteris. Le reste du squelette, en particulier la largeur des côtes, rapproche- rait ce type des Phyllostomes, quoiqu'il offre cependant quelques rapports avec celui des Noctilio. La langue est, comme chez les Phyllostomes, verruqueuse et garnie de papilles découpées, qui se terminent par deux ou trois pointes. Les organes respiratoires rappellent, d'une part, ceux des Chilonycteris par la structure de la trachée-ar- tère, dont les anneaux intermédiaires sont soudés en- semble postérieurement, tandis que les inférieurs sont incomplets en arrière ; d'autre part, ceux des Phyllostoma, par la segmentation du poumon droit en quatre lobes. L'auteur conclut de ses recherches que le genre Mor- mops ne peut continuer à figurer dans la famille des Vespertilionides (Gymnorina), mais qu'il doit être classé, ainsi que le genre Chilonycteris, son proche parent, dans la famille des Phyllostomides, et former un petit groupe sous le nom de Mormopina. Ce groupe serait une subdi- vision des Vampiriens ( Phyllostomes dont les molaires offrent un double repli en émail qui ressemble à un W), et il formerait la transition aux Desmodus et aux Brachy- phyllum. Il ne nous est pas possible d'adopter ces conclusions, basées surtout sur le fait que M. Peters considère les re- plis membraneux de la face comme l'équivalent de la feuille nasale des Phyllostomides, en supposant que cette feuille est ici partagée par le milieu. En effet, ces replis ne sont pas nus et glanduleux comme chez les Phyllo- stomes, mais couverts de longs poils, et ils s'appliquent sur la tête de façon à tapisser et à couvrir de poils la par- tie supérieure de la face, qui est nue. Ils présentent, il est vrai, la tendance à former une feuille nasale; mais il ne s'agit encore que d'une tendance à cela, en sorte que, sous ce point de vue, les Mormops ne sont que des Ves- pertilionides, commençant à offrir les caractères des Phyl- ostomides. TRAVAUX INÉDITS. 280 Pour ce qui concerne le crâne, je trouve que celui-ci est bien plutôt un crâne de Vespertilion ou de Molosse que de Vampire, vu la brièveté du museau, le relèvement du front et l'aplatissement de sa partie maxillaire; mais les formes du crâne sont très variables et peu propres à fournir des caractères précis. Quant aux dents, je ne puis m'empècher de penser que M. Peters ne se soit tout à fait mépris. Les dents des Mormops n'appartiennent nulle- ment au type des Phyllostomes. Ces derniers ont toujours des dents assez fortes et médiocrement aiguës (sauf chez les Glossophages), tandis que chez les Vespertilionides elles sont très-aiguës et plus insectivores. Or, chez les Mormops, le faciès des dents est tout à fait celui des dents des Ves- pertilionides. Ainsi les canines sont arquées plutôt au dehors qu'au dedans et ont une forme tout épineuse que n'offrent pas les Phyllostomes. On trouve, de plus, chez les Mormops, le vide entre la canine supérieure et l'inci- sive latérale où vient se loger la canine inférieure, ce qui est un caractère de Vespertilionide, jamais de Phyllosto- mide. Enfin l'émail des molaires, disposé en forme de W, que l'auteur allemand invoque comme ressemblant à une disposition analogue chez les Vampires, est encore un ca- ractère de Vespertilionide ; il se retrouve dans presque tous les genres de cette famille, tandis qu'il ne se rencon- tre presque que comme une exception dans la famille des Phyllostomides, qui est beaucoup moins insectivore que celle des Vespertilionides, plus frugivore, donc moins sujette à offrir des dents hérissées de pointes compliquées. Les membranes compliquées de la face ne sont pas un caractère suffisant pour conclure à l'intime parenté des Mormops et des Phyllostomides, car on rencontre des feuilles nasales chez les Rhinolophides (Megaderma), tan- dis qu'on les voit manquer chez certains Phyllostomides (Desmodus); enfin les Molosses, les Nocti lions , etc., offrent, parmi les Vespertilionides, des bourrelets faciaux et un développement des membranes auriculaires, qui 290 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [JuilM 1860.) indiquent une tendance à cette complication de la face que les Phyllostomides offrent à un si haut degré. On peut ajouter que le troisième doigt de la main n'of- fre, chez les Mormops, que trois phalanges, comme chez les Vespertilionides, non quatre, comme chez tous les Phyllostomides, et que la quQue, libre au bout, quoique dépassée par la membrane interfémorale, est un indice tout naturel que ce genre appartient à la tribu des Nocti- lioniens, ce qui est complètement confirmé par l'analogie du système dentaire avec celui du genre Noctilio. Il nous semble donc 1° que sortir le genre Mormops de la famille des Vespertilionides, c'est aller contre tous ses caractères, malgré des affinités évidentes ; 2° que le réu- nir à celle des Phyllostomides, c'est décaractériser entiè- rement cette dernière, en y introduisant un élément étranger. Nous pensons donc que les genres Mormops et Chilo- nycteris doivent former un petit groupe dans la famille des Vespertilionides, groupe qui sert de transition aux Phyllostomides, mais tout en restant du côté des Vesper- tilionides. On pourrait, à la rigueur, en former une tribu séparée, mais la tribu des Noctilioniens est si bien indi- quée par le caractère commun à tous ses représentants de l'extrémité de la queue libre et reposant sur la membrane interfémorale, qu'on éprouve quelque répugnance à la partager. Mormops Blainvillii , Leach, Tram. Lin. Soc, XIII, 77, tb. 7. — Peters, Àbhandl. de K. Acad. de W. z. Berlin, 1857, 287, tb. /. (PI. 15, f. 5.) Formes grêles, élancées ; pattes postérieures très-lon- gues et grêles ; les cuisses surtout, qui sont aussi longues que les tibias. Membrane fémorale très-grande, soutenue par de très-grands éperons. Queue atteignant le milieu de cette membrane ; son petit bout, composé de trois ver- tèbres rudimentaires, libre en dessus; la partie envelop- pée, composée de cinq vertèbres. Corps grêle. Tête glo- TRAVAUX INÉDITS. 291 buleuse. Poils très-longs et très-abondants, d'un brun- bai uniforme, soyeux et couchés, point laineux ; ceux du dos ayant la pointe brune. Membranes brunes, longue- ment et abondamment poilues le long des flancs, à la face inférieure. Le bas de l'aile, enveloppant le bas du tibia, et venant s'insérer le long de l'éperon jusqu'au milieu de sa longueur. — Les lèvres supérieures sont bordées de poils très-longs qui forment comme des moustaches, les- quelles vont en augmentant de longueur du nez à l'angle de la bouche, où elles se terminent par une espèce de pinceau. Les membranes très-compliquées de la tête exi- gent une description spéciale, car elles sont si fortement garnies et bordées de longs poils, qu'elles disparaissent chez les individus desséchés, et la tête est si poilue, tant en dessus qu'en dessous, qu'on a souvent peine à les retrouver. Ces replis nombreux de la ligure correspondent, chez nos individus, assez exactement à ceux que Peters a figu- rés. Les oreilles sont très-larges, mais le pavillon est court; il se prolonge sous la forme d'un large repli qui contourne la joue en dessous et qui gagne l'angle de la bouche, pour se continuer ensuite le long de la lèvre supérieure. Sous l'œil, il donne naissance à un lobe prononcé qui corres- pond à l'antitragus. Son bord est tellement enfermé dans les poils qui le garnissent, que sa forme est difficile à sai- sir. Le bord supérieur interne du pavillon est échancré, de façon à dessiner un petit lobe ; un peu plus bas il offre une seconde échancrure, qui est suivie d'un grand lobe très-poilu, soudé au pavillon, et qui se continue sous la forme d'un feuillet oblique jusqu'à la base du nez. Mais, avant de l'atteindre, il forme un lobule transversal qui s'en détache à moitié, et qui se trouve juxtaposé au lobule symétrique situé de l'autre côté de la face. Les sinuosités de cette membrane affectent quelquefois l'apparence trom- peuse de plusieurs crêtes successives. On voit encore dans le pavillon de l'oreille un pli oblique qui part de 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1860.) l'angle supérieur interne de ce dernier, et qui se dirige vers le tragus, mais sans l'atteindre; cette membrane est presque nue. L'oreillon est très-compliqué : étroit à sa base, puis très-dilaté ; il se termine par trois lobes, dont l'antérieur petit; le mitoyen plus grand, obtus ; le posté- rieur allongé (plus que sur la figure citée). Ces lobes ne sont pas placés tout à fait dans le même plan. Le pavillon des oreilles est passablement nu, ou garni de poils ras, ainsi que l'espace situé en arrière de l'œil, et que l'oreille peut recouvrir ; mais la face externe des oreilles, sauf leur extrémité supérieure, et les membranes, sont longuement poilues, littéralement cachées sous les poils qui y adhè- rent. Les deux prolongements membraneux qui partent des oreilles, et qui s'étendent jusqu'à la base du nez, peu- vent ou se relever ou se coucher, et s'appliquer sur la face supérieure de la tête; en se couchant, ils se touchent par leur bord interne (ou supérieur). La portion du crâne que ces replis poilus tapissent, lorsqu'ils se couchent, est com- plètement nue. Les appendices du menton sont comme chez l'individu figuré par Peters, mais un peu moins larges. On trouve d'abord un écusson verruqueux, échan- cré à son bord inférieur et bilobé ; puis un grand repli membraneux, dépourvu de longs poils, fendu au milieu, largement bilobé, et qui se soude sur les côtés avec des lobules multiples; enfin, en dessous, ou en arrière, on trouve encore un troisième repli médian arqué, point échancré et garni de longs poils, comme le reste du men- ton. Le nez porte divers petits bourrelets qui sont défor- més chez nos individus desséchés; on voit seulement, chez ceux-ci, que les narines sont percées dans des renfle- ments piriformes. Longueur du corps et de la tète 0m,066 Longueur de l'avant-bras 0m,051 Longueur du fémur 0m,025 Longueur de la queue , . 0m,024 Longueur de l'éperon 0m,021 Longueur de la membrane fémorale 0m,042 TRAVAUX INÉDITS. 293 Habite les parties chaudes du Mexique. Nos individus ont été tués près d'Uvero. Observations au sujet des Considérations sur les œufs des Oiseaux de M. Moquin-Tandon, par M. O. des Murs. Troisième observation (J). Il arrive parfois à M. Moquin-Tandon de faire, soit dans le cours de ses Considérations, soit en note ou en renvoi , à ceux dont il passe en revue les propositions, des ques- tions brusques, telles que celle-ci : « Quel rapport peut-il exister entre les habitudes et la forme ovoïde? » (Rev. de 1860, ch. III, § 1, p. 12.) Rétablissons la vérité des termes : ovalaire, avons-nous dit, et non pas ovoïde. Car c'est au début d'une science qu'il faut être d'accord sur les mots, pour parler comme tout le monde (ou sur la glossologie, pour parler comme le savant professeur), et ne pas en laisser refaire le langage par chacun de ceux qui viendront successivement s'en occuper. Rons ou mauvais , du moment qu'ils existent et ont pris date, on les doit conserver : c'est une règle assez généralement suivie pour qu'il ne soit pas nécessaire de la rappeler à un botaniste aussi distingué que M. Moquin- Tandon. Mon Dieu! la réponse, si simple qu'elle soit, est assez difficile à faire à une question posée de la sorte ; car elle existe plus dans la pensée et dans l'intelligence que dans les mots, aurait dit notre regrettable prince Ch. Rona- parte; en d'autres termes, ce sont de ces choses qui se comprennent plus aisément qu'elles ne s'expriment. Ce Rapport, ainsi tombé de notre plume, est plutôt un de ces rapprochements qui échappent à ceux qui traitent longtemps le même sujet, qu'un rapport réel dans le sens logique et scientifique du mot. (1) Rev. et Mag. de zoologie, 1860, p. 110 et 115. 294 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.) Nous devons cependant à la vérité de dire , en répon- dant à l'interpellation, qu'en signalant cette coïncidence au courant de la composition elle nous paraissait inté- ressante, en ce sens que, de même que l'on a remarqué que les intestins, surtout les appendices cœcaux, étaient conformés en raison du mode ou des habitudes de vivre et de se nourrir des Vertébrés, notamment les Oiseaux (1) ; de même on pouvait supposer une conformation relative et harmonique semblable pour l'oviducte de ces derniers, ainsi que l'ont fait ressortir d'une manière remarquable les beaux travaux anatomiques d'Eyton. De là se présen- tait naturellement à la pensée, pour l'œuf, le rapport de sa forme, si essentiellement soumise aux caprices de cet organe, de l'aveu même de M. Moquin-ïandon. Si l'on admet , en effet , cette relation proportionnelle entre les dimensions des appendices cœcaux et celles de l'oviducte, et s'il est reconnu, comme l'admet positive- ment M. Moquin -Tandon, « que ce canal est très-court ou « très-lâche chez les Oiseaux dont les œufs sont sphériqucs, » le rapport que nous avons indiqué entre les habitudes de gloutonnerie des Rapaces et des Palmipèdes, dont l'œuf se trouve être également ovalaire, n'a donc rien ni de si étrange ni de si incompréhensible, et en devient même, au contraire, une conséquence toute naturelle. Mais, et sans rien infirmer de ce que nous venons de dire, nous le répétons, cette relation , que nous qualifie- rions tout au plus d'ingénieuse, si nous parlions d'un autre que de nous-même, n'a jamais été qu'un jeu de notre es- prit , sorti de l'inspection du tableau de la répartition des formes oologiques dans notre système. (1 ) Ainsi, très-longs dans les Oiseaux qui vivent de substances vé- gétales, comme les Poules, les Faisans, les Paons, etc., les Oies, les Cygnes; plus courts dans les Chouettes, les Grues, les Bécasses, etc.; plus courts encore dans les Pigeons, les Corbeaux, les Pies-Grièches, les Moineaux, etc.; très-courts enfin dans les Accipitres, etc., etc- (Tiedemann, Oken, Carus, etc.). TRAVAUX INEDITS. 295 Quatrième observation . Nous venons de répondre sérieusement à cette question de M. Moquin-Tandon : « Quel rapport peut-il exister « entre les habitudes et la forme ovoïde? » Recourant à un mode de raisonnement ou de discussion qu'il semble affectionner, nous eussions pu nous borner à le (aire, en lui rétorquant l'argument par cette autre question : Quel rapport peut-il exister entre le volume de l'œuf et l'incubation (1) ? C'est une proposition propre à M. Moquin-Tandon , et elle s'appuie sur un raisonnement si laborieusement ex- posé, que ce n'est pas sans une certaine fatigue d'esprit que l'on parvient à en saisir, sinon le véritable sens, du moins le sens probable. Que veut prouver l'auteur? une chose toute simple: que les œufs les plus gros sont ceux qui offrent le moins de surface relativement à leur volume , et que les œufs les plus petits sont ceux qui en offrent, au contraire, le plus. Proposition paradoxale en apparence, mais reposant sur une vérité mathématique ou géométrique dont il ne fau- drait cependant pas exagérer la portée. De là, de la part de l'auteur, l'exemple des deux ex- trêmes, en fait d'œufs : celui des œufs de Guillemots et de Pingouins, et celui des œufs de Passereaux, notamment des Colibris; Puis, cette démonstration : « Qu'on les expose (ces œufs) « à la même chaleur, on verra que, dans un temps donné, ce le plus petit tombera à une température plus basse que « le plus grand; » Et enfin, cette conclusion : « Par conséquent, les œufs « ont d'autant plus besoin d'être protégés contre le refroi- « dissement par rayonnement, qu'ils ont un volume plus « faible. » (1) Rapport du volume de l'œuf avec l'incubation, Rev. et Mag. de zoologie, 1859, chap. H, § 2, p. 47fi. 296 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.) Si vrai que soit le principe posé par M. Moquin-Tandon , il ne saurait suffire seul à la démonstration qu'il en pré- tend tirer, et ne satisfait à aucune des conditions les plus indispensables à la solution de la question oologique qu'il soulève. Il oublie de faire entrer en ligne de compte deux éléments importants, qui viennent singulièrement modi- fier son principe dans l'application : d'une part, la com- position intime des matières organiques renfermées dans l'œuf, lesquelles varient selon les divers ordres oologiques ; d'autre part , la nature et la constitution de la coquille ou du test calcaire qui renferme ces matières. Ce raisonnement si subtil peut bien , en effet, être invo- qué à la rigueur pour les œufs de la plupart des Passereaux. Mais que prouve-t-il pour les œufs des Guillemots et des Pingouins? Certes, il est loin de se prêter à expliquer la facilité avec laquelle leur contenu résiste aux rigueurs de la température à laquelle ils sont exposés. On ne peut ad- mettre que la différence relative de leur surface avec leur volume ait seule cette influence , surtout en l'absence de tout nid. Reste, sur ce point, à discuter la valeur des raisons que nous avons données, il y a dix-huit ans, ce que, de parti pris, ne fait point l'auteur, puisque, sur deux de ces rai- sons, l'une, celle relative à la composition des matières organiques que renferment ces œufs , lui paraît sans im- portance, et l'autre, relative à la constitution du test cal- caire, il n'en dit mot. Nous ne voyons donc encore ici , pour en revenir à notre point de départ, rien qui implique un rapport logique quelconque du volume de l'œuf avec Vincubation ; tout au plus y trouverions-nous un rapport entre ce volume et le calorique de l'air ambiant. Nous comprendrions même encore mieux , par les dé- veloppements que lui a donnés l'auteur, et la conclusion qu'il a paru vouloir en tirer, que cette proposition tendît à établir un rapport entre le volume de l'œuf et le mode TRAVAUX INÉDITS. 297 do nidification. Car, en définitive, c'est à quoi il semble conclure, puisque, dans toute sa démonstration, il ne fait rien intervenir qui rappelle en quoi que ce soit, ou l'acte de l'incubation en lui-même, ou rien qui s'y rapporte, de près ou de loin. Nous laisserons, au surplus, selon notre habitude, s'exprimer l'auteur, car nous n'aimons pas à tronquer nos citations : « C'est pourquoi tous les œufs petits, à latitude égale, « sont généralement placés dans des lieux bas et abrités, « dans des trous de mur, dans des creux d'arbre et dans « des nids ou profonds ou épais, composés de substances « plus ou moins chaudes. » Ce raisonnement , auquel paraît s'attacher l'auteur, ne lui sera assurément contesté par personne. Seulement c'est y mettre, par tout ce qui le précède, une forme un peu solennelle pour la conclusion fort simple qui en res- sort; à savoir : que les œufs ont d'autant plus besoin d'être protégés contre le refroidissement par rayonnement, qu'ils ont un volume plus faible. Pour nous, c'est la question par la question. Les œufs de Pitpits (Anthus), qu'ils soient couvés dans les régions boréales ou sous les latitudes mé- ridionales, se trouvent constamment déposés dans des nids d'herbe ou de mousse, au niveau du sol ; il en est de même des œufs de Merles (Turdus), dont les nids ne chan- gent ni de forme ni de façon, sous quelque latitude qu'ils se trouvent : les matériaux seuls varient, en raison des ressources de la localité , mais le nid n'en est ni moins ni plus chaudement tapissé. Ce qui est vrai ici pour les corps, en physique, est d'une importance excessivement secondaire, pour ne pas dire nulle, en oologie ; parce que, ainsi que nous l'avons déjà dit, en 18i2 et 1843, la nature a pourvu aux inconvénients de ce refroidissement par uue modification infinie de la structure du test : tantôt en le revêtant d'un aspect réfrac- taire, tantôt, au contraire, d'un aspect mat, et tantôt 2° srrik. t. xii Année 1860. 20 298 rev. et mag. de zoologie. [Juillet 1860.) d'une seconde couche plus ou moins crétacée ou sédi- menteuse. Mais cela ne prouve aucunement que le mode de pro- tection qu'emploient les Oiseaux pour préserver les œufs de ce refroidissement varie en raison de l'abaissement ou de l'élévation de la température des lieux où ils couvent : ce qu'il faudrait prouver, et ce à quoi ne suffit pas cette assertion de l'auteur, trop vague pour la généralité qu'il lui donne, et en l'absence de tous faits ou de toute preuve à l'appui : « Que l'on a remarqué que les œufs d'égale grosseur « sont déposés souvent dans des nids mieux abrités ou « mieux construits dans le Nord que dans le Midi. » Il nous est, au contraire, bien démontré, quant à nous, et c'est là un de nos principes les plus solidement arrêtés en ornithologie, que l'instinct des Oiseaux ne s'exerce en aucune façon, au profit en plus ou moins de développe- ment ou de conservation de chaleur de leurs œufs : l'acte brut, matériel et automatique de l'incubation, dont la- nature de leur organisation a fait tous les frais, suffit, et de reste, à cet égard. Leur instinct ne s'exerce véritablement, et n'est admi- rable, qu'en ce qui concerne la conservation de l'espèce. Tous ont conscience de l'ennemi qui menace chacun d'eux ; et c'est en cela qu'ils développent une richesse d'imagina- tion ou de ruses, à peine croyable, pour conjurer le dan- ger ; et c'est alors aussi que, selon la nature du pays, plutôt que sa latitude (qu'ils ne consultent guère que pour les be- soins de la nourriture, puisque les faunes botaniques va- rient en raison des climats), on les verra prendre, relati- vement, plus ou moins de précautions au midi qu'au nord, et vice versa. Mais, nous le répétons, il ne s'agit toujours pour eux que d'une question de conservation, et jamais d'une question de température. Ce serait donc une erreur de croire que la plupart des Canards, qui , comme l'Eider, enfouissent leurs œufs dans TRAVAUX INÉDITS. 299 le fin duvet dont ils les recouvrent pendant leur absence du nid , agissent ainsi afin de les empêcher de se refroidir : c'est uniquement pour les soustraire à la vue de leurs en- nemis, dont les plus nombreux et les plus acharnés sont les Oiseaux de proie et les Corbeaux. Pense-t-on donc que, sans les quantités de Singes et autres Quadrumanes grimpeurs, ou de Reptiles qui peu- plent les régions chaudes du globe, on verrait tant de familles diverses de Passereaux employer pour leurs nids le mode de suspension, si ingénieux, en usage chez les Tisserins et les Troupiales, etc., etc.? Et puis, est-ce que l'Oiseau-Mouche, qui attache d'une façon tout aérienne la coupe du sien au revers ou à l'ex- trémité d'une feuille, aux arbustes des régions tropicales les plus basses, ou à l'aspérité d'un rocher des cimes nei- geuses du Chimborazo ou du Pichincha, varie le mode ou les ressources de sa délicate architecture en raison des différences de latitude ou d'altitude où il demeure? Non : ce ne sera jamais qu'en vue de son ennemi le plus redou- table ou le plus habituel de ces localités; en aucun cas, en vue de préserver ses œufs du refroidissement par rayon- nement. Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette, accompagné de notes explicatives et de quelques idées sur la pisciculture marine, par M. Doumet. I- ♦ L'ichthyologie, nous ne craignons pas de le dire, est, et sera probablement encore longtemps, une des branches les plus obscures de la science zoologique ; pourtant, dans les temps anciens comme de nos jours, elle n'a pas été né- gligée des naturalistes : les œuvres d'Aristofe, de Pline, de Belon, de Salviani, de Rondelet, d'Aldrovande, deGouan, de Willughby, de Linné et de tant d'autres sont là pour témoigner de l'intérêt que ces éminents auteurs y ont at- taché, et si, mettant de côté tout ce qui regarde ces ani- 300 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.) maux fabuleux que l'ignorance et le peu de moyens de vé- rification de l'époque forçaient presque à admettre, si, dis- je, nous examinons les observations personnelles de chacun d'eux, nous voyons que leurs études furent si sérieuses, si consciencieuses, que beaucoup sont encore aujourd'hui à la hauteur de la science. Plus tard, et de nos jours, Bloch, Lacépède, Risso, Bonnelli, Rafinesque, Delaroche, Cuvier et son continuateur Valenciennes, Bonaparte, etc., nous ont donné des travaux importants par lesquels ils ont cherché à déchirer autant que possible, le voile épais qui couvre encore en partie l'histoire de cette belle branche du règne animal. La cause de cette obscurité persistante doit donc se trouver dans le peu de facilités que l'on a généralement pour étudier les êtres de cette classe : en premier lieu, en effet, l'élément qu'ils habitent, obstacle insurmontable pour l'homme , et qui lui cache le plus souvent dans des profondeurs effrayantes, les trésors qu'il recèle. Tel est néanmoins pour l'homme, le besoin de pénétrer les se- erets de la création, que, soit pour les utiliser, soit par pure curiosité, il ne craint pas d'affronter l'élément terri- ble pour lui arracher quelques lambeaux de ses richesses; de frêles esquifs sur lesquels s'aventurent quelques débiles créatures, des filets, des hameçons, des engins de toutes sortes ont été inventés par son intelligence, et chaque jour il puise à pleines mains dans cette mine de trésors incon- nus et vient étaler aux yeux de ses semblables le résultat de ses luttes contre les eaux. Parmi les êtres divers arrachés ainsi à l'élément liquide, les Poissons occupent la première place ; les masses trou- vent en eux une partie de leur alimentation ; certains y trouvent des mets savoureux qui satisfont leur goût diffi- cile et usé ; le naturaliste cherche à y découvrir des êtres nouveaux ou à surprendre quelque secret de cette nature infinie dont il s'efforce de tracer l'histoire en en rassem- blant les matériaux épars. Passons sous silence la perse- TRAVAUX INÉDITS. 301 vérance, les peines, les déceptions qu'entraîne inévitable- ment toute étude scientifique; tout cela disparaît pour le naturaliste passionné devant les jouissances que lui cause chaque découverte intéressante qu'il peut faire de temps à autre, car ce n'est souvent qu'après des mois, des années même de recherches assidues et infructueuses qu'il arrive à un résultat. L'ichthyologiste surtout trouve de la difficulté dans ses études : les Poissons, auxquels, en les arrachant à leur élément, on vient de faire subir une mort équivalente à celle d'être noyés pour les animaux pulmonés, en un mot, que l'on vient de noyer dans l'air, perdent en mourant, la majeure partie des belles couleurs dont ils sont parés. Peu après, leurs formes s'altèrent aussi, et ils sont d'autant plus difficiles à conserver par la préparation, que beau- coup d'entre eux sont munis d'une peau infiniment mince ou recouverte le plus souvent, d'écaillés qui tombent au simple contact des doigts. Bien heureux est encore celui qui peut étudier les Poissons sur l'animal frais, malgré ces premiers inconvénients, car, si l'on se trouve, comme tant d'autres, éloigné des bords où on les pêche, on se voit obligé de se contenter d'exemplaires soit préparés, soit conservés dans l'alcool, et qui, les uns et les autres, ont perdu non-seulement leurs couleurs, mais aussi la plu- part de leurs caractères. De là des descriptions incom- plètes, des traits caractéristiques inaperçus, des mœurs passées sous silence, des dessins inexacts, des couleurs renversées ou qui n'existent parfois que dans l'imagina- tion du peintre auquel on n'a donné pour guide que des indications verbales et sans précision aucune. Ajoutons à cela le nombre ordinairement restreint, des sujets que les ichthyologistes ont à leur disposition, et nous aurons sans doute, énuméré les causes principales du peu de clarté ré- pandue jusqu'à présent sur la classe des Poissons, malgré les importants travaux dont elle a été l'objet. [La suite au prochain numéro.) 302 uev. et màg. de zoologie. (Juillet 1860.) Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. Chevrolat (1). 48. Phytœcia Echii, j>iï, ivoï, quiaun large nez. 430 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.) niraf et je ne le cite ici que pour empêcher que la confu- sion avec les Artibacus ne se perpétue. L'espèce la plus vulgaire est le PI. lineatus, Geoff. [Artibœus lineatus, Gerv., 1. c, 35). Brésil. On connaît encore le Plat, unda- tus, Gerv. [Artibœus undatus, Gerv., 1. c). — Le Plat, jamaicensis, Gerv., 1. c, 35 (syn. excl.), espèce évidem- ment différente de celle désignée sous le nom d' Artibœus jamaicensis, par Leach (1), puisque Gervais lui donne f mo- laires et qu'il les figure. Ce doit être une espèce nouvelle ou un des nombreux Sténodermiens de Cuba qui ont été décrits sous les noms de Phy II. jamaicensis, Horsf., — fal- catum, Gray, etc. Tribu des Vampiriens. Museau étroit et assez allongé. Dents au nombre de 32 à 36 ; vraies molaires, toujours au nombre de j-f : la pre- mière et la seconde de la mâchoire supérieure portant des lames d'émail disposées en forme de W, d'autres fois seulement des tubercules aigus, mais leur couronne n'é- tant pas creusée et n'offrant pas un bord externe trau- chant, comme chez les Sténodermiens. Incisives serrées; les supérieures mitoyennes très-grandes, s'usant contre les inférieures; les latérales très-petites, usées par les canines inférieures, souvent caduques. Toujours sur le nez, un fer à cheval membraneux , surmonté d'une feuille nasale. Lèvre inférieure verruqueuse, mais non fendue. Langue longue et extensible. lre Section. — Vraies molaires ayant leur couronne gar- nie de pyramides ou offrant un W plus ou moins distinct. Aux supérieures, le bord externe plus saillant que Vinterne. Membrane fémorale échancrée ou incomplète ( transition aux Sténodermiens). Cette catégorie a été divisée comme suit : I. Molaires au nombre de >,. Une queue plus ou moins longue, enveloppée, n'atteignant pas le bout de la membrane (ij Voyez ci-dessus notre Artibœus jamaicensis. TRAVAUX INÉDITS. 431 fémorale Phyllostoma. Pas de queue, membrane fémorale échan- crée Carollia. II. Molaires au nombre \. Queue courte, enveloppée, membrane inter- fémorale échancrée Schizostoma(i). (1) On doit ce genre à M. Gervais. Je ne le connais pas, mais je ne doute pas qu'il ne rentre dans cette section. (La suite prochainement.) Description d'Oiseaux nouveaux de la Nouvelle-Calédonie et indication des espèces déjà connues de ce pays, par MM. Jules Verreaux et O. des Murs (1). 31. Lalage Montrosieri (J. Verreaux et O. des Murs). L. — Supra nigro-brunneus : tectricibus a la r uni albo rufoque nota- tus; remigiis rufescente-albo fimbriatis ; uropygio cioerascente lauceolato ; 4 rectricibus lateralibus graduatim apicatis ; duabus externis fere omnino candidis; subtus rufesceute albus. Parties supérieures noires, tirant au brun sur le dos et et les scapulaires; une tache blanche sur les tectrices alaires supérieures, surmontée de roussâtre; les plus lon- gues, ainsi que les rémiges, bordées et terminées de blanc roussâtre, plus étendu sur les secondaires; croupion gris brun, finement lancéolé de plus foncé; les quatre rectrices latérales graduellement terminées de blanc pur, mais les deux externes bordées de même couleur sur plus des trois quarts de leur longueur à partir de la pointe; côtés du front et toutes les parties inférieures d'un blanc légère- ment teint de roussâtre, avec quelques taches brunes sur les côtés du thorax. Ailes moyennes à trois, quatre et cinq rémiges les plus fortes ; queue assez longue, étagée latéra- lement. Bec, tarses et ongles noirs. Longueur totale 16 cent. Longueur de l'aile fermée 8 6 mill. Longueur de la queue 8 5 Longueur du bec 1 3 Longueur du tarse 2 2 Nous dédions cette nouvelle espèce à M. Montrosier, (1) Voir page 383. 432 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie, comme un témoignage affectueux du bon souvenir que nous avons conservé et dans l'espérance que nous avons de le voir poursuivre ses recherches en histoire naturelle, sachant surtout combien il peut, par son influence, lui être utile. Collection de l'exposition. 32. Gazzola typica (Ch. Bonap., notes sur les coll. De- làtre). 6. — Alba; capite, dorso, alis, cauda crissoque purpureo-nigris; rostro crasso. Musée de Paris. 33. Cornus corone? (Wagler; G. R. Gray, Proc zool. Soc, 1859, p. 163.) De la Nouvelle-Calédonie, île de Nu. 34. Physocorax moneduloides (Lesson ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 163). Se trouve dans toute la Nouvelle-Calédonie. Iris gris. Toute la différence entre les sexes ne repose que sur la taille, qui est d'un tiers plus forte chez le mâle. Collection de l'exposition. 35. Leptornis Âubryanus (J. Verreaux et 0. des Murs.) L. — In toto niger ; macula subauriculare rufa. Mâle. En entier d'un noir uniforme, plus terne sur les rémiges primaires, excepté derrière l'oreille, où se trouve une tache roussàtre clair; le tour de l'œil en partie dé- nudé, sauf en arrière, où les plumes de la paupière re- lient celles de la tête ; une autre nudité, partant du des- sous de l'œil, s'étend sur le côté de la tête, en dessus et en avant de la région parotique. Ailes moyennes, à quatre, cinq et six rémiges les plus longues, atteignant à peu près le quart de la queue ; cette dernière assez longue, très- arrondie. Bec un peu plus long que la tête, plus haut que large, légèrement voûté et terminé en pointe aiguë, à fosse nasale profonde, recouverte d'une membrane où se trou- vent les narines, qui sont percées d'outre en outre, de couleur noire avec la majeure partie de la mandibule in- TRAVAUX INÉDITS. 433 férieure jaunâtre. Tarses très-longs, à scutelles lisses, quoique visibles, et au nombre de neuf; doigts assez courts, le médian le plus long, l'interne un peu plus court que l'externe, le pouce le plus robuste et ayant l'ongle le plus fort, de couleur brun clair, avec les ongles noirâtres. Longueur totale 40 cent. Longueur de l'aile fermée 10 Longueur de la queue 20 Longueur du bec à partir de l'angle com- missural 5 2 mill. Longueur du tarse 6 Longueur du doigt du milieu sans l'ongle. 3 Iris noir. De la Nouvelle-Calédonie. Nous sommes heureux de dédier cette intéressante es- pèce, la seconde du genre, à M. Aubry-Lecomte, direc- teur et créateur de l'exposition nationale des produits de nos colonies françaises ; c'est un des justes hommages qui lui seront rendus pour son intelligente conception et pour les soins qu'il apporte, chaque jour, à l'application de cette idée neuve, dont tout mérite et toute gloire doivent lui revenir, cette exposition étant destinée à rendre les plus grands services à l'industrie, au commerce et, comme on le voit, aux sciences naturelles. Collection de l'exposition. 36. Aplanis striata (Gmel. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 163). Nouvelle-Calédonie, île de Nu. 37. Aplonis viridi-grisea (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 164). M. Gray rapproche cette espèce, avec doute, du Cora- cias striata de Gmel., qui en serait la femelle. Nouvelle-Calédonie, île de Nu. 38. Aplonis atronitens (G. R. Gray, Proc zool. Soc, 1859, p. 164). Nouvelle-Calédonie, île de Loyalty. 39. Aplonis calédoniens (Bp.). 434 rev. et mag. de zoologie. {Octobre 1860.) D'un vert bronzé, avec reflets violacés sur la tête et une partie du cou; rémiges et rectrices noires, avec les mêmes reflets; bec et ongles noirs; tarses brun foncé; iris rouge. Longueur totale 16 cent. 5 mill. Longueur de l'aile fermée 9 5 Longueur de la queue 7 Nouvelle-Calédonie, camp de Morari, 20 juin 1859; île de Nu, île des Pins, Abo, Unola (tribu des Tuo). Collection de l'exposition. 40. Tropidorhynchus Lessoni (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 161). Nouvelle-Calédonie, Port-Saint-Vincent, îles des Pins et de Loyalty. Mâle et femelle adultes; celle-ci ne diffère que par sa taille un peu moindre. Les indigènes l'appellent Kehua. D'après nos dessins, l'iris serait grisâtre avant la mort et rose carminé après. L'espèce est identique à celle qui existe depuis long- temps au muséum d'histoire naturelle de Paris, où elle avait été rapportée de la terre de Van-Diémen? par la Billardière; elle a été décrite par Lesson, et depuis par M. Pucheran. Collection de l'exposition. 41. Glyciphila modesta (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 160). Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Collection de l'exposition. 42. Glyciphila poliotis (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 160). Nouvelle-Calédonie, îles de Loyalty. 43. Glyciphila fasciata (Forst. ; G. K. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 160). Nouvelle-Calédonie. Le mâle est un peu plus fort que la femelle, et le jeune ne diffère que par quelques plumes lavées de jaune qui se retrouvent sur le devant du cou. TRAVAUX INÉDITS. 435 Collection de l'exposition. 44. Glyciphila? chlorophœa (Forst. ; G. R. Gray, Proc. zool Soc., 1859, p 160). Nouvelle-Calédonie. 45. Glyciphila? incana (Lath. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1850, p. 160). Nouvelle-Calédonie. 46. Myzomela sanguinolenta (Gould). Nouvelle-Calédonie. Identique avec l'espèce de la Nou- velle-Hollande. Collection de l'exposition. 47. Âcanthiza flavolateralis (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 161). Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Collection de l'exposition. 48. Zosterops xanthochroa (G. R. Gray, Proc zool. Soc, 1859, p. 161). Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Les indigènes le nom- ment Ti-ri-ri. Collection de l'exposition. 49. Zosterops griseonota (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 161). Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Les indigènes lui don- nent le même nom qu'à l'espèce précédente, avec laquelle ils le confondent sous l'appellation de Ti-ri-ri. Collection de l'exposition. 50. Erythrura psiltacea (Bonap. ; Gmel.). Estrelda psittacea (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 164). Nouvelle-Calédonie, pays de Magal'ambnet, tribu Tuo, camp de Morari, 19 juin 1859. Les indigènes le nomment Tenii. Iris orange. Collection de l'exposition. 51. Ptilonopus Grayi (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 165). 436 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) Nouvelle-Calédonie, île des Pins. Identique à celui qui se trouve dans toute l'Océanie. 52. Lamprotreron holosericeus (Tem.; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 165). Nouvelle-Calédonie, île des Pins. La même espèce que celle des îles Sandwich? Collection de l'exposition. 53. Carpophaga (Phœnorhina) Goliath (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 165; Illustr. B., pi. clv). Nouvelle-Calédonie, île des Pins. Longueur totale 62 cent. Longueur de la queue 29 D'un lieu appelé Kanala, où les indigènes lui donnent le nom de N'dan. Iris d'un jaune orange, et non rouge ou grenat, comme le présente la jolie figure donnée par M. G. R. Gray. Ce Colombidé, le géant de son ordre, offre, dans la con- formation de son gésier, un caractère particulier des plus remarquables, qui pourrait suffire, à lui seul, à motiver son élévation au rang de genre, et justifier, par conséquent, son classement comme type du genre Phœnorhina, qu'en a judicieusement fait M. G. R. Gray. L'importance des caractères de cet organe est telle, tou- tefois, que nous avons préféré en abandonner l'étude et la description physiologiques à notre ami M. le docteur Cornay, qui a bien voulu se charger de ce travail intéres- sant, qu'il saura, mieux que tout autre, traiter avec le ta- lent et le savoir profond qui distinguent chacun de ses ouvrages. 54. Carpophaga {Janthamas) hypœnochroa (Gould; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 165). Nouvelle-Calédonie, île des Pins. La même espèce que celle de la Nouvelle-Hollande. 55. Chalcophaps chrysochlora (Gould, var.; G. R. Gray, Proc zool. Soc, 1859, p. 165). TRAVAUX INÉDITS. 437 Nouvelle-Calédonie, île de Nu. La même espèce qu'à la Nouvelle-Hollande. 56. Charadrius? (G. R. Gray, Proc. zool.Soc, 1859, p. 165). Ce savant, qui le désigne ainsi, avec doute, le croit le même que le Ch. glaucopus de Forster. Nouvelle-Calé- donie. 57. Strepsilas interpres (G. R. Gray; Linn.). Nouvelle-Calédonie. 58. Tolanus undulatus. Scolopax undulatus (Forst., Descr. anim., p. 173). Totanus fuliginosus (Gould, Voy. Beagle, p. 130). Totanus océaniens (Less., Complém. à Buffon). Totanus Polynesiœ (Peale, Zool. N. S. Enp. Birds, p. 237). Totanus oceanicus (Cassin.; Ch. Wilk., N. S. Expl. Enper.). Nec Totanus pulverulentus (Mûll.). Mâle adulte. Nouvelle-Calédonie. Collection de l'exposition. 59. Rallus hypotœnidia (Bp.), philippensis (Gmel.). Nouvelle-Calédonie, localité de Kanala, où il est nommé, par les indigènes Oruta. Tué à Hieugnène et donné parle capitaine Tricot. Identique avec le R. pectoralis de Cuvier, des Philippines ; le même que celui de la Nouvelle-Hol- lande figuré par Gould. Iris rouge orangé. Collection de l'exposition. 60. Porzana (Zapornia) leucophrys (Gould, Proc. zool. Soc, 1847, p. 33). Nouvelle-Calédonie, Kanala, où les indigènes le nom- ment Aghia. Donné par M. Leport. Iris rouge. Identique à celui de la Nouvelle-Hollande. Collection de l'exposition. 61. Gallirallus Lafresnayanus (J. Verr. et O. des Murs). Supra brunneo-rufus , albescente-saturatus; subtus ardesiaceus; crisso albido rufescente striolato. 438 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) Couleur générale de la partie supérieure d'un brun rous- sâtre, lavé d'olivâtre plus foncé sur la région postérieure ; tête, cou et toutes les parties inférieures d'un gris-ardoisé, lavé de roussâtre sur le devant du cou et le haut de la poitrine et plus foncé sur le reste, devenant noirâtre sur le crissum et les couvertures sous-caudales ; ces dernières traversées par de fines zébrures blanches plus ou moins lavées de roussâtre. Ailes très-courtes, à rémiges ne dépas- sant pas les couvertures supérieures, très-molles et décom- posées, à quatrième, cinquième, sixième et septième les plus longues, noirâtres, bordées extérieurement de brun roussâtre; un ongle assez long et très-arqué au pouce de l'aile; couvertures sous-alaires noires, traversées de bandes blanches ; quelques traces de ces bandes se voient également sur les plumes des flancs; rectrices assez lon- gues, décomposées et placées verticalement. Bec plus long que la tête, légèrement arqué en dessus et relevé en dessous, arrondi à la pointe, qui est à peine échancrée ; fosse nasale assez longue ; narines percées en fissure,» assez près du front, recouvertes par une mem- brane; tarses robustes, scutellés, mais assez lisses; tibia emplumé jusqu'à l'articulation. Longueur totale 38 cent. Longueur de l'aile fermée 11 Longueur de la queue 16 Longueur du bec à partir de la commis- sure 6 3 mill. Longueur du front 5 4 Longueur du tarse 6 Longueur du doigt du milieu sans l'on- gle 4 2 Longueur du doigt externe 3 2 Longueur du doigt interne 3 Longueur du pouce 1 1 Nouvelle-Calédonie, où il est nommé, par les indigènes, IWdino, camp de Morari. Il vit dans les lieux marécageux, et arriverait, dit la note, à la taille du Dindon ! Est-ce la TRAVAUX INÉDITS. même espèce, ou bien y en aurait-il une autre qui attein- drait cette dimension? Collection de l'exposition. Nous avons dédié cette nouvelle espèce à notre savant collègue, M. le baron de Lafresnaye, comme un témoi- gnage de notre gratitude pour tout ce que la science orni- thologique doit à ses profondes connaissances. 62. Ardea (Herodias) albo-lineata (G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie, île des Pins. 63. Herodias Novœ-Hollandiœ (La th.). Nouvelle-Calédonie, camp de Morari. Identique à celui de la Nouvelle-Hollande. Collection de l'exposition. 64. Nyclicorax calédoniens (Steph.; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie. Mâle adulte et jeune femelle; cette dernière portant encore son duvet, surtout à la tête. Collection de l'exposition. Gen. char. Rhynochetos (J. Verr. et O. des Murs). Rostrum brève, cuculaceum (fere Scythropis). Nares tubulares, in siou uasali subapertœ. Occipite colloque postico superiore plumis maxime elongatis, ju- batis. Cauda elongata, lata, rotunda. Pollice mioimo, fere rudimentario, subelato, ungue medio impec- tinato. Caractères génériques. Bec de la longueur de la tête, à arête aplatie dans les deux tiers de sa longueur, arrondie dans le surplus jus- qu'à la pointe, légèrement arqué dans tout le prolonge- ment de la commissure: les côtés de la mandibule infé- rieure parfaitement plats et unis. Narines placées dans un profond sillon occupant la moitié de la longueur de la mandibule, percées dans un tube corné, de la même substance que le bec, remplissant ce sillon dans la moitié de sa longueur ; tout le long de ce 440 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) tube, entre lui et la profondeur du sillon, surgissent de longs poils rigides, presque perpendiculaires, mais finis- sant par prendre la courbe du front en s'en rapprochant. Lorums et toute la commissure du bec entièrement em- plumés ; une nudité à peine sensible distingue le bord et le pourtour de la paupière inférieure. Plumes des ailes molles et arrondies vers le bout, gra- duées, à cinquième rémige la plus longue, toutes dépas- sées par les couvertures qui les recouvrent. Queue longue, large et arrondie. Tarses fortement scutellés, à jambe emplumée presque jusqu'à l'articulation, ne laissant guère que 0m.12 milli- mètres de nudité ; pouce rudimentaire très-élevé, à ongle court et crochu; les autres doigts à peu près égaux et moyens ; celui du milieu le plus long, mais ne laissant pas voir le tranchant et les dentelures qui s'observent sur la majeure partie des espèces d'Ardeidœ. 65. Rhynochetos jubatus (J. Verreaux et O. des Murs). Ciuereus, bruimeo supra saturatus; subtus stricte fulvo-striolatus; remigiis nigro chocolatinoque fasciatis ; rostro pedibusque pallide flavescentibus. — Pi. 21. En entier d'un beau gris cendré, pur sur la tête, la huppe, le devant et le derrière du cou, la poitrine et le ventre ; tournant au brun sur le dos et les épaules; grivelé très-agréablement, ou mieux finement vermicelle de fauve- clair, sur toutes les couvertures alaires et sur les rectrices ; les grandes rémiges vermicellées de blanc à leur origine et jusqu'au tiers de leur longueur, fasciées de noir et de brun-chocolat, grivelé de noir dans le second tiers, et fas- ciées alternativement dans le dernier tiers, jusqu'à la pointe, de deux bandes de noir pur et de deux bandes blanches, dont la dernière a la pointe vermicellée de noir; cuisses d'un gris brunâtre légèrement vermicelle de la même couleur plus foncée. Le système général de ptilose de cet Oiseau remar- quable a beaucoup d'analogie avec celui du Botaurus TRAVAUX INÉDITS. 441 limnophilax et môme des Tigrisoma d'Amérique, et, dans son ensemble, il offre des rapports avec plusieurs genres bien différents; mais il est évident pour nous qu'il rentre dans la famille des Ardcidœ, où nous le plaçons, et à la suite des Tigrisoma. Longueur totale 60 cent. Longueur de l'aile fermée 27 5 mi 11. Longueur de la queue 20 Longueur du bec à partir du front 6 2 Longueur du bec à partir de la commis- sure 6 8 Hauteur du bec à sa base 2 Longueur du tarse 10 Longueur du doigt du milieu sans l'ongle. 5 2 Longueur du doigt externe 4 3 Longueur du doigt interne 3 6 Longueur du pouce 0 12 Nouvelle-Calédonie, où les indigènes le nomment Kagu. Donné par M. Latour. Collection de l'exposition. 66. Procellaria (JEstrelata) rostrata (Peale, N. S. Exp. B., p. 296, lre éd., 1848). Nouvelle-Calédonie. Nom indigène, Gheune. Jeune, tout en duvet gris brun, légèrement teint de roussâtre, laissant déjà voir du blanc sur la poitrine et du blanchâtre sur le reste du corps. Le bec, quoique plus faible, laissant déjà voir les mêmes caractères de l'adulte; la coloration des tarses et des palmes étant aussi bien in- diquée que dans ce dernier. Collection de l'exposition. 67. Larus Novœ-Hollandiœ (Steph. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie, île des Pins. Identique à celui de la Nouvelle-Hollande, Iris rouge. Collection de l'exposition. 68. Stema gracilis (Gould ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). 2e sérib. t. xii. Année 1860. 29 442 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) Nouvelle-Calédonie. Identique à celle de la Nouvelle- Hollande. 69. Sterna melanauchen (Temm. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc., 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie, îles de Loyalty. Identique à celle de la Nouvelle-Hollande. 70. Sterna (Haliplana) fuliginosa (Gmel.; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie. 71. Phaeton (Lepturus) candidus (Briss.). Nouvelle-Calédonie. Collection de l'exposition. 72. Tachypetes minor (Gm.). Nouvelle-Calédonie, havre de Ballade. Donné par M. Vieillard. Identique à celle de la Nouvelle-Hollande. Collection de l'exposition. 73. Sula (Dysporus) sula (Linn.). Nouvelle-Calédonie, havre de Ballade. Donné par M. Vieillard. Le même qu'à la Nouvelle-Hollande. Collection de l'exposition. 74. Anas superciliosa (Gmel. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie, Kanala. Nom donné par les indi- gènes, Nia. Le même qu'à la Nouvelle-Hollande. Collection de l'exposition. 75. Anas punctata var. (Gould; G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 166). Nouvelle-Calédonie. 76. Nous plaçons sous ce numéro un Langrayen, qui aurait dû venir au n° 29, nommé par le prince Ch. Bona- parte Ocypterus Berardi. Ex toto niger. Musée de Paris. Rapporté par le docteur Arnoux. Ce qui résulte jusqu'à présent de l'étude qui précède, c'est que, sur soixante -seize espèces d'Oiseaux rappor- tées de la Nouvelle-Calédonie, quarante-cinq, ou les quatre dixièmes et demi, sont exclusivement propres TRAVAUX INÉDITS. 443 cette île, parmi lesquelles les trois beaux types génériques de Gazzola pour les Corvidés, du Phœnorhina pour les Colombidés et du Rhynochetos pour les Ardéidés; dix- huit, ou près des deux dixièmes, lui sont communes avec la Nouvelle-Hollande, dont une avec la terre de Van- Diémen, et treize seulement, ou un peu plus d'un dixième, se retrouvent dans la Polynésie proprement dite, y com- pris la Nouvelle-Guinée. La conclusion finale à tirer de cette comparaison, c'est que la faune ornithologique de la Nouvelle-Calédonie est loin de se comporter, ainsi qu'on aurait pu le supposer, comme sa faune florale, et que, par conséquent, l'opinion de M. Decaisne pour celle-ci est infirmée par celle-là. En un mot, au contraire de ce qu'exprime le savant botaniste, au lieu de se rapprocher beaucoup plus de l'Australie orientale et tropicale que des archipels océaniens, elle se tient à une distance presque égale de l'une et des autres (la différence n'étant que de 18 à 13), et offre un caractère et une homogénéité qui lui sont propres et que ne pour- ront que confirmer les découvertes ornithologiques à venir dans ce centre nouveau, si restreint et si singulier, de création. En effet, cette belle colonie française, que nous occu- pons seulement depuis 1852, n'a pas encore livré tous les trésors de sa production. Grâce à l'activité toujours crois- sante de nos divers fonctionnaires, nous avons l'espoir, d'après ce début de bon augure, d'obtenir, dans un avenir prochain, de plus nombreuses espèces zoologiques. Nous adressons donc nos sincères remercîments à M. le gouver- neur Saisset, à M. le capitaine Tricot, ainsi qu'à MM. Le- port et Latour, auxquels notre envoi est redevable du Rhynochetos, et à M. Vieillard, qui tous ont apporté d'im- portants contingents dans les nouvelles espèces que nous venons de décrire et dont va profiter la science. [La suite au prochain numéro.) 444 rev. et mag. de zoologie. {Octobre 1860.) Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette, accompagné de notes explicatives et de quelques idées sur la pisciculture marine, par M. Doumet. (V. p. 299 et 355, 405.) VII. Les Chondroptérygiens viennent ensuite; ils nous offrent un seul Acipenser, le Sturio, assez commun, tandis que nous n'avons pas encore vu le Naceri. Des pêcheurs nous ont assuré qu'ils avaient nourri un Sturio de petite taille, pendant près d'un mois, avec du pain trempé dans du vin , ce dont il était très-friand, disent-ils. La famille des Chimérides vient clore les Chondroptéry- giens à branchies libres, par le Chimœra monstrosa qui nous visite à de rarissimes intervalles. Ici commencent les Chondroptérygiens à branchies fixes. Les Plagiostomes, qui sont sans contredit, les plus remar- quables des Poissons et les plus élevés dans l'ordre natu- rel par leur organisation , paraissent aussi les mieux étu- diés, soit à cause des dimensions qu'ils atteignent, soit en vertu des caractères plus précis que l'on peut tirer de leur système dentaire. Remplissant au milieu des eaux le rôle que jouent les Oiseaux de proie dans les airs, ils ont en général, comme ces derniers, été doués par la nature de moyens puissants de locomotion et de forces qui les ren- dent les ennemis redoutables de tous les êtres qu'ils ren- contrent habituellement ou accidentellement dans les mers, et, comme eux, la plupart n'exercent pas leurs déprédations seulement dans un espace restreint, mais à des distances considérables, émigrant même le plus souvent à la suite des bâtiments et des bandes de Scombres dont ils ai- ment à faire leur proie. Il est donc assez difficile de former une liste locale complète de ce groupe, car nul ne peut affirmer qu'une espèce, encore inconnue aujourd'hui sur une côte, ne s'y présentera pas demain pour en repar- tir presque immédiatement et ne plus y revenir ensuite qu'à des intervalles fort éloignés. Pourtant, si beaucoup TRAVAUX INÉDITS. 445 des grandes espèces sont presque complètement cosmopo- lites, la nature semble avoir voulu mettre une analogie de plus entre les rapaces des mers et les rapaces des airs, en créant dans les premiers, un certain nombre de genres, tels que les Roussettes, les Âiguillats, les Emissoles, qui, à l'instar des Faucons, des Buzards, des Éperviers, ont un habitat plus restreint; et, chose plus surprenante encore, de même qu'il existe des rapaces nocturnes parmi les oi- seaux, les Raies sont également des Poissons de proie noc- turnes, qui , comme les Chouettes et les Hiboux, semblent n'abandonner que rarement leurs antres privilégiés. Les raisons qui précèdent suffiront pour faire com- prendre que nous sommes loin de regarder comme com- plète notre liste des Sélaciens; nous espérons cepen- dant qu'elle fournira quelques renseignements utiles aux ichthyologistes qui voudraient étudier ceux que l'on prend habituellement sur notre littoral, et nous allons passer en revue cette intéressante famille. Le genre Scyllium nous offre, à côté du très-commun Canicula, le Stellare, en moins grande abondance, mais qui atteint de plus grandes dimensions, et une espèce ren- contrée une seule fois par nous, et qui nous a paru se rap- porter à un Scyllium albo-maculatum , dont il est vague- ment question à la fin d'un des chapitres de Bonaparte sur les Poissons de ce genre. Notre espèce tiendrait le mi- lieu entre les deux autres, se distinguant du Slellare par l'absence presque complète des grandes taches noires des flancs, et par une moins grande régularité dans l'ordre de ces taches, ainsi que par la forme plus svelte de tout le corps. Elle diffère du Canicula par des taches brunes plus grandes et moins nombreuses, et par des taches blanches assez grandes aussi et très-prononcées. En outre de ces différences, la peau offre le caractère d'une grande dou- ceur au toucher, rappelant par là le Mustelus plebejus, et les aspérités, vues à la loupe, sont beaucoup plus régu- lières que celles du Canicula, et plus émoussées en même 446 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.) temps que plus serrées que dans le Stellare. Il n'a aucune analogie avec le Melanostomum, qui ne nous est pas encore connu à Cette (1). Le Charcarias lamia est péché assez souvent, et atteint des dimensions colossales ; un individu , échoué sur la côle il y a quelques années, pesait trente quintaux. Le Squalus glaucus, dont le dos est coloré du plus beau bleu, et YAlopias vulpes, sont également assez communs. Le Galeus canis l'est moins qu'on pourrait le supposer. Le Mustelus plebejus, Bp., se trouve habituellement sur le marché, quelquefois en compagnie de YEquestris, et le Notidanus griseus est le seul que nous ayons encore vu de ce genre. Le Spinax acanthias, Bp., se prend en plus grande quan- tité que le Blainvillei, et le Centrina Salviani n'apparaît que de temps en temps. Le Scymnus lichia et YOxijrrhina Spallanzani sont fort rares. Nous avons vu plusieurs fois le Sphyrna zygœna, mais jamais la seconde espèce de Risso. Enfin les Squatines se prennent quelquefois dans les filets, et nous avons été assez heureux pour en recueillir deux espèces; elles présentent quelques différences avec celles figurées par Bonaparte, et nous ne serions même pas éloi- gné de croire que celle que nous donnons sous le nom d'Oculata, Bp., en fût une troisième. Quant aux genres Pristis et Rhinobatus, nous ne les avons pas encore trouvés. Les électriques Torpilles figurent sur notre liste pour trois espèces parmi lesquelles le Marmorata de Risso, (1) Nous avons eu dernièrement un second individu de cette espèce à peu près de la même taille que le premier; c'était une femelle qui portait encore des œufs. Le dos et les flancs étaient tigrés de la même manière que notre premier exemplaire, avec la différence que les taches blanches étaient moins marquées, quoique parfaitement visi- bles. Un caractère que nous avous trouvé dans cet individu comme dans le premier est celui qu'offre l'œil, beaucoup moins ouvert que dans le Canicula et rempli en grande partie, par une prunelle noire qui permet à peine de voir le vert clair du reste de l'œil, très-prononcé dans le Canicula. TRAVAUX INÉDITS. 447 que nous regardons comme bien différent du Galvani. Le Narke est plus rare que les deux autres, et le Nobiliana, lîp., nous semble jusqu'à présent propre aux rivages ita- liens. Le genre Raia, qui habite nos côtes en très-grand nom- bre, est beaucoup plus mal connu pour le moment que ceux compris dans la première section des Sélaciens, et, malgré tous les travaux dont il a été l'objet, les belles planches entre autres, publiées par Bonaparte, il est en- core bien difficile d'en déterminer les espèces. Les R. cla- vata, Bâtis? (figurée par Bonaparte), etÂsterias, sont très- communes. Le R. fullonica, Bp., et YOculata, Riss., le sont beaucoup moins, ainsi que les Raies lisses, parmi les- quelles il règne une grande confusion, et le R. mosaica, Lacép., que nous avons peine à reconnaître dans le Radula de Bonaparte. Les Macrorhynchus et Oœyrhynchus de Bo- naparte sont péchés souvent d'une taille gigantesque, et nous croyons avoir reconnu le bicolor, Blainv., dans un individu monstrueux qui s'éloignait de ces deux derniers. Un seul Trygon s'est offert à nos recherches, qui nous ont cependant donné les deux Mourines figurées par Bona- parte, curieux Poissons, dont l'aiguillon caudal est si re- douté de tous les pêcheurs, qu'ils leur coupent presque toujours la queue; ils sont fort communs par moments, mais nous n'avons jamais eu connaissance du rarissime Céphaloptère. Il ne nous reste plus, pour terminer cette rapide revue des familles, qu'à mentionner deux espèces de celle desCy- clostomes. La première, que l'on prend assez souvent, est le Petromyzon marinus, L. ; la seconde, beaucoup plus in- téressante, est le Rranchiostoma lubricum , Costa, dont nous devons la connaissance au savant doyen de la faculté des sciences de Montpellier, M. Paul Gervais, qui l'a recueilli lui-même dans notre étang deThau. [La suite au prochain numéro.) 448 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. Chevrolat (1). 53. Anthobium cincticolle, bruuneo-fuscum; ore , antennis basi, thoracis et elytrorum margine pedibusque testaceis ; capite piano, foveolis quatuor brevibus ; thorace convexo, antice posticeque recto, Iateribus rotundatis; elytris thorace fere triplo longioribus, versus apicem amplioribus, versus suturam acuminatis, conferte punc- tatis et obsolète costulatis.— L., 2 1/2 m.; 1., 3/4. ,p Forme et grandeur de Y An. montanum, Er., d'un fauve brunâtre plus ou moins foncé ou clair. Tête large, arrondie, plane, brune ou ferrugineuse, assez fortement ponctuée sur le milieu, marquée de 4 impressions légères et courtes, dont une sur la bordure de chaque œil et deux vers l'occiput. Parties de la bouche et les 6 premiers art. des antennes ferrugineux ; les suivants brunâtres. Yeux ronds, saillants, noirs. Corselet presque carré, droit en avant et en arrière, élargi et arrondi sur les côtés anté- rieurs, régulièrement convexe sur le disque, d'un brun luisant, avec le quart de la bordure latérale d'un testacé rougeâtre , pointillé çà et là et le fond finement rugueux. Écusson lisse, petit, semi-arrondi. Éhjtres un peu plus larges que le corselet à la base dans sa plus grande étendue, 3 fois aussi longues, élargies sur le sommet de la marge, acuminées chacune sur la suture, couvertes d'un pointillé fin, assez serré, avec des côtes longitudi- nales obsolètes. Leur disque est plus ou moins brunâtre, et leur bord est assez largement marginé de testacé rou- geâtre. Pattes, dessous de la tête et du corselet ferru- gineux. Poitrine et abdomen noirs. Propygidium large- ment tronqué et faiblement cintré en dedans. Trois exemplaires P, des environs d'Alger, m'ont été envoyés par M. J. Poupillier. 54. Sitones alboviltatus , laete cinereus, capite rostroque minute squamosis, 1° convexo, 2° lato, antice eraarginato, deprcsso et albi- dulo ; sulco transverso et sulco longitudinali postice foveolato ; in (1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304 , 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409. TRAVAUX INÉDITS. 449 thorace et iu elytris quinque lineisque albidis ; aotennis basi ti- biisque pallidis. — L., 3 m.; I., 1 m. Voisin du Sitones brevicollis, S., mais de forme plus gra- cieuse et régulièrement arrondie; d'un gris tendre. Tête convexe ; trompe assez large, un peu amincie vers le bas, échancrée, déprimée et blanche au sommet; un sillon transverse au milieu, avec un court sillon longitudinal étroit, bien impressionné, est terminé par un enfonce- ment ponctiforme. Scapus de Y antenne et jambes ferrugi- neux. Yeux arrondis, noirs, entourés d'un cercle blanc. Corselet ovalaire, convexe, droit aux extrémités, légère- ment resserré près du bord antérieur, régulièrement ar- rondi et convexe sur le milieu, marqué de cinq lignes d'un blanc jaunâtre; celle qui regarde les yeux plus large. Ecusson petit, triangulaire, blanc. Elytres oblongues, con- vexes, à stries finement ponctuées et ayant les 5 lignes cor- respondantes à celles du corselet; la médiane est limitée avant le sommet. Corps, en dessous, d'un blanc jaunâtre. Cette jolie espèce a été découverte, près de Bone, par M. L. Lethierry, de Lille. 55. Phytonomus scapularis, affinis P. circumvago, S., planiuscu- lus, coriaceus, creberrime punctatus, griseus, pilis crispatis ciue- reis et nigris; rostro obsolète tricostalo; thorace piano, lineis tribus albidis; elytris puuctato-sulcatoque striatis, iaterstitiis ele- vatis. sparse guttatis fuscis, fasciola humerali fulva.— L., 5 m.; L, 2 3/4 m. Gris cendré, très-densément poilu, à poils crépus, gris et noirs; très-densément ponctué et coriace. Tête con- vexe, déprimée entre les yeux et offrant au centre un pe- tit tubercule. Trompe 1 fois 1/2 aussi longue, avec trois petites côtes longitudinales. Antennes d'un ferrugineux obscur. Yeux noirâtres , arrondis , peu saillants. Cor- selet cylindriquement tronqué en avant, cintré sur le dehors de la base, élargi et arrondi sur le milieu latéral, orné de trois lignes longitudinales blanchâtres. Ecusson très-petit, arrondi. Elytres planes, ovalaires, élargies vers le milieu, conjointement arrondies à l'extrémité, à stries 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Octobre 1860.) ponctuées et sillonnées; interstices élevés. Épaule, sur son arête, d'un gris blanchâtre ; quelques taches brunes irrégulièrement dispersées. Pattes et dessous du corps très-velus, d'un gris presque uniforme. Un seul exemplaire, des environs de Bone, m'a été en- voyé par M. Poupillier. 56. Trachyphlœus nodipennis, terreus vel rubidus, capite postice transverso, rostro piano, angulatis-, thorace transverso, piano, la- teribus obtuse angulato, canaliculato, tuberculis 4° ; elytris glo- bosis, seriebus septem tuberculorum setiferorum. — L., 3 m.; 1., 2 1/4. De la taille du T. tessellatus, Mrhm., mais à étuis orbi- culaires, d'un gris ou rouge terreux. Tête rétrécie circu- lairement au sommet, offrant une carène transverse et sur le côté en avant un angle très-aigu. Trompe plane, élargie, et presque anguleuse vers le milieu, échancrée au sommet; sillon longitudinal large, peu indiqué. Antennes à scapus très-renflé. Yeux très-petits, saillants, ronds, noirs. Corselet transverse, plan, avancé en un angle ob- tus sur chaque côté antérieur, offrant trois sillons longi- tudinaux et deux transverses obsolètes; quatre tubercules dorsaux en arrière, dont deux sur la base. Elytres orbi- culaires, ornées chacune de trois séries de gros tuber- cules ronds, offrant un pore au sommet, d'où sort une soie blanche , la suture offre aussi quelques tubercules vers le commencement et la fin, côtés inférieurs avec 4 stries. Pattes assez robustes, couvertes de poils blanchâtres, courts et roides; cuisses renflées au milieu, un peu apla- ties; jambes élargies au sommet, arquées, postérieures plus longues. Dessous du corps imponctué; côtés seuls du corselet granuleux. Je possède 3 exemplaires de cette espèce : le 1er, rouge- brique, des environs d'Oran, a été pris par M. Prophette; les 2e et 3e gris : l'un d'Alger, et l'autre de Sicile. 57. Holcorhinus pilosulus, coriaceus , paliide brunueus infra et su- pra squamulis aureis passim indutus; antennispedibusque ferru- gineis, tibiis curvatis ; capite antice trausverse sulcato, costula TRAVAUX INÉDITS. 451 longitudinali an lice furcata in rostro, intus sulcata ; thorace liaeis tribus aureis; elytris subglobosis, striis impressis obsolète punc- tulatis, interstitiis ad apicem albo-selosis. — L., 7 m.; 1., 4 m. Cet insecte est de la grandeur du Cneorhinus eœaratus , de Marsh., et lui ressemble beaucoup; finement co- riace, d'un brun clair (et semble nouvellement éclos), couvert surtout en dessous, sur la tête et sur la trompe, d'écaillés d'un vert doré. Tête transversalement convexe, ayant en avant un sillon cintré en arrière. Trompe sur- montée d'une petite carène longitudinale, bifide et cana- liculée en avant. Antennes et pattes pubescentes, ferrugi- neuses. Corselet un peu plus long que large, régulièrement arrondi sur les côtés et convexe en dessus, droit en avant, faiblement cintré sur le dehorsdela base, légèrement canali- culé au milieu et orné de trois lignes vertes. Ecusson nul. Elytres ovalaires, offrant chacune 9 stries également dis- tantes, étroites, profondes, avec des points peu visibles au fond. Leur sommet se prolonge en une pointe ob- tuse. D'une chasse d'hiver aux environs d'Alger ; envoyé par M. Poupillier. Les Nastus albo-punctatus et albo-marginatm de notre collègue M. Lucas font partie du genre Holcorhinus, et le premier est synonyme de Seriehispidus, Schr. Chœrorhinus (1). Nouveau genre de Curculionide, qui me paraît appartenir au groupe des Otiorhynchides et se rapprocher beaucoup de YElytrodon Chevrolatii, Reiche. L'insecte avec lequel je l'établis a été trouvé sous une pierre, à Blidah, par M. Poupillier, qui m'a procuré une suite d'espèces fort intéressantes de notre possession al- gérienne. Tête large, étroitement convexe sur le vertex, aplatie, déprimée en avant, impressionnée d'un point au centre. Trompe plus courte, épaisse, aplanie sur ses quatre faces, renflée au sommet inférieur, surmontée, en avant, d'une plaque oblique, comme dans les Coptorhinus, (I) Xo'ipoç, pourceau; p)?, trompe. k52 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) qui offre une carène en Y; son bord antérieur est angu- leusement échancré. Antennes insérées sur le côté en avant du rostre. Scapus mince, subitement renflé à son sommet et dépassant le bord antérieur du corselet; fu- nicule de 7 art. : les 2 premiers allongés, égaux, coniques, du double plus longs que les suivants; 3-5 moniliformes; 6e et 7e lenticulaires, perfoliés et velus; massue assez forte, en ovoïde long, plus épaisse à sa base et paraissant être quadriarticulé; le 1er art. est luisant et en occupe au moins la moitié ; les derniers revêtus d'une fine pu- bescence cendrée. Scrobe cintré sur le côté interne et ayant le sommet de sa courbe au-dessus de l'insertion. Yeux étroits, oblongs, verticaux. Prothorax aussi haut que large, droit aux extrémités, presque anguleux près du bord antérieur, couvert de points excavés, entremêlés de plis rugueux. Ecusson très-petit, triangulaire. Elytres oblongues, régulièrement convexes et arrondies sur la dé- clivité postérieure, ayant le sommet de la suture faible- ment déhiscent et bidenté. Pattes rapprochées, épaisses, velues; cuisses subitement renflées vers les 2/3, briè- vement évasées au sommet interne ; jambes robustes, élargies et un peu crochues sur l'extrémité, presque droites. Tarses antérieurs, à 1er art. triangulaire épais, à 2e arrondi et transverse, à 3e largement bilobé, à dernier grand arqué. Crochets courts, soudés, échancrés au som- met. Corps brun, recouvert d'un poil lanugineux, épais et incliné en arrière. 58. Chœrorhinus lanosimanus, rugulosus, brunneo-lanugioosus; antenois pedibusque piceo-ferrugiueis ; tibiis iutus ad apicem tarsisque lateribus albo-pilosis ; thorace punctis rudis excavato ; elytris punctato-striatis. — L., 6; 1., 3 1/3 m. Ruguleux, d'un brun opaque, recouvert d'un poil gris, lanugineux , très-épais , incliné en arrière. Tête aplatie devant, étroitement convexe sur le vertex, impressionnée d'un enfoncement ponctiforme au centre. Antennes et pattes ferrugineuses. Corselet légèrement convexe, près- TRAVAUX INEDITS. 453 que anguleux sur le côté antérieur, couvert de points ex- cavés, entremêlés de rides. Elytres avec 9 séries de points assez grands, presque carrés, à interstices alternes un peu élevés. Poitrine et abdomen offrant des points assez gros et épais. 59. Ceulhorhynchus subfasciatus, rugulosus, obscure fuscus; tho- race subconico, antice transverse constricto et reflexo, lateribus aogulato, caualiculato ; elytris fasciola laterali obliqua versus mé- dium, maculis 4or albis formata, iufra basio et ante apicem punc- tis tribus aigris transversim disposais, striga suturali nigra, et alia iuferius alba; femoribus acute deotatis; antcuuis tarsisque fulvis, unguiculis simplicibus. — L., 3 1/2; 1., 1 1/2, 2/3. Fauve, rugueux. Tête convexe. Trompe cylindrique, ar- quée, assez épaisse, rugueuse, logée dans un sillon qui dépasse l'insertion des pattes médianes. Tarses et antennes ferrugineux; massue^. ovalaire, allongée, aiguë, 3-articu- lée, cendrée. Yeux saillants, noirs. Corselet presque trian- gulaire, transversalement comprimé et relevé sur le bord antérieur, anguleux vers le milieu, droit au delà jusqu'à l'épaule, faiblement biarqué sur la base, profondément canaliculé au milieu, déprimé au-dessus de l'écusson. Elytres subovalaires, plus larges que le corselet, à épaules saillantes, coupées obliquement en avant, un peu moins larges et arrondies chacune à l'extrémité, à stries simples, étroites; une bande latérale et oblique vers le milieu, for- mée de 4 taches blanches; au-dessous de la base 3 points noirs placés sur les 2e, 3e et ke interstices, et 3 autres plus en dehors, sur le calus, disposés sur 2 lignes transverses. Suture vers le milieu avec un trait noir, suivi d'un trait blanc, qui atteint presque le sommet. Calus transverse, élevé et denticulé. Propygidium d'un blanc sale. Cuisses antérieures assez longues, recourbées en dessus à leur base, toutes armées'd'une épine aiguë en dedans. Jambes antérieures arquées. Crochets simples. Voisin du C. asperifoliarwn, Gr., des environs d'Alger. Envois de MM. Poupillier et Lethierry. 60. Cryptocephalus nigridorsum, flavo-rubidus, nitidus;margini- 454 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.) busanticiset lateribus thoracis flavis; scutello albo; elytris pal- lidioribus, puoctato-striatis, macula dorsali nigro-virente ornatis; pectorc taotum in cf nigro, pectore et abdomine nigris iu $ cum marginibus segmeutorum flavis ; anteunis basi pedibusque pallidis. — L., 2 3/8 m.;l., 11/4, 1 1/2. D'un testacé rougeâtre. Tête ponctuée çà et là, marquée d'un sillon cintré en avant et d'un sillon longitudinal qui s'élargit en avant. Antennes noirâtres, avec les 5 premiers articles et les patles d'un testacé pâle. Yeux noirs. Cor- selet rougeâtre, lisse, étroitement marginé de jaune en avant et sur les côtés et de noir en arrière ; angles posté- rieurs brièvement arqués; angles antérieurs abaissés, ai- gus et courts. Ecusson blanc. Elytres d'un jaune pâle, plus étroites et plus allongées chez le J\, à stries ponc- tuées, offrant une grande tache dorsale d'un noir verdâ- tre, qui couvre la base, s'étend jusqu'aux 3/4, et est limi- tée entre les 4e et 5e stries suturâtes. Corps du g à poi- trine noire ; de la p noir, avec les bords inférieurs et latéraux des segments abdominaux jaunes. Je possède 3 exemplaires de cette espèce que m'a en- voyés M. Poupillier : ils proviennent des environs d'Al- ger. Elle devra se placer près du C. pulchellus, Suffrian. 61. Acmœodera ramosa, affinis Ac. adspersœ et vicinœ, nigro- opaca, submetallica, cuprea subtus, pube albida brevi undique induta;capite sulcato, autice arcuatim emarginato, bilobato; thorace granoso, punctato, rugis obliquis aliquot dorsalibus, sulco lougitu- dinali postice valde impresso, basi foveis duabus puoctiformibus basalibus; elytris granulatis, punctato-striatis, nigro-opacis ex numéro ad apicem suturae flavo-lineolatis, maculatis vel traos- verse fasciolatis (sutura nigra scalariformi ). — L., 7 m.; 1., 2 1/2 m. Très-densément ponctuée, granuleuse, recouverte d'un poil court blanchâtre. Sa couleur, en dessus, est d'un brun noirâtre opaque, à reflets un peu métalliques, et est cui- vreuse en dessous. Tête granuleuse, à ponctuation petite, peu distincte; sillon longitudinal obsolète, entier. Chape- ron lobé sur chaque côté, cintré au milieu. Antennes d'un TRAVAUX INÉDITS. 455 cuivreux un peu verdàtre. Yr.ux noirâtres. Corselet trans- verse, à ponctuation plus forte, serrée, granuleuse sur les bords, quelque peu ridée vers le milieu du disque en ar- rière; sillon longitudinal obsolète très -déprimé sur la base. Elytres de la largeur du corselet sur la base et re- bordées en cet endroit, 3 fois aussi longues, amincies et arrondies conjointement sur l'extrémité, d'un brun noi- râtre, quelque peu métallique, ornée extérieurement, sur une ligne oblique, qui part de l'épaule vers le sommet de la suture, d'un fond jaune, varié de petites taches et de bandelettes transverses noirâtres. La suture se détache en échelons noirs et s'élargit vers son origine; stries rem- plies de points rapprochés; interstices granuleux et ponc- tués. J'ai acquis cette espèce de M. Parzudahky. 62. Silaria trifasciala, flava ; thorace rubro ; elytris transverse ru- gosis; fasciis tribus nigris, 1° et 2° suturaeadnexis; fronte, oculis, antennis ad apicem, corpore infra pedibusque posticis , nigricanti- bus. — L.,21/2m.;l., 1 m. Voisine de la G. varians, Mt. (var. Collaris, Dej.). — Tête testacée obscure sur le vertex. Antennes noires, avec les k premiers articles testacés. Corselet rouge, lisse. Elytres à rides transversales très-fines, testacées, ayant trois bandes droites, d'un noir fuligineux; lre basale, 3e apicale, et la 2e et la plus large ne commence que vers le milieu et s'étend en arrière. Corps, en dessous, noir. Pattes an- térieures et médianes, moins le dernier article des tarses et les crochets, testacées ; postérieures, noirâtres. 2 exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été envoyés par M. Poupillier. 63. Coniatus triangulifer, staturœ C chrysochlorœ, sed major, squamulis albido-aureis , cyaneo-plumbeis rhodiuisque indutus; capite rhodiuo, fascia intra oculari viride ; rostro antennisque fla- vis ; thorace vitta média albida , vitta arcuata in utroque laterc, cyanescente limboque intimo albicante; elytris parallelis, anguste striatis, albido-aureis, fasciis tribus obscuris la basi, lata triangu- lari , 2a ex humero versus apicem suturœ, in medio interrupte 3» que 456 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.) sublaterali, viridi', callum albidum includente; corpore albido; pedibus lœte viridibus. — L., 2 3/4 m.; 1., 3/4 m. Cette espèce a la forme du C. chrysochlora, Luc.; mais elle est plus grande et ses dessins sont autrement formés, ses couleurs sont moins brillantes. Couvert d'écaillés d'un blanc nacré, parfois dorées, et d'autres d'un bleu foncé mélangé de vert obscur. Tête d'un blanc rosacé, offrant un bandeau vert au milieu des yeux. Trompe arquée, cy- lindrique, non sillonnée, d'un jaune ocracé, avec sa base colorée comme la tête. Antennes jaunâtres. Yeux noirs. Corselet, sur la ligne médiane, d'un blanc nacré teinté de rose, avec des écailles dorées près du bord an- térieur; côtés marqués d'une ligne arquée et un peu plus épaisse, et anguleuse en dedans vers la base, d'un bleu vert obscur; son bord intime est étroitement marginé d'un blanc vert tendre. Elytres à stries très-étroites, pa- rallèles, d'un blanc nacré, marquées de trois bandes : lre grande, triangulaire, d'un bleu obscur verdâtre, cou- vrant toute la base et dirigée obliquement sur la suture; 2e noirâtre, oblique, interrompue entre les 3e et 4e stries, présentant ensuite sur la suture un V bien dessiné ; 3e verte, submarginale, oblique, raccourcie, renfermant sur son bord inférieur le calus, qui est petit et blanc. Celui-ci sert de réunion aux stries centrales. Corps, en dessous, blanc et vert. Pattes d'un joli vert tendre. Un seul exemplaire m'a été envoyé par M. Poupillier, qui a reçu cette espèce comme se trouvant à Bone. 65. Geranorhinus (1) rufirostris, elongatus, squamosus, punctatus, vix pilosus, griseo-rosaceus et viridis; capite convexo; rostro cy- lindrico , antennisque rufis ; oculis nigris ; thorace oblongo, autice posticeque recto, pone margioes constricto, in dimidia parte antica, (1) Nom de genre d'Erirhinide, qui m'a été transmis sans celui de l'auteur, avec la désinence féminine, et que j'ai changé en mascu- line, pour me conformer au système de Schoenherr. Une deuxième espèce d'Egypte a été brièvement décrite par Mot- schulsky {Etudes entomolog., 1858, p. 70;, sous le nom de Tychius suturalii. Ces Insectes vivent sur les tamarix. TRAVAUX INÉDITS. 457 guttis nigris cooglomeratis signato; elytris elongatis, parallelis, modice conveiis, puoctato-striatis , griseo-aureis, ad latera viri- dibus, nigro-guttulatis; corpore infra pcdibusque viridibus. — L., 1 2/3 m.; 1.1/2 m. D'un gris un peu rosacé et doré ou vert, ponctué, iné- gal. Tête arrondie, légèrement dorée, maculée de noir. Trompe du double plus longue, cylindrique, faiblement arquée, d'un jaune ocracé. Antennes de même couleur, insérées un peu en avant du milieu, à scapus légèrement renflé, atteignant le milieu de l'œil; funicule à 1er article allongé, subconique, les six suivants minces et courts. Massue plus ou moins ovoïde, aiguë. Yeux latéraux, en- foncés, arrondis, noirs. Corselet ponctué, inégal, oblong, droit aux extrémités, comprimé près des bords antérieurs et postérieurs, arrondi avant le milieu, convexe sur le disque, de couleur rosacée; sa moitié antérieure offre des gouttelettes noires plus ou moins rapprochées. Ecusson paraissant nul. Elytres un peu plus larges que le corselet, 3 fois aussi longues, parallèles, légèrement amincies vers le sommetdelamargeet s' arrondissantconjointementsur l'ex- trémité, faiblement cintrées sur le dedans de la base, d'un gris doré, à teinte rosée en dessus, vertes sur les côtés, avec de petites taches noires plus étendues surla base et le haut de la suture; chaque étui est brièvement velu et présente 9 stries ponctuées et assez profondes; interstices étroits et élevés. Pattes vertes ; cuisses inermes, modérément ren- flées. Jambes cylindriques, presque droites, postérieures plus longues, arquées; toutes sont un peu onguiculées sur le sommet interne. Tarses grêles, à dernier article très-grand, muni de 2 longs crochets simples. M. L. Lethierry a trouvé cette espèce aux environs de Biskra. 66. Sibynes sublineatus, breviter ovalis, supra pube ochracea, infra alba indutus; rostro longitudine; caput et thoracem exsuperante, basi albo, apice acuto nigro ; thorace subcostato, lineis tribus albis ; scutello albo; elytris singulatim lineis quinque albis ; centralibus aliquoties dimidiatis.— L., 3, 4 1/2 m.; 1., 1 1/3, 1 ly2 m. 2« gÉRiB. t. m. Année 1860. 30 458 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Octobre 1860.) Ovalaire, ocracé en dessus , d'un blanc de chaux ou d'un blanc lavé de vert, au-dessous ou sur les lignes. Tête ocracée, convexe. Trompe cylindrique, arquée, subite- ment amincie au sommet, aussi longue que la tête et le corselet réunis, blanche entre les yeux, obscure au mi- lieu, noire au delà. Antennes à scapus subitement renflé et conique, obscur, à funicule ferrugineux, à massue cendrée. Yeux noirs. Corselet presque triangulaire, convexe en arrière, snbcaréné au milieu, marqué de trois lignes blanches. Ecusson blanc. Elytres à stries minces, offrant chacune cinq lignes blanches, quelquefois entières, min- ces ou élargies, avec les centrales n'occupant plus que leur moitié, soit de la base ou du sommet vers leur mi- lieu. Pattes et corps blancs; cuisses renflées et à peine anguleuses en dedans vers le sommet. Cinq exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été adressés par M. Poupillier. M. Géhin m'en a envoyé un exemplaire pris à Metz, qui ne diffère en rien des autres : il fait partie de la lre division dé Schr. 67. Sibynes harmonicus, S. phalerato, Se, similis, sed duplo major ; albido sordidus ; froate lateribus, oculis, rostro ad apicem, in tho- race vittis 2bus dorsalibus arcuatis in elytris, macula elongata usque ad médium , ducta , linea laterali, liueolis 1 r basalibus ; intima arcuatim usque, ultra mediam proteusa, trifariamque in- terrupta, nigris. — L., 3 1/4 m.; 1., 2 m. Ovalaire, d'un blanc sale. Tête blanche au milieu, noire de chaque côté. Trompe ayant la longueur au moins de la tête et du corselet, blanchâtre avec le tiers apical noir et aminci. Antennes un peu ferrugineuses. Yeux noirs sail- lants. Corselet subtriangulaire, plus large que haut, ar- rondi sur les côtés, marqué de deux bandes dorsales ar- quées d'un noir velouté. Ecusson blanchâtre. Elytres pré- sentant au-dessous de l'écusson une tache allongée s'é- tendant jusqu'au milieu, une bande latérale limitée vers le sommet de la marge et deux petites lignes basales de chaque côté, qui toutes sont noires; l'interne reparaît peu après, et un point forme dans leur ensemble une SOCIÉTÉS SAVANTES. 459 sorte d'ogive trois fois interrompue. Pattes et corps de la couleur du dessus. Unique. Environs d'Alger. Reçu de M. Poupillier. Elle appartient aussi à la lre division des Schr. 68. Baridius malachiticus, simillimus B. picicorni, Mars., Steph. (punclato, Dej. Sch.), sed brevior et latior, interstitiis elyirorum nullo modo punctatis prœcipue differt, viridis, crebre punctalus in thorace (linea longitudinali laevi), pectore, abdoinine pedibusque. — L., 3 2/3 m.; 1., 13/4 m. D'un vert foncé un peu mat, très-densément ponctué. Tête lisse, convexe, offrant un petit étranglement entre les yeux. Trompe épaisse, cylindrique, arquée, pointillée, cuivreuse. Antennes d'un brun de poix à funicule revêtu de poils courts d'un blanc nacré; massue ovalaire cen- drée à l'extrémité. Corselet plus long que large, convexe, atténué en avant, régulièrement arrondi sur les côtés, couvert d'une ponctuation serrée, allongée ; ligne mé- diane étroite, lisse. Ecusson arrondi, noir. Elytresà peine plus larges que le corselet, 3 fois aussi longues, convexes, conjointement arrondies sur l'extrémité, et stries sim- ples, assez profondes; interstices imponctués, arrondis. Poitrine, abdomen très-ponctués. Pattes également ponc- tuées, cuivreuses. Quelques poils courts et gris sont à peine perceptibles. Des environs d'Alger. Un exemplaire m'a été envoyé par M. Wagner, et un autre par M. Poupillier. II. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences de Paris. M . Balbiani adresse une Note sur un cas de parasitisme improprement pris pour un mode de reproduction des Infu- soires ciliés. M. Coinde soumet au jugement de l'Académie une No- tice sur une espèce de Gremille (Acerina) provenant de la 460 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) Saône et qu'il croit n'avoir pas été connue jusqu'à ce jour des ichthyologistes. Nous reviendrons sur ce travail. Séance du 3 septembre. — M. Serres lit une Note sur le développement des premiers rudiments de l'embryon. Plis primitifs, ligne secondaire. Ce beau travail est peu susceptible d'analyse, mais il a été résumé par son auteur dans les conclusions suivantes : « De ce qui précède il suit « 1° Que les deux plis primitifs qui se manifestent sur la surface du disque prolifère sont les premiers rudiments de l'embryon naissant, ce qui justifie 'pleinement le nom de plis primitifs que leur a donné M. Pander; « 2° Que la bandelette axile qui les sépare est le résultat du soulèvement de la membrane du disque prolifère dans les points où ces plis se manifestent; « 3° Que cette bandelette axile est lisse, plane, transpa- rente et sans nulle trace de ligne le long de son axe; « 4° Que, par suite des développements, les bourrelets que forment les deux lignes primitives se rapprochent l'un de l'autre en attirant à eux la bandelette axile; « 5° Que, par ce rapprochement, les bourrelets des plis primitifs étant amenés au contact, il se manifeste entre eux une ombre linéaire, une rainure, une ligne enfin, qui n'est que de seconde formation et que, en raison de cette formation même, nous nommons ligne secondaire. » ■M. Pasteur lit un Mémoire intitulé Nouvelles expériences relatives aux générations dites spontanées. MM. Philipeaux et Vulpian, en présentant au concours pour le prix de physiologie expérimentale leur mémoire intitulé Recherches expérimentales sur la génération des nerfs séparés des centres nerveux, y joignent une Note qui en est à la fois l'analyse et le complément. M. Champouillon présente d#s considérations sur la ru- béfaction produite par le contact des nids ou bourses soyeuses du Bombyx processionnaire. Il recherche quel est l'agent immédiat de l'érythème produit non-seulement SOCIÉTÉS SAVANTES. 461 par le contact, mais même par le voisinage de ces bourses quand elles sont agitées, et répandent dans l'air la matière pulvérulente dont elles sont farcies; il examine les moyens qu'on a conseillés pour calmer cet érythème de la peau, parfois très-douloureux et accompagné de fièvre; il ne croit donc pas qu'un agent sujet à produire d'assez graves accidents puisse, comme l'avait pensé Réaumur, rempla- cer les vésicatoires ordinaires, ni, comme on l'a proposé récemment, être employé pour rappeler une rougeole et une scarlatine disparues par délitescence. Séance du 10 septembre. — M. G. Lambl présente une Note accompagnée d'une figure sur une particularité que pré- sente la colonne vertébrale chez une femme de race hot- tentote dont le squelette est conservé dans le musée d'his- toire naturelle de Paris. Cette particularité, dont le trait dominant est que, à la cinquième vertèbre lombaire, l'arc est détaché du corps de la vertèbre au point de la portion interarticulaire, c'est-à-dire entre l'apophyse articulaire supérieure et l'inférieure, entraîne quelques modifications dans d'autres parties du squelette et paraît avoir été en rapport avec un certain état des parties molles, état si- gnalé, d'ailleurs, chez d'autres femmes, également du continent africain, mais appartenant à des races diffé- rentes. L'anomalie en question, rare en Europe, s'est pré- sentée dans quelques cas pathologiques ou tératologiques dont M. Lambl s'est précédemment occupé et dont il a fait l'objet de trois publications qui ont paru à Prague et à Wurzbourg. Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Serres. Séance du 17 septembre. — M. I. Geoffroy Saint-Hilaire lit une Note sur diverses tentatives d'introduction et d'accli- matation du Lama et de VAlpaca, et particulièrement sur le troupeau qui vient d'arriver à Paris. Après avoir rappelé la place importante qu'ont prise dans l'industrie les laines de Lama et surtout d'Alpaca, l'éminent zoologiste parle des différentes tentatives qui 462 kev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) ont été faites depuis Buffon pour acquérir ces animaux utiles, et il arrive à l'annonce de l'arrivée d'un troupeau de quarante-trois individus, ramené du Pérou, pour la Société d'acclimatation, par M. Roehn, dont le nom se rattache honorablement à plusieurs entreprises de ce genre. Le troupeau se composait, au départ du Pérou, de plus décent têtes; mais les circonstances dans lesquelles se trouvent présentement le Pérou et la Bolivie ont obligé M. Roehn de traverser, en caravane, une grande partie du continent américain ; et durant ce difficile et périlleux voyage, et ensuite pendant une traversée dont la durée a été exceptionnellement longue, plus de la moitié des in- dividus a successivement succombé. En des mains moins habiles et moins expérimentées, le troupeau eût vraisem- blablement péri tout entier. Quelques-uns seulement de ces animaux resteront au jardin d'acclimatation. Six Alpacas et Lamas sont destinés à S. M. l'Empereur, et quelques autres à la Société d'accli- matation des Alpes et à M. de Rothschild, qui avait désiré prendre part aux frais et aux chances de l'expédition; le reste du troupeau ira rejoindre au printemps, dans le dépôt de reproduction que la Société d'acclimatation a créé dans le Cantal, d'autres animaux de montagne, et particulièrement plusieurs Yacks et le principal troupeau de chèvres d'Angora de la Société. Le même savant lit un travail ayant pour titre Classi- fication zoologique et anthropologique. Il fait hommage à l'Académie de trois tableaux lithographies, présentant, sous une forme synoptique, les rapports des groupes prin- cipaux du règne animal et la classification des races hu- maines. « Les groupes primaires admis en zoologie par l'auteur sont au nombre de trois : les animaux binaires, groupe depuis longtemps établi par M. de Blainville, les rayonnes et les homogènes. L'objet de ce tableau est de montrer que * SOCIÉTÉS SAVANTES. 463 ces trois groupes représentent trois termes d'une série très-régulièrement constituée, et que leurs caractères es- sentiels sont susceptibles d'être ramenés à des considéra- tions géométriques et arithmétiques dont le rapproche- ment fait nettement saisir l'ordre sériai. Du premier au dernier (et il en est de même dans les embranchements et classes, des premières subdivisions aux dernières), la simi- larité se prononce de plus en plus, et le mode de coordi- nation se simplifie. Ainsi, pour commencer par le carac- tère géométrique, il y a, dans le premier groupe, coordi- nation des parties similaires par rapport à un plan, plus généralement à une surface;^ coordination se fait, dans le second, par rapport à une ligne; dans le troisième, par rapporta un point ; ou, en d'autres termes, par rapport à une épine, à un axe et à un centre. Dans le premier, en outre, les parties similaires se répètent deux à deux; dans le second, plusieurs à plusieurs; dans le troisième, en nombre très-grand et indéfini, sinon infini ; d'où, en un mot, la dualité, la multiplicité définie et la multiplicité indéfinie ou indéfinité, selon une expression déjà employée en phi- losophie. a Dans le tableau anthropologique, l'auteur donne place à douze races, les seules qu'il regarde comme encore assez bien connues pour être exactement classées. Parmi elles, les quatre principales sont, suivant lui, les races cauca- sique, mongolique et élhiopique, placées de même, par tous les auteurs, au premier rang, et la race hottentote; celle-ci rattachée par les uns à la mongolique, par d'autres à l'éthiopique, parce qu'elle réunit plusieurs des caractères principaux de l'une et de l'autre. On sait que dans la race caucasique, et c'est ce qui la distingue essentiellement, il y a prédominance de la région supérieure de la tète, c'est- à-dire du crâne et du cerveau, sur les mâchoires et les or- ganes des sens, ou, comme l'a remarqué M. Serres, des parties nourries par la carotide interne sur celles qui le sont par la carotide externe. Il y a, au contraire, prédo- 46fc rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) minance dans la race mongolique de la région moyenne, qui est très-élargie, et dans la race éthiopique de la région inférieure, qui se projette en avant. Le caractère très-re- marquable de la race hottentote est la prédominance à la fois de la région moyenne et de la région inférieure, en un mot de la face tout entière, qui est à la fois élargie et projetée en avant; d'où la réunion des conditions qui pla- cent au second rang la race mongolique et font descendre au troisième la race éthiopique. En d'autres termes, la race caucasique étant orthognathe, la mongolique eury- gnathe et l'éthiopique prognate, la hottentote est à la fois eurygnathe et prognathe. A ce caractère très-important et qui en fait, dans la série des races humaines, un dernier terme diamétralement opposé au premier, la race hotten- tote joint un mode d'insertion des cheveux qui lui est propre, une disposition spéciale des orteils décroissant graduellement, comme les tuyaux d'une flûte de Pan, de l'interne à l'externe, le développement des nymphes, et diverses dispositions ostéologiques et encéphaliques déjà bien étudiées par divers auteurs. « La race hottentote, une des moins importantes, si l'on compte le nombre des individus qu'elle comprend et le rôle qu'elle joue dans l'humanité, en un mot si on la con- sidère au point de vue ethnographique, est, au contraire, comme on le voit, une des plus importantes, une des races de premier ordre au point de vue taxonomique, et d'après la valeur des modifications qui la caractérisent. « Entre les races caucasique, mongolique, éthiopique et hottentote, qui représentent, pour ainsi dire, les quatre points cardinaux de l'anthropologie, se placent toutes les autres races. Leurs innombrables modifications et les pas- sages qui ont lieu de l'une à l'autre forment, de leur en- semble, une sorte de réseau qui relie plus ou moins inti- mement entre elles toutes les variations du type humain. « Les races que M. Geoffroy Saint-Hilaire a cru pouvoir comprendre dans son tableau, comme déjà suffisamment distinctes, sont les suivantes : SOCIÉTÉS SAVANTES. 465 Races à cheveux lisses : caucasique, alléganienne, hy- perboréenne, malaise, américaine ; mongolique, parabo- réenne, australienne. Races à cheveux crépus (appartenant particulièrement à l'hémisphère austral) : cafre, éthiopique, mélanienne ; HOTTENTOTE. » M. Albert Gaudry écrit pour faire connaître les résultats des nouvelles fouilles exécutées, sous les auspices de X Aca- démie, à Pikermi (Grèce). Le jeune paléontologiste a découvert dans ces terrains dix-sept têtes de Singes, dont huit étaient rassemblées dans un espace qui avait tout au plus 3 mètres cubes. Il a de nombreux ossements d'Hyènes, de Thalassictis, Pseu- docyons, d'une nouvelle espèce de Civette, etc., etc. M. Valenciennes, à l'occasion de cette communication, ajoute qu'il a reçu en même temps une lettre dans la- quelle M. A. Gaudry lui annonce l'envoi prochain d'une collection d'épongés conservées dans l'alcool. Séance du 24 septembre. — M. Serres lit une deuxième Note sur le développement des premiers rudiments de l 'em- bryon ; absence des rudiments de la corde dorsale dans le pre- mier jour de sa formation ; viduité primitive de la ligne se- condaire. « De ce travail et de ce que nous avons exposé dans la première Note, dit l'auteur en terminant, il suit « 1° Que la corde dorsale n'existe pas dans le premier jour et la moitié du second de la formation de l'embryon des Oiseaux ; « 2° Que la ligne secondaire que l'on a personnifiée sous ce nom offre un intervalle libre existant entre les bords internes des plis primitifs, ligne qui s'infléchit avec eux au moment de la formation du capuchon céphalique; « 3° Que cette ligne secondaire ou cet intervalle des plis primitifs ne saurait être pris pour le rudiment d'un corps quelconque, puisque la lumière le traverse librement lors- qu'on observe la préparation au microscope ; « 4° Il suit enfin que, si la corde dorsale n'existe pas 466 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) dans le premier jour de la formation de l'embryon, elle n'est pas et elle ne saurait être l'axe autour duquel viennent se former les premières parties du fœtus. » M. A. Gaudry annonce l'envoi des fossiles dont il a fait connaître la découverte dans une précédente lettre. Séance du 1er octobre 1860. — M. Gratiolet lit un Mé- moire intitulé Recherches sur le système vasculaire sanguin de l'Hippopotame. Cette étude était d'une grande importance physiolo- gique, à cause de la faculté que possède l'Hippopotame comme animal plongeur. M. Gratiolet l'a faite avec cette supériorité qui le carac- térise. Il a constaté surtout l'existence d'un anneau mus- culaire comprimant la veine cave inférieure, ce qui di- minue l'activité du travail, en sorte que la quantité d'air que l'animal emporte sous l'eau en fermant ses narines suffît d'autant plus longtemps que les courants sanguins sont plus faibles et plus lents. La flamme se fait petite, ainsi que le dit très-ingénieusement M. Gratiolet, pour vivre plus longtemps dans une atmosphère limitée. En un mot, l'Hippopotame, comme les autres Mammifères plon- geurs, acquiert cette faculté en détournant de ses pou- mons la plus grande partie de son sang, se faisant ainsi, par instants et par une suite d'artifices très-simples, sem- blable, à certains égards, aux Reptiles, chez lesquels la circulation pulmonaire n'est qu'une dérivation partielle de la circulation générale. M. E. Faivre a présenté un Mémoire sur l'influence du système nerveux sur les mouvements respiratoires chez les Dytiques. Comme on devait s'y attendre, l'auteur est arrivé à des résultats analogues à ceux qu'avait obtenus depuis long- temps M. Flourens à la suite de ses célèbres expériences sur les animaux supérieurs. M. Lemaire adresse une Note ayant pour titre Rôle des Infusoires et des matières albuminoïdes dans la fermenta- tion, la germination et la fécondation. SOCIÉTÉS SAVANTES. 467 M. Lemaire pense que les Infusoires, si abondamment répandus dans la nature, et qui ont été constatés dans la liqueur séminale de presque tous les animaux connus, dans les organes mâles de presque toutes les plantes, constituent \eprimutn movens des phénomènes de fermen- tation, de germination et de fécondation, mais que, pour que leur action se manifeste, leur réunion avec les ma- tières albuminoïdes paraît indispensable. Séance du 8 octobre. — M. Jules C loquet présente une botte faite avec la peau tannée du Boa constrictor, dont le cuir offre une force et une souplesse remarquables. Séance du 15 octobre. — M . Valenciennes lit une Note sur les Spongiaires' envoyées des côtes de V At tique par M. Albert Gaudry. Après avoir donné un résumé de ce que l'on sait sur la constitution variée des éponges, le savant académicien montre que celles que Ton doit à M. Gaudry appartien- nent à son genre Adyctia et forment une espèce nouvelle qu'il nomme Adyctia Proserpinœ. M. Serres lit une troisième note sur le développement des premiers rudiments de Vembryon. — Formation primitive de Va.re cérébro-spinal du système nerveux. — Développement de la corde dorsale et du canal vertébral. Après un assez long développement, le savant anato- miste se résume ainsi : « En résumé, on peut déduire de ce qui précède 1° que l'axe cérébro-spinal du système nerveux est le premier des organes qui se détache de la substance plastique qui constitue l'embryon ; 2° que, par suite de cette primogé- niture, son mode de formation devient le type de la for- mation des autres organismes ; 3° que les noyaux verté- braux par lesquels débute le canal osseux qui doit en- caisser l'axe cérébro-spinal sont constamment doubles; 4° que les parties de ces demi-noyaux qui doivent consti- tuer le corps de la vertèbre sont réunies en avant par une lame fibreuse dont la transformation osseuse complète le corps de chaque vertèbre; 5° que sur l'axe de réunion des 468 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.) demi-noyaux des corps vertébraux apparaît un filament cartilagineux renfermé dans une gaine fibreuse ; 6° que ce filament cartilagineux qui constitue la corde dorsale est continu et ne présente pas les intersections qui caracté- risent la colonne vertébrale des animaux vertébrés; 7° enfin on peut en déduire la probabilité que, dans l'hy- stogénie microscopique, l'organisation paraît suivre, dans l'arrangement de ses éléments, les règles qui lui sont pro- pres pour les organes eux-mêmes. » M. P. Gratiolet donne lecture d'un Mémoire ayant pour titre Recherches sur V encéphale de V Hippopotame. Ce beau travail, étant destiné à notre Revue, sera mieux apprécié par nos lecteurs. M. Vanner adresse une Note concernant deux expé- riences qu'il a faites sur la circulation du sang, expé- riences dont l'une est relative à la quantité de sang qui pénètre dans le ventricule à chaque diastole, l'autre à la lenteur de la marche des globules dans les vaisseaux ca- pillaires. Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Cl. Bernard, déjà désigné pour plusieurs autres communications du même auteur relatives à la circulation sanguine. Séance du 22 octobre. — M. Charles Robin lit un Mé- moire sur la structure intime de la vésicule ombilicale chez les Mammifères. Les deux paragraphes suivants, pris dans les Comptes rendus, donneront une idée de l'importance et de la portée du travail de l'éminent anatomiste. « Les anatomistes et les embryogénistes qui ont décrit la vésicule ombilicale se bornent à dire, en parlant de sa structure, qu'elle est constituée par le feuillet muqueux du blastoderme. Aucun ne s'est préoccupé de la compa- raison des éléments anatomiques qui composent les pa- rois de cet organe avec ceux de l'amnios, de la tache em- bryonnaire et des tissus du fœtus qui succèdent à cette tache. SOCIÉTÉS SAVANTES. 469 « Les résultats de cette comparaison sont cependant importants. Les cellules qui, par leur juxtaposition et leur cohérence, constituent les feuillets du blastoderme ne sont pas seulement dissemblables d'un feuillet à l'autre de cet organe comme on le savait, elles sont, en outre, d'es- pèce différente dès leur origine et pendant toute la durée de leur existence dans la partie dite tache embryonnaire et dans celle qui, continue avec elle, formera bientôt l'am- nios d'une part et la vésicule ombilicale de l'autre. Dès l'apparition des diverses parties du blastoderme, on peut constater des différences de texture entre celles dont vont provenir les organes définitifs et permanents de l'embryon et celles qui forment les organes temporaires transitoires du fœtus. Ainsi il n'y a pas similitude entre toutes les cel- lules du blastoderme ; le nom de cellules embryonnaires ne doit plus être considéré comme servant à désigner une seule espèce d'éléments anatomiques, mais il doit avoir un sens générique, et il s'applique à plusieurs espèces d'éléments ayant les caractères de cellules. » MM. N. Jolly et Ch. Musset présentent un travail inti- tulé Nouvelles expériences sur Vhétérogènie, au moyen de Vair contenu dans les cavités closes des végétaux. M. P. Gervais adresse une Note sur la présence du grand Daim et du Renne parmi les fossiles du midi de la France. M. de Martini adresse une Note sur la constitution ana- tomique des nerfs des sens dans le genre Aplysia. Séance du 29 octobre. — En présentant des cocons vi- vants du Ver à soie de l'Ailante, nous avons eu l'honneur de donner lecture d'un travail intitulé Note stir la pre- mière éducation en grande culture du Ver à soie de Vailante ou faux vernis du Japon, par M. Guérin-Méneville, En se livrant aux études les plus abstraites et les plus élevées de la théorie , l'Académie n'a jamais négligé les applications de la science, et son organisation même le prouve, puisqu'elle compte, parmi ses membres, des sa- vants dont les travaux ont plus spécialement ces applica- tions pour objet, comme, par exemple, que ceux qui com- 470 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.) posent la section d'économie rurale. Aussi elle a accueilli avec sympathie les communications que j'ai eu l'honneur de lui faire, depuis longtemps, sur la zoologie appli- quée, et, récemment, sur l'introduction dans la grande culture du Ver à soie de l'ailante, destiné à jouer un rôle important , comme producteur d'une nouvelle matière textile, qui viendra s'ajouter dans notre industrie, à la soie et à la laine, dont la disette se fait si fâcheusement sentir. Les essais pratiques d'éducation du Ver à soie de l'ai- lante augmentent, chaque année, en nombre et en impor- tance, et ma persévérance énergique, encouragée par l'assentiment unanime de tous les amis de notre agricul- ture et de notre industrie, semble devoir être couronnée de succès. En effet, malgré les mauvais temps qui ont régné cette année, mes expériences pratiques d'éducation ont donné les résultats les plus satisfaisants; ce qui a en- gagé beaucoup de propriétaires à faire des plantations d'ailantes. Je ne reviendrai pas sur l'expérience, en plein air, que j'ai pu faire au milieu du bois de Boulogne, car des mil- liers de visiteurs et plusieurs illustres membres de l'Aca- démie, parmi lesquels, je citerai MM. le maréchal Vail- lant et Geoffroy Saint- Hilaire, ont bien voulu l'examiner et m'ont même témoigné toute leur satisfaction de vive voix et par écrit. Je viens, aujourd'hui, mettre sous les yeux de l'Aca- démie, un échantillon (3,000 cocons vivants) du produit de la première éducation vraiment agricole faite, en France, sur des ailantes plantés spécialement en vue de cette récolte, par M. le comte de Lamote-Baracé, dans son beau domaine du Coudray-Montpensier , près Chinon (Indre- et-Loire). Après avoir placé simplement les jeunes vers à soie sur les haies d'ailantes de sa plantation, M. de Lamote traitant cette éducation comme les cultures de céréales, de vignes, de colza, etc., sans employer aucune main-d'œuvre, ni pré- SOCIÉTÉS SAVANTES. kl\ cautions extraordinaires contre les attaques des oiseaux et autres ennemis, et malgré un mauvais temps constant, a obtenu encore plus de 100,000 beaux cocons que nous destinons à la reproduction pour l'année prochaine, et avec lesquels je pourrai faire assez de graine pour satis- faire largement aux nombreuses demandes que j'inscris tous les jours. En effet, chaque papillon femelle donnant plus de 250 œufs, en supposant que, sur nos 100,000 co- cons, la moitié contienne des femelles, on voit que ces 50,000 papillons me donneront plus de 12,000,000 d'oeufs, quantité très-supérieure à celle qui sera nécessaire, car les plantations d'ailantes faites récemment ne pourraient nourrir tous ces Vers. On peut dire, aujourd'hui, sans exagération, que la seule main-d'œuvre nécessitée par ces éducations en plein air est la confection de la graine, l'éclosion des jeunes Vers, leur pose sur les arbres et la cueillette des cocons. Une fois les arbres ensemencés de ces Vers à soie, l'agri- culteur n'a plus qu'à les laisser brouter pendant un mois environ, et il trouve sa récolte pendue aux feuilles, sur lesquelles il y a souvent plus de 20 cocons, ainsi que l'Académie peut le voir en examinant les feuilles que j'ai déposées sur le bureau. C'est cette simplicité dans les procédés d'éducation, cette absence presque complète de main-d'œuvre, qui distingue ma nouvelle culture de celle du Ver à soie du mûrier. En effet, on sait que celui-ci nécessite des bâti- ments, du chauffage et de nombreux ouvriers pour cueil- lir la feuille du mûrier, l'apporter à la magnanerie, la servir quatre ou cinq fois par jour aux Vers à soie, enle- ver souvent les litières, et poser les bruyères ou rameaux dans lesquels ils font leurs cocons. Je borne là cette note, en remerciant l'Académie de l'extrême bienveillance avec laquelle elle a bien voulu ac- cueillir mes communications sur ce sujet, et en prévenant ceux de ses membres qui s'y intéressent plus spécialement qu'ils trouveront de nombreux détails sur cette nouvelle 472 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.) industrie agricole dans mon Rapport à S. M. l'Empereur sur les travaux entrepris par ses ordres pour introduire les Vers à soie de l'ailante en France et en Algérie, et dans un petit traité sur le même sujet intitulé : Education des Vers à soie de l'ailante et du ricin, culture des végétaux qui les nourrissent; travail destiné à servir de guide aux per- sonnes qui vont se livrer à la culture de l'ailante et de son Ver à soie. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons dans une lettre récente de M. le docteur Sacc la nouvelle suivante : « J'apprends à l'instant, par le directeur du jardin zoo- logique de Francfort, qu'un seigneur russe des environs de Saint-Pétersbourg a complètement réussi à domesti- quer le grand Tétras, dont il a déjà obtenu cinq généra- tions successives en captivité. Si le fait est vrai, le succès est complet, et plus important qu'on ne le croit générale- ment, car le grand Tétras est un des Gallinacés dont les pontes sont les plus abondantes. A Neuchâtel, sur le haut Jura, les deux pontes annuelles de ce bel Oiseau sont de dix-huit à vingt-deux œufs chacune, tandis qu'ici, dans les Vosges, je n'ai jamais trouvé plus de neuf œufs dans le même nid; le plus habituellement il n'y en a que sept, ce qui vient, sans doute, du peu d'abondance de la nour- riture dans les forêts des hautes Vosges, car l'espèce est la même, sous tous les rapports, dans ces deux chaînes de montagnes. » TABLE DES MATIÈRES. Page». H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. 425 J. Verreaux et 0. des Murs. — Description d'Oiseaux nou- veaux de la Nouvelle-Calédonie et indication des es- pèces déjà connues de ce pays. 431 A. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés à Cette. 444 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 448 Académie des sciences. (Ver à soie de l'ailante.) 459 Mélanges et nouvelles. (Domestication du grand Tétras.) 472 PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. — 1860. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — NOVEMBRE 1860. I. TRAVAUX INÉDITS. Description de deux nouvelles espèces du genre Dauphin, par M. le commandant Loche, directeur du musée d'histoire naturelle d'Alger. Ce fut le 15 juillet 1859 que l'espèce dont nous allons d'abord nous occuper, et que nous nommerons Delphinus algeriensis, fut prise dansla rade d'Alger; à la première vue, elle nous sembla constituer une nouvelle espèce, mais dé- pourvu, comme nous le sommes ici, d'éléments de com- paraison, nous pensâmes qu'il serait plus prudent d'a- journer sa publication que de risquer d'encombrer en- core la science d'une de ces espèces nominales qui en sont le fléau. Nous nous bornâmes donc alors à faire exécuter une figure exacte de notre individu, à préparer sa dé- pouille et à en doter le musée dont la direction nous est confiée. A quelque temps de là, ayant été favorisé de la visite de notre excellent et dévoué confrère M. Guérin-Méne- ville, que ses utiles recherches sur les Vers à soie de l'ai- lante et du ricin avaient conduit en Algérie, nous lui montrâmes notre animal; mais, pas plus que nous, il ne voulut se prononcer, et se borna à emporter la figure dont il avait reconnu l'exactitude. A sa rentrée à Paris, il la soumit à M. le docteur Pucheran, que ses travaux bien connus sur les Cétacés et les savantes recherches effec- tuées par lui dans les riches galeries du musée de Paris rendent si compétent en pareille matière. Lorsque, après examen, M. le docteur Pucheran rap- porta le dessin de notre Dauphin à M. Guérin-Méneville, 2e si.iuK. t. xii. Année 1860. 31 ktk rev. et MAG. de zoologie. {Novembre 4860.) il lui dit qu'il ne lui semblait pas qu'on pût le rapporter à aucun de ceux publiés jusqu'ici; le seul sur lequel subsis- terait peut-être encore un doute, en raison du peu qu'on en sait, ne pourrait être que le Delphinus tethijos, Gervais, péché en Languedoc; c'est sur un crâne, qui seul lui a été connu, que M. Gervais a établi cette espèce, dont on ne connaît, par conséquent, ni la forme ni la coloration, et dont la formule dentaire, qui est 77-77, diffère assez no- tablement de celle du Delphinus algeriensis, qui est ftnrT- Un voyage que nous avons fait dernièrement à Paris n'ayant fait que nous confirmer dans l'idée que notre es- pèce était nouvelle, nous en donnons la description sui- vante : Delphinus algeriensis, Loche. — (PI. 22, fig. 1.) — Dessus du corps et extrémité inférieure, à partir de l'anus, d'un noir intense et luisant; cette même couleur s'étend de la tête autour de l'œil, où elle forme une zone circon- scrite par un large cercle grisâtre interrompu seulement, à l'angle antérieur de l'œil, par le noir des parties supé- rieures; les côtés du corps sont, près du dos, d'un gris qui va en s'éclaircissant en descendant vers les flancs ; ces derniers, ainsi que toutes les parties inférieures jusqu'à l'anus, sont d'un blanc pur et luisant; le pourtour de la mâchoire inférieure est d'un beau noir ; son extrémité est de la même couleur sur une étendue de 0m,10; une bande noire, large de 0m,04, divise, au-dessus de l'anus, le blanc des côtés du corps; elle se continue, en se rétrécissant un peu, jusqu'à l'extrémité du bec; arrivée à 0m,20 de cette extrémité, cette bande se divise et, revenant sur elle- même, forme, au-dessous, une seconde bande latérale qui aboutit à la nageoire pectorale et l'entoure; la partie supérieure, fort étroite, contourne la mâchoire pour re- venir aboutir à la bande qui s'étend au-dessous, et cir- conscrit ainsi l'espace blanc qui se trouve entre elles. De la commissure des mâchoires part une bande noire verti- cale, qui va aboutir aussi à la pectorale et circonscrit un TRAVAUX INÉDITS. 475 autre espace blanc, plus étendu que le premier. La nageoire dorsale est noire, ainsi que la caudale ; les pectorales, noires sur la plus grande partie de leur face extérieure et intérieure, postérieurement, sont, sur leur partie antérieure, d'un blanc grisâtre. La longueur totale de l'individu que nous ve- nons de décrire était, du bout du museau à l'extrémité de la queue (le lien passant sur le dos), de . . 2m,47 Longueur du bec 0Œ,15 Distance du bout du bec à l'évent 0"\37 Distance du bout du bec à l'œil 0m,36 Distance du bout du bec à l'émergence de la pectorale 0œ,54 Distance du bout du bec à la dorsale lm,10 Largeur de la caudale 0m,40 Longueur du bord extérieur de la pectorale.. 0m,34 Hauteur de la dorsale 0*,25 Circonférence en avant de la pectorale 0m,80 Circonférence en arrière de la pectorale 0ni(92 Circonférence en avant de la dorsale Jm,J0 Circonférence en arrière de la dorsale 0m,95 A la mâchoire supérieure, 49 dents de chaque côté. A la mâchoire inférieure, 45 dents de chaque côté. Cet individu était une femelle dans un état de gestation très-avancé ; elle ne portait qu'un seul petit. Nous conser- vons ce fœtus dans l'alcool ; il mesure 0m,28 et présente tous les caractères du genre auquel il appartient. Il est supposable que la mise bas devait être prochaine, car les glandes mammaires de la femelle contenaient une assez notable quantité de substance sébacée. Son estomac contenait une grande quantité de pois- sons non encore digérés, et dont quelques-uns étaient d'assez grande taille. Passons à notre deuxième espèce, que nous avons éga- lement communiquée à MM. Guérin-Méneville et Pu- cheran avant d'oser la publier. Delphinus mediterraneus, Loche. — (PI. 22, fig. 2.) — 476 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) Ce Dauphin présente, au premier aspect, une certaine analogie de forme et de coloration avec le Delphinus rnar- ginatus, Duvernoy , mais le plus simple examen ne permet pas de les confondre ; car, outre des différences que nous signalerons plus loin , l'espèce qui nous occupe a les na- geoires absolument dépourvues des bordures marginales qui ont fait attribuer à l'espèce de M. Duvernoy le nom spécifique sous lequel elle est connue. Notre individu a été capturé le 1er mai 1860, dans la rade d'Alger, et sa dépouille, que nous avons préparée, a été donnée, par nous, au musée que nous avons l'hon- neur de diriger. Il est noir sur les parties supérieures du corps ; cette teinte va s' affaiblissant de plus en plus en se rapprochant des flancs, où, d'un gris très-clair, elle passe au blanc pur qui recouvre le dessous du corps ; le pour- tour de l'œil est noir, entouré d'une zone grisâtre ; une petite ligne noire, très-déliée, part de l'angle antérieur de ce cercle, vers la commissure du bec, et s'étend, en avant, sur une longueur de 0m,07. Cette petite ligne est très- apparente et tranche sur le gris qui recouvre cette partie, qu'elle divise en deux portions égales. De l'angle posté- rieur de l'œil part une bande noirâtre, plus foncée à sa partie supérieure, et qui va s'élargissant en descendant vers la région anale, où elle devient, par une dégradation de couleur, d'un gris brun jaunâtre sale. Cette bande, se bifurquant à 0m,04 de son origine, forme une seconde bande de peu d'étendue qui va en se rétrécissant; cette seconde bande se termine au-dessus de la nageoire pec- torale. De l'angle antérieur de l'œil part une bande grisâtre qui s'étend, en s'élargissant, jusqu'à la pectorale, dans la couleur de laquelle elle finit par se confondre; mais cette bande, d'un gris peu intense, se trouve divisée, supérieu- rement, par une ligne d'un blanc grisâtre, ce qui fait qu'on distingue fort bien les trois lignes étroites dont elle est composée, la supérieure étant gris brun, l'intermé- TRAVAUX INEDITS. 477 diaire blanc grisâtre, et l'inférieure encore gris brun, mais circonscrite, inférieurement, par une nuance d'un blanchâtre sale, dans laquelle elle finit par se confondre. Nous ferons observer ici que la disposition de ces bandes diffère, chez notre sujet, de celles qui se remar- quent chez le marginatus; ainsi, chez le nôtre, la seconde bande, qui part de l'œil, ne dépasse pas l'insertion de la nageoire pectorale, tandis qu'elle s'étend bien au delà chez le marginatus; de plus, chez ce dernier, les deux bandes noires, qui s'étendent au-dessus de la pectorale , sont sé- parées par un large espace blanc pur, qui communique avec le blanc de la gorge, tandis que, chez le mediterra- neus, cette bande est grisâtre et peu apparente, et ne com- munique pas avec la gorge. Ayant pris la figure de cet animal immédiatement après sa capture, nous pouvons en garantir la parfaite exactitude. Le pourtour de la mâchoire inférieure est d'un blanc jaunâtre; toutes les parties inférieures de l'extrémité de la mâchoire à l'anus sont d'un blanc luisant ; la région de l'anus est d'un blanc sale et comme marbré de brunâtre vers la queue. L'extrémité inférieure de ce Cétacé est noire, en dessous comme en dessous, sur une étendue de 0m,24, y compris la nageoire caudale. La nageoire dorsale est noire; les pectorales également noires, sont seulement, vers leur insertion, d'une teinte moins foncée ; aucune, comme nous l'avons dit, ne montre de trace de bordure. Toute la peau de cet animal était tellement lisse et lui- sante, lorsqu'il nous fut apporté, qu'elle offrait, à l'œil, l'apparence d'un cuir fin et doux qui aurait été soigneu- sement ciré et lustré. Le palais est divisé par un sillon longitudinal qui dis- paraît vers l'extrémité du bec, où il est remplacé par une saillie. La formule dentaire de cet individu est rr4r- 478 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) Celle du D. marginalus, Duvernoy, en diffère, car elle présente ff-fr- Nous n'insisterons pas sur l'infériorité de taille que pré- sente aussi notre individu, car elle pourrait s'expliquer par une différence d'âge, bien que le sujet qui nous oc- cupe nous ait paru parfaitement adulte, Il mesure De l'extrémité du bec à l'extrémité de la queue (le lien passant sur le dos) lm,54 Longueur du bec 0m,10 Distance du bout du bec à l'évent 0m,30 Distance du bout du bec à l'œil 0m,28 Distance du bout du bec à l'émergence de la pectorale 0m^0 Distance du bout du bec à la dorsale 0m,76 Largeur-de la caudale 0ra,32 Longueur du bord extérieur de la pectorale. . 0m,24 Hauteur de la dorsale 0m,13 Circonférence en avant de la pectorale 0m,72 Circonférence en arrière de la pectorale 0m,74 Circonférence en avant de la dorsale 0m,72 Circonférence en arrière de la dorsale 0m,60 Les dents sont moins allongées que celles de l'espèce précédente, mais elles sont, comme elles, coniques et assez aiguës; celles de la partie médiane de chaque mâ- choire sont, dans l'une et l'autre espèce, les plus lon- gues. Nous n'avons trouvé dans son estomac que quelques petits Poissons. Sa chair, noire et un peu coriace, n'était cependant pas absolument désagréable au goût. Les pêcheurs qui l'avaient capturé se plaignaient vive- ment des graves avaries que son excessive vivacité avait fait éprouver à leurs filets. La capture d'une troisième espèce de la famille des Delphinidés, effectuée aussi dans notre rade d'Alger, est venue confirmer un fait que nous avions dès longtemps soupçonné, à savoir que les rivages de la Méditerranée sont bien plus riches en Cétacés qu'on ne l'a supposé jus- travaux mitons. 5 Quatre individus d*,P sont identiques. Habite les régions chaudes et tempérées du Mexique. Cette espèce ressemble parfaitement au Ph. brachyotum, si ce n'est que l'antitragus n'est pas raccourci. Toutefois l'envergure est moindre que 12 pouces, que Burmeister donne pour le Ph, brachyotum. Notre espèce paraît avoir, au contraire les ailes plus larges et plus courtes que celle du Brésil ). Un Ph. brachyotum, que j'ai reçu de Bahia, au Brésil, a le pelage d'un brun plus marron, le ventre moins cen- 48*2 kev. et mag. de ZOOLOGIE. (Novembre 1860.) dré, avec ses poils bruns à la base ( non cendrés ) et le corps un peu moins grand. Variété. — Nous possédons quelques individus qui diffèrent du type décrit par les caractères suivants, qui ne constituent probablement pas une espèce. La couleur est un gris de fumée, noirâtre sur le dos, plus pâle à la face antérieure du corps et un peu argenté (mais toujours de nuance noirâtre et non brune). Les poils du dos sont noirâtres à la base, plus pâles au milieu, puis gris noi- râtre au bout; mais le noirâtre de la base s'étend moins loin que chez l'espèce citée, tandis que le gris blanc du milieu du poil est plus étendu. Les poils du ventre sont d'une couleur presque uniforme dans toute leur étendue; leur pointe terminale seulement est grisonnante-argentée. ( La feuille nasale est peut-être un peu plus large, en ce sens qu'elle se rétrécit moins vite. L'antitragus est plus allongé, plus étroit. Mais ces apparences pourraient, à la rigueur, être la suite de la dessiccation.) Il faut ajouter qu'on distingue les deux variétés, à pre- mière vue, à la couleur du pelage, étant, la première, d'un brun fauve, et la seconde , au contraire , d'un gris noirâtre, sans trace de brun roussâtre. Cette variété a été tuée dans les mêmes localités que le type. 2e Section. — Molaires offrant des replis d'émail distinc- tement en forme de W. Membrane interfémorale très-grande, remplissant, en général, tout l'espace compris entre les jambes et tronquée d'un éperon à l'autre. Les genres qui paraissent rentrer dans cette section sont les suivants : I. Molaires au nombre de f. Queue atteignant le bout de la membrane fé- morale Macrophyllum. Queue n'atteignant pas le bout de la mem- brane fémorale Phyllostoma. II. Molaires au nombre de £. Queue dépassant la membrane fémorale Macrotus. Queue plus courte que la membrane fémo- TRAVAUX INÉDITS. ^83 raie , Lophosloma. Pas de queue Vampirus. Ces genres sont probablement trop nombreux (1). La grandeur de la membrane interfé morale et les formes extérieures, en général, impriment à tous ces animaux un cachet particulier qui frappe au premier coup d'oeil. Les dents ont une forme presque identique chez tous; les incisives sont très-resserrées entre les canines; souvent les canines inférieures se touchent par leurs talons, et les incisives mitoyennes sont placées devant ; tandis que les latérales sont rejetées devant les mi- toyennes et sont à cause de cela, sujettes à tomber. La tête est très-grande; le museau très-allongé, sans être cependant très-étroit ; il est même obtus au bout, quoique peu large, et paraît légèrement renflé, à cause de la con- vexité des lèvres. La lèvre inférieure offre un petit triangle lisse et nu, mais sans fissure, et tout autour de cet espace, on voit une large zone poilue, faiblement verruqueuse. Les oreilles sont, en général, extraordinairement grandes et longues (2). La membrane fémorale remplit tout l'espace entre les jambes; elle est supportée par de très -grands éperons et tronquée en ligne droite de l'un à l'autre, point échancrée. Le pelage ventral est, en général, remarquable- ment argenté. La queue est variable. Le caractère que l'on a tiré de son absence, de sa présence et de sa lon- gueur relative, et sur lequel on a basé l'établissement des genres, est évidemment assez secondaire. Il ne me semble pas suffire pour déterminer la formation de genres aussi nombreux pour ces espèces, d'un faciès tout unigénérique. Dans la famille des Phyllostomides, la queue n'a pas la même importance que chez les autres familles des Chéi- (1) Ne possédant pas de représentant du genre Macrophyllum, je ne puis en bien apprécier la valeur. (2 Ce caractère se retrouve, du reste, chez quelques représentants des autres genres ; il n'est pas d'une haute importance, et manque chez les Macrophyllum. 484 rf.v. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) roptères, où cet organe jouit d'une grande fixité. Ici, au contraire, il est si variable, se montrant fort développé ou complètement nul chez les espèces les plus voisines, qu'il doit évidemment être relégué au second plan. Quant à la soudure des oreilles sur la tête, qui a déterminé M. Gray à former le genre Macrotus, c'est un caractère plus accessoire encore, et qui tient seulement à ce que les organes sont si développés qu'ils se rencontrent sur la ligne médiane. Or, chez les autres Phyllostomides, chez les Rhinolophes et chez les Vespertilions, on rencontre des espèces qui possèdent des oreilles très-grandes, beaucoup plus développées que chez la majorité des représentants de ces groupes et qu'on nomme les oreillards. Les Vampires ayant tous de grandes oreilles, ceux chez qui les oreilles se soudent sur la tête ne sont, pour ainsi dire, que les types Oreillards (à oreilles exagérées) des Vampires, et ils sont, par rapport aux autres Vampires, ce que les Vespertilions ou Phyllostomes oreillards sont par rapport aux Vesper- tilions et aux Phyllostomes ordinaires. Genre Tylostoma, Gerv. Dents au nombre de 32. Incisives, f j prémolaires, f— §■; molaires, f-f. Incisives inférieures latérales, quelquefois placées devant les moyennes et souvent caduques. Vraies molaires inférieures très-élevées, à pointes longues et ai- guës; les supérieures l'étant moins; la première et la deuxième portant une lame d'émail qui dessine un W, très-distinct, surtout aux supérieures. La troisième vraie molaire inférieure, grande; la supérieure, petite, en forme de lame transversale. Crâne fortement renflé, à front un peu élevé. Museau allongé ; membrane interfé- morale grande, soutenue par de grands éperons et tendue en ligne droite de l'un à l'autre. Oreilles très-grandes. T. mexicana. Fusca, subtus cinerea; auriculae perlongœ, latee, pro- sthematae angusto, margine exteriore basi denticulato ; patagium fémorale maximum , nullo modo emargiaatum ; cauda minima, ealcaribus duplo brevior. TRAVAUX INÉDITS. 485 Incisives inférieures bien rangées ; feuille du nez longue, ovoïde et lancéolée, offrant de chaque côté, à sa base, un sillon arqué submarginal ; ses bords finement dentelés ; fer à cheval plus large que la feuille, à bords découpés. Lèvres et menton très-fortement verruqueux ; les verrues formant des lobes membraneux ; lèvre inférieure partagée par un fort sillon, qui aboutit dans un enfoncement sous la mâchoire. Oreilles très-grandes , arrondies. Oreillon triangulaire, terminé par une lanière étroite, mais n'at- teignant pas au milieu de l'oreille, offrant à la moitié in- férieure du bord externe trois échancrures et trois lobules. Membrane fémorale grande, point échancrée, supportée par de très-longs éperons, et enveloppant la très-courte queue, qui n'atteint pas même au quart de la longueur de la membrane. Poil très-long et très-fourni, presque lai- neux. Pelage du dos brun ; les poils ayant leur base un peu plus grisâtre et plus pâle. Ventre d'un gris -brun blanchâtre très-pâle; les poils étant brun pâle à la base, avec la pointe décolorée, ce qui donne à la face inférieure du corps une teinte argentée. Membranes brunes. Longueur de la tête et du corps sans la queue 0m,080 Longueur de Pavant-bras 0m,060 Longueur de la feuille avec le fer à cheval . 0a,011-12 Longueur des oreilles mesurées à leur face externe 0m,022 Longueur de la queue 0m,006 Longueur de la membrane fémorale 0,n,027 Longueur des éperons 0m,014 Habite les régions chaudes du Mexique. Cette espèce ressemble parfaitement, pour les formes, au Vampirus auritus , Peters, si ce n'est que les membranes du nez sont plus dentelées et que le bord antérieur de l'oreillon ne l'est pas. Elle est, du reste, de taille presque moitié moindre, et ses incisives inférieures sont bien ran- gées, tandis que l'espèce citée n'en offre que deux, parce 486 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) que les deux externes ne trouvant pas à se loger entre les canines sont rejetées en avant et tombent. Genre Macrotus, Gray. Dents au nombre de 34. Incisives, f. Prémolaires, f-|; molaires, f-f ; queue grande, dépassant la membrane fémo- rale ; oreilles soudées ensemble sur la tête. Macrotus mexicanus. Supra fuscescens, subtus cinerascens; auvi- culœ magnœ; frons nasalis subtriangularis, apicc obtusiuscula, vix longior quam latior; alae ante tibiae apicem insertae; patagium fémorale truncatum, nullo modo excisum, caudœ articulo ultimo superatum. Le museau est allongé, étroit, mais arrondi et obtus au bout. Les quatre incisives inférieures sont bien rangées. La feuille nasale est petite, subtriangulaire, un peu plus longue que large, unie au fer à cheval. Les narines for- ment deux boutonnières obliques. La lèvre inférieure offre un triangle nu, entouré d'un large espace poilu et garni de petites verrues. Les oreilles sont excessivement grandes, arrondies, à bords convexes et garnis de longs cils. L'extrémité inférieure de leur bord externe offre un lobe saillant (l'antitragus) et le bord se prolonge ensuite jusque sous l'œil. L'oreillon est grand et large; son bord externe est droit et offre, vers le bas, des irrégularités; l'interne est convexe; l'extrémité se termine par une la- nière étroite. La membrane qui unit les deux oreilles n'a que 5 ou 6 millimètres de hauteur ; elle est poilue et échan- crée au milieu. Les pattes sont longues et grêles, mais les éperons sont plutôt courts à proportion. La membrane interfémorale est très-grande, tendue en ligne droite d'un éperon à l'autre, mais point échancrée ; elle est dépassée par la dernière vertèbre de la queue tout entière qui a presque 5 millimètres de longueur. La queue se compose de 5 vertèbres, dont la première, petite. L'aile s'insère au tibia à 2 ou 3 millimètres au-dessus du tarse . — L'individu qui sert de type à cette espèce a été détérioré par un long séjour dans l'alcool, en sorte que le poil était en partie TRAVAUX INÉDITS. 487 tombé. Ce qu'il en reste suffit cependant pour montrer que le pelage était d'un brun foncé sur le dos, pâle et cendré sur le ventre, et que les poils, tant en dessus qu'en dessous, étaient blanchâtres à la base et bruns au bout. Longueur du corps et de la tête étendue. 0m,055 Longueur du corps jusqu'au sommet de la tête 0B,,042 Longueur de la tète 0m,025 Longueur des oreilles à leur face externe. . 0œ,021 Largeur des oreilles Om,016 Longueur de l'oreillou 0m,010 Longueur de la feuille nasale 0m,005 Longueur de la feuille nasale avec le fer à cheval 0m,007 Largeur de la feuille nasale 0",004 Longueur de l'avaut-bras 0m,051 Longueur de la cuisse 0ni,023 Longueur du tibia , 0m,02.'î Longueur de la queue 0m,031 Longueur de l'éperon . . 0m,010 Habite les terres chaudes de la province de Mexico. — J'ai tué cette Chauve-Souris dans les environs de Yaute- pec, près de Cuautla. Je l'avais d'abord prise pour le Macrotus Walerhausii, Gray ; mais ses mesures ne corres- pondent pas à celles que l'auteur anglais donne pour l'es- pèce de Haïti, dont la feuille nasale a 5 lignes de lon- gueur, dont le corps est plus grand que chez notre espèce, dont l'éperon a G lignes de longueur (1), etc. Genre Vampirus, Gray, Gerv. V. AiiRicuLARis. Parvulus; auriculie rhinophyllumque maxima, apice acuminafa ; tragus longissimus, acumiuatus; palagium fémorale calcareaque maxima; ala iu tibue apice iuserta; dorsum fulvo- fuscum ; venter fulvo-albicans. (I) Depuis que ce mémoire est sous presse, il m'est tombé sous les yeux la description d'un nouveau Macrotus, le M. californiens, Baird. [Proced. of the Acad. of Philad., 1858, p. lui), qui semble être très-voisin du nôtre; toutefois, sa queue est plus longue et l'o- reille me semble s'avancer plus près de l'œil. Il serait cependant bon de comparer les individus des deux provenances. 488 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) Oreilles extraordinairement grandes, très-larges, sur- tout très-longues et assez pointues; leur bord externe fai- blement excisé au bout. On remarque au tiers interne un repli longitudinal de la peau du pavillon de l'oreille. A la base du bord externe de ce dernier est une échancrure qui le sépare de l'antitragus, lequel forme un lobe étroit et arrondi au bout, plus ou moins semblable à un oreillon. Oreillon très-long, très-étroit, terminé en pointe. Feuille nasale ovale, triangulaire, très-longue (renversée en ar- rière, elle dépassait de beaucoup le vertex), entière, pointue, avec un très-faible bourrelet médian ( sa partie libre ayant 0m,010 de longueur). Fer à cheval très-grand, plat, ses bords couverts de poils couchés, rayonnants, et longuement cilié ; lèvres poilues ; ailes parlant de l'extré- mité du tibia, s'insérant un peu en devant; pouce très- grêle ; ses deux phalanges d'égale longueur ; la première entièrement enveloppée, la seconde libre. Membrane in- terfémorale très-grande , soutenue par de très-grands éperons, et tronquée d'un éperon à l'autre ; son milieu occupé par une ligne fibreuse, tandis que deux autres sillons obliques gagnent le haut des tibias. Poils très-longs (0m,011, sur le dos). Dos d'un brun fauve; les poils blanc fauve à la base et passant peu à peu au gris fauve ; la pointe brun fauve. Dessus de la tête et base de la face dor- sale des oreilles et épaules couverts de longs poils blanc fauve ou roussàtres ; la gorge plus blanche encore. Le ventre et la poitrine sont fauve pâle, avec les flancs plus obscurs, parce que les poils sont fauve brun avec la pointe blanchâtre et qu'ici cette pointe est à peine apparente (1). Longueur du corps mesuré du vertex au coccyx O"1^ Longueur de la portion libre des oreilles . . 0m,027 Longueur de la feuille nasale 0m,012 Longueur de l'avant-bras 0m,058 (1) Cet individu est probablement décoloré; sa couleur naturelle est, sans doute, grisâtre. TRAVAUX INÉDITS. 489 Ce Vampire habite le Brésil, et je ne le joins ici que comme espèce voisine do colles qui sont décrites dans cette note. Le type se voit au muséum de Paris. Observation. Je place provisoirement cette curieuse espèce dans le genre Vumjrirus, quoique je n'aie pu exa miner sa dentition; car, par ses autres caractères, elle me fait l'effet de devoir rentrer dans ce genre. L'extrême grandeur des oreilles, du tragus et de la feuille nasale ui donne le faciès du V. spectrum, mais elle s'en éloigne par des caractères très-nets. Les oreilles sont bien plus grandes à proportion et se terminent d'une manière plus pointue ; la feuille nasale est relativement plus grande, plus longue et plus pointue; Comme chez le V. spectrum, l'aile ne part pas de la base des orteils, mais de la base du tibia, etc. (11 est instructif de noter que chez cette espèce, qui, par la grandeur de ses membranes, rappelle les Macrotus, le poil prend aussi la finesse qu'on remarque chez ces derniers.) Tribu des Glossophagiens. Museau très-étroit et très-allongé (presque en forme de bec) ; lèvre inférieure profondément fendue et partagée par une fissure. Dents nombreuses , au nombre de 30 à 36. Incisives petites, souvent caduques, surtout les inférieures, espacées et rangées par paires. Molaires inférieures com- primées; prémolaires grandes, comprimées, presque tri- cuspides, à pointe médiane longue et très-pointue. — Les os maxillaires, étant très-allongés, permettent aux dents d'oc- cuper chacune un grand espace, malgré leur grand nom- bre, et même aux prémolaires d'être espacées. — Langue très-longue et très-grêle, se projetant très-longuement hors de la bouche (1). (Feuille nasale petite ; queue et mem- brane fémorale variables, souvent nulles. ) Ces animaux sont très-facilement reconnaissables à leur longue langue qui fait saillie hors de la bouche, à leur lèvre inférieure qui est fendue et bilobée, et à l'étroitesse 2e série, t. m. Année 1860. 32 490 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) de leur long museau. Celui-ci forme comme un fourreau à la langue, laquelle se projette au dehors par le vide que les incisives laissent entre elles. Ces dents paraissent être très- caduques, pour laisser plus de jeu à la langue qui, dans son extension, passe entre les canines et s'étend hors de la bouche, sans que celle-ci ait à s'ouvrir, parce que la lèvre supérieure et les deux lobes de l'inférieure forment une espèce de gaine dans laquelle cet organe glisse. Les Glossophagiens volent le soir, en quête d'insectes qu'ils gobent probablement en leur dardant leur langue gluante. Leach et Gray ont partagé les Glossophages en plusieurs genres basés sur la présence ou l'absence de la queue, et sur la présence de la membrane interfémorale. Ces ani- maux, étudiés d'après leur système dentaire, ne donnent pas lieu aux mêmes coupes, mais ils offrent néanmoins plusieurs types de dentition qui indiquent autant de genres. Les canines, étant toujours les mêmes, ne fournissent guère de caractères ; les incisives paraissent aussi toujours au nombre de f-f ; mais elles ne se trouvent pas toujours au complet, car elles sont plus ou moins caduques et sujettes à manquer. Cette circonstance est, du reste, bien en rapport avec les mœurs de ces Chauves-Souris, qui s'emparent des insectes avec leur langue gluante, ou su- cent le sang des quadrupèdes avec les lèvres; les inci- sives leur sont donc presque inutiles, et ne semblent exis- ter que pour la bonne règle ; elles sont même une gêne pour la langue, qui doit se mouvoir entre elles en se projetant par le tube de la bouche. Rudimentaires et mal plantées, elles s'ébranlent et tombent fréquemment, peut- être chassées par les mouvements de la langue. Les mo- laires, au contraire, varient en nombre d'une manière (1) Ces animaux, en mourant, projettent la langue hors de la bouche, en sorte que, chez les sujets conservés dans l'alcool, cet organe fait longuement saillie. TRAVAUX INÉDITS. 491 normale, et permettent de distinguer dans les Glossopha- giens quatre types principaux. Classification des Glossophagiens. I. Molaires au nombre de f Ischnoglossa. II. Molaires au nombre de|. Queue courte Hemiderma (1). Pas de queue, membrane fémorale large . . Glossophaga. III. Molaires au nombre de f . Queue plus ou moins courte Monophyllus (2). IV- Molaires au nombre de f . Pas de queue Anoura. Genre Ischnoglossa (1). (PI. 20, fig. 2.) Dents au nombre de 30 seulement. Incisives, |— f ; canines, \-\\ molaires, ~~j. Incisives supérieures (fig. 1b) écartées, mais rangées régulièrement ; les latérales petites et aiguës; les médianes très-larges; les inférieures petites et rangées par paires ; canines longues; les supérieures offrant à la base, de chaque côté, un petit talon qui les rend presque tricus- pides. Prémolaires, f, tricuspides, espacées, très-com- primées (fig. 2), la première inférieure à forme peu pro- noncée, contiguë à la canine; la première supérieure sé- parée de la canine par un grand espace libre. Molaires f , fortement comprimées, très-allongées dans le sens an- téro-postérieur, peu élevées, très-serrées; les supérieures bilobées à leur bord externe; les inférieures trilobées; la première surtout offrant deux pointes à son éminence médiane et à la postérieure. — Les molaires inférieures sont les plus allongées d'avant en arrière ; au premier aborda, on les prendrait chacune pour la réunion de deux dents (1) Ces genres Hemiderma et Glossophaga sont plutôt des sous- genres du genre Glossophaga, caractérisé par -f molaires. (2) Le genre Phyllophora, Gray, rentre dans ce genre de Leach Gray ne l'en a distingué par aucun caractère. Il n'en diffère que par la présence de 4 incisives à la mâchoire inférieure, tandis que, selon Leach, ces dents feraient défaut, ce qui dépend uniquement de l'âge* (Voyez la note ci-dessus.) 492 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1 860.) esuccessives). — Lèvre inférieure fendue. Queue null (membrane fémorale rudimentaire). M. nivalis (pi. 20, fig. 2). Magna et crassa; podes crassissimi ; ala tibiae iuserta, altius quam tarsus; patagium interfemorale valde emarginatum, zonam angustam efficiens in genu latiorera. Formes trapues et lourdes ; tête grosse; museau allongé, mais médiocrement grêle. Feuille nasale courte et large, aussi large que longue, cordiforme (2a). Oreilles mé- diocres, fortement échancrées à leur bord externe, à extrémité arrondie et dirigée en dehors. Oreillon épais, long, terminé en pointe mousse et portant deux dente- lures à son bord postérieur. Pouce fort ; pattes très-grosses et trapues, à tarse large; le pied très-gros et trapu. Mem- brane interfémorale rudimentaire (quoique plus déve- loppée que chez YÀnoura ecaudata), échancrée angulaire- ment et formant seulement une bande qui borde les jambes et le coccyx, assez large au genou, étroite au tarse et au coccyx. Ailes s'insérant au quart inférieur du tibia. Longueur du corps depuis le sommet du crâne jusqu'à l'anus 0m,072 Longueur avec la tête étendue 0m>080 Largeur du corps aux épaules 0m,037 Largeur du corps à l'abdomen 0m,034 Longueur de la tête 0m,030 Longueur de l' avant-bras 0m,060 Longueur du tibia 0m,021 Longueur de la membrane interfémorale au coccyx 0",004 Longueur de la membrane interfémorale > au genou 0m,008 Longueur des éperons/ 0m,003 Longueur de la feuille nasale avec le fer à cheval 0m,006 Largeur de la feuille 0m,0042 Toutes ces mesures ont été prises sur l'animal en chair. Habite les montagnes du Mexique. J'ai tué ce Glosso- (1) l'ff'xyor, étroit; yhcoeo-a., langue. TRAVAUX INEDITS. H)i phage près de la limite des neiges du pic d'Orizaba, au bord d'une forêt de pins. Cette espèce est très-remarquable par ses formes tra- pues et par sa taille, qui en lait probablement le plus grand des Glossophages connus. La langue a 28 millimètres de longueur; elle est canaliculée en dessous, très-papilleuse, et dans ses 2/5 terminaux elle est pennée bilatéralement, ses bords étant garnis de papilles qui ressemblent à de longs poils bouclés. Explication des figures.— Fig. 2, l'espèce de grandeur naturelle. — 2a, sa feuille nasale, vue par devant, grossie ; — 26, dents inci- sives et canines grossies; — 2c, le crâne vu de profil, de grandeur naturelle ; — 2d, les mâchoires, vues de profil, grossies. Genre x\noura, Gray (Chœronycteris, Tschudi). Dents au nombre de 36, lorsque les incisives ne sont pas tombées; prémolaires, |-| ; molaires, -*-|. (Queue nulle; membrane interfémorale rudimentaire, ne formant qu'une simple bordure aux jambes et au coccyx.) Le caractère le plus essentiel de ce genre, on peut dire son véritable caractère, ne réside ni dans la forme de la membrane fémorale ni dans le nombre des canines ou des incisives, toujours le même chez les Phyllostomides (1), mais bien dans celui de ses dents molaires, qui est précisé- ment celui qu'on n'avait pas remarqué. Les Ânoura sont, de toutes les Chauves-Souris, les plus dentées, puisqu'elles possèdent f molaires. Sans ce caractère, le genre n'aurait guère qu'une valeur sous-générique. Anoura. ecaudata, Geoff. Supra fusca, subtus pallidior, collo pallide fusco, ventre argentato ; patagium fémorale rudiraentarium, crura marginans. Petit. Museau très-grêle et allongé; feuille nasale très- petite. Oreilles petites, excisées à leur bord externe. Mem- (1) Il ne semble varier que parce que les incisives sont plus ou moins caduques chez certaines espèces. 494 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) brane interfémorale rudimentaire, bordant seulement les cuisses. Le pelage d'un gris-brun de Souris, un peu argenté sur le ventre et sur les flancs. Les poils de la face dorsale du corps , pâles à la base, brun foncé au bout; ceux de la face ventrale brun foncé, avec le bout argenté ou pâle ; ceux de la gorge et du cou unicolores, d'un gris-brun pâle, mais non argentés. Membranes noirâtres, fort peu velues autour du corps. Je ne suis pas sans conserver quelque doute relative- ment à l'identité de ce Glossophage avec le G. ecaudata; la taille de ce dernier est supérieure à celle de nos indivi- dus du Mexique, dont les mesures suivent : Longueur du corps jusqu'au sommet de la tête 0m,044 Longueur de la tète 0m,028 Longueur de l'avant-bras 0m,041 Longueur de la feuille nasale avec le fer à cheval 0m,004 Largeur de la membrane fémorale au genou 0m,003 Habite les régions chaudes et tempérées du Mexique. Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette, accompagné de notes explicatives et de quelques idées sur la pisciculture marine, par M. N. Doumet. (V. p. 299 et 355, 405.) VIII. Liste des espèces observées à Cette. ACANTHOPTÉRYGIENS. I. Percoides. 1. Labrax. 1. Lupus, Cuv. — Loup. — Tr. C. (1). Perça labrax, L. Riss. — P. punclata, Gm., Riss. (junior). (1 ) C., commun ; — tr. C, très-commun ; — as. C, assez commun ; — p. C., peu commun; — R., rare; — tr. R., très-rare; — as. R., assez rare. TRAVAUX INÉDITS. fc95 2. Seraanus. 2. Scriba, Cuv. — Saran. — C. 3? Argus, Riss. — Saran, — As. C. 4. Cabrilla, Cuv. —Saran, — C. 5? Fasuiatus, Riss. — Saran. — P. C. 6. Flavus, Riss. — Saran tjaouné. — As. C. 7. Hepatus, Cuv. — Pètaïré. — C, Labrus hepatus. L. 3. Anthias. 8. Sacer, Bp. — . — P.C. Labrus anthias, L.— Serranus anthias, Cuv., Risso. 4. POLYPRION. 9. Cernium, Cuv. — . — R. Holocentrus gulo, Riss. 5. Trachinus. 10. Draco, L. — Iragna. — Tr. C. 11. Araneus, Riss. — Iragna. — R. Trachinus Hneatus? Riss., 28 édition. 12. Radiatus, Cuv. — Iragna, — R. 13. Vipera? Cuv. — Iragna. — C. 6. Uranoscopus. 14. Scaber, L. — Bioôu. — Tr. C. 7. SPHYRiENA. 15. Vulgaris, Cuv. — Broutchet dé mar. — R. Esoxsphyrœna^L. — Sphyrœna spet, Riss., Bp. (MULLES.) 8. Mullus. 16. Surmuletus, L. — Routjet. — P. C. 17. Barba tus, L. — Routjet. — Tr. C. 18. Fuscus, Riss.,Raf. — Routjet. — C. II. Joues cuirassées. 9. Trigla. 19. Pini, Bloch. — . — P. C. Trigla cuculus, L., Bp.— Trigla hirundo, Riss., 2e édition 20. Lineata, L., Bloch. — Ibrougna. — C. Trigla adriatica, Gm., Riss. 496 rev. et MAfr.. de zoologie. (Novembre 1860.) 21. Corax, Rond., Bp. — Cabota voulanla. — Tr. C. Trigla hirundo, Rloch, Cuv. 22. Microlepidota , Riss. — Cabota voulanla. — C. Trigla pœciloptera, Cuv.? ' 23. Lyra, L. — Pinaou. — C. 24. Gurnardus, L. — Bélugan. — P. C. 25. Cuculus, Bloch. — Bélugan. — C. 26. Obscura, L. — Linota. — As. C. — Trigla Lucerna, Brun., Cuv. 27. Milvus, Rond., Bp. — Cabiouna, — C. 28. Aspera, Vivian. — Rqscassoun. — G. 10. Peristedion. 29. Cataphractum, Lacép. — Marco-temps, Malarmat. — As. C 30. Chabrontera, Riss. — Marco-temps, Malarmat. — As. C. 11. Dactylopterus. 31. Pirapeda, Riss. — Ratapenada, Peï voulan. — R 12. ScORPjENA. 32. Scrofa, L. — Capoun. — Tr. C. 33. Lutea, Riss. — Capoun tjaounè. — P. C, 34. Porcus, L. — Rascassa. — Tr. C. III. Scienoides. 13. SCIilNA. 35. Aquila, Cuv. — Daines.— As. C. Sciœna umbra, Bp. 14. CORVINA. 36. Nigra, Cuv. — . V. C. Sciœna umbra, Risè. 15. Umbrina. 37. Vulgaris, Cuv. — Daines. — C. IV. Sparoides. 16. Sargus. 38. Rondeletii, Cuv. — Sarguet. — Tr. C. Sargus sargus, Riss. 39. Salviani, Cuv. — Sarguet. — Tr. C. 40. Anuularis, Cuv. — Sarguet. — Tr. C. 41. Vetula? Cuv., — SargueL TRAVAUX INÉDITS- 497 42. Sp. ? 17. Chrysophrys. 43. Aurata, Cuv. — Saouquena. — Tr. C. 18. Pagrus. 44. Vulgaris, Cuv. — Pagre, — P. C. Pagrus pagrus, Riss . 19. Pagellds. 45. Erythrinus, Cuv. — Patjel. — C. 46? Centrodontus, Cuv.? — Patjel. Pagrus massiliensis, Riss. 47. Acarne, Cuv. — Patjel. — C. 48. Bogaraveo, Cuv. — Bougrabéou. ■ 49. Mormyrus, C. — Tenillé. —P. C. 20. Dentbx. 50. Vulgaris, Cuv. — Denli. — P. C. 51. Cetti. Riss. — Denti, Pagre. — R. 52? Sp.? 21. Cantharus. 53. Vulgaris, Cuv. — Canlarèla, Sar.— P. C. 54. Orbicularis, Cuv., Bp. — Canlarèla, Sar. — P. C. 22. Box. 55. Vulgaris, Cuv. — Bogua. — Tr. C. 56. Salpa, Cuv. — Saoupa. — C. 23. Oblata. . — c. 57. Melauura, Cuv. — Néblada, .Négrouna? — C. V. MÉNIDES. 24. M«NA. 58. Vulgaris, Cuv. — Mata-Souldat. — C. Smaris mcena, Riss . 59. Osbeckii, Cuv. — Mata-Souldat. — As. C. 25. SMARIS. 60. Vulgaris, Cuv. — Vernièïra. — P. C. 61. Alcedo, Cuv. — Vernièïra. — C. 62. Chryselis, C. — Vernièïra. — C. 63. Gagarella, Cuv. — Vernièïra. — C. 64. Gracilis? Bp. — Vernièïra. — As. C. TRAVAUX INÉDITS. 499 37. Capros. 81. Aper, Lacép. — Peï porc. — As. C. VIII. T^NIOIDES. 38. Lepidopus. 82. Perronii, Riss. — Peï d'Artjen. — R. Lepidopus argyreus?Cw. 39. Trachypterds. 83. Faix, Val.— Peï d'Artjen. — R. 84. Iris, Val. — Peï dArtjen. — R. 40. Bogmarus? 85. Aristotelis? Riss. — Peï d'Artjen. — R. 41. Cepola. 86. Rubescens, L. — Démouéïsèla. — As. C. IX. Mugilides. 42. Mugil. 87. Cephalus, Cuv. — Cabot. — Tr. C. 88. Capito, Cuv. — Yol nègre. — Tr. C. 89. Auratus, Riss. — Gaouta-Roussa. — Tr. C. 90. Saliens, Riss. — . — M. C. 91. Chelo, Cuv. — Canûda. — C. 92. Labeo, Cuv. — . — As. C. X. Athérinides. 43. Atherina. 93. Hepsetus, L. — Saouclet» — G. 94. Boyeri, Riss. — Tjol. — Tr. C. 95. Mochon? Val. — Tjol, Saouclet. — R. XI. Gobi o ides. 44. Blennius. 96? Gattorugine, Willughb. — Bavousa? 97. Tentacularis, Raf. — Bavousa? 98. Ocellaris, L. — Lèbra, Diable. — Tr. C. 99. Inaequalis, Cuv., Val. 100? Montagui, Flemm. — Bavousa? 101. Pavo, Riss. — Bigouna? Caouquillada? Démouèïzèla.— t- Blennius varus?, Bp. 102. Rouxi, Bp. — mm R. 498 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) VI. Squammipennes 26. Brama. 65. Rayi, Bloch., Schnd. — Castagnola. — Tr. R. VII. SCOMBÉROIDES. 27. SCOMBER. 66. Scombrus, L. — Beïdat. — Tr. C. 67. Colias, Gm. — Gros-Yol, Biar. — R. 28. Thynnus. 68. Mediterraneus, Riss. — Thoun. — C. Thynnus vulgaris, Cuv. 69. Thunnina, Cuv. — Thounina. — P. C. Thynnus Leachianus, Riss. 70. Alalonga, Cuv. — Thoun. — R. • 29. Pelamïs. 71. Sarda, Cuv. — Bounitou. — P. C. 30. XlPHIAS. 72. Gladius, L.—Peï empérûr. — As. C. 31. Naucrates. 73. Ductor, Cuv. — Fanfré. — As. C. Centronolus conductor, Riss. 32. Lichia. 74. Amia, Cuv. — Litcha. R. Lichia vadigo, Riss. 75. Glaucus, Cuv. — Litcha. — R. Lichia glaycos, Riss. — Derbio, Rond. 33. Caranx. 76. Trachurus, Lacép. — Gascoun. — C 34. Centrolophus. 77. Pompilus, Cuv., Val. — . — R. 35. Stromateus. 78. Microchirus, Bp. — . — R. 36. Zeus. 79. Faber, L. — Gai, Peïsan Pierre. — Tr. C. 80. Pungio, Val. — Gai, Peï san Pierre. — As. C. 500 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) 45. Clinus? 103? Argentatus, Cuv. 46. Gobius. 104. Niger, L. — Gobi. 105. Capito, Cuv. et Val. — Gobi. — As. C. Gobius bicolor?, Riss. 106. Auratus, Riss. — Gobi. — As. C. 107. Jozo, L. — Gobi. — C. Gobius nebulosus, Riss. (v. Nigra). 108. Longiradiatus, Riss. — Gobi. — C. 109. Quadrimaculatus, Cuv. et Val. — Gobi. Gobius aphya, Riss. 110. Coloniauus, Riss. — Gobi. — C. 111. Cruentatus?, Gmel. — Gobi. — As. C. 47. Callionymus. » 12. Cithara, Cuv. — — As. C. Callionymus maculatus, Bp. Callionymus lyra, Riss. 113. Belenus?, Riss. — XII. Lophioides. 48. Lophius. 114. Piscatorius, L. — Baoudroï. — Tr. C. 115. Budegassa, Bp. — Baoudroi. — C. XIII. Labroides. 49. Labrus. 116. Miitus, Arted. — Roucaou, Roussignoou. ~ As. C. Labrus pavo? Riss. 2 éd. 117. Trimaculatus, Gmel. — Roucaou. — As. C. Labrus quadrimaculatus , Riss. Labrus carneus, Ascau. 118. Turdus, L.— Parouquet, Roucaou. — C. 119? Luscus? L. — Roucaou. — C. 120? Viridis, L. — Roucaou. — As. C. 121. Meruh.L. - Roucaou. - C. Vm Cœruleus, L. — Roucaou. — C. TRAVAUX INÉDITS. 501 50. Crenilabrus. 123. Pavo, Cuv. et Val. — Rouraou, Pavou? — Tr. . 124. Melops, Cuv. et Val. — Clavieïra. -— As. C. 125. Massa? Riss. — Clavieïra. — As. C. 126. Sp. — — Clavieïra. 127. Sp. — — Clavieïra. 128. Sp. — — Clavieïra, 129. Sp. — — Clavieïra. 130. Sp. — — Clavieïra. 131. Sp. — — Clavieïra. 51. Ctenolabrus. 132. Sp. - 52. Coricus. 133. Rubescens?Riss. — Sublaïré. — R. 53. Julis. 134. Vulgaris, Cuv. et Val. — Tjirèla 135. Giofredi, Riss. — Tjirèla. — R. 136. Speciosa, Riss. Tjirèla. — T. R. XIV. Fistulaires. — R 54. Centriscus. 137. Scolopax, L. — Peï troumpeta. — As. C. MALACOPT1ÎRYGIENS ABDOMINAUX. XV. Esoces. 55. Belone. 138. Acus, Riss. — Agûia. — T. C. 56. SCOMBRESOX. 139. Roudeletii, Cuv. et Val. — — R. Scombresox Camper ii, Lacép. 5J. Exocetus. 140. Volitans, L. — Peï voulan. — As. C. 141. Roudeletii, Cuv. et Val. — Peï voulan. XVI. Salmonoides. 68. Argentina. 142. Sphyreua, Riss.— Peï cfArtjen. — C. Argentina Cuvieri? Val. 502 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860/ XVII. Clupéoides. 59. Sardinella? 143. Aurita? Cuv. et Val. — Mèlèta, Blanqueta. — As. C. 60. Meletta. 144. Mediterranea, Val. — Mélela. — As. C. Clupanodon phalerica? Riss. 61. Alausa. 145. Vulgaris, Val. — Alaousa. — As. C. 146. Pilchardus, Val. — Sarda, Sardina. — Tr. C. Clupanodon sardina, Riss. 62. Engraulis. 147. Encrassicholus, L. — Antchoia. •— C. MALACOPTÉRYGIENS SUBBRACHIENS. XVIII. Gadoides. 63. Morua. 148. Capelanus, Riss. — Capélan. — Tr. C. 64. Merlucius. 149. Esculentus, Riss. — Merlan. — Tr. C. 150. Maraldi, Riss. — Merlan. — P. C. 65. Onos. 151. Mustella, Riss. — Moustèla. — C. 152. Maculata, Riss. — Moustèla. — C. 153. Fusca, Riss.— Mola, Moula. — C. 66. Phycis. 154. Gmelini, Riss. — Moula. — C. 67. Macrourus. 155. Caelorhynchus, Bp. — — Tr. R. Lepidoleprus, Riss. XIX. Pleuronectides. 68. Platessa. 156. Passer, Bp. — Plana. — Tr. C. TRAVAUX INÉDITS. 503 69. HlPPOGLOSSDS. 157. Citharus, Riss. — Perpétra, Prêtre, — C. Pleuronecles macrolepidolus, Bp. 158. Boscii, Riss. — Perpétra. — As. C. Pleuronectes Boscii, Bp. 70. Rhombus. S 159. Maximus, Riss. et Bp. — Roun clavélal — C. 160. Lœvis, Bp. -Passar, Roun. - C. Rhombus barbatus, Riss. 161. Unimaculatus, Bp. et Riss. — Roun... — R. 71. Pleuronectes. 162. Arnoglossus, Bp. 163. Grohmanni, Bp. — Perpétra. — As. C. 72. Solea. 164. Vulgaris, Riss. et Bp. — Sola, Palaïga. — Tr. C. 165. Lascaris, Riss. et Bp. — Verrûga. — As. R. 166. Mangilii, Bp. — Perpétra. — C. Rhombus Mangilii, Riss. XX. Discoboles. 73. Lepadogaster. 167. Balbis?Riss. ' 74. Echeneis. 168. Rémora, L. — — P. C MALACOPTÊRYGIENS APODES. XXI. Anguilliformes. 75. Anguilla. 169. Acutirostris, Riss. — stnguila fina. — C. 170. Latirostris, Riss. — Anguila coumuna. — C. 171? Mediorostris? Riss. —Anguila. 172. Var. vel sp. rubra, nob. — Anguila routja. — Tr. C. Ht 76. Conger. 173. Vulgaris, Cuv. — Coungré. — C. Conger verus, Riss. 174. Niger, Riss. — Coungré nègre. — C. 175. Mistax, Lacép. et Riss. — Démouèïzèla ? — C. 176. Myrus, Riss. — Démouèïzèla. 504 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) 77. Ophisurus. 177. Serpens, Lacép. et Riss.— Sèr dé mar. — As. R, 78. MURENA. 178. Unicolor, Delar. — Murèna. — R. 179. Helena, L., Murèna. 79. Ophidium. 180. Barbatum,Bloch. — Dounzèla, Demouèïzèla.— As. G. LOPHOBRANCHES. XXII. Syngnathides. 80. Syngnathus. 181. Typhle, L. — Agûïa? — P. C. 182? Viridis, Riss. — Agûïa. — P. C. 183. Pyroïs, Riss. — Agûïa? — P. C. 81. Hippocampus. 184. Brevirostris?Cuv. — Tchival dé mar. — C. 185. Guttulatus, Cuv. — Tchival de mar. — C. 82. Scyphius. 186. Sp. 187. Sp. PLECTOGNATHES. XXIII. Gymnodontes. 83. Gephalus. 188. Orthagoriscus, Riss. — Mola. — P. C. 84. Balistes. 189. Lunulatus, Riss. — — R. 190. BuniYa, Riss. — — R. 85. Ostracion. 191. Sp. (junior). — Tr. R. CHONDROPTËRYGIENS A BRANCHIES LIBRES. XXIV. Sturioniens. 86. ACIPENSER. 192. Sturio, L. — Eslurtjoun. — As. C. TRAVAUX INEDITS. 505 XXV. Chimerides. 87. ChiM/Era. 193. Monstrosa, L. — — Tr. R. Chimœra méditer ranea, Riss. CHONDROPTÉRYGIENS A BRANCHIES FIXES. XX. SéVIlaciens (Squalides). 88. Scyllium. 19*. Stellare, L. — Cala rouquièira. — As. C. 195. Canicula, L. — Cala. Cala roussa. — Tr. C. 196. Albo-maculatum, Nob. — Cala. — R. 89. Carcharias. 197. Lamia, Riss. — Lamia, Requin. — As. C. Car char adon lamia, Bp. 90. Squalus. 198. Glaucus, Bp. — Tchi blû. — As. C. Carcharias Rondelelii, Riss. 91. Alopias. 199. Vulpes, Bp. — Peï espasa. — As. C. Carcharias vulpes, Riss. 92. Galeus. 200. Canis, Bp. — Milandrè, Tchi. — P. C. 93. Mustelus. 201. Plebejus, Bp. — Missola. — C. Mustelus stellalus, Riss. 202? Equestris, Bp. — Missola. — C. 94. Notidanus. 203. Griseus, Bp. — Bouca douça. — P. C. 95. Spinax. t 204. Acanthias, Bp. — Agûïat. — C. Acanthias vulgaris, Riss. 205. Blainviliei, Bp. — Agûïat. — M. C. Acanthias Blainviliei, Riss. 96. Centrina. 206. Salviaui, Riss. et Bp. — Peï porc. — P. C. 2- sérib. t. xu. Aimée 1860. 33 506 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) 97. SCYMNUS. 207. Lichia, Bp. — Litchq? — R. Symnus spinosus, Riss. 98. Oxyrrhina. 208. Spallanïani, Bp. — — R. 99. Sphyrna. 209. Zygaena, Raf. — Peï lûna. — P. C. Zygœna malleus, Riss. 100. Squatina. 210. Angélus, Dum. — Antjou. — R. 211. Oculata? Bp. — Anljou. — R. XXVII. Raides. 101. Torpédo. 212 Narke, Riss. et Bp. — Galina. — R. 213. Galvaui, Riss. et Bp. — Galina. — C. 214. Marmorata, Riss. — Galina. — As. C. 102. Raia. 215. Clavata, L. — Clavêlada. — Tr. C. Desybatis clavata, Bp. 216. Balis?, Bp. — Pélousa. — C. 217. Asterias, Bp. et Riss. — Pélousa. — Tr. C. 218. Fullonica, Bp. — Clavêlada. — P. C. 219. Oculata, Riss. — Clavêlada. — P. C. 220. Marginata, Lacép. — Miraïet, Fumai? — As. C. 221. Miraletus, L. — Miraïet. — As. C. 222. Quadrimaculata?, Bp. — Pélouzèta. — P. C 223. Bicolor? Riss. — Fumât. — R. 224. Macrorhynchus, Bp. — Fumai. — As. C. Raia oxyrhynchus, Riss. 225. Oiyrhynchus, Bp. — Capoulchin. — As. C. Raia rosir ata, Riss. 226. Mosaica, Lacép. et Riss. — Rlanquela. — P. C. Raja r adula? Bp. 103. Trygon. 227. Pastiuaca, L. — Paslènaga. — P. C. 104. Myliobatis. 228. Aquila, Bp. — Mourina, Aiqla dé mar. — As. C. 229. Noctula?, Bp. — Mourina, Aiqla de mar. — As. C TRAVAUX INÉDITS. 507 XXVIII. Suceurs ou Cyclostomes. 105. Petromyzon. 230. Marinus, L. — Lamproïa. — As. C. 100. Branchiostoma. 231. Lubricum, Costa. IX. Maintenant que nous avons énuméré les espèces qui, à notre connaissance, fréquentent la côte où s'effectuent nos recherches, pour terminer ce travail élémentaire il nous reste encore à dire quelques mots au point de vue de l'uti- lité générale, et, sans vouloir traiter à fond des ques- tions d'aussi haute importance, nous nous permettrons d'exposer rapidement certaines de nos idées, les soumet- tant à l'appréciation des hommes savants et pratiques qui s'occupent du même sujet, et dont nous serions surtout heureux d'obtenir l'approbation. Nous avons dit, dans notre premier paragraphe, en parlant des poissons, « les masses trouvent en eux une partie de leur alimentation : » cela est très-vrai , mais ce qui est malheureusement aussi une vérité, c'est que, sur les côtes françaises de la Méditerranée, le nombre de ces êtres utiles n'est plus en rapport avec les besoins tou- jours croissants de la consommation , si bien que l'on y supplée aujourd'hui, sur nos marchés, à l'aide de poisson qui arrive des ports de l'Océan, et principalement de Bayonne. Aussi, depuis plusieurs années, les prix de cette denrée, dans nos ports de mer, sont le plus souvent ina- bordables pour la masse, et subissent de temps à autre une nouvelle hausse, après laquelle ils redescendent rare- ment au taux précédent. Deux causes amènent ce résultat : l'accroissement rapide de l'importation de la marée dans l'intérieur, depuis l'ou- verture des lignes de chemin de fer, et la diminution très- sensible du poisson sur nos côtes. De ces deux causes, la première est irrémédiable, et, loin d'être à regretter, elle devient une nouvelle source de prospérité pour les popu- lations maritimes; c'est donc de la seconde seulement que 508 rev. et mag. de zoologie. {Novembre 1860.) nous nous occuperons, comme de la seule qu'il soit pos" sible de combattre efficacement. Pour quiconque a pu étudier, dans les ports du Lan- guedoc ou de la Provence, la question que nous traitons, il est facile de trouver le principe du dépoissonnement dans le défaut de réglementation de la pêche sur toute l'étendue de notre arrondissement maritime, et, par suite, dans la pratique immodérée et inintelligente qu'on y a faite de ce genre d'industrie. Il suffit d'assister une fois à la ma- nœuvre de ce qu'on nomme les bateaux-bœufs, pour se con- vaincre de tout le mal que doit faire un pareil mode de pêche. Voici comment on procède : deux bateaux d'assez fortes dimensions, munis de voiles latines, se rendent, suivant le temps, à une, deux, trois lieues et souvent plus au large; là, ils immergent un filet d'une étendue variable, mais toujours fort grande, garni de plombs en bas et de lièges en haut , de telle sorte qu'il soit maintenu déployé et perpendiculairement sur toute sa longueur; chaque bateau, tenant un des bouts du filet au moyen d'une corde de cinq à six cents brasses de long , met à la voile, et ils traînent ainsi le filet au fond de l'eau pendant une, deux, trois heures, c'est-à-dire jusqu'à ce que le patron juge que la pêche est suffisante. Il tombe sous les sens que, pendant le trajet, cet engin entraîne avec lui tout ce qu'il rencontre au fond de la mer sur toute son étendue, et avec d'autant plus de facilité que, à mesure que les herbes, les fucus, la vase et autres corps s'y accumulent, les mailles s'obstruent et finissent par ne plus laisser passage à aucun objet ; qu'on se figure donc les dégâts qu'occa- sionne ce genre de pêche, exercé journellement sur une étendue de quelques lieues seulement, par plus de cent ba- teaux du port de Cette, et autant d'Agde, de Palavas, etc., pour ne pas nous étendre au delà de nos environs. Mol- lusques de toutes dimensions, zoophytes, crustacés, pois- son, fretin, frai, tout est entraîné à la fois, et le mal devient bien plus grand encore dans la saison de la reproduction ; TRAVAUX INÉDITS. 509 aussi regardons-nous comme une excellente chose la suppression complète de cette pêche pendant les trois mois où le poisson est supposé frayer dans nos parages : cette mesure figure dans le règlement de pêche qui vient d'être adopté pour notre arrondissement, et qui est dû en grande partie au zèle éclairé de M. Filleau, commis- saire de marine à Cette (1). Mais, bien que nous regardions l'article du nouveau règlement comme un premier et excellent pas fait en vue du repeuplement, nous sommes loin de croire que l'on arrive, simplement en protégeant la ponte naturelle, à rendre à nos rivages l'abondance d'autrefois : le résultat pourrait être, tout au plus, de maintenir l'état actuel sans diminution nouvelle, et encore cela nous paraît-il peu probable, car, avec l'immensité du commerce de la ma- rée , tout poisson se trouvant utilisé , quelle que soit sa grosseur, il en résulte qu'une très-grande quantité de ces êtres sont détruits avant même d'avoir atteint l'âge de la reproduction ; or, lorsque l'on veut anéantir une race animale, ce n'est pas en immolant les pères et mères, sans s'inquiéter des enfants, qu'il faut procéder; bien au con- traire, en commençant par la progéniture, on est sûr d'en arrêter, au bout de peu de temps , l'essor, la loi naturelle de la vieillesse et de la mort se chargeant d'agir sur les pre- miers. C'est là ce qui arrive pour les poissons, et ce que nous regardons comme la plus active des causes du dé- poissonnement de notre littoral. Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie, par A. Chevrolat (1). 69. Bagous septemcos talus, terreus ; oculis, antennis tarsisque bre- vibus, peuultimo articulo bilobo, nigris ; thorace latitudine , vil longiore antice reflexo, arcte coustricto posticcque recto, late- (1) M. Filleau est aujourd'hui chef du bureau des pêches au mi- nistère de la marine. (t) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304 , 380 à 389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509. 510 kev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) ribus modice rolundatis, supra convexo, inajquali, foveolato, atque reticulato, sulco longitudinali , striga laterali , maculis duabus dorsalibus obscuris angulo postico breviter acute reflexo; elytris costis 7, nigris fuscoqueinterjectis. — L., 2 3/4 m.; 1., 3/4 m. Terreux. Tête subtriangulaire, convexe, inégale, ru- gueuse. Trompe un peu plus épaisse et arrondie en des- sus sur la base, amincie à l'extrémité, arquée. Antennes insérées en avant du milieu, à scapus (le reste manque). Yeux et tarses noirs. Corselet inégal, fovéolé et couvert de réseaux dorsaux, à peine plus long que large, relevé sur son bord antérieur, transversalement resserré de là, droit aux extrémités; sillon longitudinal assez profond; une strie étroite, costulée en dehors, sur chaque côté ; ceux-ci sont régulièrement arrondis; deux taches dor- sales, allongées, noirâtres. Elytres avec la suture élevée et 3 côtés par étuis; marquées de petites lignes noires, qui sont interrompues et entremêlées de fauve. Corps à ponctuation espacée. Deux exemplaires, pris sous une pierre, aux environs d'Alger, dans la saison d'hiver, m'ont été envoyés par M. Poupillier. 70. Ceuthorhynchus pratensis, simillimus C. campestri, H., S., subquadratus, supra griseo-fusco alboque signatus et variegatus, Jeucophaeus infra ; femoribus cinereis , fusco annulatis, subtus acute dentatis, tibiis pallidioribus, tarsis ferrugineis, unguiculis sim- plicibus; thorace transverso, autice reflexo, atteuuato et coustricto, bituberculato, lineis tribus albidis, inedio sulcato maculis duabus nigris; elytris modice rotundatis, subparallelis, sutura auguste alba ; striga média nigra, antice ramulum circumflexum emittente ad fasciolam lateralem ( formata punctis 4 aut 5 albis) ductam , versus basin, médium et apicemguttulis aliquot nigris transverse positis, fascia subapicali obliqua et albida ; striis distincte punc- tatis. — L., 2 1/3, 1/2 m.; 1., 1 1/2 m. Mêmes taille, grosseur, distribution des dessins et des couleurs que chez le C. Campextris ; mais il est relative- ment plus carré et plus parallèle que n'est cette espèce, et il s'en distinguera de suite par la suture, dont le trait noir est de même largeur en dessus et en dessous que la SOCIÉTÉS SAVANTES. 511 ligne blanche, tandis que, dans le Campestris, ce trait forme un T renversé. Il paraît se rapprocher aussi d'un C. Molitor, S., qui n'aurait qu'une seule ligne dorsale blanche au corselet. Gris ou brun en dessus, blanchâtre en des- sous. Tête arrondie, déprimée en avant. Trompe un peu plus longue que le corselet, noirâtre, cylindrique. An- tennes brunes, à funicule seul ferrugineux. Yeux noirs, cachés en partie sous le lobe. Corselet cendré ou bru- nâtre, transverse, aminci, abaissé sur son bord et trans- versalement comprimé peu après; anguleux en avant du milieu; coupé droit jusqu'à l'élytre; 3 lignes longitudi- nales blanchâtres ; médiane sillonnée; 2 taches anguleuses noires près la base Elytres grises ou brunes, à suture étroitement blanche, offrant un trait noir au centre ; de l'écusson part un trait blanc, oblique, circonflexe, qui est presque lié à une bande latérale (formée de k à 5 petites gouttelettes blanches contiguës) ; dans un interstice plus clair sont quelques points noirs placés sur une ligne transverse, peu après la base; une autre au-dessous de la bande latérale, et enfin une 3e près du sommet. Vers cet endroit une sorte de bande blauchàtre oblique. Patte* cendrées, annelées de brun ; jambes pâles; tarses ferrugi- neux. Deux exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été envoyés par M. Poupillier. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 5 novembre 1860. — M. Pasteur donne lec- ture de la suite de ses travaux «tir les générations dites spon- tanées. Séance du 12 novembre 1860. — M. E. Blanchard lit un Travail intitulé, Des modifications dans la conformation du cœur chez les Oiseaux. Dans ce travail, le savant anatomiste démontre que, 512 rev. et mag. de zoologie. {Novembre 1860.) chez les Oiseaux, le cœur est en rapport avec la nature de la locomotion , ce qui confirme ce que les zoologistes croyaient savoir par l'étude de l'ensemble de l'organisa- tion et des mœurs de ces Animaux. M. Milne-Edwards présente, au nom de M. Hesse, deux tubes dans lesquels se trouvent renfermés 1° Plusieurs embryons de Caliges fixés à leur mère par une expansion membraneuse ; 2° Huit ou dix embryons de Trébies également fixés» par une expansion menbraneuse, sur les branchies d'un Gade. « Ces faits matériels, dit M. Hesse dans sa lettre d'envoi, confirment la curieuse découverte que j'ai faite et que j'ai consignée dans le mémoire que j'ai adressé, à ce sujet, à l'Académie, et qui a pour titre Des moyens singuliers à l'aide desquels certains Crustacés parasites assurent la con- servation de leur espèce pendant la phase embryonnaire. » M. Milne-Edwards présente une Note de M. le profes- seur Moleschott, de Zurich, sur la structure des follicules pileux du cuir chevelu de l'Homme, et des préparations anatomiques qui, examinées au microscope, montrent la plupart des dispositions organiques indiquées par l'au- teur. M. le secrétaire perpétuel présente , au nom de l'auteur, M. Isaac Lea, une nouvelle partie du travail de ce na- turaliste sur le genre Unio. Dans cette dernière publica- tion se trouvent, avec la description de plusieurs espèces restées jusqu'ici inconnues , des remarques sur les formes embryonnaires dans la famille des Unionides. Séance dw 19 novembre 1860. — M. Pappenheim adresse une Note concernant le rapport de la présence des Vers dans les poumons tuberculeux avec l'apparition des Trichosomes dans la vessie ur inaire. M. Guérin-Méneville présente une Note intitulée, Hy- bride du Bombyx grand Paon et du Bombyx moyen Paon. Lettre de M. Guérin-Méneville à M. Flourens. SOCIÉTÉS SAVANTES. 513 Monsieur, vous avez déjà accueilli avec bienveillance, en 1858, la note que j'ai eu l'honneur de vous adresser sur l'hybridation des Vers à soie du ricin et du vernis du Japon. Aujourd'hui j'ose réclamer une faveur semblable pour un fait analogue, quoique moins complet; je viens vous prier de vouloir bien présenter à l'Académie des sciences un métis produit par l'union du Bombyx grand Paon {B. pavonia major, Lin., B.piri, Borkh., etc.), et du Bombyx moyen Paon [B. pavonia média, Fabr., B. spini, Borkh., etc.). Ce qui rend ce fait moins complet, c'est que l'observa- tion n'en a pas été suivie de manière à faire savoir si ces métis sont féconds, comme ceux que j'ai obtenus du Bombyx cynthia et arrindia, en sorte que mon observation demeure toujours la seule réellement complète dans son genre, relativement à la grande classe des Insectes, que j'étudie depuis trente-sept ans. Depuis longtemps je m'occupe de la question des hy- brides chez les animaux articulés, mais j'attendais toujours de nouveaux faits, mieux observés que ceux que j'ai trouvés mentionnés dans les auteurs, pour réunir mes ma- tériaux et les publier. Les ayant communiqués à mon savant ami M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, il m'a fait l'honneur de les citer dans son excellente Histoire naturelle générale des règnes organiques (t. 3, p. 185), ce qui me dispense de reproduire ici la trop courte liste de ces faits. Celui que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie est venu à ma connaissance d'une manière assez vague, et je n'en aurais pas fait l'objet d'une com- munication si je n'en avais eu que le simple avis; mais, comme j'ai reçu la preuve matérielle de ce que j'avance, et que l'on peut voir les sujets provenant de cette nou- velle hybridation, j'ai pensé qu'il était utile d'en entre- tenir un instant l'Académie. Ces métis ont été obtenus en Allemagne par une per- 51 k rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) sonne qui fait le commerce des Lépidoptères, mais dont je n'ai pu savoir ni le nom ni la demeure; ils proviennent de l'union d'un mâle grand Paon avec une femelle moyen Paon, dont la ponte a été l'objet d'une éducation faite, par ce marchand, en vue d'obtenir ces métis qu'il vend sur le pied de 40 francs pièce. Il est fâcheux que ce fait se soit trouvé entre les mains d'une personne qui n'a en vue que le commerce, car il est probable que tous les métis obtenus ont été tués et pré- parés pour être vendus, et qu'on n'a pas songé à s'assurer si ces métis sont féconds. Tout ce que j'ai pu apprendre de la personne (M. de Lorza) qui a bien voulu me confier les sujets que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui, c'est que son correspondant a obtenu infiniment plus de mâles que de femelles, et que les quatre ou cinq individus en- voyés à Paris étaient des mâles. En examinant ce nouveau métis comparativement avec les deux espèces dont il provient, on voit qu'il tient plus de la mère que du père par sa coloration générale, et qu'il tient des deux espèces par sa taille intermédiaire. Il a pris à son père ses antennes, plus blondes et plus effi- lées que celles du mâle du moyen Paon, la coloration plus foncée de la base de ses ailes; mais il tient de sa mèr< une couleur plus grisâtre, une place blanche dans laquelle est placée la tache ocellée des ailes supérieures, les bandes blanches de son abdomen, et beaucoup d'autres carac- tères que je m'abstiens de mentionner ici, pour ne pas trop allonger cette note, mais que l'examen des sujets montre suffisamment. Déjà j'avais trouvé, dans les auteurs, une vague men- tion de l'hybridation des deux Bombyx moyen Paon et petit Paon (B. fipini et carpini); mais cette observation, faite en Allemagne par Treitschke, est demeurée très- incomplète, puisque son auteur dit n'avoir eu que trois Chenilles métisses qui ont filé des cocons dont il n'a ob- tenu aucun résultat. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 515 Je vais faire des démarches pour essayer d'avoir quelques détails sur le fait intéressant que je signale au- jourd'hui, et qui a été aussi l'objet d'une récente commu- nication , faite par M. Bellier de la Chavignerie, à la So- ciété entomologique de France. Veuillez agréer, etc. Séance du 26 novembre 1860. — M. A. Gaudry fait con- naître les résultats des fjuilles exécutées en Grèce sous les auspices de l'Académie. Les ossements fossiles qu'il a recueillis sont au nombre de mille environ. Il présente aujourd'hui quelques osse- ments gigantesques qu'il présume appartenir au plus grand Mammifère terrestre du monde ancien , au genre Dinotherium. D'autres ossements d'un Ruminant gigan- tesque appartenant à l'animal que MM. Lartet et Gaudry avait appelé Girafe de Duvernoy lui ont paru assez dis- tincts pour notiver la formation d'un nouveau genre qu'il appelle Helladotherium. 111. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Specimina zoologica mosambicana , cura Josephi Bianconi. — Fasc. XIII, in-4, fig., Bononiœ, 1850. Ce fascicule, qui nous est parvenu dernièrement, con- tient la description de plusieurs Poissons trouvés, par M. Fornasini, sur les côtes de Mosambique ; le savant M. Bianconi, en les étudiant, a trouvé deux espèces nou- velles qui sont : 1° CulUonymus pereleguns, qu'il décrit ainsi : C. pinna dorsali autieaelata radiis setiformibussubaequalibus : postica duplo raajori. Spina operculari mediocri , duabus minimis ad basim adiectis. Osculo branchiali supra operculo posito. 2° Eleotris Fornasini. E. capite depressissimo, maxilla iuferiori productiore, naribus auticis lobulo carneo prajditis. Colore brunneo-griseo, ventre dilutiore. Les autres espèces sont déjà décrites ; ce sont 516 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) Scorpœna aurita, Ruppel ; Serranus flavo-guttalus, Peters; Chironectes lophotes, Cav.; Serranus salmonoides, Cuv.; Amphacanthus siganus, Rupp.; Caranx speciosus, Forsk.; Aulostoma chinensis, Lin.; Anabas scandens, Cuv. M. Bianconi donne, en outre, la description d'un Gly- phisodon qu'il croit nouveau, mais auquel il n'ose donner un nom spécifique , manquant de renseignements suffi- sants pour se prononcer définitivement. (G. M.) Les Lépidoptères de la Belgique , leurs Chenilles et leurs Chrysalides, décrits et représentés en dessins ori- ginaux d'après nature, par Ch. F. Duhois, — gr. in-8, fig. color., — liv. 1 à 10. — Bruxelles, 1859 et 1860. Tout en continuant sa belle collection ayant pour titre, Planches coloriées des Oiseaux de la Belgique et de leurs œufs, M. Dubois a entrepris un travail semblable sur les Lépi- doptères de son pays. Dans cet ouvrage, qui formera, pour ainsi dire, ui album en trois volumes, on trouvera la figure exacte et très-bien coloriée de tous les états des Papillons de h Belgique, œufs, Chenilles, Chrysalides, cocons et Insectes parfaits des deux sexes. Ce qui rend encore ce travail plus intéressant, c'est que le végétal principal sur lequel vivent les Chenilles est aussi représenté d'une manière très-exacte et très-pitto- resque, en sorte que chacune des planches publiées pai M. Dubois peut être regardée comme un joli petit tableau représentant toute l'histoire des êtres les plus gracier et les plus variés de la création. Cet ouvrage , publié par livraison de trois planches co- loriées accompagnées de leur texte , formera trois beauj volumes. Ce texte est composé de pages isolées qui sui- MÉLANGES ET NOUVELLES. 517 vent les planches , ce qui permettra d'adopter la classifi- cation que l'on préférera. Il porte le nom de chaque es- pèce en quatre langues, une synonymie, une notice géo- graphique indiquant les localités auxquelles appartient le Papillon, l'époque de l'apparition de la Chenille et du Papillon, avec les particularités connues de leurs mœurs, l'indication des diverses espèces de végétaux dont les Che- nilles se nourrissent, etc. Quand l'ouvrage sera plus avancé, à la fin du premier volume, M. Dubois fera paraître une table systématique qui servira à indiquer le classement des planches et de leur texte, et la description de chaque genre sera accom- pagnée de figures noires offrant les caractères génériques grossis. Comme la faune de la Belgique est à peu près la même que celle de l'Europe tempérée, on peut dire que cet ou- vrage tiendra lieu d'une faune lépidoptérologique d'Eu- rope : il sera aussi d'un grand intérêt pour les agriculteurs, en leur faisant bien connaître les espèces qui nuisent à leurs cultures. Ajoutons, en terminant, que le prix modéré de chaque livraison (2 fr. 50) rend cet ouvrage, comme celui que M. Dubois publie sur les Oiseaux de La Belgique, accessible à toutes les bibliothèques. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Bliïcker, savant zoologiste de Java, vient d'arriver en Europe , où il apporte de grandes richesses zoologi- ques. Ainsi que nous l'avons dit (1858, p. 155), ce savant infatigable a enrichi , avec la plus grande générosité, le muséum d'histoire de Paris d'une foule d'objets rares pro- venant de ses explorations dans les possessions néerlan- daises de l'archipel indien, ce qui lui a valu déjà le titre officiel de correspondant du muséum. Ses nombreux et importants ouvrages ont été signalés souvent à nos lec- 518 rev. et mag. de zoologie. [Novembre 1860.) teurs, et ils marquent sa place parmi les savants qui ont rendu le plus de services aux progrès de la zoologie. En passant par Paris, M. Blecker nous a annoncé qu'il avait expédié en Hollande beaucoup de collections re- cueillies dans les riches contrées qu'il vient de quitter, et qu'il avait l'intenlion d'en faire part à la France en en offrant une grande partie à notre collection nationale. 11 nous a montré aussi son admirable album de dessins de tous les Poissons des pays qu'il a explorés, dessins faits d'après la nature vivante ou fraîche, et faisant con- naître les vraies et magnifiques couleurs de ces Animaux, que l'on ne connaît généralement que par des cadavres décolorés. Cet atlas, formant plusieurs milliers de grandes planches in-folio, est un véritable monument zoologique. M. Blecker a l'intention d'en faire l'objet d'une publica- tion pour laquelle il sera aidé par son gouvernement. Galles souterraines du chêne. Le 5 novembre 1860, M. le maréchal Vaillant m'a montré, à l'Institut, plusieurs corps arrondis qu'il avait trouvés dans la terre, au pied d'un chêne, dans le bois de Vincennes, corps qu'il regardait, avec raison, comme étant des galles. Comme il me faisait aussi l'honneur de me consulter à ce sujet, et que je partageais son opi- nion, il a fait ouvrir une de ces galles dont il est sorti un Insecte parfait vivant, ressemblant à une grosse Fourmi à ventre globuleux, que j'ai de suite reconnu pour être le Cynips aptera, Fab. J'ai fait quelques recherches dans les auteurs, pour voir si l'on connaissait la galle dans laquelle se développe ce Cynips aptera, mais je n'ai rien trouvé. Jusqu'à présent on ne connaissait, comme formée sous terre, ou, pour être plus exact, se formant à fleur de terre, que la galle du Cynips quercus radicis, Fabr., dont parle Réaumur (t. 3, p. 455). MELANGES ET NOUVELLES. 519 La découverte faite par M. le maréchal semble donc un fait nouveau pour l'entomologie, qui devra à l'esprit émi- nemment observateur de ce savant l'histoire de l'espèce la plus singulière du groupe des Cynips, de ces producteurs la noix de galle, qui sert à faire les meilleures teintures en noir et l'encre avec laquelle on écrit tant de bonnes choses dans presque tout l'univers. Tous les ans j'observe, dans le midi de la France (dé- partements des Basses- Alpes et du Var), une singulière galle de chêne qui offre la forme dune sorte d'étoile rose couverte de glu. Après l'avoir cherchée en vain dans plu- sieurs auteurs, et surtout dans Réaumur, si riche en ob- servations de ce genre, je n'avais rien trouvé relative- ment à cette remarquable espèce; mais, en étudiant enfin l'article Diplolèpe de l'Encyclopédie méthodique, je vois qu'Olivier indique l'Insecte qui produit cette galle sous le nom de Diplolèpe de la galle en parasol (Dipl. umbraculus). Cette espèce, dit-il , vient d'une galle de chêne raboteuse, surmontée d'une espèce de chapeau ou parasol denté tout autour. Toute la galle est rougeâtre et enduite d'une es- pèce de glu. M. Danthoine, qui m'a envoyé de Manosque la galle et l'Insecte, a observé que la galle, quoique assez grosse, ne contient qu'un Insecte logé à la jonction du parasol avec le restant de la galle. C'est précisément dans les environs de Manosque et au printemps que j'observe cette curieuse production depuis dix ans. Parmi le grand nombre de ces galles que j'ai pu étudier chaque année, j'en ai trouvé qui avaient deux et quelquefois trois de ces disques étoiles et en parasols su- perposés. Le Ver a soie de l'ailante. A la suite de l'insertion, au Moniteur du 19 novembre 1860, de mon Rapport à S. M. V Empereur sur les travaux .' nt repris par ses ordres pour introduire en France et en 520 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.) Algérie le Ver à soie de V allante (1), presque tous les jour- naux de Paris et des départements ont entretenu leurs lecteurs de ce fait d'entomologie appliquée, soit en re- produisant mon rapport, soit en l'analysant, et il a même paru sous cette forme dans le Moniteur des communes du jeudi 22 novembre 1860, n° 47, p. 401. Je ne saurais trop remercier MM. les directeurs de ces journaux, qui ont bien voulu spontanément me seconder dans l'œuvre d'intérêt général à laquelle je consacre, de- puis longtemps , tout mon temps et toute ma sollicitude, et je dois un témoignage tout particulier de gratitude à la Patrie, qui, dès le 18 juin, avait généreusement pris l'ini- tiative. En donnant à mes travaux le puissant secours de leur immense publicité, ils ont montré, une fois de plus, que la grande presse comprend toute l'importance de sa belle mission, qui consiste aussi à favoriser le développe- ment de l'industrie agricole et manufacturière de notre pays. Guérin-Méne ville. (1) Le Rapport à l'Empereur forme une brochure in-8 de 100 pages, du prix de 3 fr. 50, envoyée franco pour toute la France. 11 paraît aussi, comme complément à eet ouvrage, un petit guide intitulé , Education des Vers à soie de Vailante et du ricin, et culture des végétaux qui les nourrissent, 1 vol. iu-12 de 72 pages. Prix, envoyé franco en France, 1 fr. 50. TABLE DES MATIERES. Page Loche. — Description de deux nouvelles espèces du genre Dauphin. 473 H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi- que. 479 N. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés à Cette. 494 A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 509 Académie des sciences. 511 Mélanges et nouvelles. 517 PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.— 1860. VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — DÉCEMBRE 1860. I. TRAVAUX INÉDITS. Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette, accompagné de notes explicatives et de quelques idées sur la pisciculture marine , par M. N. Doumet. (V. p. 299 et 355, 405.) Mais, nous répondra-t-on , chacun de ces êtres pond à lui seul une quantité d'oeufs que Ton peut évaluer par centaines de mille ou même par millions, et con- séquemment, quelque peu qu'il en échappe aux filets, cela devrait suffire, et au delà, au réempoissonnement. C'est là une grande erreur qui se réfute d'elle-même, car la na- ture n'a rendu les poissons si féconds qu'en vue du grand nombre d'ennemis qu'elle leur a donnés, à eux, et surtout à leur progéniture : en péchant une sole, par exemple, au moment de la fraie, ce n'est plus un seul être, ni même une vingtaine d'embryons que vous détruisez, comme on le fait en tuant un oiseau à l'époque de la ponte, ce sont au moins 300,000 œufs, par conséquent 300,000 poissons qui se trouvent anéantis; or les œufs des poissons n'exis- tent pas seulement dans le corps de la mère ; ces œufs, une fois déposés, restent sous cette forme pendant un laps de temps assez considérable, sans garde aucune, livrés à leurs ennemis, aux autres poissons, qui les dévorent par centaines de mille, et nous croirons être encore au-dessous de la vérité, si nous avançons qu'en moyenne, sur un mil- lion d'œufs déposés au fond des eaux, il n'y en a peut-être pas mille qui arrivent à l'éclosion, et que, sur ces mille petits poissons résultant d'un million d'œufs, près des trois quarts deviennent encore la proie de leurs ennemis avant d'avoir atteint l'âge de reproduction. *2 sÉRiB. t. ui. Année 1860. 34 522 rev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.) La nature équilibre toujours deux grands principes, la production et la destruction, et Ton peut être certain, que là où l'un des deux paraît exagéré, l'autre se trouve dans des conditions analogues; ainsi l'a-t-elle fait pour les poissons, empêchant l'encombrement des mers par de puissants moyens de destruction, tout en réservant la quantité nécessaire à la conservation de l'espèce. Mais la civilisation , qui est presque partout la perturbation de la nature , a détruit son équilibre en augmentant sans cesse le principe de destruction, sans s'inquiéter de celui de la production ; c'est ce qui est arrivé à l'égard des poissons dans le golfe du Lion , et , pour remédier au mal , il n'est qu'un moyen , celui de rétablir artificiellement l'équilibre entre les deux principes, en faisant de la pisciculture ma- rine, comme on fait de la pisciculture d'eau douce, comme onfaitdel'ostréoculture. Malheureusement, la science n'est pas aussi avancée sur l'ichthyologie marine que sur celle des eaux douces, car, si l'on connaît les formes d'une grande partie des espèces qui peuplent les mers, leurs mœurs sont encore à peu près ignorées; à l'appui de ce que nous avançons, nous ne citerons qu'un seul fait, l'ignorance presque complète des lieux où s'effectue la ponte de la plupart d'entre elles. On trouve bien, il est vrai, quelques renseignements épars dans divers auteurs sur l'époque et le lieu de la fraie de quelques-uns de ces animaux , ainsi que sur les formes de leurs œufs, mais ce ne sont guère que de vagues connaissances, et, si l'on demandait à quelque ichthyologiste de déterminer les œufs des espèces, même vulgaires, des poissons de mer, comme on le fait pour la truite et le saumon entre autres, il serait, nous le croyons, fort embarrassé. Cette partie de la science a donc besoin d'être sérieusement étudiée, et nous pensons qu'il serait bon, pour remédier à cet état de choses, de s'adres- ser aux nombreux naturalistes qui habitent les bords de la mer, et qui sont à portée de faire des observations sui- vie» et sérieuses ; on obtiendrait ainsi des résultats qu'il TRAVAUX INÉDITS. 523 est impossible d'attendre de missions temporaires confiées à des savants de l'intérieur, quelque incontestables que soient, du reste, leurs vastes connaissances. X. En jetant les yeux sur une carte du golfe du Lion, on est frappé de la quantité de lagunes dont il est bordé : ce sont ces lagunes ou étangs salés qui, à notre avis, donnent un moyen sûr et facile de mettre la quantité du poisson au niveau des exigences de la consommation , en même temps qu'elles peuvent aider au réempoissonnement des côtes dépeuplées par l'abus inintelligent de nos pêcheurs. Rien de plus facile, en effet, que d'utiliser ces réser- voirs naturels qui communiquent tous avec la mer par de simples goulots ou graus (réservoirs déjà poissonneux par eux-mêmes, mais soumis aux mêmes causes d'épuisement que la mer) en y lâchant des myriades de petits poissons venus artificiellement, et que l'on aurait préservés ainsi des causes de destruction auxquelles ils sont exposés pen- dant les premiers âges. Pour arriver à cela , il suffirait de créer un établisse- ment semblable à celui d'Huningue, dans lequel on fécon- derait artificiellement par millions les œufs des poissons les plus propres à l'alimentation , tels que le Loup de la Méditerranée ou Bar de l'Océan (Labrax lupus), les Muges, les Rougets, les Grondins, les Soles, les Sciènes et tant d'autres, qui formeraient une liste beaucoup trop longue si nous voulions les citer tous. Une fois ces œufs fécondés, ils seraient distribués dans toutes les localités qui pos- sèdent des étangs salés; là on les ferait éclore par les procédés reconnus les meilleurs, et, une fois conservés et nourris le temps suffisant dans des bassins disposés à cet effet, ils seraient lâchés tout uniment dans des lagunes dont on réglerait la communication avec la mer, et dont on interdirait la pêche jusqu'à ce qu'ils eussent acquis un certain développement. On conçoit que cette opération , pratiquée, chaque année, 524. rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) sur des étangs nouveaux, pendant que les premiers seraient livrés aux pêcheurs, créerait une source continue et, pour ainsi dire, inépuisable à la consommation, et cela sans beaucoup de peine, puisque, une fois soustraits à leurs nombreux ennemis, les œufs des poissons peuvent parvenir presque tous àl'éclosion, et qu'ainsi chaque individu traité dans l'établissement donnerait, à lui seul, des centaines de mille petits poissons. Mais, pour arriver à un tel résultat, il importe de com- mencer par acquérir des connaissances nouvelles et pré- cises sur les mœurs des poissons marins, et surtout des espèces vulgaires; aussi nous ne doutons pas que le savant embryogéniste auquel on doit, entre autres choses utiles, la régénération des huîtrières épuisées et la création de plusieurs bancs nouveaux n'attire l'attention du gouver- nement sur ces études à la fois utiles et intéressantes, et qui, sans doute, faute de moyens suffisants, paraissent avoir été négligées jusqu'ici par les naturalistes. Nous ter- minons donc notre rapide exposé en insistant sur l'utilité de créer, au bord de la Méditerranée, un établissement expérimental qui permette d'étudier avec fruit et sur une assez grande échelle l'importante question de la piscicul- ture marine. Comme nous l'avons dit plus haut, les lieux propices ne manquent pas parmi les étangs salés qui bordent le Languedoc et la Provence, et, pour n'en citer qu'un seul éminemment favorable à une création de ce genre, nous prendrons celui que nous sommes à portée de connaître le mieux , l'étang de ïhau , sorte de petite mer intérieure qui offre les fonds les plus divers, et où l'on vient déjà de tenter la création d'un banc d'huîtres en y submergeant comme essai quatre cent mille de ces mol- lusques. Errata. — Page 444, paragr. VII, lig. 3, au lieu de naceri, lisez Naccarii. TRAVAUX INÉDITS. 525 Notice sur un nouveau Poisson du genre des Trichomyc- tères, par Al. Guichenot. La révision que nous avons faite des genres Trichomyc- tère> Val. (Hist. Poiss., tom. XVIII, pag. 485), Nématoge- nys, Gir. [Proc. Acad. nat. se. Phil., tom. VII, pag. 194), et de celui que M. Meyer a établi sous le nom de Pygidie (Wieg. Arch.y tom. II, pag. 269), nous a engagé à séparer du premier de ces genres l'espèce dont M. de Castelnau a donné la description et la figure dans la partie ichthyolo- gique de son Voyage dans l'Amérique du Sud (pag. 50, pi. 24, fig. 4), sous le nom de Trichomyc terus pusillus, et qui, par exception, porte, à l'extérieur, un caractère qui le distingue de suite des genres que nous venons de citer pré- cédemment, celui de manquer de filaments grêles et déliés aux narines. Nous en faisons, à cause de cette particula- rité organique, le genre Astémomyctère, qui signifie na- rines privées de tentacules ; et, prenant la dénomination de M. de Castelnau, nous appellerons l'espèce Âstemomyc- terus pusillus. Ce caractère, tout notable qu'il soit, et si facile à saisir dans l'absence complète de tentacules na- saux, a cependant échappé à l'attention de M. de Castel- nau et démontre évidemment que le Poisson qui fait le su- jet spécial de cette notice, doit devenir le type d'un autre genre parmi les Trichomyctères, chez lesquels les narines sont toujours pourvues de filaments. Nous devons égale- ment signaler ici un second caractère propre au genre des Astémomyctères, qui consiste dans la forme particulière et remarquable des dents, et qui n'a pas non plus été si- gnalé par M. de Castelnau : toutes sont élargies, renflées à leur base, crochues à leur extrémité et à pointe dirigée en arrière, contrairement à ce que l'on voit dans les autres genres démembrés du groupe des Trichomyctères, où les dents sont fines, grêles, droites, parfois aussi en herse, et terminées en cône plus ou moins obtus (suivant les espèces que l'on examine) sur les branches des deux mâchoires. La forme fourchue de la queue de YAstémomyctère, bien 526 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) qu'elle ne puisse être considérée comme une troisième note générique, le fait néanmoins très-aisément aussi dis- tinguer des Trichomyctèrcs proprement dits, des Némato- genys et des Pygidies. D'ailleurs ce nouveau genre a, comme ces trois derniers, le corps allongé, couvert d'une peau nue sans écailles; la tête déprimée, large; le museau aplati, arrondi, et le même faisceau d'épines aux pièces operculaires. Il leur ressemble encore par l'absence de nageoire adipeuse ou sans rayons. Ce défaut de nageoire adipeuse le ramène près de Y Érémophile de Mutis, comme toutes les espèces qui s'en rapprochent le plus parleur or- ganisation générale, et que nous retirons, ainsi que les Maloptérures, de la grande famille des Siluroïdes, établie parCuvieret M.Valenciennes(loc. cit., t. XIV, pag. 310), ou de celle des Pogonophores de M. G. Duméril (Ichth. anal., pag. 424), pour en former une petite famille très- naturelle, sous le nom de Trichomy déridés, qui tire son nom du genre principal, et dont les caractères généraux sont ceux du groupe qui a servi à l'établir. Cette famille se rapproche, par ses affinités naturelles, encore plus de celle des Siluroïdes que d'aucune autre, et se trouve liée aux Cyprinoïdes par le genre Loche, en latin Cobitis. A la suite de ces réflexions préliminaires, nous n'avons plus qu'à donner une simple description spécifique de notre Astemomycterus pusillus ou du Trichomycterus pusil- lus, comme l'appelle M. de Castelnau (loc. cit.), et qui achèvera de signaler cette espèce à l'attention des ichthyo- logistes. Ce singulier Poisson offre, outre les particularités d'or- ganisation que nous lui avons assignées plus haut, un as- pect assez différent de celui des autres Trichomyctères, et qui indique bien qu'il doit appartenir à un autre groupe générique. En effet, ce qui frappe dans la conformation extérieure de Y Astemomycterus pusillus, c'est l'excessif al- longement et l'extrême gracilité de son corps, qui est ar- rondi en avant, comprimé en arrière, et assez semblable, TRAVAUX INÉDITS. %527 sous ce rapport, à celui des espèces qui lui sont analogues, on pourrait presque dire identiques, du moins en ce qui concerne leur structure II a la tête large, carrée et apla- tie; son museau est aminci, arrondi au bout, et porte, à chaque angle de la bouche, deux barbillons dépassant les yeux en arrière ; ceux-ci sont fort petits et tout à fait verticaux. Les épines qui garnissent l'opercule et l'in- teropercule sont fortes; la dorsale et l'anale ont peu d'é- tendue, surtout cette dernière nageoire, qui est coupée moins carrément ; les pectorales sont petites, larges et arrondies. La couleur de ce Poisson est d'un brun foncé sur le corps, et parfois couvert de petits points plus clairs, serrés entre eux, et qui forment, par leur réunion, des bande- lettes longitudinales irrégulières. Les nageoires sont brunes ; tout le ventre est d'un blanc mat. Nous ne connaissons encore que quatre exemplaires de cette rare et intéressante espèce ; ils se ressemblent entre eux et sont tous de petite dimension, car le plus grand n'a que neuf centimètres de long. Ils ont été pris dans l'Ura- guay et dans l'Amazone, rivières centrales de l'Amérique du Sud. Ce Poisson, écrit M. de Castelnau (loc. cit.), est, de la part des pêcheurs de l'Uraguay, l'objet d'un préjugé des plus singuliers : ils prétendent qu'il est fort dangereux d'uriner dans la rivière, car, disent-ils, ce petit animal s'élance hors de l'eau et pénètre dans l'urètre en remon- tant le long de la colonne liquide. Ce fait, dont nous n'osons garantir l'authenticité, nous paraît néanmoins trop curieux pour que nous ne le men- tionnions pas ici. Monographie du genre Choanomphalus , par M. J. R. Bourguignat. Le genre Choanomphalus a été établi dernièrement 528 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) (1859), par M. Gerstfeldt, pour une petite Coquille fluviatile du lac Baïkal, en Sibérie. La Coquille qui a servi de type à ce nouveau genre offre les plus grandes ressemblances de forme et d'aspect avec nos Valvata piscinalis et depressa du continent européen, mais ne possède point d'opercule. Or ce manque d'oper- cule indique un Animal complètement différent de celui des Valvata. Les Valvata vivent dans la vase des ruisseaux, à l'instar des Bithinies et des Paludines, tandis que les Choanom- phalus doivent se tenir sur les pierres ou sur les plantes aquatiques. Chez les Valvata, l'Animal possède des bran- chies tantôt internes, tantôt externes, formant une sorte de panache contractile , tandis que, chez les Choanom- phalus (1), il ne doit exister qu'une cavité tapissée d'un réseau vasculaire pour la respiration aérienne, et de la- melles branchiales pour la respiration aquatique. Les Valvata sont des Mollusques essentiellement aqua- tiques, par conséquent branchifères, tandis que les Choa- nomphalus doivent être amphibies, c'est-à-dire pulmo- br anches. Le genre Choanomphalus doit donc être placé, au point de vue anatomique, dans la famille des Limnéens, et, au point de vue conchyliologique, à la suite des Planorbes, et non après les Ancyles, ainsi que l'a fait M. Gerstfeldt. Les Choanomphalus, en effet, ressemblent beaucoup à certains Planorbes un peu discoïdes d'Amérique, et doi- vent former, selon nous, un lien nouveau entre les genres Planorbis et Limnœa. L'appellation Choanomphalus (de yj>a.voç, entonnoir; o[a- q&koç, ombilic) est un nom générique assez malheureuse- ment formé, puisque nous allons présenter deux espèces nouvelles dont les perforations ombilicales sont loin d'être en forme d'entonnoir. Malgré le peu d'exactitude de ce (1) Ou ne connaît point encore l'Animal de ce genre. TRAVAUX 1NKDITS. )2(.) nom générique, cette appellation, toute fautive qu'elle est, doit être conservée. Les espèces du genre Choanomphalus sont au nombre de trois ; en voici les descriptions : Choanomphalus Maacki. (PI. 23, f. 1-5.) Choanomphalus Maacki, Gerstfeldt, Land. und sussw. Moll. Sibir., in Mém. sav. étrang., t. IX, p. 528, fig. 31 A, B, C. — 1859. — — E. Crosse , Bibliographie , in Journ. de Conch., t. VIII, p. 404. Oct. 1860. Testa complanato-compressa , infuudibuliformi-umbilicata , lutes- cente coruea, par uni uitidula, striatula, ac irregulariterpassim vix longitudinaliter malleata; apice levi ; — aufractibus 4 sat velo- citer crescentibus; ultimo magno, subtus cariuato, ad aperturam non desceudente; — apertura augulatim-rotundata : — columella fere recta ; — peristomate simplice , recto , acuto ; marginibus approximatis, tenui callo junctis. Coquille comprimée, à spire à peine élevée, possédant un ombilic en forme d'entonnoir; test d'un jaune corné, peu brillant, et orné, çà et là, de petits méplats longitudi- naux à peine sensibles ; — sommet lisse ; — quatre tours s' accroissant assez rapidement; dernier tour grand, ca- réné en dessous vers l'ombilic, et ne descendant pas vers l'ouverture; — celle-ci est anguleuse, presque arrondie, à columelle, pour ainsi dire, droite, et à péiistome simple, droit et aigu; — les bords marginaux sont assez rappro chés et se trouvent réunis par une faible callosité. Diamètre 5-6 mill. Hauteur 2 1/2-3 Habite le lac Baïkal, en Sibérie. Choanomphalus amauronius. (PI. 23, f. 6-10.) Testa compressa , umbilicata , viridescente vel lutescente-coruea, striatula ac passim irregulariter longitudinaliter malleata; — apice levi ; — aufractibus 4, sat regulariter cresceutibus ; ultimo magno, rotundato, ad aperturam paululum descendente; — apertura 530 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) oblongo-rotundata, peristomate simplice, recto acutoque ; margine columellari reflexiusculo ; marginibus approxirnatis, callo tenui junctis. Coquille comprimée, ombiliquée, d'une teinte tantôt verdàtre, tantôt d'un jaune corné terne ; — test un peu strié et orné, çà et là, de petits méplats longitudinaux un f>eu plus marqués que dans l'espèce précédente ; — sommet isse; — 4 tours s' accroissant assez régulièrement; der- nier tour grand, arrondi et descendant un peu vers l'ou- verture; — ouverture oblongue-arrondie, à péristome simple, droit et aigu ; — bord columellaire un peu ré- fléchi sur l'ombilic; — bords marginaux rapprochés, réunis par une faible callosité. Diamètre 5-6 mill. Hauteur 4 Habite dans la rivière d'Angara ainsi que dans le lac Baïkal, en Sibérie. Le Choan. amauronius diffère du Choan. Maacki par son test moins aplati ; — par sa spire plus élevée par consé- quent ; — par son ombilic non caréné et non en forme d'entonnoir; — par son test orné de petits méplats plus sensibles; — par son dernier tour descendant un peu vers l'ouverture , — par son ouverture non anguleuse ; — par ses tours de spire s'accroissant plus régulièrement; — par sa suture plus profonde, puisque les tours sont plus saillants et plus arrondis, etc.. Choanomphalus aorus. (PI. 23, f. 11-15.) Testa depressa, perforata, brunnea, vel lutescente-cornea ; striatula, ac passim irregulariter paululum malleata; apice levi; aufractibus 4 celeriter accresccntibus; ultirao maximo, rctundato, ad aperturam vix descendente ; — apcrtura perobliqua rotundata ; peristomate simplice, recto, acuto ; — margine columellari paululum reflexius- culo ; — marginibus approximatis tenui callo junctis. Coquille déprimée, perforée, d'une teinte brune ou d'un jaune corné; — test strié et irrégulièrement orné de petits méplats longitudinaux; — sommet lisse; — 4 tours s'accroissant très-rapidement; dernier tour très-grand, TRAVAUX INÉDITS. 531 descendant à peine vers l'ouverture ; — ouverture très- oblique, arrondie, à peristome simple, droit et aigu; — bord columellaire un peu réfléchi sur la perforation ; — bords marginaux rapprochés, réunis par une faible callo- sité. Diamètre 5 mill. Hauteur 3 Habite en Sibérie, dans le lac Baïkal. Le Choanomphalus aorus se distingue du Choanom- phalus Maacki par son test moins déprimé, — par ses méplats mieux marqués , — par ses tours de spire s'ac- croissant très-rapidement; — par son ouverture arrondie et non anguleuse ; — surtout par son dernier tour de spire arrondi en dessous et non caréné; — enfin par une simple perforation et non par un large ombilic en forme d'en- tonnoir. On distinguera, en second lieu, le Choan. aorus de Yamauronius à son test plus déprimé; à ses tours de spire s'accroissant plus rapidement, par conséquent à son dernier tour beaucoup plus dilaté ; — à son ouverture plus arrondie; — enfin surtout à sa perforation ombili- cale, qui ne ressemble en aucune manière au large om- bilic de Yamauronius. Catalogue des Mollusques de la famille des Paludinées recueillis, jusqu'à ce jour, en Sibérie et sur le territoire de l'Amour, par M. J. R. Bourguignat. Les contrées septentrionales de l'Asie ont été, jusqu'à présent, peu explorées. Aussi la malacologie de ces vastes régions est-elle à peine connue. Seuls, MM. Martens, Middendorff, Maack et Gerstfeldt, soit par des échanges, soit par leurs écrits, ont fait con- naître un peu la faune conchyliologique de ces pays. Il y a quelque temps , nous avons reçu un certain nombre de Coquilles de la famille des Paludinées de Sibérie et des régions baignées par ie neuve Amour. 532 rfv. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) En comparant ces espèces avec celles déjà publiées par ces auteurs, notamment par M. Gerstfeldt, nous avons reconnu parmi nos Mollusques plusieurs espèces nou- velles. Ce sont donc les descriptions de ces Coquilles, avec une liste complète des autres Paludinées publiées avant nous, que nous donnons en ce moment. VlVIPARA USSURIENSIS. Paludina Ussuriensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sib,, in Mém. sav. étrang., t. IX, p. 507, pi. l,f. 1-4. 1859. — — H. Crosse, Bibliogr. sur les Moll. terr. et fluv. de Sib., in Journ. Conch., t. VIII, p. 398. 1860. Cette magnifique espèce présente deux variétés remar- quables. — La première, d'une taille considérable (haut., 58-60 mil!.; diam., 44-45 mill.), est très-élégamment ornée de méplats symétriquement placés en lignes con- centriques; — tandis que la seconde, qui est d'une taille moindre (haut., 48 mill.; diam., 38 mill.), se trouve sil- lonnée concentriquement de côtes rudes, saillantes et in- égales, tout en offrant des méplats aussi prononcés que ceux de la variété première. Marécages de l'embouchure de l'Ussuri, — ainsi que dans les lacs qui se déversent dans l'Amour moyen et in- férieur. VlVIPARA PR,EROSA. (PI. 24, f. 3, 4.) Paludina praerosa, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sib., in Mém. sav. étrang., t. IX, p. 509, pi. 1, f. 5 et 7 (excl. fig. 6a et 66) 1859. — — H. Crosse, Bibliogr. sur les Moll. terr. et fluv. de Sib., in Journ. Conch., t. VIII, p. 398. 1860. Se distingue surtout par sa forme globuleuse, ramassée, et ses tours s'accroissant avec la plus grande rapidité. TRAVAUX INÉDITS. 533 Habite l'embouchure de l'Ussuri. VlVIPARA PACHYA. (PI. 24, f. 1, 2.) Testa rimata, elongata-conica, solidissima, crassa, striatatula, ac concentrice vix tessellata et passim paululum malleata; fusco-Iuteolo- vel-corneo-viridescenti ; apice truncato; — aufractibus 6 (quo- rum 3 semper carentes) regulariter exacte crescentibus, sutura impressa separatis; — apertura obliqua, fore rotundata, intus al- bida; — peristomate acuto, recto, simplice; margioe columcllari super rimam apertam reflexiusculo ; margiuibus callo albidulo crassiusculoque junctis. Coquille conique allongée, pourvue d'une fente ombi- licale. Test épais, d'une grande solidité, strié avec peu de délicatesse, et présentant d'autres petites stries concen- triques peu sensibles surchargeant les premières en forme de treillis ; quelquefois même le test offre encore quelques petits méplats. Épiderme tantôt d'un jaune foncé tirant sur le fauve, tantôt d'une teinte cornée verdâtre. Sommet toujours tronqué ; 6 tours (les trois premiers manquent) convexes, s* accroissant avec la plus grande régularité et sé- parés les uns des autres par une suture très-prononcée. Ouverture oblique , presque ronde, intérieurement blan- châtre, à péristome simple, droit et aigu. Bord columel- laire un peu réfléchi sur la fente ombilicale, qui reste toujours ouverte. Bords marginaux réunis par une callo- sité assez forte. Hauteur 34 mil]. Diamètre 21 Cette espèce habite dans le fleuve Amour. La Vivipara pachya se distingue de la prœrosa par son test plus épais; — par sa fente ombilicale jamais recou- verte par son bord columellaire; — par sa forme plus al- longée et non trapue et ramassée, comme chez la prœrosa; surtout par ses tours de spire s'accroissant avec la plus grande régularité, ce qui n'a pas lieu chez la prœrosa. VlVIPARA ELOPHILA. (PI. 24, f. 8, 9.) Paludina prœrosa (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit., f. 6a et 66. 1857. 534 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) Cette espèce, confondue, par M. Gerstfeldt, avec \apra- rosa, se distingue de celle-ci par une taille trois fois plus petite, tout en offrant le même nombre de tours ; — pnr ses tours de spire s' accroissant avec beaucoup moins de rapidité ; — par son test élégamment orné de stries fines intercalées entre d'autres plus fortes et plus saillantes; — par son bord columellaire complètement réfléchi et re- couvrant la fente ombilicale ; — par son sommet plus aigu, etc. Habite dans l'Ussuri. VlVIPARA CHLOANTHA. (PI. 24, f. 5-7.) Testa rimata, globosa, sat solida, striata ac concentrice paululum malleata; — epidermide corneo-viridescenti ; apice obtuso; — anfractibus 4 convexis, celeriter crescentibus, sutura paululum canaliculata separatis; ultirao convexo, maximo; — apcrtura paululum obliqua, oblonga ; intus albidula; peristomate acuto, recto, simplice ; margine columellari, super rimam reflexiusculo. Coquille globuleuse, pourvue d'une fente ombilicale, à test assez solide, élégamment strié et orné de petits mé- plats concentriques peu sensibles. Épiderme d'une teinte cornée verdâtre uniforme. Sommet obtus. 4 tours con- vexes, s' accroissant avec la plus grande rapidité et sé- parés par une suture un peu canaliculée. Dernier tour très-grand. Ouverture peu oblique, oblongue, intérieure- ment blanchâtre, à péristome simple, droit et aigu. Bord columellaire un peu réfléchi sur la fente ombilicale. Hauteur 16mill. Diamètre 16 Habite divers affluents de l'Amour moyen. Vivipara Baicalensis. (PI. 24, f. 10.) Paludina Baicalensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX, p. 510, pi. 1, f. 8 et 10 (exclus, f. 9), 1859. — — H. Crosse, Bibiiog. sur les Moll terr. et fluv. de Sib., in Journ Conch., t. VIII, p. 398. 1860. TRAVAUX INÉDITS. 535 Habite dans le lac Baïkal, en Sibérie. Bythinia Manchourica. (PI. 24-, f. 11-13.) Bythinia Manchourica, Gerstfeldt, Mss. Testa imperforata, oblongo-conica, tenni, pellucida, sat nitida, cor- nea vel luteola, argutissime striatula, ac elegantissime costulis x concentrice ornata apice obtuso, levi. — Anfractibus 5 1/2 convexis, regulariter cresccntibus; apertura ovato-rotuudata, obliqua ; pe- ristomatc simplice, recto, açuto ; — margine columellari reflexius- culo ; marginibus tcnui callo juoctis. Coquille oblongue-conique, à test fragile, transparent, un peu brillant, d'une teinte cornée ou jaunâtre, — très- finement strié transversalement et orné, de la manière la plus gracieuse, de côtes saillantes concentriques. — Sommet lisse et obtus. — 5 tours 1/2 convexes, s'accrois- sant avec une grande régularité. Ouverture ovale-arrondie, oblique, à péristome simple, droit et aigu. Bord columel- laire réfléchi sur la fente ombilicale, qui est complète- ment recouverte. — Bords marginaux réunis par une faible callosité. Hauteur lOmill. Diamètre 6 Habite le fleuve Amour et divers cours d'eau de la Si- bérie méridionale. Bythinia striata. (PI. 23, f. 16, 17.) Bythinia striata, Benson, — — Gerstfcldt, Land und sussw. Moll. Sib., in Mém. sav. étr., t. IX, p. 511, pi. 1, f. lia, 116. 1859. Habite dans le fleuve Amour et à l'embouchure de l'Ussuri. Bythinia tentaculata. Hélix tentaculata, Limiœus, Syst. nat. (éd. X), I, p. 774. 1758. Bithinia tentaculata, Gray. in Turton, shells brit., p. 93, f. 20. 1840. Bythinia tentaculata, Stein, Schneck. berl., p. 92, 1850. 536 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) Paludina tentaculata, Middendorff, Reise Sibir., Il, Moll., p. 298. 1851. Bythinia tentaculata, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX, p. 534. 1859. Habite en Sibérie, aux environs de Barnaul. Bythinia similis. Cyclostoma simile, Draparnaud, Hist. Moll., p. 34, pi. 1, f. 15. 1805. Bythinia similis, Stein, Schneck. Berl., p. 93. 1850. — — Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sib., in Mém. sav. étr., t. IX, p. 510. 1859. Habite dans les eaux des environs de Tomsk, — ainsi que dans la plupart des affluents de la Lena et de l'Amour. Bythinia Leachii. Turbo Leachii, Sheppard, Desc. brit. shells, in Trans. Linn., vol. XIV, p. 152. 1823. Bythinia Leachii, M oquin- Tandon, Moll. France, t. II, p. 527, pi. 39, f. 20-22. 1855. Éditée par Desmoulins en 1827, sous le nom de Similis (non Cycl. simile de Draparnaud); par Westendorp, en 1835, sous celui de Kickxii, cette espèce est citée sous cette dernière appellation par Middendorff (Reise Sibir., II, Moll., p. 299. 1851), comme vivant dans les ruisseaux des steppes du pays des Kirgiss, ainsi que dans les cours d'eau qui descendent des montagnes Altaï. M. Gerstfeldt (loc. sup. cit., p. 311) semble douter que cette Coquille, constatée dans le Reise in den Sibiriens, soit bien la vraie Kickxii. Cependant, à en juger par la courte description qu'en a donnée Middendorff, les caractères énoncés sont bien ceux qui conviennent à cette Coquille Bythinia Angarensis (1). (PI. 23, f. 18, 19.) Hydrobia Angarensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. (1) Dans la planche qui accompagne ce travail, on a inscrit, par suite d'une erreur typographique, cette espèce sous le nom d'Aga- rensis. TRAVAUX INÉDITS. 537 Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX, p. 311, pi. 1, fig. 12a, 126 (exclud. fig. 13a, 136). 1859. — — H. Crosse, Bibliog. sur les Moll. terr. et fluv. Sibér., in Journ. Conch., t. VIII, p. 390. 1860. Se rencontre dans la rivière d'Angara, près d'Irkutsk, et dans le lac Baïkal. Bythinia raphidia. (PI. 23, f.20, 21.) Hydrobia Angarensis (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit., pi. 1, f. 13a et 136. 1859. Se distingue de V Angarensis, avec laquelle elle a été confondue, par son test plus conique, plus allongé; — par ses tours de spire s'accroissant plus régulièrement; — par son ouverture plus oblongue et moins arrondie; — par ses stries moins fortes, etc., etc. Habite le lac Baïkal. Bythinia aploa. (PI. 24, fig. 14.) Paludina Baicalensis (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit., pi. 1, f. 9.1859. M. Gerstfeldt a cru que cette espèce ( à laquelle nous attribuons le nom de Byth. aploa) était le jeune âge du Viv. Baicalensis; l'erreur est tellement grossière, qu'il est inutile, selon nous, de donner les caractères de ces deux Mollusques; il suffira, nous le pensons, de jeter les yeux sur la pi. 24, où ces deux Coquilles se trouvent représen- tées (fig. 10 et 14), pour se convaincre de l'utilité de notre rectification. La Bythinia aploa vit dans le lac Baïkal. Description d'une nouvelle espèce de Ceuthorhynchus , suivie de plusieurs synonymies de ces espèces, par M. Henri Brisout de Barneville. Ceuthorhynchus alliari/e ovatus, subconvexus, uiger, sat nilidus, fere glaber, roslro sat valido, punctato et substriato, thorace pro- 2e sérib. t. xii. Année 1860. 35 538 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) l'un do canaliculato, fortins quam in C. sulcicolli punctato, bituber- culato, ut in eodem fere constructo, elytris distincte punctato-sul- catis, interstitiis planis evidonter rugulosis, pleuris flavo-squa- mosis. Pedes nigri, tarsis testaceis, femoribùs dente acuto ar- matis, mas fovea transversali sat profunda, callo pilifero utriu- que notata. — Hab. ad Sanctum Germanum in Laya, prope Lute- tiam, in Erysimo alliaria sat frequens. Cette espèce est intermédiaire entre le Ceuthor. picitar- sis et le sulcicollis ; il diffère du premier par sa couleur noire et non olivâtre, et par l'absence des soies roides et un peu dressées qui parsèment les élytres du picitarsis. Il est plus brillant que le Ceuthor. sulcicollis; les squamules sont très-fines, visibles seulement à une forte loupe ; le rostre est plus fort, plus strié et surtout plus ponctué presque jusqu'à l'extrémité, tandis que dans le sulcicollis le rostre est lisse à partir de l'insertion des antennes ; la ponctuation du prothorax est plus forte, moins serrée ; les élytres sont plus distinctement ponctués -sillonnés, les intervalles sont aussi plus ruguleux ; les tarses sont testa- cés, la dent des cuisses est plus forte, plus aiguë ; enfin le mâle a des caractères différents : il est pourvu d'une fossette transversale assez profonde, munie, de chaque côté, d'un calus chargé de poils noirs ; dans le même sexe, le sulcicollis n'a qu'une impression légère. J'ai décrit {Annales de la Soc. Ent. de Fr., 1860, 2e tri- mestre) un Ceuthorhynchus sous le nom de pallidicornis. Cette espèce n'est fondée que sur des exemplaires presque unicolores du Ceuthorhynchus urticœ, qui se rencontrent, le plus souvent, à Saint-Germain ; les squamules, d'un cen- dré blanchâtre, se sont rapprochées et ne présentent au- cune trace du dessin qui distingue cette espèce dans sa forme normale, à l'exception d'une bande plus ou moins obsolète latérale sur les élytres. Je le réunis donc au Ceu- thor. urticœ (Schonh., VIII, suppl. 577, 81), dont j'ai vu un type d'Angleterre, Le Ceuthorhynchus pubicollis (Schonh., IV, 346, 146) offre les mêmes particularités; les squamules, d'un cendré en- SOCIÉTÉS SAVANTES. 539 core plus blanchâtre, se répandent sur les élytres et lais- sent souvent à peine apercevoir quelques interruptions, tandis que la forme normale, qui est le signatus (Schonh., IV, 346, 12), présente le dessin indiqué par cet auteur. Ces deux Ceuthorhynchus , identiques pour les autres ca- ractères, ne doivent former qu'une seule espèce (ainsi signatus = pubicollis). J'ai aussi à faire une observation relativement au Ceu- thorhynchus Grcnieri, que j'ai décrit aussi ( Annales de la Soc. Ent. de Fr., 1860, 2e trimestre). Les élytres de ce Ceuthorhynchus, ordinairement bleu obscur, passent à un noir plombé uniforme; les intervalles paraissent alors moins relevés ; c'est une variation cendrée qui se trouve non-seulement à Aix en Provence, mais encore en Al- gérie. Les exemplaires foncés en couleur, moins variés de blanchâtre, forment le Ceuthorhynchus uroleucus (Schonh., suppl., 577, 149, 72); ce ne serait qu'une pure variété du peregrinus (Schonh., IV, 514, 63) : ainsi peregrinus — uro- leucus. Le Ceuthorhynchus cœrulescens (Schonh., IV, 346, 387) est complètement identique avec le Ceuthor. chalybœus, Germar, et doit lui être réuni ; il est un peu plus brillant; cet éclat est dû au développement précoce de l'insecte, ce qui rend les élytres transparents; c'est YErysimi d'Oli- vier, selon M. Ghevrolat. Le Ceuthorhynchus atomus (Schonh., VIII, 577, 24, suppl.) n'est qu'une variété noir bleuâtre du setosus du môme auteur ; on les envoie d'Allemagne sous ces deux noms indifféremment. II. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences de Paris. St'-.mce du 3 décembre 1860. — M Milne-Edwards pré- 540 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) sente la première partie du 6e volume de ses Leçons sur la physiologie et Vanatomie comparée de V Homme et des Ani- maux. M. A. Duméril présente un Mémoire intitulé Rep- tiles et Poissons de l'Afrique occidentale, étude précédée de considérations générales sur leur distribution géographique. Ce travail est renvoyé à la section d'anatomie et de zoo- logie, mais nous doutons qu'il puisse procurer à son au- teur une place sur la liste des candidats au fauteuil aca- démique laissé vacant par son illustre père. Il est cer- tain que le Mémoire de M. Duméril est un vrai travail de zoologie ; mais ce n'est pas de cette zoologie positive que certaines personnes veulent aujourd'hui, et il est probable qu'il vaudra à son auteur de ne pas figurer sur la liste de présentation. Évidemment cela vaut mieux pour M. Duméril, car, en sa qualité de professeur d'une grande spécialité zoologique au muséum, il doit être placé sur une liste de candidature dans les premiers rangs, ou ne pas y figurer. M. Lacaze-Duthiers adresse un Mémoire sur un point de l'organisation des Vermets [Vermelus triqueter). « Les Vermets présentent, entre leur tête et leur pied, une dépression d'où s'échappent deux longs filaments ten- taculiformes, qu'ils agitent, écartent et meuvent comme deux organes du toucher. La position insolite de ces deux appendices m'avait vivement intrigué , car sur la tête on trouve, quoique très-petits, les tentacules ordinaires que présentent les Gastéropodes , et qui sont bien certaine- ment des organes des sens. Voici les résultats des obser- vations que j'ai faites sur le Vermetus triqueter et le V. se- misurrectus (Bivona et Philippi) vivants, qui abondent à Mahon (Minorque) et à Bonifacio (Corse). « Des dissections minutieuses m'ont conduit à voir que ces appendices correspondent à un organe de nature par- ticulière ayant des rapports importants avec le pied , et qu'ils sont les lèvres prolongées de la fente ou orifice SOCIÉTÉS SAVANTES. 541 d'une poche de nature glandulaire placée dans la cavité du corps. « On sait que le centre nerveux, qui, chez les Mollus- ques, donne des nerfs aux muscles du pied, n'en donne à aucun autre organe, à l'exception, toutefois, des Oto- lithes. On peut donc, à bon droit, considérer comme dé- pendance du pied toutes les parties qui tirent leurs nerfs du centre pédieux. C'est une excellente méthode que celle qui consiste à déterminer la nature d'une partie profon- dément modifiée par l'étude de ses connexions avec les autres parties, surtout par ses rapports avec le système nerveux. « Il était nécessaire d'abord de reconnaître si le sys- tème nerveux du Vermet était complètement semblable à celui des autres Gastéropodes pectinibranches; car, chez ces derniers, les connexions, les rapports sont connus. Or les quatre groupes de ganglions , parfaitement déve- loppés, m'ont paru dans la position qu'ils occupent habi- tuellement : l'analogie et la similitude sont complètes ; les connexions doivent donc être les mêmes. Or jamais les tentacules ou appendices céphaliques ne reçoivent leurs nerfs du centre pédieux ; c'est du centre sus-œsophagien qu'ils les tirent, et l'on peut même remarquer que ce der- nier groupe ganglionnaire est plus particulièrement lié à la sensibilité, tandis que le centre pédieux, à part son rap- port avec les Otolithes, est absolument lié au mouvement. Il fallait donc ici, pour pouvoir rapporter les filaments lentaculaires au pied ou à la tête, connaître l'origine de leurs nerfs. « Par des dissections minutieuses , difficiles il est vrai, mais qui ne laissent aucun doute, j'ai pu reconnaître que ces nerfs naissent des ganglions pédieux, et je me trouve conduit à cette conclusion, que les appendices qui nous oc- cupent ne sont pas des tentacules proprement dits , c'est- à-dire qu'ils ne doivent pas être considérés comme re- présentant quelques-uns de ces longs filaments ou voiles 542 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) céphaliques si variés de forme qui, pour tous aujourd'hui, sont en rapport avec la sensibilité spéciale. « D'ailleurs, quand on observe leur forme et leur dis- position, on voit qu'ils n'offrent pas les dispositions or- dinaires d'un tentacule : ils sont formés de deux lamelles réunies par le bord extrême, et laissant entre elles, en dedans, un petit canal qui conduit à l'orifice de la poche glanduleuse dont il a été question. Aussi l'on peut dire certainement que leur rôle est en rapport avec les fonc- tions de cet organe, dont l'importance est très-grande, comme on en jugera par les faits qui seront plus tard in- diqués. « Ainsi donc, en recherchant les rapports des parties extérieures avec les parties profondes, et plus spéciale- ment avec le système nerveux, le doute n'est plus pos- sible, et l'on trouve ici un exemple de l'utilité de la re- cherche des rapports des différentes parties de l'orga- nisme , en vue de la détermination de leur valeur ou si- gnification morphologique, et, on peut le remarquer, les connexions seules nous ont conduite ces résultats. « Ce travail, a dit M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire en le présentant, fait partie d'un ensemble de recherches que M. Lacaze-Duthiers poursuit, depuis plusieurs années, sur la morphologie des Mollusques, et en vue de mon- trer, dit l'auteur, « comment, dans le groupe des Mollus- « ques, la nature a varié de toutes les façons les formes « extérieures, sans changer, au fond , le plan général « d'organisation. » « M. Geoffroy-Saint-Hilaire fait remarquer l'intérêt qui s'attache à cette série de recherches sur les Mollusques. Presque tout est encore à faire, dans cet embranchement zoologique, pour la démonstration vraiment scientifique de l'unité de composition organique, si avancée, au con- traire, à l'égard des deux embranchements supérieurs du règne animal, les Vertébrés et les articulés. » Cette remarque de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire SOCIÉTÉS SAVANTES. 543 est d'un bon fils, car on sait que c'est à son illustre père que la science doit la célèbre théorie de l'unité de com- position organique. M. Milne- Edwards présente un ouvrage de Mme Power ayant pour titre, Observations et expériences physiques sur plusieurs Animaux marins et terrestres, in-8°, Paris, 1860. Il rend plus particulièrement compte des observations de l'auteur sur l'instinct des Martes et sur la production de la coquille des Argonautes. Séance du 10 décembre 1860. — M. Pierre Gratiolet lit, en son nom et au nom de M. Manuel Leven, un remar- quable travail de physiologie ayant pour titre, sur les mouvements de rotation sur ïaxe que déterminent les lésions du cervelet. — Renvoi à la section d'anatomie et de zoo- logie. M. Albert Gaudry lit une suite de son travail ayant pour titre, Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous les aus- pices de l'Académie. Dans ce fragment, M. Gaudry fait connaître les débris de deux nouveaux genres de Mammifères qui lui semblent établir quelques liens entre des Animaux qui , de nos jours, se montrent très-distincts. Chez le premier de ces genres , les mâchoires ont une canine de Chat, une dernière molaire et une carnassière de Chien; par leurs autres caractères, elles se rattachent à la famille des Ursidées. En imitant Cuvier, qui faisait passer en première ligne, dans la classification des Carni- vores, la disposition des dents carnassières et tubercu- leuses, il est permis de supposer que le fossile de Pikermi est intermédiaire entre les Chiens et les Ours. On pourrait le nommer Metarctos [perù, après; *çktgç9 Ours), pour indiquer que, sans doute, dans la série zoologique, il devra se placer entre les Ours et les Carnivores digiti- grades. Le second genre appartient aux Pachydermes; il est voisin des Palœotherium et des Paloplotherium; on pour- 544 rev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.) rait le désigner sous le nom de Leptodon grœcm (a^to?» mince; oJW, dent), pour indiquer que, proportionnément à leur longueur, les dents étaient extrêmement étroites. M. Max tin-Saint- Ange présente un Mémoire de térato- logie accompagné de sept* planches ayant pour titre, Description d'un fœtus humain, né à terme, présentant un grand nombre d'anomalies à des degrés divers, et désigné sous le nom de montre Phocomèle, suivie de quelques consi- dérations générales sur le mode de développement de l'orga- nisme humain. « Envisagé dans, son ensemble, ce fœtus très-gras, né à terme, représente un enfant de dimensions ordinaires; son poids est de 3k,50, son corps est très-développé ; sa tête est volumineuse et allongée. Les membres supérieurs et infé- rieurs sont à peine ébauchés, et c'est là le caractère dis- tinctif de la monstruosité. Il a six doigts à chaque main et six orteils à chaque pied, ou, pour mieux dire, six saillies à l'extrémité libre des membres, séparées par de petites échancrures cutanées assez analogues à des pattes d'oie. Les premières phalanges des doigts et des orteils manquent d'une manière presque absolue. « Quant à l'organisation intérieure, il résulte de ce Mé- moire qu'elle présente aussi de nombreux et remarqua- bles arrêts de développement. Relativement à la circula- tion, le cœur est resté dans les conditions anatomiques qui rappellent l'état embryonnaire; les vaisseaux qui en partent ont participé à cet arrêt de développement, et de' ces conditions réunies il résulte que le mouvement circu- latoire du sang, chez le Phocomèle, devrait être, après la naissance, ce qu'il était chez l'embryon, c'est-à-dire une circulation analogue à celle des Reptiles en général. « L'appareil digestif présente également des arrêts de développement d'un grand intérêt. On voit, au fond de la cavité buccale, deux luettes bien distinctes et séparées l'une de l'autre par un profond sillon qui divise la voûte palatine dans une assez grande éîenduo. Ce vice de con- SOCIÉTÉS SAVANTES. 545 formation résulte du défaut de jonction des parties simi- laires sur la ligne médiane, et il faut remonter à une époque tout à fait primitive du développement du fœtus pour y rencontrer cette phase de la création organique. « Indépendamment de ce fait curieux concernant les parois de la cavité de la bouche, il en est un autre non moins intéressant; je veux parler de la petitesse que pré- sente la langue du Phocomèle. Cet organe semble comme frappé d'atrophie et s'attache , par sa pointe , à la face interne du maxillaire inférieur par un frein très- court. Il résulte de là que la langue se trouve fixée dans la bou- che de telle manière qu'elle serait impropre au mouve- ment de succion. En outre, on remarque sur les côtés, à droite et à gauche du frein, deux masses ovoïdes et pédi- culées qui sont restées isolées de la pointe de la langue. Ces parties, à structure glandiforme, sont, par leur posi- tion et leurs rapports, les analogues des glandes linguales décrites et figurées par Blandin. Ici encore leur fusion avec l'extrémité libre de la langue ne se serait pas effec- tuée à un premier âge de la vie. « Une autre particularité, qui est digne de la plus grande attention, est celle-ci ; il existe sur chaque arcade alvéolaire, à droite et à gauche, des saillies gingivales assez volumineuses, au sommet desquelles il y a un ori- fice. Ces sortes de petits cratères organiques conduisent dans les cavités des follicules dentaires; ceux-ci prennent naissance dans le périoste des maxillaires, et il s'élève, du fond de leur cavité, un bourgeon périostique qui de- viendra, plus tard, la racine dentaire et qui déposera, à son extrémité libre, un produit de sécrétion propre à constituer l'émail de la dent; enfin, pour terminer ce qui est relatif à la bouche du Phocomèle, j'ajouterai que la mâchoire supérieure ne renfermait que six molaires, trois de chaque côté, et deux incisives ; les premières conte- nues dans deux grandes loges osseuses non encore cloi- sonnées, et les secondes dans deux alvéoles distincts. 546 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) II existait bien huit autres loges dentaires, quatre de chaque côté, mais ces alvéoles, à l'état rudimentaire, ne contenaient aucun germe de dents. Quant à l'os maxillaire inférieur, il ne renfermait que deux molaires de chaque côté et deux incisives; en tout, six dents. Ainsi la première dentition, en tenant compte de la vacuité des alvéoles rudimentaires du monstre phocomèle, se compo- sait de quatre incisives seulement, deux à chaque mâ- choire, les dix molaires devant faire partie de la seconde dentition ; à ce compte , il manquerait toujours deux grosses molaires à la mâchoire inférieure. Quoi qu'il en soit, et en attribuant tous les germes de dents retrouvés à la dentition de lait, on n'en aurait que quatorze au lieu de vingt. « En passant ensuite à l'appareil génito-urinaire, nous voyons là les désordres les plus grands se produire, soit à cause de la fusion des organes les uns avec les autres, soit à cause de leur état rudimentaire extrême. C'est ainsi que l'embouchure des voies urinaires dans le rectum, celle des conduits spermatiques dans la vessie urinaire, l'absence d'une verge, l'implantation d'un gland rudi- mentaire et imperforé sur le scrotum, etc., sont des faits qui impliquent d'une manière absolue l'impossibilité de reproduction pour l'espèce. » M. Lamare-Picquot soumet au jugement de l'Académie la première partie d'un travail intitulé, Physiologie comJ parée de quelques animaux voyageurs. Dans cette première partie, l'auteur, après quelques considérations sur la diète alimentaire à laquelle sont condamnées les populations situées près du cercle polaire, s'occupe presque exclusivement de deux Mammifères de ces régions, l'Ours blanc et le Renard blanc du pôle arc- tique. Commissaires, MM. Geoffroy- Saint - Hilaire , Milne- Kdwards, Cl. Bernard. Séance du 17 décembre. — La section de zoologie et SOCIÉTÉS SAVANTES. 547 d'anatomic comparée [singulière erreur! lisez d'anatomie et zoologie) présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duméril : 1° M. Blanchard, 2° M. Gerçais, 3° M. Martin-St.-Ange, 4° M. Robin, 5° M. Hollard, et 6° MM. Gratiolet et Puche- ran, auxquels sont adjoints, par la volonté de l'Aca- démie, MM. Longet et Poiseuille (1). ' Cette adjonction de savants, votée par l'Académie contre les intentions de la section, est très-regrettable, car un candidat qui n'avait pas été présenté par cette section peut être nommé malgré elle. Ce fait n'est pas le seul qui vienne montrer que les sections ne sont pas toujours dans le vrai chemin de la justice, et il prouve de nouveau que le mode de présentation aux fauteuils académiques devrait être réformé et mis en harmonie avec nos mœurs. Ceci me décide à mettre enfin en avant une idée extraite d'un mémoire assez étendu, conservé inédit jusqu'ici, et que j'avais écrit, il y a quelques années, à l'occasion des abus qui s'attachent aussi au concours. Dans ce travail, je démontre que, dans la plupart des concours, et aux académies et sociétés savantes, les can- didats sont jugés et classés par des savants arrivés, qui ont, presque toujours, été leurs adversaires et, trop sou- vent, sont encore leurs ennemis (2). De plus, lorsque cer- taines idées prédominent dans une section, tous ceux qui ne les partagent pas, ou n'affectent pas de les partager, sont repoussés, en sorte que ce groupe tend forcément à s'adjoindre celui des candidats qui envisage la science de la même manière. Si, malheureusement, les membres de cette majorité se trouvaient être de ces savants universels (1) On entendait dire, parmi les personnes qui assistent aux séan- ces, que l'on serait plus dans le vrai si cette liste était retournée. [%) Croit-on qu'un homme d'un grand génie, appelé, par le suf- frage universel, à gouverner un grand pays, serait nommé s'il lui fallait devoir sou élection au vote des empereurs et des rois ses ad- versaires? 548 rev. et mao. de zoologie. (Décembre 1860.) (académiques , comme ils disent) qui connaissent tout et ne savent rien à fond (1) , ils auraient le plus grand intérêt à ne pas laisser entrer des candidats supérieurs, de ces hommes forts comme on l'est quand on s'est adonné sé- rieusement à une spécialité, et comme on doit l'être dans un corps placé à la tête du mouvement intellectuel d'un grand pays. 11 est impossible d'attendre de notre faible humanité que des savants, même les plus consciencieux, ne verront pas, au moins avec peine, leur suprématie s'évanouir par l'adjonction, dans leur section, de savants au moins plus actifs, qui peuvent marcher devant eux, au lieu de les suivre humblement. Il est aussi difficile d'admettre que des sa- vants qui se croient les chefs d'une école nouvelle ne choisi- ront pas plutôt leurs disciples, accoutumés à admirer leurs théories et à les propager, que des hommes supérieurs restés indépendants. Il faut donc leur épargner ces tenta- tions, il ne faut pas mettre leur honnêteté aux prises avec leur amour-propre et surtout avec leur intérêt. Pour éviter tous ces inconvénients, il suffirait de décider que les membres de l'Académie des sciences (et aussi des autres corps savants) seront désignés par le vote uni- versel de tous les hommes de science de l'empire (2), et (1) Des savants, qui ont ainsi embrassé l'ensemble de la zoologie, de la botanique, etc., peuvent faire d'excellents professeurs de facul- tés; mais, dans une sphère plus élevée, il faut que les études aillent bien au delà de ces généralités. C'est ce qui a été compris pour l'or_ ganisation des cours du muséum d'histoire naturelle. Là on a voulu créer des chaires spéciales pour chacune des grandes branches de la zoologie, par exemple. Il serait fâcheux d'y voir plusieurs profes- seurs s'occupant de l'ensemble, y faisant de véritables cours de fa- cultés , et, quand il existe des savants soutenus qui se trouvent dans ce cas, on est obligé de les répartir dans diverses spécialités, ce qui est facile, mais peu avantageux pour le progrès, parce que ces sa- vants à connaissances générales peuvent prendre indifféremment n'importe quelle chaire vacante. (2) On pourrait considérer comme des hommes de science tous les docteurs es sciences , professeurs dans les facultés et tous ceux SOCIÉTÉS SAVANTES. 549 que l'Académie tout entière présentera au choix du mi- nistre les trois candidats qui auront réuni le plus de voix. Au moyen de ce système, dont je m'abstiens, pour le moment, de développer les moyens d'exécution, les savants vraiment supérieurs par leurs travaux, par l'utilité de leurs oeuvres connues et appréciées de tous ceux qui s'en seraient servis, arriveraient à la haute position de membres de l'Académie des sciences, sans être obligés de se soumettre aux déplorables démarches que nécessitent les candidatures actuelles. La dignité et l'influence de l'Académie, composée des savants qui feraient la gloire de la France, gagneraient à ce mode équitable et impartial de nomination, et les élus, conservant toute leur indépendance, n'ayant aucune rancune contre leurs confrères, auraient le droit de se regarder comme nommés au véritable concours. On serait certain, ainsi, qu'aucune influence de parenté et de coterie, qu'aucune considération autre que la justice n'auraient pu agir sur des électeurs dispersés dans tout l'empire, sur des hommes de science qui n'auraient peut-être jamais vu les candidats, et qui les jugeraient uniquement d'après les travaux que ceux-ci auraient publiés et soumis ainsi à l'appréciation et au jugement de tous. Cette idée, que je médite depuis longtemps, sera diver- sement appréciée. Les savants arrivés la trouveront ab- surde, ridicule, pitoyable. Leurs enfants, leurs disciples, leurs protégés et leurs flatteurs feront chorus ; mais ceux , qui ont la noble ambition d'arriver par leurs oeuvres seules trouveront qu'il est bien plus honorable d'être présenté au choix du pouvoir par les suffrages indépendants de tous leurs pairs, et ils approuveront mon idée sans oser cependant m'en remercier, et sans me tenir compte de mon abnégation, surtout si la réussite ne vient pas couronner auxquels la Société des amis des sciences , fondée par l'illustre Thénard, accorde le titre de savant; ils enverraient leurs votes ca- chetés au président de l'Académie, et le dépouillement en serait fait avec les garanties d'usage. 350 kev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.) mon initiative, et je ne pourrai pas dire qu'ils ont lort de se tenir dans une si sage réserve. Dans l'impossibilité de m' accorder le luxe d'une candi- dature dite sérieuse, qui consiste moins dans des travaux vraiment scientifiques et profonds que dans l'art de se faire des partisans pendant trois ou quatre ans de pa- tience, remplis par de nombreuses visites, quelques mé- moires élogieux pleins d'admirations de commande, etc., je fais comme le Parthe ; seulement ma flèche porte un levain dont je ne verrai peut-être pas les effets, mais qui agira tôt ou tard. Séance du 24 décembre. — M. le docteur Bourgarel, chi- rurgien de la marine impériale, lit un mémoire d'anthro- pologie ayant pour objet l'étude des races de l'Océanie française, et particulièrement de la Nouvelle-Calédonie. Nous reviendrons sur cet important travail. L'Académie passe ensuite au vote pour la nomination d'un membre dans la section d'anatomie et zoologie. Au premier tour le candidat de la section obtient vingt- cinq suffrages ; celui de l'Académie, vingt-neuf. Au deuxième tour, le candidat de la section obtient vingt-sept suffrages, et celui de l'Académie trente et un. En conséquence, M. le docteur Longet, l'un de nos plus savants physiologistes, après avoir perdu plusieurs années en démarches pénibles, est proclamé membre de l'Aca- démie, et c'est heureusement justice. Ce résultat, très-fâcheux pour la majorité de la section, . mais excellent pour la considération de l'Académie, était prévu; mais il n'en a pas moins produit une profonde sensation. C'est un événement qui montre encore la haute raison des grands nombres et vient appuyer mon idée d'élection au suffrage universel, qui pourrait bien faire son chemin , si elle était souvent aussi efficacement sou- tenue par des sections académiques. La prévision de ce résultat avait inspiré à M. G. Gri- maud de Caux un article aussi sagement pensé que re- SOCIÉTÉS SAVANTES. 551 marquablement écrit. Comme ce sujet, traité avec autant d'indépendance que de logique, intéresse tous les savants, et plus spécialement les zoologistes, je crois leur être agréable en reproduisant cet article, pour le conserver à la science autrement que dans une feuille volante « Lundi dernier, la séance de l'Académie des sciences s'est bornée à "la lecture du procès-verbal et de la corres- pondance. La compagnie s'est formée immédiatement en comité secret. « L'Académie a trois membres à remplacer : dans la sec- tion d'anatomie et zoologie, M. Duméril; dans la section de botanique, M. Payer; et dans la section de géographie et navigation, M. Daussy. Le comité secret de lundi a eu pour objet le remplacement de M. Duméril. « J'ai déjà dit ici que l'Académie est divisée en onze sec- tions formant deux groupes, le premier embrassant les sciences mathématiques, et le second les sciences physiques. « Quelle que soit l'universalité de ses connaissances, au- cun membre ne prétend à une compétence absolue, si ce n'est pour la science qui a été l'objet de ses préférences, et à la culture de laquelle son génie s'est appliqué avec succès. « Il résulte de cette situation que, quand il s'agit d'une élection, la véritable compétence appartient, en droit comme en fait, à la section dont il faut remplacer le membre décédé. « L'Académie a un grand respect pour le principe de la compétence, qui, appliqué avec discernement, comme c'est l'ordinaire, est le véritable fondement de sa gran- deur. « A leur tour, les sections sont pénétrées de la respon- sabilité effective qui leur incombe, et elles mettent tous leurs soins à établir une liste de présentation qui classe dans un véritable ordre de mérite réel les candidats, presque toujours assez nombreux, qui se présentent aux suffrages de l'Académie. 552 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) « Si, ce qui peut arriver, la liste de la section n'est pas l'expression réelle du mérite gradué des candidats, l'Aca- démie, sans impugner cette liste et sans la rejeter, par conséquent, désigne elle-même le candidat auquel il lui semble que justice n'a pas été rendue, et, le jour de l'élec- tion, la lutte s'établit entre la liste de la section et celle de l'Académie. « Ce cas est toujours très-grave, parce que , quand les prétentions de la section ne sont point admises, il en ré- sulte, pour elle, un discrédit incontestable. « Le comité secret de lundi dernier a révélé une situation de ce genre. La section d'anatomie et zoloogie a présenté une liste nombreuse, trop nombreuse, dont la formation a donné lieu à des combinaison singulières. Cette liste ne paraît pas avoir satisfait l'Académie. L'élection de lundi prochain s'établira donc sur une double liste. « Je ne connais aucun candidat ni d'un côté ni de l'au- tre, et d'ailleurs je n'aurais pas la présomption de dicter un choix quelconque à l'illustre assemblée; mais, abstrac- tion faite des titres scientifiques, dont je me dispense de discuter la valeur, une raison supérieure doit donner gain de cause au candidat de l'Académie. Cette raison, c'est la nécessité de confirmer la règle par l'exception, quand l'exception est manifestement indiquée. « Je crois être l'écho de l'opinion générale en affirmant, comme je le fais, que, dans la circonstance, l'exception sera solennelle, et que jamais elle ne fut plus nécessaire ; et cela se comprend de reste. « La section d'anatomie et zoologie se compose de six membres, dont un est à remplacer; restent cinq acadé- miciens auxquels a été dévolu le sort des candidats. « Supposez que, parmi ces cinq membres, il y ait trois médiocrités; ces médiocrités, ayant la majorité , ont donc déterminé la formation de la liste. Or il faudrait mécon- naître la nature humaine pour ne pas ctse convaincu que jamais des hommes médiocres ne consentent à s'adjoindre SOCIÉTÉS SAVANTES. 55 3 des hommes do talent. C'est surtout ici que s'applique la loi d'attraction de soi pour soi, dont Etienne Geoffroy- Saint-Hilaire a jadis fait l'application à l'anatomie trans- cendante. « L'Académie a donc eu toute raison de considérer la liste de la section comme insuffisante, et de désigner, elle aussi, son candidat. « Il y a des membres qui penchent pour la liste de la section, uniquement par respect pour le principe de la compétence; ceux-là oublient que, en admettant les ex- ceptions motivées, on ne manque pas aux principes; que, au contraire , on leur rend hommage en enlevant à leur application tout caractère d'esprit coutumier et d'aveugle routine. Dans la circonstance présente, on consacre une fois de plus l'omnipotence souveraine de l'assemblée, que les sections ne doivent jamais perdre de vue , et Ton ré- prime efficacement les écarts où les pousse la prépotencc naturelle aux médiocrités, auxquelles un hasard funeste a donné la majorité. « Le groupe des sciences physiques ne contient pas moins de dix-huit docteurs en médecine, en y comprenant le secrétaire perpétuel, M. Flourens; lesquels, pour obtenir leur grade, ont dû cultiver plus ou moins les sciences anatomiques et zoologiques. « Si l'élection introduit dans la section une médiocrité de plus, c'est sur ces dix-huit membres que pèsera la res- ponsabilité des conséquences. « Ceux-là doivent considérer jusqu'à quel point il peut être indifférent à l'Académie, à sa propre gloire, de se trouver, pour un long temps peut-être, dans l'impossibi- lité d'introduire dans sa section d'anatomie et zoologie des hommes de valeur ; si, malgré ceux qui existent dans les sections diverses et même hors des sections, il n'im- porte pas, toutes les fois qu'il y a lieu, d'attirer les es- prits les plus capables de continuer la domination paci- 2e skrib. t. xii. Année 18G0. 36 55 '* rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) tique de la France à l'étranger, domination à laquelle l'Académie des sciences a eu certainement la plus grande part jusqu'à ce jour, et si l'adjonction irréfléchie des mé- diocrités n'est pas le plus sûr moyen d'amoindrir cette gloire et, par conséquent, de la compromettre. « J'ai dit que la formation de la liste de la section avait été l'objet des combinaisons les plus singulières et, j'ose- rai ajouter, les moins dignes. Cette liste était déjà assez nombreuse, et néanmoins la section a fait parler le télé- graphe pour provoquer la candidature d'un savant mo- deste que ses fonctions retiennent en province, et qui, mettant ses prétentions au niveau réel de ses travaux et de ses moyens, n'avait, jusqu'à présent, sollicité qu'une place de membre correspondant. « La section a cru avoir besoin de cette candidature sup- plémentaire pour donner un plus grand relief à son can- didat préféré, et aussi pour éloigner d'un rang de plus dans sa liste, ou pour mettre hors rang, ceux qu'elle re- doutait ou qu'elle ne voulait pas classer. « De pareilles habiletés sont à la hauteur des esprits qui les ont conçues ; cela n'est pas digne des savants sérieux qui composent l'Académie en grande majorité et sont le fondement réel de son illustration. « Je n'ajouterai plus qu'un mot, mais il me paraît indis- pensable. C'est certainement une chose fort délicate et surtout très-difficile que de prendre parti, du dehors, dans les élections de l'Académie des sciences. Là les candidats doivent être et sont toujours , quand la règle est ob- servée, des hommes tellement spéciaux qu'ils ne peu- vent être jugés que par leurs pairs, et ces jugements, il faut les respecter. « C'est pourquoi Y Union, on peut lui rendre cette justice, ne s'est jamais mêlée d'aucune candidature. Dans la cir- constance actuelle même, elle n'a aucun prétendant à re- commander; d'ailleurs on le sait bien, en fait de science, ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 555 sa politique est de n'avoir point d'opinion et do ne tenir compte que des progrès véritables. « Ce que Y Union veut consacrer aujourd'hui, c'est que, quand la majorité de l'Académie prononce d'avance, en quelque sorte, la cassation du jugement d'une section, en mettant une liste nouvelle en opposition avec la liste que cette section fourvoyée lui présente, ce ne sont pas seule- ment les convenances et la dignité de l'Académie qui commandent, c'est la raison et le respect des principes. » Union du 22 décembre 1860. M. le comte Gowilski annonce que, cette année, pour la première fois, les Sauterelles ont envahi la Gallicie ou Pologne autrichienne. Séance du 31 décembre 1860. — M. Flourens lit un Tra- vail ayant pour titre : Nouvelles expériences sur la coloration des os du fœtus par le régime de la mère. Le savant académicien rappelle ses précédents travaux sur le même sujet. Il cite les expériences physiologiques de ses prédécesseurs sur la respiration chez le fœtus, exa- mine comment se fait sa nutrition, et en conclut que le fœtus se nourrit et respire par la mère. III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Planches coloriées des Oiseaux de la Belgique et de leurs œufs, dédiées à S. M. Léopold Ier, roi des Belges, par Ch. F. Dubois. — Gr. in-8% fig. coloriées, Bruxelles, 1860. Ce bel ouvrage, qui forme une véritable faune ornitho- logique de l'Europe, est continué avec la plus louable activité par son auteur, et mérite toujours l'accueil em- pressé que lui ont fait les naturalistes. Comme nous avons déjà parlé plusieurs fois des livrai- sons qui se succèdent sans interruption, nous nous borne- rons à annoncer aujourd'hui que l'auteur, au lieu de né- gliger l'exécution de son livre, comme cela arrive quel- 556 rev. kt mag. de zoologie. {Décembre 1860.) quefois dans les publications faites seulement dans un but purement commercial, a apporté des améliorations con- stantes dans le dessin, la lithographie et le coloris de ses planches, qui forment le plus souvent, de jolis petits paysages appropriés aux mœurs des espèces représentées. L'examen des livraisons 116 à 130, que nous avons sous les yeux, nous fait' constater des progrès constants et nous encourage plus que jamais à recommander cet ou- vrage. (G. M.) Le Monde des Oiseaux. — Ornithologie passionnelle, par M. A. ïoussenel, 2e et 3e volumes. (Troisième article.) Nous avons rendu compte, il y a déjà longtemps et à deux reprises (1), de Y Ornithologie passionnelle de M. Tous - senel, ouvrage d'humour et d'imagination quant à la théo- rie, mais rempli de faits nouveaux et des observations les plus fines sur les mœurs des Oiseaux de notre Europe. Nous ne nous occupâmes alors que du premier volume; bien près de la même époque deux autres volumes ont paru, et nous venons aujourd'hui, comme nous nous y en- gageâmes alors, remplir, quoique tardivement, notre pro- messe et vis-à-vis de M. Toussenel et vis-à-vis des orni- thologistes. Nous avons vu que, dans le premier volume, l'auteur, reprenant la classification par la fin, à l'instar (et bien à son insu) de Scopoli et du docteur Reichenbach, a traité des trois ordres qu'il nomme Rémipèdes pour les Palmi- pèdes, Longitarses pour les Échassiers, et Vélocipèdes pour les Coureurs et les Pulvérateurs. Dans le deuxième volume, continuant le développement de son système, il traite des deux ordres suivants : 1° Sédipèdes, divisés en Frugivores pour les Pigeons, Granivores pour les Fringilles, Baccivores pour les Fauvettes, et Insectivores pour les Traquets, Go- be-Mouches, Hirondelles, Engoulevents, Grimpereaux, il) Rev. et mag. de zoologie, 1859, n°» 1 et 4, p. 41 et 193. ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. 557 Huppes, Guêpiers, Martins-Pêcheurs et Mésanges; 2° Ju- gipèdes pour les Zygodactyles ou Grimpeurs. Et dans le troisième volume de son ordre, le plus impor- tant, celui des Serripèdes, renfermant la série ambiguë des Omnivores, consacrée aux six genres : Casse-noix, Cor- beau, Rollier, Geai, Pie et Pie-Grièche, et finissant parles Serripèdes proprement dits pour les Rapaces, divisés en deux groupes, Diurnes et Nocturnes, le premier subdivisé lui-même en Auxiliaires et en Rebelles ou Insoumis. C'est donc, au total, un nombre de six ordres que re- connaît l'auteur, autant à peu près, ainsi qu'il le dit lui- même, qu'en reconnaissait G. Cuvier, lequel en comptait sept. Nous avons sérieusement étudié la manière de voir, de sentir et de procéder de M. Toussenel, que nous avons l'honneur et le plaisir de connaître personnellement, et nous croyons que, pour apprécier un auteur dans ses œu- vres, la chose n'est pas aussi indifférente qu'elle paraît communément. Aussi pensons- nous que, si M. Toussenel eût connu Buffon de la même manière, il l'eût moins mal- traité et moins dédaigné qu'il ne l'a fait, quoiqu'il ait eu le bon goût d'enrayer à temps sa verve sarcastique à l'égard de ce grand talent, pour ne pas avoir l'air de céder au courant de l'ostracisme populaire, nous dirions même vulgaire, dont certains écrivains, comme de parti pris, ont poursuivi notre illustre naturaliste. Le fait que nous avons toujours contesté, et sur lequel nous revenons encore, de Buffon en manchettes à son bu- reau, serait- il vrai, qu'il trouverait son explication toute simple dans la manière dont l'homme envisageait la na- ture, qu'il ne rougissait pas d'étudier si révérencieuse- ment. Avec la majesté qu'il se plaisait à lui reconnaître, il l'a traitée en grande dame que l'on ne se hasarde guère certainement à courtiser qu'avec tous les dehors du beau monde qu'elle fréquente, au lieu de la traiter en maîtresse, comme le font le plus souvent les littérateurs de nos jours, 558 hev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) et par conséquent avec tout le laisser aller et tout le né- gligé que comportent de légères et passagères liaisons. Quoi qu'il en soit, et en réfléchissant bien même à ce temps d'arrêt de l'auteur dans son système de dénigrement de Buffon, nous sommes convaincu que sa propre volonté y est entrée pour beaucoup moins que la force et l'ascen- dant de Yanalogie ou de ses attractions naturelles; car ce qui fait la force comme la faiblesse, parfois, de celui que l'on a appelé le Pline français, croyant ainsi lui faire un honneur dont il pouvait fort bien se passer, c'est sa pas- sion et l'entraînement de son esprit pour les analogies. Et l'on ne peut nier que, par ce côté, ainsi que nous l'avons déjà dit, il n'y ait un point de contact si intime entre l'au- teur de Y Histoire des règnes de la nature et l'auteur de YOrnithologie passionnelle, que l'un semblera toujours la continuation de l'autre, sauf la différence des deux épo- ques où ces deux génies ont pris leur essor. On voit que nous considérons ce dernier très au sé- rieux, peut-être même plus qu'il ne l'eût voulu. Mais la faute n'en est qu'à lui seul. Il a mis le pied dans la science, dont il a gardé tout le fond en en répudiant (pensait-il) les formes et le langage classiques. Nous tenons à ce qu'il y reste, et c'est pour cela que nous provoquons sur lui l'attention des savants. La conquête d'un tel esprit et d'une telle plume est de trop de valeur dans l'intérêt de l'ornithologie et de son progrès, pour qu'elle ne cherche pas à se la faire propre ou sienne en la gardant précieuse- ment et en se l'assimilant. Il est arrivé à M. ïoussenel ce qui arrive à tout homme intelligent ouvrant son esprit à une science qu'il se prend à étudier pour la première fois : tout lui semble nouveau dans les faits, tout lui semble une création à lui propre dans les idées. Doux rêve assurément, mais moins doux réveil, cruelle illusion! L'humanité, pour les sciences na- turelles comme pour les sciences économiques et politi- ques, a tourné sans cesse, tourne encore et tournera tou- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 559 jours dans le mémo cercle : M. Toussencl en est une preuva par lui-même. Amant passionné de la nature et par ses instincts et par ses habitudes, il entre d'un bond et de plain-pied dans la voie glissante de l'ornithologie; il croit n'y voir que dé- sordre alors seulement qu'il y a désaccord entre ses idées et celles des méthodistes qui l'y ont précédé, et entreprend de suite de rétablir, à sa manière, l'harmonie dans ces éléments un peu étranges pour lui , sans se douter que bien d'autres ont fait le même rêve et ont cherché, avec plus ou moins de succès ou de bonheur, à le réaliser : lui rappellerons-nous que le dernier et le plus illustre, le prince Ch. Bonaparte, qui eût été si fier de connaître et de voir l'auteur de Y Ornithologie passionnelle , y est mort à la peine? L'histoire naturelle, en effet, au point de vue de la clas- sification et de la méthode, n'a jamais été, après tout, qu'une science de rapports; or qui dit rapports dit ana- logie. C'est donc sous l'influence d'un esprit d'analogie qu'ont procédé tous les naturalistes anciens et modernes. Les uns ont, en conséquence, consulté les analogies ana- tomiques, organiques ou physiologiques; les autres, les analogies de mœurs, soit de nourriture, soit de modifica- tions, soit d'éducation des petits chez les animaux de chaque classe zoologique, soit même du produit ovarien pour les Oiseaux. Et il est évident que ces derniers se sont trouvés beau- coup plus près qu'aucun de leurs collègues de X analogie passionnelle, quoiqu'ils n'aient pas créé le mot. Mais il faut convenir que, si M. ïoussenel n'a pas inventé la chose, quoiqu'il ait créé le mot, il a fondé et assis sur une base plus certaine la science des analogies dont, on peut le dire hardiment, l'auteur a ouvert des aperçus tout nou- veaux sous une apparence de frivolité, à force d'esprit, au côté sérieux de l'étude de l'histoire naturelle. 11 suit de là que, peut-être bien malgré lui, M. Tousse- 560 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1800.) .nel a été oblige de compter avec les savants en ornitholo- gie, comme ceux-ci se trouveront à leur tour forcés, et y arriveront de bonne grâce, si nous ne consultons que nos sympathies, de compter avec lui. Il n'y a donc pas à s'étonner de voir un esprit aussi ju- dicieux, malgré l'étrangeté plutôt que la nouveauté de son système et la tendresse toute paternelle de l'auteur pour ses idées éminemment originales, surtout pour la forme attrayante sous laquelle il les a présentées, emprunter aux naturalistes, aux uns les rapports organiques de la forme du bec et, par suite, les rapports physiologiques du mode de vivre et de se nourrir; aux autres, les rapports orga- niques de la forme du pied; à plusieurs, enfin, ceux du développement ou de la conformation de l'aile, parfois même les rapports du mode de modification. C'est la preuve qu'il ne saurait y avoir place pour un système exclusif aux dépens de tous autres, mais que tous les systèmes doivent se prêter ou s'emprunter ce que chacun d'eux a de bon et de rationnel ; chacun d'eux, en un mot, ne valant que par le contrôle et l'appui de tous les autres. En nous exprimant ainsi, nous n'exagérons rien, et nous recommandons aux nouvelles études ornithologi- ques que M. ïoussenel ne manquera sans doute pas de faire à ses premiers moments perdus les trois méthodes suivantes : de Jonston, qui écrivait en 1657; de J. Ch. Schœffer, en 1774, dans ses Elementa ornithologica, et de Scopoli, en 1777, dans son Introductio ad Historiam natu- ralem, toutes trois malheureusement en latin quasi de Lhomond. Il faut bien que M. Toussenel le sache, sa Tridactylie et sa Tétradactylie n'appartiennent pas qu'à lui seul ; elles ont été inventées par Schœffer, qui divisait la classe des Oiseaux en deux grandes familles : Nudipèdes et Plumi- pèdes , la première subdivisée en cinq ordres : 1° Fissi- pèdes didactyles ; 2° F. tridactyles; 3° F. tétradactyles; 4° Pinnatipèdes ou Lobipèdes; 5° Palmipèdes tridactyles; ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 561 G0 et 7° P. tétradactyles; la seconde en dix ordres, tous Fissipèdes anisodactyles (excepté le premier, sous le nom d'isodactyles pour les Jugipèdes de M. Toussenel), distin- gués d'après la forme du bec. Ainsi 2° ordre Adtmcirostres; 3° Conico-incurvirostres ; k° Conico-ténuirostres ; 5° Conico- protensirostres ; 6° Conico-convexirostres ; 7° Conico-subuli- rostres; 8° Cunéirostres pour la Sittelle; 9° Filirostres pour les Oiseaux-Mouches ; 10° Falcirostres. Il termine par un onzième ordre Ânomalipèdes pour les Manakins, Coqs de roche , Todiers , Martins-Pêcheurs , Guêpiers, Momots et Calaos, presque tous exotiques et alors peu connus. La division par mode de nourriture est encore plus an- cienne; elle remonte à Jonston, qui formait trois ordres : 1° Oiseaux terrestres, divisés en Carnivores, en Phytivores, subdivisés eux-mêmes en non chantants et pulvérateurs, en chantants et en Baccivorcs, et en Insectivores subdivisés également en chantants et non chantants; 2° Oiseaux aquatiques divisés en Palmipèdes, subdivisés en Piscivores et Herbivores, et en Fissipèdes, subdivisés en Carnivores, Insectivores et Herbivores. Le troisième ordre, consacré au genre .d'Oiseaux exotiques alors connus. Enfin l'ordre retourné des Oiseaux n'est guère plus nouveau, puisqu'il est dû à Scopoli, qui commence cette classe par les Nageurs, à l'inverse de tout ce qui s'était fait avant lui et de tout ce qui s'est fait depuis, à l'excep- tion du docteur Reichenbach, qui, depuis une dizaine d'années, a procédé de même. Scopoli trouvera assuré- ment grâce aux yeux de M. Toussenel, car c'est celui de tous qui paraît s'être le plus rapproché de Yanalogie pas- sionnelle, et qui en a certainement eu l'instinct ou la pres- cience. Indépendamment, en effet, de cette innovation monstrueuse et incomprise en son temps, presque tous les termes de M Toussenel s'y retrouvent, ou les mêmes, ou on germe. Ainsi liétipèdes, pour sa première famille com- posée de six ordres, en tête desquels figurent ceux des Plongeurs, des Palmipèdes et des Longipèdes. Les Perro- 562 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) quets forment un ordre à part ; ainsi Scutipèdes pour sa seconde famille, composée de trois ordres : 1° les Négli- gés pour les Grimpeurs et promeneurs exotiques et euro- péens; 2° les Chanteurs à becs minces pour les Fauvettes, Merles et Alouettes; à gros becs pour les Bruants, Gros- Becs et Pinsons; et 3° les Brévipèdes pour les Martinets, Engoulevents et les Hirondelles. Nous ne nous appesantirons pas davantage sur ces rap- prochements, qui démontrent surabondamment quel'ana- logie a été à l'ordre du jour dans tous les temps, conti- nuellement et laborieusement cherchée, parfois rencon- trée ou entrevue, sans être jamais ni trouvée ni finie. L'éloge le plus mérité que l'on puisse faire à M. Tousse- nel, c'est, par la seule force de ses observations person- nelles et par une remarquable faculté d'intuition, d'avoir créé, dans la simple limite de ses études, le système de classification si rationnel que Scopoli, dès 1777, et Rei- chenbach, de 1845 à 1850, ont inauguré en rangeant les Oiseaux selon leur ordre probable de création. Mais nous ne saurions trop insister auprès de l'auteur pour l'engager à élargir le cercle de ses observations or- nithologiques en les étendant jusqu'aux Oiseaux exotiques, qui lui offriront les plus beaux sujets d'études et lui feront apporter d'importantes améliorations à son système d'a- nalogie passionnelle. C'est ainsi qu'il trouvera à modifier sa manière de voir au sujet, par exemple, du Rupicole ou Coq de roche, surtout au sujet des mœurs et des habitudes si peu connues et si mal interprétées, quoique fort sim pies, du Coucou. Si nous osions même, nous lui indique- rions, pour lui éviter de trop pénibles recherches en re- montant aux sources, la partie ornithologique de Y Ency- clopédie d'histoire naturelle, et particulièrement, pour les Cuculidés ou Coucous, notre Oogénèse ou Traité d'oologie ornithologique y deux ouvrages qui sont entre ses mains, et qu'il n'a qu'à prendre sur les rayons de sa bibliothèque: il y saisira ample matière à compléter ses trois volumes ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 563 par un quatrième qui ne peut manquer d'être appelé au même succès. O. des Murs. The Entomologist's Annual. — L'Annuaire des Entomo- logistes pour l'année 1861, par M. H. T. Stainton, in-12 avecfig. color. London, 1861. Le joli petit Annuaire de M. Stainton n'a pas plus fait défaut cette année que les autres; nous le recevons, ainsi que tous les autres entomologistes, comme notre cadeau du jour de l'an, comme la carte de visite du savant qui n'aurait pas besoin de cela pour se rappeler au souvenir de ses confrères, puisqu'il ne cesse de rendre des services à l'entomologie. Cette année donc, l'Annuaire de M. Stainton n'est pas moins intéressant que ses aînés; il contient un synopsis des Phryganides de l'Angleterre, par M. le docteur Ha- gen, accompagné de descriptions d'espèces nouvelles, par M'Lachlan; des observations hyménoptérologiques, par M. F. Smith; une liste des Hémiptères de l'Angleterre par M. Stainton ; de nouveaux Coléoptères observés en Angle- terre par M. W. Janson, et beaucoup de notices très- intéressantes de l'auteur sur les Lépidoptères de son pays. Nous devons remercier M. Stainton, au nom des ento- mologistes de toute l'Europe, de ce petit et intéressant Annuaire, car les petits cadeaux entretiennent l'amitié. (G. M.) Echinidls du département de la Sarthe, par Cotteau et Triger, avec fig. dessinées et lithographiées d'après nature par MM. Levasseur et Humbert. — Gr. in-8°, 5e et 6eliv., 1860. Chacune de ces livraisons comprend, comme les pré- cédentes, 10 planches lithographiées avec le plus grand soin; soixante espèces y sont représentées presque tou- jours avec un fort grossissement des détails si compliqués 564 rev. et mag. de zoologie. {Décembre 1860.) de leur organisation. Parmi les types les plus intéressants, nous citerons YAnortopygus Michelini, Cottcau, si curieux par la forme de son péristome et de son périprocte , et la structure de son appareil apicial ; Y Hemipedina miliaris, qu'on avait considéré jusqu'ici comme un Pseudodiadème, mais que ses tubercules certainement dépourvus de cré- nelures placent dans le genre Hemipedina; YHeteroci- daris Trigeri , remarquable par sa grande taille , le nombre de ses tubercules, l'étroitesse de ses ambulacres, la disposition de ses pores autour du péristome, et dont M. Cotteau a fait le type d'une coupe générique nouvelle intermédiaire entre les Cidaris et les Pseudodiadema. (G. M.) Calendrier apicole , Almanach des cultivateurs d'Abeilles, contenant ce qu'il y a dans une ruchée d'Abeilles ; les meilleures ruches; travaux apicoles de l'année; façon- nement des produits des Abeilles, etc.; par M. H. Ha- met. — In-12 de 108 pages. Paris, 1861. M. Hamet, si bien connu par le cours d'apiculture qu'il fait, chaque année, au Luxembourg, par son excellent journal V Apiculteur, et par le dévouement et l'énergique persévérance avec lesquels il a su organiser la Société d'apiculture, vient de rendre un nouveau service à cette intéressante branche de l'agriculture en donnant à ceux qui s'en occupent un guide sûr, résultant des travaux d'un apiculteur également théoricien et praticien. Comme se- crétaire de la Société d'apiculture, M. Hamet est con- stamment tenu au courant des progrès réalisés par tous ceux qui s'adonnent à l'élève des Abeilles, et ne manque pas de faire profiter ses lecteurs, en laissant scrupuleuse- ment à chacun ce qui lui appartient, des observations utiles qui lui arrivent de partout. Son livre, mis à la portée de toutes les intelligences par une rédaction simple et claire, est également à la portée de toutes les bourses par l'extrême modération de ANALYSES o'OUVRAGES NOUVEAUX. 565 son prix (50 centimes), et Ton peut dire, avec juste rai- son, qu'il constitue encore, de la part de M. Hamet, un véritable acte de dévouement à l'apiculture. (G. M.) Gli afidi, etc. — Les Aphidiens, avec un tableau des genres et quelques espèces nouvelles italiennes , par Giovanni Passerini, docteur en médecine, professeur de bota- nique et directeur du jardin botanique de l'université de Parme. — In-8. Parme, 1860. Ce travail est le développement d'un mémoire publié par l'auteur, en 1857, dans le Journal des jardins. Dans une introduction de 24 pages, M. Passerini donne une idée exacte de ce que l'on sait de l'organisation et des mœurs de ces curieux Insectes , parasites de presque tous nos végétaux, et que les zoologistes avaient trop négligés jusqu'à ces derniers temps. Il était, mieux que personne, en position d'en faire une étude utile; car à des connais- sances positives en entomologie il joint celles d'un bota- niste consommé, et même d'un horticulteur habile. Aussi donne-t-il les noms exacts des nombreux végétaux sur les- quels il a observé les espèces qu'il mentionne ou décrit, et fait-il connaître les meilleurs moyens de débarrasser ces végétaux de ces désagréables parasites. Nous ne pourrions suivre ici M. Giovanni Passerini dans les détails qu'il donne sur le singulier mode de re- production de ces Insectes, mais nous devons dire qu'il se montre, là comme dans toutes les autres parties de son travail, complètement au courant des connaissances ac- quises jusqu'à ce jour sur ces Insectes. 11 signale comme les plus incommodes dans les serres deux Aphidiens qui s'accumulent en grand nombre sur les plantes. Ce sont le Rhopalosiphum persicœ et la Sipho- nophora malvœ. Ces deux espèces salissent les plantes non- seulement par leur présence, mais encore par les dé- pouilles qu'ils y laissent après leurs métamorphoses. De plus, elles y déposent une humeur sucrée qui, altérée par le contact de l'air, favorise le développement d'une moi- sissure noire qui empêche les fonctions physiologiques des feuilles. Le tableau des genres occupe ensuite 4 pages et offre leurs caractères essentiels avec l'indication de l'espèce qui constitue le type de chacun d'eux. 566 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.) Vient ensuite le catalogue de toutes les espèces qui ont été observées jusqu'à présent en Italie, avec l'indication des genres auxquels elles appartiennent, et enfin, sous le titre d'Annotations diagnostiques, de bonnes descriptions de 23 espèces nouvelles, qui occupent 7 pages. Nous ne saurions trop féliciter M. Giovanni Passerini d'avoir entrepris et mené à bien un pareil travail, fruit de longues études faites sur des Insectes vivants, car on sait qu'il est impossible de conserver ces Insectes en collec- tions, ce qui rend leur étude et leur comparaison très- difficiles. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. II y a quelque temps , un comité consultatif, composé de docteurs en médecine , a tenu sa séance annuelle pour constater des cas de guérison de la phthisie pul- monaire par l'hélicine du docteur de Lamare, de Paris, substance qu'il a présentée à l'Académie des sciences il y a quelques années. L'intérêt de cette réunion a princi- palement porté sur la permanence de guérisons comptant déjà plusieurs années de date. C'est un résultat important dont nous félicitons sincèrement l'auteur. TABLES ALPHABETIQUES POUR L'ANNÉE 1860. I. TABLE DES MATIERES. Académie des sciences. 26. 83.jAdénisation. Des Murs. 49. 138. 108. 224. 300.410.511 539. Alouettes nouv. Loche. 148. — Elect. dans la section de zoo- Aménités malacologiques. Bour logie. j47. :»50. guignât. 05. 154. 527 TABLE DES MATIÈRES, »C7 Antilope addax. Aueapitaine. 145. Apatophysis , Coléopt. Chevrolat. 95. 304. Cassinia, Ois. Hartlaub. 82. Ceuthorhynchus nouv. Brisout. 537. Coleoptera Chilensia. Fairmaire et Germain. 267. Coléopt. de l'Algérie. Chevrolat. 75. 128, 208, 269. 302. 409, 448, 509. Coloration de la peau. Aueapitaine. 46. Cténolabre.Poiss. Guichenot. 152. Dauphins nouv. Loche. 473. Echinides nouv. Cotteau. 212. Fourmis à miel. Lucas. 271 . Galeropsis, Moll. Huppé. 125. Galles souterraines du chêne. Ma- réchal Vaillant. 518. Hématozoïdes. Cornalia. 413. Mammifères du Mexique. Saus- sure. 3. 53. 97. 241. 281. 377. 459. 479. Mêlâmes. Brot. 254. Micropalama, Ois. Verrcaux. 206. Notes nido-oologiques. Dubois. 62. Œufs. Coloration. Leconte. 199. Œufs des Moineaux. Sacc. 94. Œufs des Oiseaux. Moquin-Tan- don. 11.57.110. 193. 339. 410. Œufs. Des Murs. 293. Oiseaux nouv. de la Nouvelle-Ca- lédonie. J. Verreaux et O. des Murs. 383. 421. Oologie. Sacc. 373. Ornithol. de 1 île de Saint-Paul. Coinde. 396. Passer domcsticus. Des Murs. 20. Poissons de Cette. Doumet. 299. 355,405.444.494.521. Poules de Nankin. Sacc. 329. Sériciculture. Mlle Santy. 189. Stylifer. Huppé. 118. Trichomyctères. Guichenot. 525. Tychius. Ins. Brissout. 166. Ver à soie de l'Ailante. Guériu- Méneville. 238. 311. 325. 375, 423. 469. 512. 519. II. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Aueapitaine. Color. de la peau. 46. — Antilope addax. 145. — Bleeker.517. Bourguignat. Âmén. malacol. 65. 154. 527. Brisout. Ins. Col. 166. 537. Brot. Mélanies. 254. Chevrolat. Col. de l'Algérie. 75. 128. 208. 269. 302. 409. 448. 509. — Apatophysis. 95. 304. Coinde. Ornith.de Saiut-Paul 396. Cornalia. Hématozoïdes. 413. Cotteau. Echinides nouv. 212. Des Murs. Adéuisation. 49.— Œufs des Ois. 293. — Passer domes- ticus. 20. Doumet. Poissons de Cette. 299. 355. 405,444,494.531. Dubois. Notes nido-oologiques. 62. Fairmaire. Coléopt. Chilensia. 267. Germain. Coléopt. Chilensia. 267. Guérin-Méueville. Ver à soie de l'Ailante. 238. 311.325.375.423. 469. 512. 519. —Hématozoïdes. 413. Guichenot. Cténolabres. 152. — Trichomyctères 525. Hartlaub. Cassinia, Ois. 82. Huppé. Stylifer. 118.— Galeropsis. 125. 568 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.] Leconte. Couleur des Œufs. 199. Loche. Alouettes nouv. 148. — Dauphius nouv. 473. Lucas. Fourmis à miel. 271. Moquia-Tandou. Œufs des Oi- seaux 11.57, 110,193.339. Sacc. Œufs des Moineaux. 94. — Poules de Nankin. 329. — Oolo- gie. 373. Sauty (Mlle). Sériciculture. 189. Saussure. Mamm. du Mexique. 3, 53. 97. 241. 281. 377. 425. 479. Vaillant (maréchal). Galles souter- raines du chêne. 518. Verreaux (J.). Micropalama, Ois. 206. J. Verreaux et 0. Des Murs. Ois. nouv. de la Nouvelle-Calédonie. 383. 431. ANNEE 1860. Texte. . . 4 planches coloriées, valeur. . 20 planches noires, valeur. . . 36 feuilles. 6 20 Total. . . . 62 feuilles. TABLE DES MATIERES. Pages. N. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés à Cette. 521 A. Gcichenot. — Notice sur un nouveau Poisson du genre des Trichomyctères. 525 J. R. Bourguignat. — Monographie du genre Choanompha- lus. 527 — — Catalogue des Mollusques de la famille des Paludinées recueillis, jusqu'à ce jour, en Sibérie et sur le territoire de l'Amour. 531 H. Brisout de Bakneyille. — Description d'une nouvelle es- pèce de Ceuthorhynchus , suivie de plusieurs synony- mies de ces espèces. 537 Académie des sciences. 539 Analyses. 555 Mélanges et nouvelles. 566 PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPEqpN, 5—1860. I U •a 0 - Atvut t/May.dt ZooZoyu.. /Sâû. fi. a. CA. Dubois dtl. Bccccurt lùA. Y".-- Imp. Btcftutjriru . i_2. Procnias cœrulea. 3 . Turdus rufiventris . 4. Bombycilla cœrulea. TUviu, tt May. . 2 JZ — lucoriim, Var. Beprùssct. 4.//. stramùiea, Var. elvnaaùt. 5_6. Ife/ùc MaAû7n>eéana,. Âevue. et A/ay. de, Zoolûçic. 7 S 60. / 3 n.â. J^.Ztvassuir dtZ tt Itth. X ith JBuyuxtJrtT i. Jlelùc fîguZùicv. s. Helùc cavaùt. Z . J/. Jïgiilina,, Var 6. H. pacfa/a , / type ) 3.1/. pomacelùxs. /. //. joacAz/a, Var. 4. M. pomacella, Var concolor. S-j?. M. nac7ii/a , Jlt. Var. RtviUs et A/cu?. de 7,0olvoù . /S 60. / y/. 6. 4 ZitfuBuyuUjrirts . 1-Z. If dix Mazzuà, (à/pc) 4-6. I/eluc Çuwazz/u/iâù. 3. N. Mcuauli, Var. zonafa. y _ g. //. pycnuv. Jteviu U May. de Zcoloyit. 7$ 60. / '£0* J>(. 7. 3 étèr- £ S £.Lu>cusuir ddaUih. LUhJicjuttJriru. _ z. J/diz ûusso ricana . A _ S. I/elzjc . vu/yaris. s. J/. Jbllinl. 6. //. Vii/aarù, Var. Âa>ui a May. <ùs Zootoyii. 7$6c. J>1. S. -EZivatsiur dtl ttlith. 4 - S. Jf. — asemnù . J,iik JSicyiutJrirts . 6- y. //e/ix Jiïiyaddensù, ( type) S. /f.-£riça* • r— 1 s B 1 o m. 5 tf §■- w >8 -s çu //c ï/ Mag.de Zoolooie . fSâû. FI. 15. Zuntl tùS. 1. Cermis fût Yé ( fis . 3. Dysûjves azfrc//s . Z. Di/sûpes Mùxica/ms. £. SU/wa! <*> /S ■ /* 77 4 > 4 Jl. Ltcassiur ïilh. 79 2û M > 4 k LH?t.J3ict}utt,?arU. 1-5. Choanvmphtdus MaacÂi . 7Ô_iy. JBitÀinùi/ strutfa . 6.10. C. amaurvnius. rS-iy. JB. ^4qare7isis. if-i5. C. aorus. 2o_2i. 2ï. rcuohidia ■-. JUvue et May. de Zooloyic. 7$6o. / Z Fl.ZA. L.XtVtLUiur /«&. Liift.Bt cifut tjkrij . /-Z. Viviparct pachycL. 8 -g. Vivipara elophila. 3. V pmrosas. 70. V lïaicale/isié \ A. V pnxrosa, Var. n__i3. Bitfiinùv Masic7wjirÙ€L . 5_y. V chloantfuL. 14. B. aploct.